2.3. Conclusion de l’étude de corpus

Cette étude de données empiriques recueillies dans une classe plurilingue d’adultes nous a ainsi permis de mettre en évidence un certain nombre de traitements possibles de l’erreur, que nous nous sommes attachée à décrire et commenter, dans le but de cerner leurs enjeux pour l’enseignement des langues. Nous avons en effet tenté de montrer, pour chacun d’eux, ce qu’il révélait de favorable à l’apprentissage, ou les problèmes qu’il pouvait soulever.

Ce faisant, et même par le biais de cette analyse d’une situation particulière, nous pensons avoir mis en lumière une grande partie des tendances courantes face à l’erreur dans l’enseignement des langues. En effet, la situation globale étudiée est loin d’être exceptionnelle, et chacun des traitements peut également intervenir individuellement dans d’autres situations d’enseignement-apprentissage, d’où l’intérêt de l’établissement d’une typologie.

Nos analyses des séquences nous ont également permis de découvrir certains aspects de la démarche didactique des enseignantes de ce groupe, indissociables de leur pratique du traitement de l’erreur. Cette démarche trahit une ambivalence entre des tendances opposées : en effet, malgré une extrême bienveillance à l’égard des apprenants, et une prise en compte de conceptions d’ordre constructiviste et communicatif, la démarche des enseignantes révèle certaines tendances d’inspiration béhavioriste (correction immédiate, centration sur l’enseignant, répétition et imprégnation…), qui peuvent, nous l’avons dit, être parfois un frein à l’apprentissage. On voit cependant, par le biais de nos analyses, qu’il est impossible d’enfermer un enseignant dans une démarche méthodologique pure : une observation poussée, et gérée sur la durée, permet de mettre en relief différentes tendances chez un enseignant, lors même qu’on serait enclin, au départ, à lui attribuer une catégorie figée. Ainsi, une étude générale du corpus pourrait amener à ne retenir que l’aspect béhavioriste des enseignements étudiés, tandis qu’une analyse plus fine nous a révélé une démarche plutôt éclectique, variant parfois selon les situations, les apprenants, etc., et prenant en compte certains éléments des profils d’apprenants (attitude différente envers les FLE, par exemple). On voit donc l’intérêt d’une observation prolongée se confirmer, surtout dans une optique de recherche, pour éviter au maximum les conclusions hâtives. Nous souhaitons maintenant, dans notre troisième partie, approfondir nos réflexions théoriques sur la question du traitement de l’erreur, afin de mettre en évidence les pistes didactiques qui devraient être prises en compte pour le concevoir de façon efficace.