3.3. Créer la prise de conscience

De fait, la conscientisation nous semble un point crucial de l’enseignement, et ce principalement pour la question du traitement de l’erreur. En effet, ‘ « l’apprentissage suppose la prise de conscience des processus d’acquisition » ’ (GFEN, 2001 : 22), sans laquelle l’apprenant ne sera pas à même de réfléchir sur son propre parcours et sur ses stratégies individuelles d’apprentissage. Ainsi, s’il veut amener l’apprenant à être actif et autonome, l’enseignant doit tendre à lui faire prendre conscience de ses erreurs et de ses hypothèses d’interlangue, afin de le mettre en situation explicite de construction d’un savoir. En outre, comme nous l’avons vu, cette conscientisation ne devra pas concerner uniquement les erreurs de langue dans le traitement de l’erreur en production orale, mais bien tous les aspects de la compétence de communication. Il sera par exemple intéressant d’amener l’apprenant à analyser en quoi une réponse erronée est due à une tentative de communication ou à une mauvaise compréhension de son interlocuteur.

Tout au long de notre étude, nous avons pu voir l’importance du signalement de l’erreur, qui permet d’infirmer les hypothèses d’interlangue de l’apprenant, notamment dans le cas d’erreurs formelles : or, pour créer une prise de conscience, afin d’aider l’apprenant à construire son savoir, il est important de ne pas apporter d’emblée la correction, qui serait alors reçue de façon passive. Un signalement suscitant réflexion sera beaucoup plus efficace, et, pour ce faire, l’enseignant dispose de plusieurs possibilités, comme le montrent Porquier et Frauenfelder :

‘« La première étape [du traitement de l’erreur] consiste à faire prendre conscience aux apprenants de l’erreur, ce qui peut se faire de diverses façons, éventuellement consécutives : signaler la présence d’une erreur sans la localiser dans l’énoncé, la localiser sans la commenter, spécifier la nature de l’erreur. » (Porquier, Frauenfelder, 1980 : 31)’

Les démarches proposées ici sont intéressantes en ce qu’elles permettent de susciter l’autocorrection ou la correction par un pair, et ne font plus de l’enseignant le seul garant de la norme. De plus, elles favorisent la réflexion de l’apprenant en le faisant raisonner sur sa production sans lui donner d’emblée toutes les clés disponibles : cela contribue ainsi à le rendre actif dans son processus d’appropriation du savoir, puisqu’il pourra se remémorer de lui-même la règle défaillante, le terme oublié, etc. De plus, dans une optique constructiviste, nous avons montré que la situation de recherche créée par ce signalement favorise la mémorisation, une fois l’erreur traitée.