Difficulté de la tâche

Un facteur confondu possible indésirable pourrait être que les deux tâches spatiales diffèrent simplement en difficulté. Certes, comme l’ont remarqué Bruyer et al. (1997), les jugements catégoriels tels qu’ils sont implémentés dans la plupart des tâches sont presque systématiquement plus faciles que les jugement métriques. En effet, les jugements catégoriels s’opèrent à l’intérieur d’une cadre défini par un nombre très limité de réponses, généralement deux, tandis que la tâche métrique doit s’effectuer sur une échelle infinie, étant donné que l’on demande aux participants de calculer des coordonnées métriques exactes. Ainsi, d’après Jager et Postma (2003, p.507), ‘ « ’ ‘  the functional lateralization thus could simply arise because one hemisphere (viz. the right hemisphere) is better in performing more difficult computations. Taking also into account that left hemisphere advantages for the (simpler) categorical tasks are usually weaker or completely absent, this could be a plausible alternative explanation  ’». Cependant, cette hypothèse est complètement réfutable. En effet, Kosslyn et al. (1989) ont été les premiers à introduire la notion de difficulté de la tâche en la manipulant systématiquement pour les deux tâches, catégorielles et métriques, par l’utilisation des temps de réponse et des taux d’erreur comme indices de la difficulté des tâches. Ils n’ont trouvé aucune preuve en faveur d’un effet de la difficulté de la tâche en soi.

D’autres recherches ont étudié les différences dans la difficulté des tâches à l’intérieur des tâches catégorielles et métriques (Bruyer et al., 1997 ; Parrot, Doyon, Démonet, & Cardebat, 1999 ; Slotnick, Moo, Tesoro, & Hart, 2001 ; Sergent, 1991a). Par exemple, une décision métrique telle que décider si un point est à moins ou à plus d’1 cm d’une barre horizontale est plus facile quand la configuration du stimulus inclut deux éléments qui sont évidemment à plus d’1 cm l’un de l’autre (Sergent, 1991a). Ce type de manipulation de difficulté de la tâche tend à interagir avec la latéralisation de la distinction catégorielle – métrique : la supériorité de l’hémisphère droit est atténuée pour les décisions métriques faciles (Bruyer et al., 1997 ; Parrot et al., 1999 ; Sergent, 1991a). Par contre, il pourrait même devenir visible pour les jugements catégoriels plus difficiles. De plus, parmi les différentes tâches métriques et catégorielles utilisées dans l’étude de Slotnick et al. (2001), le pattern d’asymétrie hémisphérique obtenu est cohérent avec les hypothèses de Kosslyn (1987) seulement lorsque les auteurs considèrent les résultats des tâches métriques les plus difficiles. Même si le facteur « difficulté » joue un rôle important dans le traitement des relations spatiales visuelles, ce facteur ne suffit pas à rendre compte du processus de latéralisation hémisphérique. Une conclusion plus plausible, selon laquelle la stratégie catégorielle serait plus appropriée aux stimuli faciles de manière générale, tandis que les stimuli difficiles tendent à engager une approche métrique, est avancée par plusieurs auteurs (par exemple, Jager & Postma, 2003 ; Kosslyn et al., 1989 ; Parrot et al., 1999).