Le gyrus angulaire : un rôle plus général

Bien que le gyrus angulaire soit impliqué dans diverses tâches cognitives, son rôle est encore imprécis. Comme nous l’avons mentionné précédemment, certains auteurs postulent que cette structure pourrait être la base neuronale du traitement métrique (au niveau de l’hémisphère droit) et catégoriel (au niveau de l’hémisphère gauche) des relations spatiales visuelles (Baciu et al., 1999). De plus, Zacks, Rypma, Gabrieli, Tversky, et Glover (1999), dans une étude d'IRMf, ont mis en évidence une activation de la région située autour de la jonction occipito-temporo-pariétale gauche (incluant partiellement ou totalement le gyrus angulaire gauche) dans une tâche nécessitant une transformation, dans des coordonnées égocentriques, de dessins d'hommes vus de face, afin d'effectuer des jugements gauche-droite. Mais son rôle semble couvrir un champ plus large, en étant impliqué dans des tâches : (i) d’arithmétique, (ii) d’imagerie mentale visuelle spatiale, (iii) de lecture et (iv) de perception visuelle utilisant des stimuli émotionnels faciaux.

  1. Le gyrus angulaire semble jouer un rôle dans des tâches impliquant des représentations spatiales des nombres «number line” (d’après Galton, 1880, les nombres peuvent être décrits selon une ligne mentale), c’est-à-dire dans des tâches de comparaison de nombres (Göbel, Walsh, & Rushworth, 2001, en rTMS, Transcranial Magnetic Stimulation) et dans des tâches de soustraction et d’addition (Menon, Rivera, White, Glover, & Reiss, 2000, étude d’IRMf ; van Harskamp, Rudge, & Cipolotti, 2002, étude chez un patient). Précisions que lorsque des réponses incorrectes sont suggérées, le gyrus angulaire n’est plus activé (Menon, Mackenzie, Rivera, & Reiss, 2002, étude d’IRMf événementielle).
  2. Mellet et al. (2002) ont mené une étude TEP pour rechercher les régions cérébrales impliquées dans la représentation mentale d’une carte que les participants construisaient après lecture d’un texte descriptif (première tâche) et à partir d’une inspection visuelle de cette carte (seconde tâche). Les deux tâches impliquaient un réseau pariéto-frontal, mais seule la première tâche a entraîné une activation (bilatérale) au niveau du gyrus angulaire. De plus, le profil des participants ayant utilisé une stratégie métrique (attestée par une corrélation entre le temps de réaction et la distance à parcourir sur la carte) comparé à celui des participants ayant plutôt utilisé une stratégie catégorielle (attestée par une absence de corrélation) ne différait pas dans la latéralisation hémisphérique observée. Ainsi, Mellet et al. (2002) ont réfuté l’hypothèse de Baciu et al. (1999) et ont proposé que le gyrus angulaire serait plutôt impliqué dans des processus combinant des représentations symboliques et analogues, comme cela est le cas dans des tâches de lecture (combinant des traitements linguistiques et visuo-spatiaux) et de calcul (combinant des symboles et des représentations de magnitude). Le gyrus angulaire est également impliqué dans des tâches de navigation mentale (par exemple, Ino et al., 2002, étude d’IRMf).
  3. Par ailleurs, le gyrus angulaire semble jouer un rôle dans la lecture. En effet, l’étude de Horwitz, Rumsey, et Donohue (1998) chez des participants normaux et chez des patients dyslexiques a montré que la lecture normale est basée sur des liens fonctionnels entre d’une part, le gyrus angulaire gauche et les aires associatives visuelles des lobes occipital et temporal, et d’autre part, le gyrus angulaire et les aires postérieures du langage. De plus, il semble impliqué dans l’apprentissage de la grammaire (par exemple, Skosnik et al., 2002, étude d’IRMf événementielle).
  4. Enfin, en perception visuelle, des études réalisées en IRMf, avec un paradigme de type bloc et impliquant des stimuli émotionnels faciaux, ont mis en évidence une activation du gyrus angulaire. Une première étude (Gorno-Tempini et al., 2001) a observé une activation du gyrus angulaire gauche dans des jugements d’expressions de joie et de dégoût. Une autre étude (Iidaka et al., 2001) a montré une activation bilatérale du gyrus angulaire dans une tâche de genre, lorsque la condition de valence positive était comparée avec la condition de valence négative ; cette dernière comprenait un mélange d’expressions constituées principalement de la colère et du dégoût.