Hypothèses de Rybash et Hoyer (1992) et de Cowin et Hellige (1994)

Rybash et Hoyer (1992) ont examiné la réalisation de deux versions des tâches spatiales catégorielles et métriques à travers plusieurs blocs d’essais. Une version dite « version originale ” était identique à la tâche catégorielle (estimer si un point se situe au-dessus ou au-dessous d’une barre horizontale) et relativement proche de la tâche métrique (estimer si un point se situe à plus ou moins de 6 mm d’une barre horizontale), deux tâches proposées par Hellige et Michimata (1989) et par Kosslyn et al. (1989, Expérience 3). La seconde version dite « version modifiée ” différait à la fois au niveau de la tâche catégorielle (estimer si une barre horizontale se situe au-dessus ou au-dessous de deux points alignés horizontalement) et de la tâche métrique (estimer si une ligne peut être contenue entre deux points). Cette version a été élaborée par Rybash et Hoyer pour résister aux effets de pratique, en étant plus difficile que la version originale. En effet, la longueur de la barre horizontale et de l’intervalle séparant les deux points variaient continuellement, ce qui forçait les participants à effectuer un jugement de type métrique à chaque essai. Ainsi, selon Rybash et Hoyer (1992), si les hypothèses de Kosslyn et al. (1989) étaient correctes, les participants devraient maintenir un avantage de l’hémisphère droit dans la version modifiée de la tâche métrique à travers tous les blocs d’essais. Les résultats ont montré que l’avantage de l’hémisphère droit observé dans le premier bloc d’essais de la tâche métrique disparaissait aussi vite pour les deux versions de cette tâche. De plus, une augmentation de l’implication de l’hémisphère gauche a été observée. Ayant fait l’hypothèse qu’une stratégie catégorielle ne pouvait pas se mettre en place dans la version modifiée, les auteurs ont conclu que l’hémisphère gauche a développé avec la pratique des capacités à former des représentations métriques.

Cowin et Hellige (1994) ont examiné l’influence d’un effet de pratique dans deux conditions de vision : dans une condition de vision normale et dans une condition de vision où les stimuli ont été brouillés suite à l’altération des fréquences spatiales visuelles élevées. Dans la tâche métrique et dans les deux conditions de présentation des stimuli, les auteurs ont observé un avantage de l’hémisphère droit, qui disparaissait au cours des essais. Pour eux, la disparition de l’avantage de l’hémisphère droit s’explique par l’augmentation des performances sur les essais présentés dans le champ visuel droit mais non sur les essais présentés dans le champ visuel gauche. Les auteurs ont proposé deux explications. Soit la performance dans le champ visuel droit augmente avec la pratique parce que l’hémisphère gauche apprend à mieux faire des jugements basés sur des catégories « près ” et « loin ” sur la base des hautes fréquences spatiales visuelles qu’il préfère. Alternativement, la performance dans le champ visuel droit pourrait s’améliorer avec la pratique parce que l’hémisphère gauche apprend à faire une utilisation plus efficace des mêmes informations visuelles qui conduit initialement à un avantage du champ visuel gauche (c’est-à-dire les fréquences basses). Un élément a permis aux auteurs de trancher : l’avantage initial dans le champ visuel gauche obtenu dans cette expérience a disparu aussi vite avec des stimuli brouillés qu’avec des stimuli normaux. Cet argument va à l’encontre de la possibilité que la performance augmente sur les essais présentés initialement à l’hémisphère gauche parce que l’hémisphère gauche apprend à réaliser la tâche en utilisant le type d’information visuelle influencé par le masquage dioptrique (par exemple, des fréquences spatiales relativement hautes). Au contraire, pour les auteurs, les résultats sont plus cohérents avec la possibilité que suffisamment de pratique permet à l’hémisphère gauche d’utiliser plus efficacement la même information qui conduit initialement à un avantage dans l’hémisphère droit, information qui ne semble pas être influencée par le masquage dioptrique.