Théorie de Leder et Bruce (1998, 2000)

Leder et Bruce (1998) ont utilisé des termes similaires pour faire une distinction un peu différente entre l’information relative aux traits locaux (‘ « ’ ‘ local features” ’) et l’information relationnelle (‘ « ’ ‘ relational information ’”) des visages. La première information concerne, par exemple, l’épaisseur des sourcils, tandis que la seconde fait référence, par exemple, à la distance entre les yeux (p.451). Les auteurs ont proposé que l'information critique qui est utilisée dans la reconnaissance des visages repose sur les relations entre les traits. Dans une autre étude, Leder et Bruce (2000) se sont particulièrement intéressés à la nature de l'information de configuration ; en particulier, ils avaient pour objectif de trancher entre l’hypothèse relationnelle et l’hypothèse holistique. L’hypothèse holistique considère que les visages sont traités comme des ‘ « ’ ‘ Gestalt patterns ’” ou des«templates”. Une représentation holistique peut se définir comme une représentation dans laquelle les traits (et dans une version plus radicale, les relations spatiales entre les traits) ne sont pas représentés explicitement. Nous reviendrons plus en détail sur la notion de processus holistique dans la partie suivante. Le problème est que, souvent, quand l’information relationnelle est étudiée, elle se trouve confondue avec l’information holistique, et inversement. Leder et Bruce (2000, Expérience 4) avaient pour objectif d’examiner si les relations entre les traits sont (i) encodées directement ou (ii) rappelées seulement par un processus « holistique ”. Les visages qu’ils ont utilisés différaient les uns des autres seulement en termes de traits relationnels individuels. Par exemple, un visage différait d’un autre parce que son nez était plus haut ou parce que la distance entre les yeux était réduite. Les auteurs ont proposé que si la proposition (i) était correcte, alors les participants devraient être capables de reconnaître les visages quand les traits relationnels étaient présentés isolément. D'un autre côté, si la proposition (ii) était correcte, alors le fait de présenter les traits relationnels à l’intérieur d’un visage devrait considérablement aider la reconnaissance. Les auteurs ont trouvé une capacité remarquable à reconnaître l'information relationnelle isolée et n’ont observé aucune augmentation significative des performances quand un contexte de visage (qui encourageait le traitement holistique) était ajouté. Dans toutes les conditions prenant en considération l'information relationnelle critique, les performances étaient élevées. De plus, lorsque les deux éléments qui constituaient le trait relationnel étaient incomplets alors la performance était fortement perturbée bien que le contexte fût toujours disponible. Ces résultats soutiennent le fait que l'information relationnelle traitée de manière locale peut être indépendante. Ceci est en accord avec les résultats de Macho et Leder (1998), qui soutiennent l’idée que ce genre d'information relationnelle (par exemple, la distance entre les yeux) n'interagit pas avec la disponibilité d'autres traits locaux dans une tâche de décision de similarité faciale. Notons que, dans une conférence récente (ESCOP 2003), Carbon affirmait que l’information locale est perçue systématiquement préalablement à l’information globale (Carbon & Leder, 2003).