Hypothèse de l’existence de sous-systèmes distincts dans le traitement des relations spatiales visuelles

Il semble exister un fort avantage de l’hémisphère droit quand les participants doivent réaliser une tâche impliquant un jugement métrique. Au contraire, les différences latérales, observées quand les participants réalisent des tâches spatiales catégorielles, sont beaucoup moins prononcées (Kosslyn et al., 1992), la plupart des recherches montrant soit un avantage faible de l’hémisphère gauche (Kosslyn et al., 1989) soit aucun avantage d’un hémisphère sur l’autre (Rybash & Hoyer, 1992 ; Sergent, 1991a). Dans un premier temps, nous avons souhaité répliquer cette asymétrie hémisphérique. Dans un second temps, nous avons souhaité tester cette hypothèse dans une tâche requérant la discrimination d’expressions faciales émotionnelles. Dans une étude récente, White (2002) a observé une implication des relations spatiales catégorielles dans la discrimination d’expressions faciales à un niveau catégoriel. Nous proposons qu’une discrimination plus fine pourrait s’opérer à l’intérieur du traitement des expressions faciales. En effet, selon que la reconnaissance des expressions faciales implique un jugement grossier (par exemple, évaluer si l’expression est positive ou négative) ou plus fin (par exemple, estimer si une expression est plus ou moins intense qu’une autre expression appartenant à une même émotion), le sous-système de traitement des relations catégorielles et le sous-système de traitement des relations métriques, respectivement, seraient préférentiellement requis. Une différenciation hémisphérique pourrait se manifester au niveau des lobes pariétaux, en particulier au niveau du gyri angulaires et des lobules pariétaux inférieurs et supérieurs (Baciu et al., 1999 ; Kosslyn et al., 1998). Nous ne postulons évidemment pas que la seule distinction entre la discrimination d’expressions selon leur valence et la discrimination d’expressions selon leur intensité (appartenant à une même émotion) correspond uniquement à la manière dont laquelle les positions spatiales des primitives et les relations spatiales entre elles sont codées. Néanmoins, ce dernier facteur nous semble non négligeable. Notre hypothèse de l’existence de traitements catégoriel et métrique distincts est proche de l’hypothèse considérant que la perception et la reconnaissance des expressions faciales s’opère de manière catégorielle ou continue. En effet, une différence majeure commune entre les deux visions de perception catégorielle versus continue (ou métrique) est le nombre de dimensions ; elles sont binaires pour la première, infinies pour la seconde.