Hypothèse de l’existence de sous-systèmes distincts dans le traitement des expressions faciales émotionnelles

L’un de nos objectifs est de mettre en évidence une interaction des différentes émotions des expressions faciales et des hémisphères cérébraux. En effet, la mise en évidence d’une asymétrie hémisphérique selon la polarité serait un argument fort en faveur de l’existence de sous-systèmes distincts dans le traitement des expressions faciales émotionnelles. Cependant, la question concernant le traitement hémisphérique des expressions faciales émotionnelles n’est pas tranchée. Il semble que des déficits dans la reconnaissance d’expressions faciales négatives sont caractéristiques de patients présentant des lésions de l’hémisphère droit (par exemple, Borod, Kent, Koff, Martin, & Alpert, 1988 ; Bowers, Bauer, Coslett, & Heilman, 1985 ; Charbonneau, Scherzer, Aspirot, & Cohen, 2003 ; Schweinberger, Baird, Blümler, Kaufmann, & Mohr, 2003) en particulier dans les cortex sensoriels primaires, dans le cortex pariétal inférieur et le cortex occipital droit (Adolphs et al., 1996 ; Adolphs, Damasio, Tranel, Cooper, & Damasio, 2000). De même, une activité de l’amygdale droite a été observée pendant un conditionnement à la peur à la fois chez l’Homme et l’animal (Furmak, Fischer, Wik, Larsson, & Fredrikson, 1997 ; LaBar, Gatenby, Gore, LeDoux, & Phelphs, 1998 ; LeDoux, Iwata, Cicchetti, & Reis, 1988 ; Morris, Ohman, & Dolan, 1999). La spécialisation hémisphérique du traitement des expressions positives est davantage sujette à débat (par exemple, Keightley et al., 2003). Par ailleurs, des données d’imagerie, électroencéphalographiques et cliniques ont suggéré que la reconnaissance des émotions positives et négatives pourrait être latéralisée dans les deux hémisphères (Canli, Desmond, Zhao, Glover, & Gabrieli, 1998 ; Davidson, 1995). De plus, au-delà de la spécialisation hémisphérique selon la polarité positive ou négative des expressions faciales émotionnelles, chacune des expressions faciales de base semble impliquer un circuit neuronal bien particulier, même s’il existe un circuit neuronal « de base ” comprenant probablement le gyrus fusiforme et l’amygdale. Une hypothèse alternative permettant de mettre en évidence l’existence de sous-systèmes de traitement distincts consiste à considérer que le circuit neuronal de base, s’étendant à l’insula et aux ganglions de la base, varierait dans son degré d’activation, au niveau des différentes structures impliquées dans le circuit. Par ailleurs, nous souhaitions mesurer l’influence de l’intensité sur le traitement émotionnel explicite, en particulier au niveau de l’amygdale (Phillips et al., 1997).