1.5.3. L’activation d’une structure est-elle suffisante pour conclure à son implication dans un traitement cognitif ?

Il est courant dans les sections de discussion d’études de neuroimagerie de voir des interprétations post-hoc de traitement basées sur un ensemble de régions trouvées activées. Dans le cas idéal, si l’on a une hypothèse a priori sur une structure qui implémente un processus particulier, alors on peut affirmer qu’une activation de cette structure, tandis que les participants réalisent une tâche particulière, est un argument fort pour affirmer que ce processus a été réquisitionné pendant la tâche. Si l’on considère qu’un processus particulier a été identifié avec un lieu neuroanatomique particulier, cette logique d’inférence est défendable. Par ailleurs, faire varier un jugement par des modifications mineures peut altérer la stratégie que les participants utilisent, auquel cas deux jugements légèrement différents impliqueraient différents processus, provoquant l’activation de régions cérébrales différentes. Même un tout petit changement dans la localisation d’une aire activée pourrait refléter des différences dans le processus précisément utilisé (voir par exemple, Wilson, Scalaidhe, & Goldman-Rakic, 1993). Cependant, la plupart des structures cérébrales ne sont pas dédiées à l’implémentation d’un seul processus, mais implémentent souvent plus d’un processus. Ainsi, un problème avec la logique d’inférer un traitement à partir d’une activation est que l’activation d’une région cérébrale donnée n’implique pas nécessairement un processus spécifique, dont on a préalablement montré qu’il activait cette structure ; en réalité, d’autres processus pourraient intervenir. Ainsi, la présence d’une activation au niveau d’une structure particulière pendant une tâche particulière peut être considérée comme soit (i) la base pour l’hypothèse qu’un processus spécifique est requis ou (ii) un élément pour effectuer une inférence. Cette position rejoint l’idée selon laquelle les fonctions cognitives sont sous-tendues par l’activation de réseaux de neurones largement distribués, qui ne seraient pas spécifiés fonctionnellement. Ainsi, certains réseaux de neurones pourraient intervenir indifféremment dans plusieurs activités cognitives. De plus, quand un processus donné se trouve concerné dans différentes combinaisons d’autres processus, le locus précis de l’activation, qui reflète l’utilisation d’une structure ou d’un processus, peut changer en fonction de la façon dont les autres structures ou processus sont utilisés au même moment (voir l’épilogue de Kosslyn & Koenig, 1995).