2. Les paradigmes de champ visuel divisé et d’amorçage

Dans nos expériences comportementales, nous avons utilisé deux types de paradigmes expérimentaux issus de la psychologie cognitive, le champ visuel divisé et l’amorçage. Le premier type de paradigme a été choisi afin de mettre en évidence l’existence de sous-systèmes distincts dans le traitement des relations spatiales visuelles et dans le traitement des expressions faciales émotionnelles, tandis que le second type de paradigme a été choisi afin de montrer le caractère automatique des sous-systèmes de traitement des expressions faciales émotionnelles. ‘ « ’ ‘  (...) il s’agit de confirmer par des données empiriques l’existence des sous-systèmes postulés. Le type de données recherché est caractéristique de la discipline concernée. En psychologie cognitive, des arguments en faveur de l’existence de tel ou tel sous-système sont recherchés dans des études comportementales chez le sujet sain en faisant appel à certains paradigmes expérimentaux  ’» (Koenig, 1997, p.128).

La méthode de champ visuel divisé appelée aussi ‘«’ ‘ méthode de projection tachistoscopique de stimuli par hémichamp ’” consiste à présenter un stimulus dans l’un des deux champs visuels. Le postulat sur lequel repose la présentation en champ visuel divisé considère qu’un stimulus présenté dans un hémichamp visuel est traité de manière plus précoce par l’hémisphère controlatéral. Elle a été décrite par Seron (1994, p.45) de la manière suivante : ‘ « ’ ‘  dans le système visuel, la moitié gauche de chaque rétine se projette dans l’hémisphère gauche et la moitié droite de chaque rétine dans l’hémisphère droit. Un tel dispositif (joint à l’inversion de l’image sur la rétine) a pour effet que lorsque le sujet fixe un point, les stimuli situés à gauche de ce point se projettent dans l’hémisphère droit et ceux situés à droite dans l’hémisphère gauche. On peut ainsi présenter des stimuli visuels à l’un ou l’autre hémisphère. Cependant, du fait que les yeux sont toujours en mouvement, cette situation exige que le sujet regarde bien le point de fixation au moment de la présentation du stimulus et que celui-ci soit exposé pendant une durée brève, inférieure au temps nécessaire pour accomplir une saccade oculaire  ’». L’avantage d’un champ visuel (d’un hémisphère) sur l’autre est généralement validé par la précision des réponses et -ou- par l’enregistrement des temps de réponse. Précisons qu’une saccade oculaire dure environ 180 ms ; ainsi, le temps de présentation des stimuli ne doit pas excéder 180 ms.

Dans nos expériences, la méthode d’amorçage a été appliquée à des stimuli consistant en des visages variant par leurs expressions faciales. Elle consistait à présenter un premier visage ayant une certaine expression faciale, suivi d'un second visage ayant une expression identique à, ou différente de, l’expression du premier visage. La tâche des participants était de détecter la coloration, rouge ou verte, appliquée au second visage. Par définition, les tâches proposées dans des expériences utilisant la méthode d’amorçage sont indépendantes du critère sur lequel on souhaite mettre en évidence un effet de traitement automatique (dans nos expériences, l’expression faciale). Si un traitement de l’expression faciale se réalise, alors la rapidité et -ou- la précision des réponses des participants devrai(en)t être différente(s) selon que les expressions faciales sont identiques ou différentes.