Évaluation émotionnelle selon la valence et selon l’intensité

Un large réseau d’activations de régions corticales et sous-corticales a été obtenu à la fois dans la reconnaissance explicite des expressions faciales de joie et de peur, et dans la discrimination de leurs intensités. Ce réseau, typiquement mis en évidence dans de nombreuses études antérieures dans les processus émotionnels faciaux, pourrait former un réseau « émotionnel », incluant à la fois des régions limbiques (principalement l’amygdale) et des régions préfrontales (les gyri inférieur et moyen), de même que des aires impliquées dans l’analyse visuelle (principalement le gyrus occipital moyen, le gyrus lingual, le cuneus et le gyrus fusiforme). Keightley et al. (2003), qui ont observé un réseau comparable, ont proposé que les régions préfrontales pourraient moduler les régions limbiques. L’activation du gyrus fusiforme, observée principalement dans l’hémisphère droit, était fortement attendue. Cette activation corrobore les résultats obtenus dans de nombreuses études qui ont démontré que cette région était impliquée dans le traitement perceptif des visages (Kanwisher et al., 1997 ; Sergent et al., 1992), que son activation pouvait être modulée par les contraintes de la tâche (Gorno-Tempini et al., 2001) et être liée à la nature même des stimuli (Gauthier et al., 2000).

Un résultat important de notre étude est la révélation de réponses de l’amygdale tâche-indépendante. En effet, l’activation au niveau de l’amygdale a été révélée dans les deux tâches, d’intensité et de valence. L’activation au niveau de l’amygdale dans l’évaluation des expressions faciales positives et négatives selon leur valence était bilatérale. Le jugement d’intensités négatives a conduit à l’activation de l’amygdale de l’hémisphère droit ; nous n’avons pas observé d’activation de l’amygdale dans le jugement d’intensités positives. Enfin, précisons que la reconnaissance explicite des expressions de joie n’a pas entraîné une activation au niveau du cortex orbito-frontal bilatéral (Gorno-Tempini et al., 2001 ; Gur et al., 2002b) mais une activation du gyrus frontal inférieur, dans une portion frontale plus supérieure au cortex orbito-frontal.