Influence de l’intensité dans le traitement des expressions faciales émotionnelles

Un intérêt supplémentaire de notre étude d’IRMf était de mesurer l’influence de l’intensité sur le traitement des expressions faciales émotionnelles, de joie et de peur, au niveau de l’amygdale. L’interaction de la valence et de l’intensité n’a pas conduit à l’activation de l’amygdale. Cependant, nous avons observé une activation de l’amygdale seulement lorsque les expressions de joie étaient très intenses, alors que l’amygdale était activée à la fois pour les expressions négatives peu et fortement intenses. Ainsi, nous proposons que les études ayant échoué à révéler une activation de l’amygdale pour les expressions de joie (i) n’ont pas contrôlé le degré d’intensité et présenté des émotions positives indépendamment de leur intensité ou (ii) présenté des émotions trop peu intenses. Par ailleurs, nous avons observé une activation de l’amygdale indépendamment de la valence. Ce résultat rejoint celui observé par Small et al. (2003), qui ont montré, avec des stimuli gustatifs, que l’activité de l’amygdale pourrait dépendre de l’intensité, indépendamment de la valence. Notre étude a mis en évidence une activation de l’amygdale gauche dans l’évaluation d’expressions faciales peu intenses, tandis que l’évaluation d’expressions faciales très intenses a conduit à une activation de l’amygdale droite. Ce résultat, joint à celui de Small et al. (2003), va donc à l’encontre de l’idée que l’amygdale répond préférentiellement aux stimuli négatifs. Notons, cependant, que nous n’avons pas observé d’activation plus forte lors de la présentation d’expressions émotionnelles très intenses comparativement à la présentation d’expressions émotionnelles peu intenses et inversement. Ce résultat, en effet simple, avait déjà été mis en évidence par Phillips et al. (1997) dans une tâche de genre, avec l’expression de peur. L’intensité, un composant intrinsèque des émotions apparaît donc comme un facteur essentiel à considérer dans les recherches étudiant la perception et la reconnaissance des émotions en général et des expressions faciales en particulier. Pourtant, de manière surprenante et comme l’ont déjà souligné certains auteurs (Calder et al., 2000b, p. 143), l’intensité émotionnelle n’est pas ou peu pris en considération en tant que facteur expérimental dans des études portant sur la reconnaissance des expressions faciales. Il ne fait pas de doutes que cela soit dû en partie au fait qu’il est difficile de manipuler l’intensité des expressions faciales naturelles (ou posées) de manière contrôlée.