4. Discussion

Notre hypothèse principale a été validée : lorsqu’un traitement explicite, verbal, de l’expression de l’amorce est requis, il existe un traitement automatique de l’expression faciale de la cible, en faveur d’un traitement plus rapide lorsque les deux expressions faciales sont identiques. Nous concluons donc sur l’existence d’un amorçage facilitateur relatif ; en revanche, comme dans l’expérience précédente, l’absence d’une condition contrôle ne nous permet de conclure sur l’existence d’un effet facilitateur absolu.

L’analyse des réponses données à l’oral a permis de montrer que les participants ont réalisé très correctement la tâche proposée, qui pouvait paraître complexe. Le test du chi-carré sur les bonnes réponses globales a mis en évidence une meilleure reconnaissance de l’expression de l’amorce quand l’expression de la cible était identique à l’expression de l’amorce. L’analyse par expression a montré une différence d’impact selon l’expression. En effet, il semble que la présentation répétée des expressions de joie et de colère ait facilité la reconnaissance de ces expressions, ce qui n’a pas été le cas pour les expressions de dégoût et de surprise. Nous proposons que la colère et la joie sont des expressions pour lesquelles les traits sont facilement reconnus, peut-être pour la raison que ces expressions incitent à l’approche, tandis que la surprise, et surtout le dégoût, sont des expressions qui incitent à un comportement de retrait (voir Davidson, 1995). Par ailleurs, la surprise présente des caractéristiques particulières (Reisenzein, 2000) : en effet, la présentation répétée de l’expression de la surprise s’oppose à la définition même de la surprise, qui constitue une expression fugitive. Il est possible que dans le cas de la surprise, une inhibition du traitement explicite émotionnel ait eu lieu. Notre expérience ne nous permet pas de conclure sur ce point.