Donnons les raisons et étapes de notre cheminement, de notre motivation, comme il convient de le faire en début d’écrit. Habituellement, chacun situe ici la source du nécessaire caractère heuristique, tout à la fois universel et singulier, spéculatif et incarné, d’un travail universitaire.
Il s’agit en effet d’expliciter, dans la mesure de ce que le scripteur juge utile, ce qui fait voile, obstacle ou mystère, pour le lecteur, ce qui, pour lui, n’est pas une évidence et l’est pourtant devenu pour le scripteur. Comment en effet la question a-t-elle émergé, comment a-t-elle été préparée, comment a-t-elle germé jusqu’à éclore dans le travail présent ?
Ces remarques ne sont pas anecdotiques mais servent la lecture universitaire qui suppose l’explicitation du point de vue initial, la ligne de perspective, de celui qui parle. En tout cas, du point de vue qu’il croit être sien, tel qu’il l’énonce lui-même.
Nous avons déjà eu l’occasion d’expliciter plus profondément lors de nos écrits précédents 62 les raisons qui nous ont conduit jusqu’à oser ce difficile sujet, nous y reviendrons. Pour ce qui concerne ce cheminement, pour plus de détails, on pourra également se reporter aux annexes.
Élevé au sein de la communauté protestante, longtemps catéchiste, la foi est entrée dans notre vie progressivement par l’éducation puis brutalement par une rencontre personnelle, une conversion.
Le fait que notre propre père 63 , réfugié de la guerre civile espagnole (1936 - 1939) se soit converti, par la lecture de la Bible, au christianisme tout en se familiarisant avec la langue française, pendant l’occupation allemande, n’est sans doute pas non plus étranger au choix du sujet.
Son témoignage de l’action directe du texte selon une lecture qui se fait quête nous marque encore aujourd’hui. Cette expérience rejoignit en la précédant celle qui devient la nôtre.
Instituteur dans l’école publique, coordonnateur de Zone d’Éducation Prioritaire, pendant un temps, formateur d’enseignants du 1° degré, nous avons, dans nos différentes fonctions, vécu de manière, parfois conflictuelle mais généralement intime, presque secrète, le rapport entre foi et laïcité. Ainsi, avons-nous été conduit par les études et les travaux effectués a expliciter en quelque sorte ce malaise premier pour exprimer finalement la source de la source de notre motivation éducative.
Ce dialogue, cette interpellation de la foi envers la laïcité version française, ou inversement de la laïcité, version française, en direction de la foi, ne sont ni l’objet ni l’enjeu de cet écrit, même si en retour celui-ci pourrait conduire le lecteur à envisager la question de façon renouvelée. Ils en constituent cependant la toile de fond qui provoqua le choix de ce sujet dans le lieu précisément de l’université publique. Expliquons-nous, en retraçant, très rapidement, ce cheminement universitaire.
Commençant des études universitaires, à près de quarante ans, après vingt années de pratique professionnelle, ce furent ces questions implicites dont aucune institution et aucun discours ne nous semblaient tenir complètement compte, dans le domaine éducatif, qui surgirent progressivement.
Un travail de licence intitulé “Entre le geste et la pensée “ 64 tenta de rendre compte à travers une expérience professionnelle de créations de livrets de lecture en destination d’enfants du cycle deux, comment en fait la relation pédagogique située entre gestes et pensées dépassait largement le cadre étroit des formalisations entre théories et pratiques qui tentaient le plus souvent d’en rendre compte.
L’allégorie du mythe de la caverne en est une image 65 . La philosophie naît avec SOCRATE et PLATON dans la contemplation de l’Idée porteuse du Vrai du Beau du Bien mais dont la perception n’est que diffuse, à demi opaque. On accède à l’Idée dont la lumière pure est inaccessible, par une projection, un effort de conceptualisation de l’esprit de l’homme qui porte en lui-même le négatif de cette lumière extérieure.
Pour SOCRATE 66 , la maïeutique permettra cet accouchement de l’être à l’Idée.
Le chemin théorie pratique qui est en fait en jeu ici est inversé et comme à l’opposé par rapport au dialogue entre le geste et la pensée.
Inversé quant à l’ordre : la théorie précède et prolonge la pratique mais s’en sépare radicalement étymologiquement en quelque sorte, alors que le geste précède et poursuit, loge et habite, épouse et féconde la pensée.
Inversé quant à son objet : le chemin de la théorie à la pratique est une recherche de la cohérence rationnelle à la fois interne, propre donc à la personne par rapport à elle-même, et externe, dans l’explicitation théorique nécessaire et suffisante qui en est donnée à autrui, d’où la nécessité de cet accouchement pour faire naître, ce demi dieu, dont parle SOCRATE et qui caractériserait chaque personne individuellement. L’accouchement dont nous parlera Paul est au contraire celui de la mort à soi même pour entrer avec la naissance en Christ au statut de Fils dans la communion du Royaume. Paul souffre les douleurs de l’enfantement pour ses frères. SOCRATE les suscite en ses élèves 67 .
Opposé quant à sa nature : Théories et pratiques trouvent a résorber leur opposition dialectique dans le monde désincarné de l’Idée où siégeraient les dieux éternels poursuivant leurs intérêts multiples et divergents. Gestes et pensées se résorbent selon la voie chrétienne dans la manifestation incarnée du Christ “la Parole faite chair” où Dieu épouse l’homme et devient Abba (papa).
Nous en venions à penser que les rapports entre universel et singulier s’exprimaient de manière originale dans le phylum biblique. En effet, le mystère de l’incarnation fait se rejoindre l’expérience initiale et la rencontre avec l’autre et une transcendance, nous sortons ainsi de la problématique usurpatrice du général et du particulier.
Le mémoire de Maîtrise 68 traitait de l’autodidactie en tant qu’apprentissages hors des institutions éducatives. Nous opposions alors deux phylum bibliques de l’universel. L’universel construit dont Babel 69 est la figure, l’universel accueilli dont Noé 70 inaugure le chemin dans la même Bible .
Dans le christianisme, par le mystère de la kénose 71 , Dieu se vide de lui-même pour se faire homme et se manifester dans le quotidien des existences. La délivrance qui en résulte n’est pas l’oeuvre le l’homme, mais le fruit de la grâce première, du don d’amour gratuit. L’universel accueilli, chemin de l’alliance allait conduire à la Pentecôte 72 , baptême de l’esprit, naissance de l’église, les disciples parlent des merveilles de Dieu dans la langue des étrangers à Jérusalem, l’universel est fécondé.
Nous exprimions alors que, notre civilisation étant traversée par deux sources, l’une judéo-chrétienne, l’autre grecque, nos transpositions entre théories et pratiques étaient l’héritage grec, alors que nos dialogues entre gestes et pensées nous venaient du phylum biblique , judéo-chrétien, donc.
Si le geste englobe et précède la pensée, puisque toute pensée naît d’un geste, et que tout geste contient une ou des pensées, la théorie veut à l’inverse englober et précéder la pratique et lui imposer son diktat, ses normes, ses mesures, réduisant ainsi la force intuitive et créatrice de la pensée et du geste, ce déterminisme incontournable, propre à toute existence que Maurice BLONDEL appela l’action 73 .
La pensée éducative nous parut colonisée par ce rapport théorie pratique que Philippe MEIRIEU 74 commence aujourd’hui à remettre en cause, alors que simultanément, les actions éducatives se nourrissaient effectivement d’autres paradigmes que ceux énoncés.
Dans notre travail de DEA 75 nous allions donc préciser encore notre cheminement en abordant dans l’université laïque la question éducative posée par le message biblique. Nous allions nous intéresser à l’action éducative biblique perceptible dans le monde, nous l’avons dit, en commençant cet écrit à partir de réalités observables.
Nous entrions ainsi dans le sujet du présent mémoire par une approche large. Nous ne posions pas la question éducative de la Bible au travers de généralités tirées de principes, mais à partir de son action. Pour cela il fallait entrer en quête des invariants qui le constituaient et de la justification que donnait le texte de lui-même. Nos référents théoriques passagers furent les travaux de Jean François KAHN 76 , pour l’ invariance, et les travaux de THÉVENOT et BOLTANSKI 77 pour ce qui concerne la justification.
Les invariants de la révélation chrétienne apparaissaient comme le paradigme central de l’étude. Nous pouvons les lire par le fait d’accomplissement de la parole biblique en la personne du Christ. Nous comptons une trentaine de fois cette expression relative à cet accomplissement de la parole ancienne dans les différents évangiles.
Sur la croix Jésus dira : “Tout est accompli” 78 avant d’expirer et de remettre sa vie à son Père. Tout l’évangile de Jean, se distinguant des synoptiques, est plus particulièrement construit comme un chemin vers cet accomplissement dans la mort et la résurrection du Christ d’une alliance nouvelle.
La justification de l’action de cette parole tenant à la légitimité de cet accomplissement, il nous devenait possible d’imaginer et de comprendre l’action de la Bible à travers l’histoire, au travers de l’église comme une action, parole prophétique, qui annonce l’accomplissement d’une parole au travers d’une personne, le Christ.
La prophétie au sens biblique n’est pas la divination, ni la consultation des oracles, ni la magie, mais à leur opposé diamétralement 79 : un témoignage, selon la vision biblique, et selon l’exégèse, en réalité et en esprit de la vérité de Dieu. Vérité qui bien que s’inscrivant dans une histoire, dans un “hic et nunc”, est vraie pour hier, aujourd’hui et demain.
Ainsi s’explique la permanence de cette parole transmise comme parole de Dieu de génération en génération depuis plusieurs millénaires. 80
La prophétie n’est ainsi plus totalement incompréhensible ou encore inenvisageable dans le cadre d’une étude universitaire, comme un autre rapport à la rationalité l’aurait déterminée ou soumise, pour reprendre une expression de Jacques ELLUL, citée dans les lignes qui suivent, au supplice du lit de Procruste 81 .
Dans ce sens nous pouvons considérer que le passage qui consista dans ce qu’il est convenu d’appeler notre modernité à ne plus considérer la vérité, à partir progressivement de DESCARTES et SPINOZA, dans “ce que Dieu pense” , mais dans ce que “je pense” ne peut plus avoir la même signification que chez les grecs pré-chrétiens.
Il suppose désormais une systématisation de l’époché fondateur par l’évacuation sur le mode de la pensée, en tout cas, du mystère de l’incarnation chrétienne, et conduira naturellement et progressivement dans notre temps à l’idée de la mort de Dieu qui fit florès depuis FEUERBACH et NIETZSCHE jusque dans la théologie de l’après-guerre 82 . La spéculation strictement conceptuelle et idéelle qui était une voie parmi d’autres pour la philosophie grecque devient violence faite à la révélation, car elle oblige à la nier, ou en tout cas à l’abstraire momentanément, voire systématiquement ; afin de raisonner sans elle, voire de raisonner sur elle sans tenir compte de ce que la révélation-même suppose du rapport à la raison. Sans doute est-ce pourquoi, tout en considérant que PLATON et bien des philosophes grecs anciens étaient en quête de vérité et donc d’évangile, sans le connaître, saint AUGUSTIN critiqua-t-il les philosophes néo-platoniciens, qui reprenaient les systèmes ou modèles platoniciens pour interpréter contre nature, le mystère de la révélation chrétienne.
Pour PLATON comme pour ce qui jusqu’à nous a survécu, tel un héritage, de la culture grecque, le monde n’était rien d’autre qu’un négatif, un reflet, une vision, d’un monde de lumière.
Pour ces anciens d’avant Jésus-Christ, le problème ne se présentait pas de la même façon puisque le mystère de la révélation ne leur avait pas été donné. D’une certaine manière la spéculation était la seule voie possible. Certains la mariaient avec la divination et la mythologie, nous parlant d’oracles.
À partir du fait chrétien préparé en terre d’Israël, il y a rupture. Les oracles ne sont plus à consulter, tout s’accomplit en une personne qui traverse l’histoire des hommes pour le salut du monde, et qui donne sa vie pour chacun. En effet, le christianisme et le judaïsme posent Dieu comme le Tout Autre devenu Tout Proche. La liberté n’est plus une idée, elle est à la fois rencontre personnelle, et communion. L’éternité n’est pas un concept mais une réalité ressentie dans le quotidien des jours et, non par une prospection, inévitablement par essence, selon l’essence, virtuelle, de l’esprit spéculatif.
Le prisonnier de la caverne selon SOCRATE, repris par PLATON, pouvait également accéder à une semi-liberté, mais par un autre moyen, celui de l’étude des sciences.
‘Rappelle-toi, repris-je, l’homme de la caverne qui délivré de ses fers, se tourne des ombres vers les figures artificielles et vers la clarté qui les projette qui monte du souterrain vers le soleil, et qui là, se trouvant encore incapable de regarder les animaux, les plantes et la lumière du soleil contemple dans les eaux leurs images divines, et les ombres des objets réels, et non plus les ombres des figures projetées par cette autre lumière qui n’est elle-même qu’une image du soleil. L’étude des sciences que nous avons passées en revue produit les mêmes effets. 83 ’Notons au passage que la condition de ce prisonnier, comme le souligna AUGUSTIN, rejoint en partie, sinon la conscience du péché manquement de la cible, du moins sa présence. Présence que les néo-platoniciens durent refouler pour justifier l’entreprise gnostique d’interprétation du christianisme.
Le prisonnier, selon SOCRATE, repris par PLATON, passe ainsi, par la science, la dialectique, l’éducation, de la contemplation d’ombres sur une paroi, à partir d’une lumière artificielle indirecte, au reflet dans l’eau à partir de la lumière réelle, mais la lumière pure lui est toujours inaccessible.
Notons enfin que le rapport entre théories et pratiques ainsi défini, selon un phylum grec, ne cesse d’être toujours qu’un reflet d’une vérité abstraite qu’il ne peut dépasser. Ce reflet n’est par ailleurs perçu qu’à partir de la réalité concrète qui ne peut que l’aliéner.
Ce reflet, cette réflexion, certes, peuvent-être clarifiés par l’étude, la réflexion consciente de l’homme, la contemplation, mais ils ne sont pas la réalité concrète de laquelle ils procèdent pourtant et d’où ils n’aspirent qu’à sortir, pas plus qu’il ne sont la vérité abstraite vers laquelle il sont cependant tendus et d’où il puisent toute clarté.
Le reflet de la vie, de l’existence, perçue à partir de la réflexion cohérente sur la vie, se substitue alors à la vie perçue comme une possible cohérence en elle-même, entre gestes et pensées, telle que l’identifie le processus biblique, qui après avoir situé YHVH comme le Tout Autre, le créateur, à l’extérieur de “sa” création, inaccessible par la spéculation seule, décrit son action dans sa parole jusque dans l’incarnation de celle-ci.
La révélation biblique renverse la donne par le mystère de l’incarnation que la culture juive porte déjà en elle comme une sorte de négatif ou de signe 84 .
Il en découle une espérance d’une délivrance que la spéculation humaine ne peut par elle seule, non pas seulement atteindre, mais même, sans doute imaginer. Le déploiement historique du Talmud, où spéculations et discussions se développent à partir de la reconnaissance première de la Torah comme parole de Dieu, et non à partir de spéculations fortuites, illustre cet aspect. Si donc, la représentation de la lumière était le seul moyen donné à l’homme, d’après SOCRATE, pour se représenter la lumière, selon la perspective biblique, comme le souligne l’évangile de Jean, la lumière a visité le monde, non pour évoquer une idée de l’être et de la vie mais pour donner l’être et la vie. 85
Le mystère de l’incarnation est bien déjà présent lorsque Job, véritable symbole d’Israël, symbole du juste, fourbu d’épreuves, dans le livre de Job, pour s’adresser aux hommes, donne la parole à ce Tout Autre, insondable pourtant.
‘La crainte du Seigneur voilà la sagesse. S’écarter du mal c’est l’intelligence” 86 ’Car, si YHVH ne s’imagine pas, il parle, il traverse dès lors, comme dans un souffle, les pensées des hommes, leurs paroles et gestes. Au déisme idéal de SOCRATE, supposant l’impossible connaissance parfaite de la lumière absolue, s’oppose ou s’ajoute, le théisme personnel qui révèle cette lumière visitant le monde, non à partir de l’étude purement spéculative, ou de l’inspiration d’un démiurge, mais de la conscience révélée du bien et du mal, de la vie et de la mort, au moyen non d’une théorie ou d’une parole intérieure, mais d’une parole toute extérieure, telle que la Bible la distille, la révèle au cours d’une histoire, dans le quotidien d’une histoire, se proposant dès lors de se faire entendre dans le quotidien de la moindre des histoires singulières. Job vit et traverse l’épreuve dans la foi, il révèle à Israël que prospérité et malheur ne sont pas la conséquence automatique des agissements, selon la justice ou le péché, de l’homme qui les traverse 87 . Et Job dans ce que la TOB appelle son dixième poème dit encore:
‘On a tari les sources des fleuves et amené au jour ce qui était caché. Mais la sagesse, où la trouver ? Où réside l’intelligence ? On en ignore le prix chez les hommes et elle ne se trouve pas au pays des vivants. 88 ’Car si YHVH traverse le monde, il ne se fond pas avec les représentations humaines de la vie et du monde, il les dépasse de toute part en hauteur largeur et profondeur. 89
De Job, citons enfin cette célèbre exclamation prophétique, qui annonce le messie et le messianisme, et qui semble joindre et précéder la perspective chrétienne, en découvrant une espérance au delà de la vie et de la mort, au delà du visible et de l’invisible aujourd’hui, au delà des représentations et des apparences.
‘Mais je sais que mon Rédempteur est vivant, et qu’il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite, il se lèvera. Quand je n’aurai plus de chair, je verrai Dieu. Je le verrai et il me sera favorable ; mes yeux le verront et non ceux d’un autre; mon âme languit d’attente au dedans de moi. 90 ’Les paroles de Job sont reprises dans ce célèbre cantique réformé. Dans la perspective chrétienne, ce rédempteur c’est le Christ.
‘Mon Rédempteur est vivant,Cette lumière qui apparut à Moïse dans la vision du buisson ardent, 92 cette lumière qui rayonne sans consumer le buisson d’où elle irradie, dans la perspective chrétienne, est en Jésus, fondement et aboutissement de la révélation.
“Je suis la lumière du monde 93 “ dit Jésus. “Vous êtes la lumière du monde “ 94 dit-il encore à ceux qui le suivent. Dès lors, ce n’est plus que le monde soit duel, ou virtuel, mais l’homme lui-même qui est tiré entre la vie et la mort, l’amour et la haine, les ténèbres et la lumière. Cette blessure du disciple, traversé par la Parole du Tout Autre se revêt d’une autre dimension que la dualité grecque qui pouvait se fondre avec la conscience humaine, les remords et les regrets. Elle signifie un passage de la mort à vie, dont la mort de Jésus sur la croix et sa résurrection sont les signes premiers.
Cette mort du Christ, sa résurrection pour le salut du monde, ouvre le disciple à une conscience autre, de lui-même, des autres et de Dieu. Aucun disciple ne pourra le suivre, jusqu’à Pierre malgré son engagement audacieux 95 , sur la croix, où il meurt seul abandonné de tous, accomplissant les paroles des psalmistes et des prophètes 96 .Un amour nouveau est scellé, là où tout condamnerait l’attitude des hommes, là ou personne ne peut plus se glorifier, sur la croix, une alliance nouvelle est née, un passage, chemin de réconciliation entre Dieu et les hommes, un accès à la communion d’esprit et de volonté avec Dieu. Non du fait des mérites des hommes mais du fait de l’amour gratuit de Dieu, manifesté en Christ.
Tel est le fait central de la foi chrétienne. Il en résulte une blessure au coeur du disciple, circoncision invisible 97 , signe de l’alliance que Jésus renouvelle et établit 98 Car comme toute lumière naturelle éclaire en consumant, cette lumière qui se consume sans se consumer, à partir du moment où elle passe par le coeur de chacun, selon l’alliance établie par le Christ, consume en lui, en entrant en dialogue avec elle, la vieille nature de l’homme naturel, le “ vieil homme “ 99 qui bien que crucifié avec le Christ, résiste encore, et qui rattache encore pour un temps, l’homme converti aux turpitudes des hommes et de la mort, du doute et de la peur. 100
Nous trouvons déjà un avant signe de ce dialogue, annonce de cette alliance, en Moïse, devant le buisson ardent, qui lorsque après avoir reçu de YHVH les termes de sa mission de délivrer le peuple du joug égyptien s’exclame : “Qui suis-je pour aller voir pharaon ?” 101
La question n’est plus alors : comment saisir à partir de mes théories et mes idées le sens de mon existence ce qui était la quête de toute la philosophie pré-chrétienne ; mais, comment le projet divin peut-il germer en moi qui suis, à la fois, tiré vers la mort par mes passions et mes désirs d’existence contre les autres, contre ce don gratuit de la grâce, mais aussi vers la vie par le don de Dieu, l’alliance nouvelle et éternelle, par l’effort de ma volonté, par pure grâce. C’est tout le travail qu’entreprendra, dès le quatrième siècle, saint AUGUSTIN, dans la cité de Dieu.
Car, si le christianisme révèle que la question de la dualité n’est plus au niveau du monde, mais de la représentation du monde par l’homme, donc en l’homme qui construit cette représentation, il révèle aussi qu’il existe une liberté pour l’homme, comme une grâce offerte. Il conduit alors aussi sûrement qu’indirectement au désenchantement du monde source de progrès nouveaux pour les sciences. Saint AUGUSTIN (354,430), dans la cité de Dieu, après avoir expliqué et critiqué la définition que donne, selon la théologie naturelle, l’encyclopédiste romain VARRON (-116,-27) du dieu Janus de l’antiquité que celui-ci associait au monde et à dieu et qu’il opposait à Terminus 102 , explique que, selon lui, cette expression de la dualité perceptible dans les deux visages, s’apparente davantage à la condition de la bouche de l’homme dont une face est tournée, à partir du palais qui présente une similitude avec le monde, vers l’intérieur, la gorge, et l’autre vers l’extérieur, les dents.
Pour saint AUGUSTIN il y a sans nul doute dans cette figure double toute l’expression de la condition humaine du péché, tendue entre la vie et la mort, l’extérieur et l’intérieur. Péché dont les grecs et païens ne pouvaient, semble-t-il, être conscients en tout cas sur le mode biblique. Si le prisonnier de la caverne nous rappelle pourtant bien le blessé de la parabole, il n’attend, contrairement au blessé, aucune compassion venant l‘extérieur de lui-même. Curieusement, donc, saint AUGUSTIN fait jouer la logique pour dire que Janus ne peut être le monde.
‘Or, quand on lui attribue quatre faces et qu’on appelle le Janus double, on y voit le symbole des quatre parties du monde, comme si le monde pouvait regarder hors de soi à la manière dont Janus le fait par tous ces visages. De plus, si Janus est le monde et que le monde comprenne quatre parties, la statue de Janus à deux faces n’est plus vraie ; ou si elle l’est parce que même par l’expression “l’Orient et l’Occident” on entend d’ordinaire le monde entier, dira-t-on, en nommant les deux parties, le Septentrion et le Midi, que le monde est jumelé comme on dit jumelé le Janus à quatre faces ? On ne trouve rien qui permette d’expliquer quatre portes ouvertes pour l’entrée et la sortie comme une représentation du monde, alors qu’on a trouvé dans la bouche de l’homme de quoi évoquer les deux faces de Janus; à moins peut-être que Neptune ne vienne à la rescousse en présentant un poisson qui, outre l’ouverture de la bouche et de la gorge, offre à droite et à gauche celles des branchies. ’Le poisson était le signe de reconnaissance des chrétiens dans les catacombes. En effet, par la révélation de Dieu parmi les hommes en Jésus-Christ, mystère de l’incarnation, l’homme est comme blessé, entre deux mondes, citoyen de la cité céleste, mais traversant la cité terrestre. Le voici traversé dans sa réalité quotidienne par la la réalité du Royaume au milieu des hommes. Saint AUGUSTIN conclut en disant :
‘“Et pourtant de cette vanité, par tant de portes nul ne peut s’échapper, à moins d’entendre la Vérité lui dire : “Je suis la porte.” 103 ’La dualité donc, qui chez les grecs, était dans la nature même du monde passe à l’homme, comme dans une blessure, à partir du moment où Dieu, Tout Autre, se met en quête de l’homme, dès l’ancienne alliance et dans le judaïsme, jusqu’à se faire homme en Christ dans le christianisme. Les dieux grecs, ou romains, tels Janus, ne sont plus en effet désormais une fois visités par la révélation chrétienne, que des projections des passions humaines, et paradoxalement, ils restent inaccessibles, YHVH est Tout Autre, mais paradoxalement il se révèle, il parle et ouvre une perspective nouvelle au travers d’un peuple, dans l’ancienne alliance par son Fils dans la nouvelle, dès lors l’homme est conduit, au travers d’un trouble, à une perspective nouvelle.
Ce n’est plus, autrement dit, d’après l’enseignement chrétien, que par l’imagination humaine que naquirent les dieux. Les dieux ne sont donc que des abstractions, des projections à l’image de l’homme, et non comme le crurent les grecs, les hommes qui seraient à l’image ou le reflet des dieux. Dieu YHVH a créé le monde il est hors de celui-ci son regard sa parole libère l’homme de ses projection fantasmatiques sur le monde sources de superstitions et fétichismes et permet de distinguer désormais entre mythe et réalité de façon radicalement nouvelle.
YHVH a inversé le chemin, après avoir fait l’homme à son image, après avoir été séparé de lui, depuis la chute de l’homme, après s’être révélé dans un peuple, dans une histoire, il s’est fait homme, pour le recréer, et faire de cette image de lui-même, son fils, sa propre chair, son propre sang.
C’est le sens premier de la Bonne Nouvelle : Dieu a visité son peuple, Dieu a pris forme humaine, il a pris chair. Car il n’a pas pris cette forme pour se divertir, à la manière des dieux grecs, mais pour ramener, l’homme vers lui. La condition humaine a été visitée, traversée, recrée, par le souffle divin. Le péché fut vaincu à jamais sur la croix.
Plus rien n’est plus jamais impur que ce qui peut sortir de la bouche de l’homme jamais ce qui y entre.
‘“Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur.” 104 ’Jésus s’adresse ainsi à la foule au sujet des pharisiens qui respectaient la tradition à la lettre, en ne mangeant qu’après s’être lavé les mains, mais en perdaient l’esprit en condamnant ceux qui ne pratiquaient pas l’ablution des mains.
Paul EVDOKIMOV, le théologien orthodoxe, écrira à partir du récit de la transfiguration 105 , ”la transfiguration du Seigneur ouvre la vision apocalyptique”. 106
Apocalypse du mot grec apocalypsis signifie révélation. La révélation chrétienne fait pénétrer la vision de Dieu au coeur de l’homme qu’elle féconde et transforme.
La difficulté contemporaine est donc venue de la lecture de la Bible par d’autres “lunettes “ que celles qui nous venaient du phylum biblique lui-même et qui proclame en son sein, au sein de l’écriture sa propre justification.
Jacques ELLUL, théologien protestant, exprima bien cette absence d’une lecture du message biblique par la Bible et la culture d’Israël : une révélation restant à accomplir dans le christianisme. L’évangile est enté sur l’Ancien Testament qui est lui-même une manifestation de Dieu dans une histoire.
‘“Pour achever son oeuvre, Dieu ne nous envoie pas un livre de métaphysique, ni un livre sacré de révélations gnostiques, ni un système épistémologique complet, ni une sagesse achevée, il nous envoie un homme. À son sujet, cela recommence : on raconte des histoires qui font une histoire. Même ceux qui comme Paul et Jacques sont les plus théoriciens gardent précieusement l’historique comme pierre de touche de l’authenticité. Tout ce qu’ils écrivent concerne exclusivement l’histoire de Jésus et l’histoire de ceux qui sont appelés à croire. Le plus grand théologien, Jean, aussi bien dans ses épîtres que dans l’Apocalypse, n’exprime sa théologie que comme une histoire. Le dernier livre fait encore , en tout point, référence à l’Histoire qui est non pas la vérité, mais le seul cadre possible pour exprimer la volonté de Dieu. Or, voici donc le mode que Dieu a choisi pour se révéler à l’homme, et voici que l’homme ressaisit tout cela, le change totalement de cadre pour le faire entrer dans son propre système de questions et d'expressions. Je ne dis pas du tout que c’était fatal. Ce fut accidentel. ’ ‘La pensée hébraïque a été semée dans une terre nourrie de la pensée grecque et de la juridicité romaine. Il a fallu tout de suite retraduire ce qui était histoire en termes compréhensibles dans le monde gréco-romain. C’est à dire en termes philosophiques et juridiques. La Torah est devenue un équivalent divin de la loi des Douze Tables 107 . La révélation de Dieu est devenue le point de perfection de l’enseignement de Socrate. Ce qui s’est produit alors est d’une importance décisive. ’ ‘On a interprété la Bible par les moyens intellectuels de la philosophie grecque. Au lieu d’écouter le texte tel qu’il était, on a voulu en tirer un système philosophique cohérent. On l’a interprété, soit dans le cadre de la pensée platonicienne, soit dans celui de la pensée aristotélicienne, mais dès lors qu’importe le système, que l’on prenne Héraclite ou Épicure, cela revient au même. On a considéré les récits bibliques comme des mythes dont il fallait retirer une “pensée” universelle et abstraite. ’ ‘On me dira que l’homme ne peut pas faire autrement que d’utiliser ses propres instruments de connaissance même pour comprendre une histoire. C’est tout à fait vrai. Mais je dirai que la pensée hébraïque avait aussi ses instruments de connaissance, parfaitement explicités dans sa langue: c’est a cela qu’il fallait se plier, se soumettre se convertir au lieu de faire entrer cette révélation dans la camisole de force de la pensée gréco-romaine ; au lieu de la placer dans ce lit de Procuste, ou encore dans “cette cage à tigre” !’ ‘Se convertir ! Le grand mot est lâché ! Les hommes du III ° siècle et ensuite, se sont convertis au christianisme sur le plan moral et religieux, mais ils ont gardé intact leur mode de pensée. Quand Jésus reprenant le commandement de l’Ancien Testament dit qu’il faut aimer Dieu ... de toute sa pensée, cela aurait dû faire sauter les philosophes ! Comment aimer avec sa pensée ! Comment subordonner sa pensée à une révélation de l’amour, et de l’amour de Dieu. Cela va à l’encontre de toute démarche philosophique objective et cohérente! Rien de plus incohérent que l’amour et la vie ! Cela eût dû alerter profondément nos théologiens ... mais ils ont préféré mettre l’amour dans leur système. Platon l’avait d’ailleurs déjà fait. Mais comment ne pas avoir compris que si Dieu avait voulu nous délivrer une philosophie, il nous aurait fourni un livre cohérent et non cette incohérence vivante qu’est la Bible. S’il s’était situé dans le domaine de la connaissance, il aurait exprimé une Parole scientifique. ’ ‘Or avec le droit , l’éthique et la métaphysique on a radicalement transformé le sens de la révélation, même si formellement ce qu’on avançait pouvait paraître exact. 108 ’Dans l’ouvrage que nous citons, Jacques ELLUL voit dans cette subversion de la pensée, la première attaque contre la compréhension de la révélation chrétienne. D’autres subversions suivront certes, mais comme entées sur cette aberration première, et l’auteur cite selon un ordre chronologique approximatif d’apparition, le moralisme, l’influence de l’Islam, la perversion politique, le nihilisme.
La perversion moraliste, attribue au mérite de l’homme ce qui est fruit de la grâce divine. Elle tombe dans le jugement d’autrui, à l’attribution des mérites.
La perversion de l’influence islamique manifestée très fortement entre le IX° siècle et le XI° siècle, confond, dans un même mouvement, religion, droit, et politique, ce qui n’est visiblement pas le projet de la révélation qui au contraire se manifeste à partir de l’incarnation. Dieu parle à des personnes, c’est au travers d’elles en elles, que se manifeste le message..
La perversion politique est comme entée sur l’influence précédente, elle confond les deux règnes, présent dans les textes évangéliques, le règne de Dieu, le règne du monde, elle s’exprime dans la pensée totalisante et en système de HEGEL (1770-1831 ) qui confond la personne de Jésus et le phénomène chrétien.
La perversion nihiliste, s’appuyant sur NIETZSCHE (1844 - 1900 ), se développe dans une part de la théologie du vingtième siècle, en retenant du christianisme l’exigence, mais en ignorant la consolation de la grâce. Tout devient d’une exigence impossible, un puits sans fond : la mort de Christ y devient mort de Dieu, puis, disparition de l’homme.
Suivant Jacques ELLUL, toutes ces perversions ont pour origine une mauvaise réception de la culture dans laquelle se déploie le message de l’évangile. Une relation fondatrice à la connaissance de type gnostique. Il nous faudrait sans doute comprendre la connaissance, non selon la spéculation notionnelle du grec “ épistèmé’”, ou encore “gnosis”, mais comme la “koinônia” qui relie connaissance et révélation du Christ, révélation et communion d’amour, communion d’église. Dès l’Ancien Testament, les mots hébreux Madda (Daniel I 4 ), Daat (Genèse II 9 ) Deah (Ésaïe XI 9) signifient, science, connaissance, sagesse. Dans ce phylum, la science dans un sens proche des grecs, serait “Madda”. “Daat” , exprimant une notion plus concrète, incarnée, rejoint la connaissance de quelqu’un ou de quelque chose, et, est, donc bien distinguée de la sagesse en tant que connaissance de Dieu :”Deah “. Ces notions resteraient paradoxalement plus fusionnées chez les grecs, où, philosophie, sagesse, science, géométrie, se distinguent et s’entremêlent simultanément.
Une sagesse liée aux sciences de la connaissance, au savoir, nous la retrouvons tout autant du côté du phylum existentialiste platonicien que de la philosophie de type essentialiste issue d’ARISTOTE.
Nul n’entrait dans l’académie de PLATON ( - 428 ; - 348 ) s’il n’était géomètre. Le vrai, le bon, le beau y étaient conçus d’une même nature. Le lycée d’ARISTOTE (- 384 ; - 322 ) visait à l’enseignement encyclopédique dont la philosophie “essentielle” et universelle, fait son fondement. La quête de cohérence rationnelle se soumettait alors au principe de l’observation des principes de réalité. Mais cette philosophie est idéelle et purement conceptuelle. Elle cherche entre autres à établir les chaînes de causalités et les natures de celles-ci. Et si ARISTOTE y donna pendant douze ans des cours en marchant 109 , il y distinguait les cours du matin, dits exotériques, de ceux, dits ésotériques, qu’il donnait à ses élèves avancés et initiés à sa philosophie, le soir.
La gnose, selon les grecs, suppose une ascension, une initiation, une distinction entre le maître et l’élève, toutes trois fondées, ou sur un savoir de type universel et à coloration encyclopédique, pour ARISTOTE, ou sur une conceptualisation du vrai, du bon et beau, chez PLATON. La gnose grecque suppose donc toujours, explicitement ou non, une distinction entre exotérisme et un certain ésotérisme. La doctrine de type exotérique suppose alors une réalité de type ésotérique, seulement comprise par l’initié qui en possède les clés.
La philosophie vise toujours à chercher une explication conceptuellement cohérente face à une question posée. Elle cherche cette explication, par sa nature : cette quête de cohérence est au centre de sa problématique, de sa définition, qui partant des grecs a traversé l’histoire, pour arriver jusqu’à nous. Le message biblique a certes infiltré la philosophie grecque et a donné lieu aux grands mouvements de la pensée dans l’histoire de l’ère chrétienne en pays christianisés. Mais la cohérence que supposerait la foi est d’un autre ordre, elle se lie à une révélation progressive de la présence divine au coeur des gestes et des pensées au quotidien d’un cheminement dans une histoire.
Il reste alors que le plus souvent comme le soulignait Jacques ELLUL, et pour prendre une métaphore qui prolongerait sa pensée, le christianisme a certes bouleversé le fond commun sur lequel se déploie désormais la pensée, mais la source du bouleversement qu’il suppose, a été ignoré.
Gilles DELEUZE, peu de temps avant sa mort, donnait, lors d’une interview télévisée, cette définition de la philosophie.
‘“La philosophie exprime et suit le mouvement évolutif de la pensée dans l’histoire. Pour qu’il y ait pensée il faut seulement deux choses. Qu’un problème soit posé, et que des concepts soient créés pour répondre au problème posé.” 110 ’Cette définition est purement et exclusivement “gnostique” au sens grec et pourtant intégrante d’un mouvement de la pensée dans l’histoire qui serait lui d’origine chrétienne. Remarquons encore, prolongeant Saint AUGUSTIN (354 - 430 ), que la gnose grecque ne devient historiquement suspecte que lorsqu’elle se plaque sur la révélation chrétienne qu’elle prétend interpréter.
La position de DELEUZE rejoint sur ce point de la définition celle d’HUSSERL, et le glissement pour définir la philosophie très perceptible dans la modernité la plus récente, de l’amour de la sagesse, sens étymologique, conception des anciens, à la science philosophique, idée défendue spécialement par HUSSERL (1859 -1938 ). Cette philosophie scientifique aurait sans doute été baptisée par les anciens “philognose” et non philosophie. Nous retrouvons ici la source de la critique de Saint AUGUSTIN vis à vis des néo-platoniciens de son temps.
Pour retrouver le droit de penser en système d’idées après la révélation chrétienne, DESCARTES (1596 - 1650 ) introduit l’époché, abstraction de soi-même, suspension du jugement, en faisant tout partir du doute. La philosophie de HEGEL, pour qui il n’est de réel que le rationnel, et de rationnel que le réel, et qui voit dans l’émergence du concept le seul moyen d’appréhender le réel, constitue sans doute le sommet du chemin ainsi ouvert.
HUSSERL veut aller plus loin : il questionne l’objectivité cartésienne en s’interrogeant sur les raisons subjectives de l’époché et du cogito. Il introduit ainsi, ce que certains nomment parfois un “double” époché où les notions d’objectivité subjective et de subjectivité objective émergent et agissent l’une sur l’autre, faisant naître par répercussion toutes les doctrines de l’intersubjectivité (HABERMAS).
S’ouvrent ainsi, dans les sciences humaines, l’intersubjectivité dont HABERMAS s’est fait un théoricien, rejoignant indirectement la théorie du discours en linguistique de BENVENISTE 111 , entre autres.
Cependant la Bible ne débat pas sur des idées mais décrit des actes à partir d’une parole, énonce cette parole en actes. Elle ne raisonne pas à partir de catégories de pensées mais agit dans une histoire par la révélation.
Ce sont elles, ces catégories, en somme, qui sont implicitement renversées et dénoncées par la parole vivante du Dieu vivant, dans la Bible qui ne se donne à voir qu’en une personne, Jésus, et se manifeste dans des actes.
Dès lors, la question ne se pose plus en les seuls termes d’une seule approche par les éléments d’une seule rationalité externe au texte, mais se laisse envisager la possibilité d’exprimer, dans le cadre d’une thèse universitaire, une approche du texte biblique de son action éducative qui soit le moins possible, mutilante, par rapport au texte biblique lui-même.
Mais alors, quelle représentation de la parole de Dieu, chez les premiers chrétiens ? Quelle lecture chrétienne de la Bible juive dont la distribution canonique et normative des livres semble avoir été, bien que rejoignant une tradition largement et depuis longtemps répandue, au plus tard, définitivement et explicitement assurée, au synode de l’exil juif à Yavneh en l’an 90 ? En ce même premier siècle, Paul écrira à l’église des Corinthiens :
‘“Vous êtes manifestement une lettre de Christ, écrite par notre ministère, non avec de l’encre mais avec l’esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur des coeurs.” 112 ’L’apôtre Paul dit encore un peu plus loin.
‘“La lettre tue mais l’esprit vivifie “ 113 ’Selon la parole biblique elle-même, dans sa composition chrétienne, Jésus accomplit l’écriture qui, en lui, devient chair, se fait homme parmi les hommes et traverse la vie des hommes, comme une lumière dans les ténèbres. 114 Dès lors, c’est dans le coeur de chacun que s’écrit l’alliance nouvelle et éternelle dont Jésus est le seul médiateur, premier né d’une création nouvelle.
Cela ne signifie cependant pas que la lettre soit remise en cause dans son inspiration, mais elle est lue désormais, dans la perspective chrétienne donc, sous le paradigme de l’accomplissement en la personne de Jésus. 115
Le même apôtre Paul prend dans l’épître aux Galates un exemple fort pour illustrer cette chose.
‘Christ nous a racheté de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous, -car il est écrit: Maudit est quiconque est pendu au bois, afin que la bénédiction d’Abraham aie pour les païens son accomplissement en Jésus-Christ, et que nous reçussions par la foi l’esprit qui avait été promis. 116 ’Paul fait allusion ici à un texte du Deutéronome, 117 qui évoque une malédiction pour l’homme crucifié. Nous privilégierons donc, dans cette étude, la lecture chrétienne, en nous en tenant à la composition chrétienne de la Bible et en privilégiant cette lecture par l’accomplissement. Mystérieuse et sans doute essentielle en effet notion que celle de l’accomplissement, déjà présente dans l’ancienne alliance. La langue hébraïque ne connaît que deux temps, ce qui est en train de s’accomplir (yedabbér) et ce qui est déjà accompli ( dibbér ). Ainsi, le temps devient le cadre d’une histoire, comme un chemin qui n’est jamais un recommencement, mais l’occasion d’un enseignement selon une révélation progressive un peu comme agirait un révélateur de photographie.
Ainsi, la parole biblique est-elle lue comme une parole vivante, active produisant une action, cette parole étant elle-même action.
Dès le départ, dans l’histoire d’Israël, cette parole projette les hommes dans une histoire, et la loi n’est pas donnée à Noé ou Abraham, mais à Moïse, de même les prophètes ne viennent qu’une fois la loi révélée. Chaque chose arrive en son temps.La révélation agit donc comme un lent mouvement d’éclairage sur le projet de Dieu pour l’homme. Son point final n’est cependant pas une doctrine ni une théorie, mais une personne qui accomplit le sens de ce mouvement et qui trouve en lui, réunis, en communion, tout à la fois, Dieu et l’homme.
Ce point final est le Christ, Jésus de Nazareth qui, selon cette même écriture, constitue également le point initial. Toute lecture directe de la Bible s’accompagne donc de ce mouvement de révélation interne et n’est donc pas à proprement parlé littéraliste.
Lecture directe voire littérale ne signifie pas lecture littéraliste, mais prise en compte prophétique de la dimension de l’accomplissement.
La Bible elle même donne sur elle même un regard évoluant dans une histoire, non figé donc. Mais l’histoire biblique elle-même, n’est pas une théorie de l’histoire, elle s’inscrit dans le quotidien de gestes et de pensées, d’actes traversant des personnes singulières, des récits, des auteurs singuliers..
Sans doute, trouvons-nous là l’une des explications de cet étrange paradoxe pour ceux qui ne l’observent que de l’extérieur qui fait que le mouvement de retour à la Bible ne s’accompagne pas généralement, en tout cas, dans un premier temps, de nouveaux dogmatismes, mais d’un mouvement d’arrachement et de libération, dont la réforme fut un exemple historique, parmi d’autres, relativement récent, imitant d’ailleurs sur ce point l’église primitive.
Ici, singulier et universel s’épousent, se conjuguent et se fécondent l’un et l’autre. La traverse se fait chemin de rencontre, chemin d’universalité. 118
L’autodidactie chrétienne, au sens que nous avions défini le mot d’autodidactie dans nos travaux précédents, c’est à dire celle qui préside aux apprentissages singuliers, aux expériences singulières, conduit les hommes à devenir pierre d’église pour l’édification commune. Mais il ne s’agit pas d’une autodidaxie au sens d’un apprentissage par soi même, de soi-même, comme allant de soi. Cette autodidactie, si elle se développe en marge des pouvoirs du monde, sur les chemins de traverse, se nourrit d’un Tout Autre message, d’un Tout Autre Dieu qui se fait proche en Christ, et qui a la vocation universelle de réunir en devers lui, en lui, par lui, tous les hommes sur le seul critère d’une seule foi partagée, d’une même foi révélée reposant sur le fondement apostolique.
Ce n’est pas le système de pensée qui fait l’église; ce n’est pas l’uniformité qui la compose. Ce n’est pas pour rien que l’apôtre Paul l’assimile à une corps, un corps vivant, le corps du Christ. Comme les douze tribus d’Israël ont leurs spécificités, les douze apôtres, leur caractère singulier, les premières communautés décrites dans les lettres qui composent le Nouveau Testament, ont chacune leur propre cheminement, et un message propre d’un apôtre, pour un moment donné précis de leur histoire. C’est par ce message, à partir de lui, intégrant le canon des écritures, que cette histoire singulière, rejoindra plus tard d’autres histoires singulières pour leur édification commune. L’église, une, corps du Christ 119 , signe d’universalité, se construit donc à partir de la révélation des singularités. N’est-ce pas le sens du baptême qui donne un nom propre à chacun et qui initie toute vie chrétienne ? Cette révélation accompagne et conduit alors chacun de ces cheminements singuliers jusqu’à la communion des singularités, depuis les cheminements divers des histoires singulières, jusqu’au cheminement singulier d’une histoire commune et partagée.
Rappelons ici des mouvements biblistes précédant et annonçant la naissance officielle de la réforme, Pierre VALDO 120 (1140-1206), Jan HUS (1371-1415) 121 , lui-même quelque peu disciple de John WYCLIF 122 (1320 -1384) pré-réformateur anglais.
Ou des mouvements accompagnant et suivant la réforme, tels les Quakers de Georges FOX (1624-1691) et William PENN (1644-1718) 123 .
Ou l’armée du salut, fondée par Catherine (1829 -1890) et William BOOTH (1829 -1912) 124 présentant des caractéristiques proches de celles des Quakers et se situantdans le courant réformé, ou les églises évangéliques de le mouvance des églises de la Pentecôte, qui n’ont pas non plus de liturgies fixes.
Nous pensons encore à l’oeuvre missionnaire du gallois Thomas ROBERTS (1909 -1985), pasteur des églises évangéliques apostoliques fondateur au cours de ce siècle du mouvement des tentes de l’unité et qui annonça en quelque sorte la révolution du dernier concile de Vatican II où il fut présent.
Ou encore aux révélations de Jean Paul KAUFFMANN, au sortir, en 1988, de sa détention de 1167 jours au Liban, sur le réconfort que fut pour lui la lecture de la Bible pendant les longs mois de sa situation d’otage. Ou enfin, à l’expérience vécue auprès du pasteur évangélique LE COSSEC, par la communauté gitane, depuis cinquante ans, environ 125 .
Tous ces êtres ou ces mouvements ont, parmi bien d’autres, en commun une lecture chrétienne mais directe de la parole biblique.
Nous retrouvons cette même diversité dans l’unité dans la constitution des diverses grandes églises chrétiennes. Les protestants, les orthodoxes et les catholiques entretiennent un rapport à chaque fois spécifique avec cette diversité. Les protestants ont historiquement une relation directe à la parole qui suscite historiquement les églises à partir de divergences théologiques, ou de souffles nouveaux donnés dans ce qui est appelé un “réveil “. Nous appelons cette conception de l’église, l’église incarnation.
Les églises orthodoxes sont formées autour des quatre des cinq églises patriarcales initiales, Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem ; Rome serait la cinquième constituante dissidente. D’autres églises autocéphales désignent elles-mêmes leur primat, Grèce, Chypre, Roumanie, Russie, Serbie, Bulgarie, Géorgie, Tchécoslovaquie, Pologne, Albanie; enfin des ecclésioles autonomes dispersées dont le primat doit être consacré par le primat dont elles dépendent. Nous appelons cette conception de l’église, l’église population.
Enfin, sous une unité institutionnelle, l’église catholique romaine, manifeste une diversité au travers des ordres, des congrégations, des familles spirituelles, des références aux saints fondateurs. Nous appelons cette conception de l’église, l’église institution. André FROSSARD soulignait en 1954 l’existence de nombreux ordres dans l’Annuaire pontifical sans compter les congrégations de femmes et les familles spirituelles anciennes comme les Prémontrés, nouvelles, comme les petits frères de Charles de FOUCAULD.
‘Tous diffèrent par quelque côté, souvent par le tout. Les Pères Blancs ne prononcent pas de voeux, alors que les Trappistes ne prononcent guère que cela. Jamais les Ordres actifs n’ont été plus mêlés au monde, jamais les Ordres contemplatifs n’en ont paru plus éloignés. Tandis que certaines initiatives sur le plan social suggèrent le mot de “révolution” d’autres dans le domaine spirituel, rappellent la tradition la plus reculée. Les uns s’aventurent jusqu’aux frontières du marxisme, les autres retournent chez saint Jérôme. Ce double mouvement de dilatation et de contraction, d’apostolat et d’érémitisme, d’expansion missionnaire et de resserrement doctrinal est le rythme constant de l’Église depuis sa fondation; C’est aussi le mouvement même du coeur. 126 ’Sur fond de cette approche chrétienne nous n’exclurons pas cependant, tout au contraire, certains regards du côté du judaïsme, afin de mieux comprendre la portée et le sens d’un texte qui fait toujours référence comme parole de Dieu du côté chrétien comme du côté juif, davantage que pour réellement pénétrer dans les recels intimes de la tradition juive post-chrétienne qui nous paraît encore aujourd’hui, pour nous qui n’avons pas été élevé dans cette culture, en partie inaccessible.
Dans “Les écrits philosophiques”,en 1946, BLONDEL prend l’image saisissante du Panthéon d’Agrippa à Rome qui n’a pas de clé de voûte, ainsi la construction de notre âme, comme une oeuvre inachevée, s’appuie non à un plein , mais à un vide, vide nécessaire pour que passe l’illumination divine, sans laquelle nos yeux seraient complètement aveugles et nous ne pourrions accomplir aucune tâche. 127
Notre écrit s’inscrit sur un vide, où chacun est invité à se reposer, avec l’impossibilité de combler ce vide par lui-même. Ce vide est l’espace d’une rencontre libre et non programmable. Rencontre avec un tout proche ou un tout autre. Rencontre possible avec Dieu. Nous retrouvons la pierre d’attente. Un peu comme le fit PASCAL, nous essayons, dès lors, de comprendre, mais comme a posteriori, ce mystère qui fait que toute foi, n’est pas simplement une hypothèse, mais déjà une expérience, pas seulement une expérience, mais déjà un engagement, pas seulement un engagement, mais déjà un dégagement, pour reprendre ici le terme d’Emmanuel MOUNIER 128 , pas seulement un dégagement, mais déjà une quête de communion de vie et de repos avec Dieu et les hommes, en Christ. Autrement dit, la foi n’est pas contenue dans l’hypothèse d’une recherche universitaire, mais dans l’intuition rassurante, la conviction, qui a conduit à poser celle-ci plutôt qu’une autre.
Cette conviction de la foi, davantage que simple intuition d’hypothèse ne résultant que de pures spéculations intellectuelles, est ancrée dans l’expérience et l’existence singulières. Le moment est venu de donner cette définition de l’apôtre Paul : “Or la foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas. “ 129
Par la foi donc, nous entrons dans la démonstration de l’invisible, et, dans l’assurance de l’espérance, qui, selon l’étymologie latine 130 signifie une attente, donc ce qui est attendu mais n’est pas encore totalement advenu. Pour que cette attente soit active, le chemin de l’alliance dans la Bible commencera par une promesse. L’espérance est donc une attente pré-visitée par une promesse.
Comme pour le blessé de la parabole du samaritain étendu au bord du chemin, l’espérance suppose une double conscience. Celle de la blessure, d’une part et de l’impuissance passagère qui s’y rattache, celle d’un possible secours extérieur d’autre part, d’une guérison.
Cet écrit universitaire est également guidé par une espérance ou du moins porté à ne pas éluder la question de l’espérance chrétienne. Il n’était pas facile de faire entrer cette approche finalement nouvelle dans le champ des sciences de l’éducation.
Notre travail de DEA fut donc conçu, non pas sur le fond, mais sur la forme, comme un “leurre”, une fausse vraie thèse en quelque sorte qui nous permettait de bien positionner notre questionnement et de nous entendre avec le futur lecteur mais surtout avec nous même sur notre approche potentielle.
‘Le présent travail est un peu, qu’on nous pardonne l’expression, entre l’essai et la fiction : il a fait semblant de faire la thèse, sans la faire encore, du moins le suppose-t-il. Nous avons délibérément choisi cette approche qui nous permettait tout à la fois, de poser la problématique, et, d’interroger les questions qu’elle ouvrait. (DEA page 271)’Nous allons maintenant nous rapprocher un peu pour imaginer les brèches possibles dans le monde universitaire pour une approche qui n’occulterait pas tout ce que nous avons précédemment développé. Une révélation de Dieu que l’homme est appelé à aimer de tout son coeur 131 , de toute sa force, mais aussi de toute sa pensée 132 .
Nous concluons là ce quatrième paragraphe du premier chapitre de la thèse et qui porte le nom de rétrospection. En effet, nous n’avons pas décrit notre cheminement selon ses inévitables atermoiements successifs mais nous avons posé un regard délibérément sélectif et rétrospectif à partir de la situation et de notre point de vue actuels sur ce cheminement en fonction de notre sujet.
Nous invitons le lecteur à se reporter aux annexes et connexes pour certaines précisions concernant notre cheminement 133 et nos écrits précédents. Il nous faut à présent confronter notre démarche au champ des sciences de l’éducation qui fournissent le cadre de cet écrit.
CABALLÉ Antoine “ Autodidactie aujourd’hui, ? Une question singulière posée à la modernité. De l’institution à la traverse, de la traverse à l’institution. À partir des notions d’universalité et de singularité.” Mémoire de Maîtrise en Sciences de l’Éducation - Université Louis Lumière Lyon 2. 1993 ; (175 pages) ; pp 10 à 22
CABALLÉ Antoine “De l’action éducative de la Bible : L’enseignement et l’éducation par la foi, première introduction à une pédagogie autre.” Direction de recherche Guy AVANZINI. Mémoire pour un DEA en Sciences de l’Éducation; Université Louis Lumière Lyon 2. 1994 ; (303 pages) ; pp 12 à 22
Voir les pages qui lui sont consacrées in
CABALLÉ Antoine “Annexes” “Autodidactie aujourd’hui, ?Mémoire de Maîtrise en Sciences de l’Éducation - Université Louis Lumière Lyon 2. 1993 ; (106 pages).
CABALLÉ Antoine “Entre le geste et la pensée” Un. J. Monnet Saint Étienne sous la dir. de M. DÉRYCKE 1992 (93 p)
PLATON “La République” Livre VII
PLATON ” Théétète ou de la science” Paris Gallimard Paris 1950 (NRF Pléiade) p 95, 96 tome 2
L’opposition est intéressante entre deux textes parlant des douleurs de l’enfantement. SOCRATE en parle en ces termes :
“Or l’état où justement se trouvent ceux qui me fréquentent, cet état , est aussi tout pareil à celui de ces femmes qui enfantent : ils éprouvent en effet des douleurs d’enfantement(...) Mais voilà quelles douleurs d’enfantement mon art est capable d’éveiller mais aussi de calmer (...) PLATON “Théétète ou de la science” Paris Gallimard 1950 (NRF Pléiade) Paris p 95, 96 tome 2
L’apôtre Paul dit ceci : “Mes enfants pour qui j’éprouve de nouveau les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que Christ soit formé en vous.” Épître aux Galates chapitre 4 verset 19.
CABALLÉ Antoine “ Autodidactie aujourd’hui, ? Une question singulière posée à la modernité. De l’institution à la traverse, de la traverse à l’institution. À partir des notions d’universalité et de singularité.” Mémoire de Maîtrise en Sciences de l’Éducation - Université Louis Lumière Lyon 2. 1993 ; (175 pages).( op cit.) CABALLÉ Antoine “ Annexes” “ Autodidactie aujourd’hui, ? Mémoire de Maîtrise en Sciences de l’Éducation - Université Louis Lumière Lyon 2. 1993 ; (106 pages). . Une précision sur l’autodidactie, terme que nous opposions à l’autodidaaxie est à la page 46 du méooire.
Genèse VIII Voir note connexe numéro 2 pour les rapports entre singulier et universel.
Genèse IX
kénose -kenoo, (ekenôsen) signifie “vider, se vider”, Dieu, en Jésus, se vida de lui-même (Philippiens II 7).
Actes II
BLONDEL Maurice “L’action 1893 “ (1893) P. U. F. Paris 1973 ; (495 pages).
BLONDEL Maurice “L’action II : L’action humaine et les conditions de son accomplissement. “ (1° édition en 1937)
PUF Paris 1963 ; ( 553 pages).
MEIRIEU Philippe “La pédagogie entre le dire et le faire” “Le courage des commencements” tome 1 ESF éditeur Paris 1995 ; (281 pages).
CABALLÉ Antoine “De l’action éducative de la Bible : L’enseignement et l’éducation par la foi, première introduction à une pédagogie autre.” Direction de recherche Guy AVANZINI. Mémoire pour un DEA en Sciences de l’Éducation; Université Louis Lumière Lyon 2. 1994 ; (303 pages). (op cit).
KAHN Jean François “Tout change parce que rien ne change : introduction à une théorie de l’évolution sociale.” Fayard Paris 1994 ; (766 pages).
BOLTANSKI Luc, THÉVENOT Laurent “De la justification : les économies de la grandeur.” Gallimard Paris 1991 ; (485 pages).
Jean XIX 30
La Bible, à longueur de récit, détermine la prédominance de la foi sur la spéculation. Or, la prédominance de la foi l’implique : à l’inverse des pratiques magiques, YHVH ne se convoque pas.
Tout le texte de l’Ancien Testament regorge de mises en garde envers les astrologues, les devins et autres magiciens.
(Deutéronome XVIII 12 )
La loi ordonnait de lapider les devins et retranchait même d’ Israël ceux qui les consultaient.
(Lévitique XIX 20; XX 6 ; XX 27 ; Deutéronome XVIII 9 à 12 ; Ésaïe II 6 ; III 2 ; Jérémie XXVII 9 , XXIX 8 ; Ézéchiel XIII 23 ; XXII 8; Michée III 6 ; III 7 , III 11 ; Zacharie X 2)
in Nouveau dictionnaire biblique.
Dans le Nouveau Testament on peut particulièrement se centrer sur la rencontre des premiers apôtres dont Pierre en Samarie avec Simon le magicien qui voulait acheter à prix d’argent son baptême pour recevoir le Saint-Esprit. (Actes VIII 9 à 24)
Lorsque IRÉNÉE qui devint évêque de Lyon (en 177 ?) écrira contre les hérésies des deux premiers siècles du christianisme, qu’il a baptisé “la prétendue gnose au nom menteur ” , il définira Simon le magicien comme l’ancêtre des gnostiques, l’ancêtre donc des hérétiques.
IRÉNÉE de Lyon “Contre les hérésies - Dénonciation et réfutation de la prétendue gnose au nom menteur” Cerf Paris 1984 -1991 ; (750 pages). Traduction française de Adelin ROUSSEAU. Préface du cardinal DECOURTRAY.
La tradition juive et chrétienne date la première rédaction de l’époque de Moïse ( entre 1500 et 1200 avant Jésus-Christ selon les versions). Pierre GIBERT date les premières chroniques vers l’an 1000 avant Jésus-Christ.
GIBERT Pierre “Comment la Bible fut écrite “ Bayard Presse Paris 1982 ; ( 170 pages).
Selon cet auteur l’écriture au sens propre du texte, Ancien et Nouveau Testament, s’échelonnerait sur une douzaine de siècles. Sa transmission en tant que parole de Dieu a donc dépassé quelques soient les versions de datation qu’on en donne, effectivement trois millénaires.
Procruste ou Procustre ( ou Damastès ou Polypémon) fut un personnage de la mythologie grecque qui arrêtait les voyageurs pour les forcer à entrer dans un lit choisi parmi deux aux dimensions non conformes. L’un était trop grand pour les petits, et l’autre trop petit pour les grands. Il soumettait au supplice les uns et les autres. En étirant les jambes des petits, et coupant les pieds des grands.
GOUNELLE André “Foi vivante et mort de Dieu” Les cahiers de réveil Tournon 1969 ; (95 pages).
PLATON “La République” traduction de Émile CHAMBRY Le club français du livre Paris 1980 (516 pages)
Livre VII “La dialectique” ; à la page 323.
Le signe de la circoncision est une des manifestations de l’incarnation du verbe de Dieu dans un peuple.
L’ouverture de l’évangile de Jean est très explicite à ce sujet.
Jean I 6
“ En elle ( La Parole ou le verbe) était la vie et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.
Job XXVIII 28. Ainsi se termine le dixième poème de Job. C’est une exhortation de Dieu vers l’homme.
De nombreux textes de l’Ancien Testament reliaient droiture et prospérité, méchanceté et malheur. (Exode XXIII 20-33 ; Lévitique XXVI ; Deutéronome XVIII ; Psaume I 37 ; Psaume I 73 ; Esaïe LVIII 7 à 13 ; Jérémie VII 5 à 7; XVII 5 à 8 ; XIX 27 ; XXXI 29 30 ; Ézéchiel XVIII ).
Job XXVIII 11 an 12
La TOB intitulée ce chapitre “éloge de la sagesse “ et trois sous titres le composent :
Versets 1 à 11 Inaccessible aux techniciens.
Versets 12 à 19 Inaccessible à l’abîme.
Versets 19 à 28 Accessible au créateur.
Job XI 7 à 9 ”Prétends-tu sonder les pensées de Dieu, parvenir à la connaissance parfaite du Tout Puissant ? Elle est aussi haute que les cieux : que feras-tu ? Plus profonde que le séjour des morts : que sauras-tu ?
La mesure en est plus longue que la terre, elle est plus large que la mer.”
Ce sont les paroles Tsophar de Naama, venu plaider la justesse du châtiment de Dieu .
Dans sa réponse ( chapitres XII XIII XIV ) Job ne contestera pas l’argument de son visiteur, concernant la grandeur de Dieu, mais il plaidera son innocence, avant de se tourner vers Dieu en le questionnant et de se lamenter sur la faiblesse de l’homme.
“La montagne s’écroule et périt, le rocher disparaît de sa place, la pierre est broyée par les eaux, et la terre emportée par leur courant ; ainsi tu détruis l’espérance de l’homme, tu es sans cesse à l’assaillir et il s’en va ; Tu le défigures et tu le renvoies. Que ses fils soient honorés il n’en sait rien ; qu’ils soient dans l’abaissement, il l’ignore. C’est pour lui seul qu’il éprouve de la douleur dans son corps. C’est pour lui seul qu’il sent de la tristesse en son âme.”
Lire aussi Romains VIII 35 à 39 et Éphésiens III 18
Job XIX 25 à 26
Recueil à l’usage des églises de la Fédération protestante de France “Nos coeurs te chantent “ éd. Oberlin Strasbourg Paris 1979 ; (370 pages). Cantique 212 Mélodie Berlin 1653 L. BONSEN 1747 revue en 1977. La version plus ancienne :
“ Mon rédempteur est vivant
C’est en Lui seul que j’espère,
Je l’ai contemplé mourant
Pour mes péchés au Calvaire ;
Mais à la voix du Dieu fort,
Jésus a vaincu la mort.
Je ne crains rien désormais
La tombe a rendu sa proie
Je puis m’endormir en paix
Pour m’éveiller avec joie
Celui qui m’a racheté
Jésus est ressuscité
Ainsi je remporterai
Avec Jésus la victoire
Et je le contemplerai
Face à face dans sa gloire
Celui qui m’a racheté
Jésus est ressuscité”
in “ Louange et prière” Psaumes, chorals, cantiques, répons, liturgiques adoptés par les églises évangéliques de France et de Belgique. Delachaux & Niestlé Paris 1939
Exode III 2 à10 ; Deutéronome XXXIII 16 ; lire aussi Marc XII 26 ; Jésus relie l’argument de lé résurrection face aux sadducéens qui la remettent en cause, en mentionnant la vision de Moïse, et la phrase qu’il entendit. “Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob “ (Exode III 6 )
Le livre de Job écrit selon certains, et la tradition théologique juive et chrétienne, au temps du roi Salomon, selon d’autres vers cinq cents avant Jésus-Christ, pour d’autres enfin, au troisième siècle avant le Christ, marque quoi qu’il en soit, à l’évidence du texte la rupture définitive et radicale, dans le texte biblique, entre un lien direct entre prospérité terrestre matérielle et justice, ou justesse, du coeur de l’homme.
Jean VIII 12 Jean IX 5
Matthieu V 14
“ À Dieu ne plaise cela ne t’arrivera pas “ s’écrira Pierre lorsqu’il apprend de Jésus qu’il allait être mis à mort.
Matthieu XVII 23
Ésaïe L III révèle la dimension du serviteur souffrant. Parabole de la mort du Christ, mais aussi pour Israël aujourd’hui de la shoa.
Évoquons particulièrement le psaume XXII.
Paul emploie cette expression :
“Circoncis d’une circoncision que la main n’a pas faite.”
Colossiens II 11
Et encore cette autre :
“ Le Juif, ce n’est pas celui qui en a les dehors; et la circoncision ce n’est pas celle qui est visible, dans la chair. Mais le Juif c’est celui qui l’est intérieurement; et la circoncision c’est celle du coeur.”
Romains II 25 à 26
Matthieu XXVI 28 ; Luc XXII 20 ; le repas de la cène, l'eucharistie établie par le Christ signifie explicitement selon les termes employés par Jésus, l’établissement d’un alliance nouvelle.
Selon entre d’autres la prophétie de Jérémie XXXI 33 “Mais voici l’alliance que je ferai avec la maison d’Israël, en ces jours là dit l’Éternel je mettrai ma loi au dedans d’eux, Je l’écrirai dans leur coeur”
Paroles reprises en Hébreux VIII 10; et X 16
L’expression de “vieil homme” qui bien que crucifié avec le Christ se rebelle apparaît plusieurs fois dans les lettres de Paul. Romains VI 6
Voir aussi Colossiens III 9 ; Éphésiens IV 22.
Le thème de la peur à ne pas confondre avec la crainte de l’Éternel, du surgissement de la peur jusqu’à la victoire sur la peur est bibliquement central, depuis Adam Genèse III 10 qui après avoir goûté avec Éve du fruit défendu se sentit nu, et eut peur.
Jusqu’à Jésus qui répète souvent cette phrase adressée aux disciples effrayés par certains miracles “ N’ayez pas peur “.
Jusqu’aux diverses apparitions de Jésus ressuscité (Matthieu XVIII 5)
Exode III 11
Selon Saint AUGUSTIN Terminus est la seconde face de Janus le dieu des commencements. On peut y retrouver l’opposition qu’Arthur KOESTLER, beaucoup plus tard, signifiera entre Éros (désir )et Thanatos (mort).
KOESTLER Arthur “Janus” Calmann-Lévy Paris 1979 ; (348 pages).
L’évangile de Jean chapitre X verset 9 pour la citation finale.
AUGUSTIN (Saint ) “La cité de Dieu “ VI à X “Impuissance spirituelle du paganisme”. Desclée de Brouwer ; 1959 ; (672 pages). Introduction : G. BARDY notes principalement G. BARDY mises au point par F.-J. THONNARD, A. C. de VEER et G. FOLLIET. Livre VII (VIII). Le symbole de la statue de Janus.
Lire également les deux réflexions qui précèdent celle-ci : Livre VII (VI) L’âme du monde Dieu et les dieux selon VARRON et livre VII (VII). La distinction entre Janus et Terminus est illogique.
Évangile de Matthieu XV 11. Lire à ce sujet Matthieu XV 1 à 20.
Matthieu XVII 1 à 13; Luc IX 28 à 36 ; Marc IX 2 à13
EVDOKIMOV Paul “L’amour fou de Dieu “ Seuil Paris 1973 ; (174 pages) ; à la page 50.
La loi des douze tables inaugura le droit romain. D’après la tradition, elles furent écrites par les décemvirs (- 449 ; -451) à la demande de la plèbe, pour rompre avec l’arbitraire de la juridiction en vigueur ; elles étaient exposées au Forum près des Rostres. Note personnelle
ELLUL Jacques “La subversion du christianisme” Seuil Paris 1986 ; (247 pages) aux pages 34 à 36 .
Le grec péripatein signifie ” marcher “ d’où le le nom d’école péripatéticienne qu’on attribue au lycée et à la philosophie d’ARISTOTE. Certes ARISTOTE donnait des cours en marchant, mais Jésus est un homme qui marche dans l’histoire, il est le Verbe fait chair, qui précède et accomplit toujours celui qui croit. Suivant le chemin de la foi, l’explication est toujours seconde.
DELEUZE Gilles “L’abécédaire de Gilles DELEUZE “ in Métropolis.
Magazine culturel de Pierre BOUTANG et Peter WIEN in Arte diffusé en date du 13 Janvier 1996 ( numéro 4927597) .
Voir aussi : DELEUZE Gilles, GUATTARI Félix “Qu’est-ce que la philosophie “ Minuit Paris 1991 ; (208 pages).
Le passage de SAUSSURE à PEIRCE ou BENVENISTE en linguistique , autrement dit, le passage de l’étude d’un langage au rapport direct entre signifiant et signifié, à la notion désormais centrale de discours, où la contextualisation de la relation devient non seulement objet d’analyse du sens mais pratiquement sujet du sens, semble fournir le parfait pendant du passage qui, certes, se produisit en un temps bien plus long de DESCARTES à HUSSERL. Dans les deux cas, nous pouvons résumer ce passage comme celui qui part de l’objectivité posée comme a priori pour aboutir à une prise en compte de la subjectivité comme un élément d’objectivité.
II Corinthiens III 3
II Corinthiens III 6
(Jean I)
Nous avons d’ores et déjà développé ces choses lors de notre travail de mémoire de DEA.
Nous y avons précisé comment d’un même texte sortaient deux traditions.
Une tradition hébraïque qui se fonde sur l’étude ou le dialogue autour de la Torah. Une tradition chrétienne qui se fonde sur l’accomplissement en Jésus de la parole. Nous y adjoignions une approche par l’ herméneutique du signe davantage inspiré semble-t-il à l’origine par des traditions voisines à Israël, Égypte en particulier, dans laquelle nous situions la kabbale juive. Antoine CABALLÉ op cit; 1994 pp 61 à 66 Note connexe numéro 4 :
“Judaïsme et christianisme : Deux lectures historiques pour un même texte.”
Galates III 13
Deutéronome XXI 23
La rencontre de Pierre et Paul dans les actes qui coincide avec la reconnaissance et l’élucidation du ministère de Paul, en fournit une sorte d’exemple prototype.
Actes XV ; Galates II 1 à 10
I Corinthiens XII . On peut lire l’’ensemble du chapitre mais plus particulièrement les versets 12 à 31
Pierre VALDO (ou VAUDÈS ou VALDÈS) était un marchand lyonnais qui précéda en quelque sorte la réforme en prônant en plein XII° siècle un retour aux saintes écritures, la pauvreté évangélique, l’égalité entre prêtres et laïques, le sacerdoce universel. Contraint de s’exiler suite aux décisions des conciles successives du 3° concile du Latran 1179 (11° concile oecuménique) puis de Vérone en 1184 qui confondirent la secte avec les cathares dont elle se distinguait pourtant entre autre par sa référence exclusivement biblique, et anathèmisa l’une et l’autre. La doctrine fut encore condamnée au Concile du Latran en 1215, il reste encore des disciples de Pierre VALDO, 20 000 vaudois dans les vallées du sud est de Torino.
Jan HUS, avant d’être brûlé vif à Constance à la suite du Concile qui s’y déroula, fonda et surtout inspira, en Moravie, la communauté des frères moraves et inspira indirectement donc COMENIUS qui était lui-même issu d’une telle communauté avant de s’exiler pour fuir les persécutions comme bien de ses frères de la même Communauté Morave.
C’est dans une période de grande crise de l’église, qui aboutit au schisme d’Occident (1378 à1417), temps pendant lequel siégèrent les anti-papes d’Avignon, schisme auquel seul le concile de Constance (1414/1418) mit fin, que l’anglais John WYCLIF se prononça avant LUTHER et CALVIN contre les indulgences. WYCLIF se prononça dans son “Officio Régis” encore, précédant la réforme, entre autre, pour la séparation des pouvoirs de l’église et de l’état un retour à la Bible comme seule source de foi, et à la pauvreté. Les lollards, recrutés parmi les paysans anglais contestataires de l’ordre clérical catholique, furent les évangélistes que WYCLIF envoya à travers l’Angleterre pour prêcher ses idées. Ce mouvement survécut à son initiateur et contribua, dit-on, à la reconnaissance de la réforme anglicane par le peuple sous le règne de Henri VIII (1509 à 1547) au moment du schisme anglican, mais surtout il resta proche des idées de la réforme protestante dans laquelle il finit par se fondre.
Les Quakers furent fondés par Georges FOX (1624-1691), simple cordonnier anglais. Quaker veut dire en langue anglaise trembleur. La crainte de la parole de Dieu est le seul ciment d’une telle église, qui vit sans liturgie ni même sacrements.
Les Quakers émigrèrent nombreux aux États-Unis et sous la conduite de William PENN (1644-1718), fondèrent, entre autre, la ville de Philadelphie et l’état de Pennsylvanie qui fut à son époque un modèle de tolérance démocratique et de bonne intelligence entre diverses communautés notamment avec les indiens. L’influence des Quakers fut donc importante dans la création-même de l’état américain, la constitution de l’état américain s’inspira de la constitution de l’état de Pennsylvanie. Son fondement sur la Bible et l’obligatoire serment en celle-ci que suppose encore aujourd’hui tout acte officiel ou décisif dans le domaine constitutionnel politique ou judiciaire américain en est un signe tangible.
NAVILLE Hélène “Catherine BOOTH et la fondation de l’armée du salut” Éditions Forum Genève 1925 ; (140 pages).
Issus de l’église méthodiste William BOOTH et sa femme, comme leurs successeurs aujourd’hui ne considérèrent jamais vraiment l’armée du salut comme une nouvelle Église Institution, mais, comme une oeuvre qui servirait de ciment entre les diverses églises, servant l’oeuvre de Dieu, au service des plus démunis.
LE COSSEC Clément “Mon aventure chez les tziganes “ Clément LE COSSEC Soignolles France 1991 ; (224 pages).
L’une des caractéristiques directe du travail missionnaire de Clément LE COSSEC, auprès des communautés Tziganes, fut l’ alphabétisation par la Bible.
FROSSARD André Le sel de la terre - Les grands ordres religieux “ Fayard Paris 1954 ; page 163
LACROIX Jean dont nous citons en italique la synthèse de cet écrit philosophique publié en 1946, à la page 10.
“Maurice BLONDEL sa vie son oeuvre avec un exposé sur sa philosophie” PUF Paris 1963 ; (139 pages); à la page 11.
Cité par : Étienne BORNE : “ Emmanuel MOUNIER ou le combat pour l’homme”. Éditions Seghers Paris 1972 ; (p.152 ).
Epître de Saint Paul aux Hébreux chapitre 11 verset 1
Latin sperare signifie attendre sous une forme active . En langue grecque, nous retrouverons cette nuance. Espérer, espérance,“ Elpis, elpizô” se distinguent ainsi de l’attente simple “edhekhomai, prosdehkomai “. Dictionnaire du Nouveau testament LÉON-DUFOUR Seuil Paris 1975 (page 240). Pour le peuple hébreu l’espérance est liée à la promesse.
Le coeur est siège dans la Bible de la volonté, centre de l’homme, de son intentionnalité directrice. Au sens de la philosophie de HUSSERL cette intentionnalité profonde et première est objectivable et cette quête d’ objectivation constituerait le sens de la philosophie.
Luc X 25
Note connexe numéro 1 “Interférences personnelles ...” Extraits de :
“Autodidactie aujourd’hui, ? Une question singulière posée à la modernité. De l’institution à la traverse, de la traverse à l’institution. À partir des notions d’universalité et de singularité.” pp 10 à 22
“De l’action éducative de la Bible : L’enseignement et l’éducation par la foi, première introduction à une pédagogie autre.” pp 12 à 22