6 La pierre d’achoppement, la pierre rejetée...

La koinônia ouvre, par la mise en jeu de l’Esprit-Saint comme témoin du Père et du Fils, et guide des intentions humaines, la perspective d’échapper à la dualité entre métacognition de source existentielle (”connais-toi toi-même”) et épicognition, de source essentielle, (”connais le monde”) 139 en introduisant la communion en Dieu avec le prochain et la compassion avec tous les hommes comme fondatrices, en Christ, de sagesse et de connaissance.

Cela signifie que nous ne pouvons pas nous contenter d’en rester au conflit théologique classique entre, par exemple, thomistes et augustiniens, existentialistes et essentialistes, sans faire une entorse grave, sinon au texte biblique lui-même, au minimum à notre sujet d’étude.

Avant que de s’affronter thomistes et augustiniens, protestants et catholiques, évangéliques et orthodoxes, ne se disent-ils pas tous chrétiens et ne se réclament-ils pas tous d’une seule et même Bible, d’un seul et même Christ, d’un seul et même Père, d’une seule et même référence au baptême, d’un seul et même Esprit, inaugurant l’église à la Pentecôte ?

Les conflits théoriques ou théologiques semblent bien plutôt parfois introduits par des modèles grecs posés sur la révélation chrétienne. Un sursaut de la forme spéculative caractéristique de la démarche philosophique qui fait dire Dieu à partir de ce que nous en pensons. Alors que tout le message biblique se fonde sur une révélation de Dieu dans une parole toute extérieure selon une histoire. 140

C’est à dire qu’il est bien moins important de dire, selon la perspective biblique, ce que nous pensons de Dieu que d’écouter ce qu’il pense, que d’entendre ce qu’il dit qui nous sort des logiques humaines, que de l’aimer de toute sa pensée, que d’écouter sa volonté et de la mettre en pratique.

Objectivement , nous le redisons avec insistance, ce livre n’est en rien une compilation théorique. Ce qu’il nous faut dégager en conséquence bien plutôt est : Comment des sensibilités des philosophies des points de vue aussi divers et apparemment opposés peuvent-ils tous se réclamer d’un seul et même message fondateur ? Autrement dit : Comment le dialogue théologique a-t-il été fondé et fécondé, par la révélation chrétienne, selon quel acte éducatif initial ? Sur quel substrat s’est-il développé ? Il s’agit de partir en quête d'un acte d’éducation fondateur qui dépassera même le dialogue théologique pour situer en amont les conditions de son émergence à partir du kérygme (proclamation ) fondateur.

Nous distinguons trois axes qui supposent sinon l’existence d’une seule doctrine chrétienne de l’éducation, au moins la quête du substrat commun aux doctrines chrétiennes de l’éducation.

Notes
139.

Deux processus dans la construction de connaissance sont mis en évidence dans les recherches cognitives actuelles et que dans une dualité entre métacognition et épicognition selon un processus interactif. GOMBERT J. E. " Le développement métalinguistique" PUF Paris 1990 ; (295 pages). D’autres chercheurs parlent d’une manière parallèle, lors de l’apprentissage de la lecture, en particulier, de “bottom-up” démarche montante comparable selon sa place dans le couple à la métacognition, et ” top-down”, démarche descendante comparable selon sa place dans le couple à l’ épicognition, selon le même processus également défini comme interactif. CHAUVEAU G. et E. " Les processus interactifs dans le savoir-lire de base" in "revue française de pédagogie" n° 90. pp 22 à 30 La différence en est que, pour la cognition, selon le paradigme de l’objet de l’étude dans le deuxième cas la même question est regardée par le chercheur selon le paradigme du sujet agissant dans l’étude.

Dès lors nous pourrions faire l’hypothèse d’une nouvelle interaction non plus seulement à l’intérieur de chaque couple mais entre les deux couples métacognition et épicognition, bottom-up et top-down.

Dans tous les cas le processus interactif est inadéquat pour parler de la koinônia qui se place sur un autre registre, qui suppose non pas un processus interactif mais une volonté aimante et agissante.

140.

Jean XVII (la prière sacerdotale précédant l’arrestation de Jésus est une prière pour cette unité des disciples).

“Qu’ils soient un comme nous sommes un “ Jean XVII 11 demande Jésus à son Père.