2 Un parcours entre des obstacles ...

Ce texte biblique écrit selon les exégètes sur au moins mille ans d’histoire, et se proposant de retracer le long cheminement de toute l’histoire humaine a-t-il une colonne vertébrale qui le constitue ?

Des pièges à éviter, le premier, mis à jour lors de notre présentation en DEA 208 , comme dans la première partie de cet écrit, est le passage caractéristique dans la modernité de la vérité contenue dans “ce que Dieu pense” à “ce que je pense”. Ce premier obstacle en conditionne bien d’autres. Peut-être même détermine-t-il tous les autres ? Obstacle, certes lié spécifiquement à la modernité où il se développe avec une ampleur et une vigueur nouvelle, mais qui ne naît pas avec elle, prenant racine beaucoup plus haut, et s’exprimant dès les aurores du christianisme. Obstacle que la théologie de saint AUGUSTIN dénoncera, combattra, surmontera.

Répétons encore ici, comme une précision, qu’invariance ne signifie nullement exhaustivité descriptive. L’invariance est plutôt le repérage de ce qui sort de la Bible et qui tout en la définissant ne peut sortir que d’elle.En poussant plus loin la question, celle-ci serait : Qu’est-ce qui fait de par son émanation intérieure, sa réalité intrinsèque que la Bible provoque ce qu’elle provoque, qu’elle soit ce qu’elle est ? Or, cette question ne rencontre, spécialement et a fortiori, dans le mode de pensée contemporain, qu’une série d’obstacles. Ces obstacles, il nous semble les rencontrer, dans le renvoi au néant des preuves de Saint ANSELME qu’on réduit à des démonstrations sur tableau noir. La preuve pour Saint ANSELME n’est pourtant jamais une démonstration théorique posée à partir d’une approche mathématique et donc strictement conceptuelle.

Le Monolgion, appelé initialement, exemple de méditation sur la raison de la foi, fonde la certitude de l’existence de Dieu sur le fait tangible de l’existence décisive et acceptée a priori par l’auteur, de

la foi. La preuve du Proslogion, appelé intialement, la foi cherchant (requérant) l’intellect, y ajoute encore, l’appel d’intelligence émanant de la foi. Son raisonnement se nourrit de l’émerveillement

bienfaiteur que suppose la perception furtive de l’absolu qu’il considère impossible à pouvoir concevoir à partir de lui-même seulement, qui se sait faillible et mortel, comme contenu à l’intérieur de ses “misérables, bien que néanmoins incontournables et essentielles “ limites humaines.

Dans les deux cas, ANSELME développe une pensée existentielle, unifiée, inscrite dans les gestes de sa vie, réunissant en elle-même, le pourquoi et le comment, le geste et l’esprit.

Or, en dissociant progressivement le fond de la forme, la pensée de l’existence, de l’expérience existentielle, de la connaissance, les développements ultérieurs des sciences de la pensée ont poussé progressivement chacun à prétendre désormais caduques les preuves de Saint ANSELME. Il nous semble que chacun est allé trop vite en besogne, en ignorant trop rapidement que ces sciences ne se

situaient plus sur le même terrain.

La pensée de Saint ANSELME est prière en actes, inscrite au quotidien des gestes, justifiant existentiellement la preuve qu’il professe sans l’abstraire de sa vie, alors que la science contemporaine est un échaffaudage théorique, abstrait, justifiant conceptuellement son argumentation, à partir d’une langue et d’un code puisant sa source dans les mathématiques et l’abstraction.

Des pièges à éviter, le premier, mis à jour lors de notre présentation en DEA, comme dans la première partie de cet écrit, est le passage caractéristique, dans la modernité, de la vérité contenue dans “ce que Dieu pense”, à la vérité contenue dans “ce que je pense” de Dieu”.

Une évidence : “Ce que je pense de Dieu” ne peut jamais contenir a priori la révélation biblique, d’un Dieu Tout Autre, se faisant tout proche. Ce premier obstacle en conditionne bien d’autres. Peut-être même détermine-t-il tous les autres ? Obstacle, certes lié spécifiquement à la modernité où il se développe avec une ampleur et une vigueur nouvelle, mais qui ne naît pas avec elle, prenant même racine beaucoup plus haut, et s’exprimant dès les aurores du christianisme. Obstacle que, parmi d’autres, la théologie de saint AUGUSTIN dénoncera, combattra, surmontera au nom de la foi et la révélation qui l’annonce.

Notes
208.

Note connexe numéro 6 adjointe à ce chapitre : “Quelle raison retenir ?” (op. cit.) “

Note connexe numéro douze adjointe à ce chapitre : “Le fondement, ni rationalisation, ni divination, mais la foi (confiance)” Extraits de : Antoine CABALLÉ op. cit. ; 1993