Le marcionisme introduction à l’hellénisme

D’un point de vue de stricte méthode il nous faudra éviter deux premiers pièges pour une quête d’invariance dans la lecture biblique dont le marcionisme 209 et l’hellénisme sont les figures.

Le premier consisterait à ne lire le texte biblique qu’à partir d’une lecture partielle et théologique de discrimination qui ferait un tri dans les livres à partir d’une préférence pour la présupposée théologie d’un tel au détriment de la présupposée théologie de tel autre ; le second consisterait à l’interpréter en dehors de sa cohésion intrinsèque, ou en tout cas sans jamais se référer à celle-ci. L’un et l’autre se répondent cependant.

Paul met promptement un terme aux “divagations” divergentes parmi ses frères de l’église de Corinthe, dès les premières lignes de son épître aux corinthiens, par ces paroles.

‘Car mes frères, j’ai appris à votre sujet, par les gens de Chloé, qu’il y a des disputes au milieu de vous. Je veux dire que chacun de vous parle ainsi : Moi, je suis de Paul!-et moi, d’ Apollos!-et moi, de Céphas!-et moi de Christ!- Christ est-il divisé? Paul a-t-il été crucifié pour vous, ou est-ce au nom de Paul que vous êtes baptisés? 210

Il poursuivra puis il conclura sur le même sujet en disant :

‘Pour vous frères, lorsque je suis allé chez vous, ce n’est pas avec une supériorité de langage ou de sagesse que je suis allé vous annoncer le témoignage de Dieu. Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. 211 ’ ‘(...)’ ‘Que personne donc ne mette sa gloire dans des hommes; car tout est à vous, soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir. Tout est à vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu. 212

Les évangiles marchant jusqu’à nous depuis vingt siècles d’histoires le font sur le paradigme du témoignage du Christ ressuscité, de la révélation en lui d’une victoire sur la mort et le péché, et d’une réconciliation dans la création nouvelle dont il est le premier né.

La vérité du temps de Jésus ne se jouait pas selon le paradigme exclusif de “ce que je pense “ inauguré par DESCARTES et installé définitivement par KANT, mais selon une quête de la présence de Dieu, ce qui est encore différent de “ce que Dieu pense “ en tant que théorie ou doctrine dont chacun pourrait tirer des concepts, ce qui fut au Moyen Âge l’entreprise de la scolastique.

La seconde impossibilité découlerait de la première, nous l’avons nommée hellénisme, elle consisterait à chercher à prouver ou à discuter de l’existence de Dieu au travers de concepts, comme le fit la gnose antique.

Notes
209.

MARCION ( vers 85 vers 160 ) fonda l’église marcionique, après son excommunication au Concile de Rome en 144.

MARCION ne conservait des évangiles que celui de Luc auquel il ajoutait quelques lettres de Paul (dix).

210.

I Corinthiens I 13

211.

I Corinthiens II 1

212.

I Corinthiens III 21 à 23