On peut, à la suite de IRÉNÉE, qui fut sans doute l’un des tous premiers christologues, au sens premier et même finalement contemporain du terme, c’est à dire, un savant et un étudiant, un enseignant et un chercheur, un répercuteur et un découvreur, de la doctrine de l’enseignement de Christ, déduire depuis l’approche spécifique qui la constitue, que la christologie n’est rien, c’est une lapalissade, sans le Christ, qui est désormais, par la foi, depuis les évangiles jusqu’aux travaux des Pères, au fondement de la vie mais aussi de la doctrine chrétienne, celui qui se fait tout à tous.
L’Ancienne Alliance, au travers de la loi, conduisit, entre autres, l’homme à devenir libre vis à vis de la nature. L’homme n’avait plus à craindre la création, il n’était pas réduit à la "fétichiser" dans des idoles de pierre, mais à la dominer, selon la volonté même du créateur.
L’accent mis sur la foi, contribue en bout de route, à désenchanter l’homme de lui-même.
La Nouvelle Alliance contribue en effet, toujours par la foi seule, dont l’objet se précise et s’éclaire, en trouvant son accomplissement en la personne de Jésus-Christ, à affranchir l’homme de sa propre fascination pour lui-même. 509
Désormais, l’homme, ne marchant toujours que par la même foi, qui constitue d’ailleurs le lien entre les deux alliances, sera affranchi de lui même, et entre autre de ses systèmes spéculatifs, idoles spirituelles, pour être invité et conduit à entrer dans le Règne de Dieu, non de par ses mérites personnels, mais de par le seul moyen donc de cette foi, qui affirme que Dieu, le créateur, tout autre, s’est fait Père et a tout accompli pour le salut du monde, en Jésus-Christ.
On peut se reporter encore à la note connexe numéro 12 adjointe à cette même partie ; op. cit.
“Le fondement : ni rationalisation, ni divination, mais la foi (confiance)”
Extraits de :
“Autodidactie aujourd’hui ? Une question singulière posée à la modernité.”
Pages 153 à 156
Il apparaît clairement à l’analyse certains points communs entre pensée magique et pensée scientifique.
La pensée scientifique travaille seulement sur un autre substrat qui est celui du monde désenchanté, rendu à l’état d’objet. Cette première démythification radicale est d’ailleurs nous semble-t-il, contrairement à l’idée reçue depuis les lumières, nous l’avons évoqué, davantage à l’actif de la foi biblique que de la foi philosophique, fondée sur le doute systématique et spéculatif.
La spéculation philosophique ne peut s’empêcher de se rapporter comme substrat de son propre développement, de son propre enracinement, sur le fondement de sa propre spéculation. Elle pourrait alors ne pas être exempte d’un certain magisme de la pensée. Alors que la Bible, en effet par la foi, appelle à ce double désenchantement :
- de l’homme pour le monde, d’une part, et dans un premier temps.
- de l’homme pour lui-même et ses constructuons conceptuelles idéelles, d’autre part, et plus radicalement, dans un deuxième temps.
S’il apparaît bien que la Bible soit le véritable moteur du désenchantement du monde dont parle GAUCHET, il faudrait ajouter à son oeuvre et à sa perspective donc le désenchantement (au sens de "désensorcellement ") de l’homme pour sa propre pensée. Sa “désidéologisation”, en quelque sorte, ce que GAUCHET ne semble pas vraiment, ni entrevoir, ni imaginer, comme venant du christianisme.