2 Le dépassement de la perspective rationaliste

Toute représentation, comme toute construction humaine d’explication s’appuie sur un point fixe, et renvoie ainsi à une possibilité de mobilité. Autrement dit, une invariance posée permet d’envisager la construction et sa mobilité, ses pleins et ses vides. Un changement, une rupture du paradigme, du type de ce qu’on appelle une révolution épistémologique, ne modifie pas ces données dans le fond, elles n’en changent éventuellement que la forme. La rupture épistémologique ne peut se faire qu’en rapport à une modification de ce qui est considéré comme invariant, ou encore dans la forme du langage, mais nous ne pouvons sortir de cette dualité, car cette rupture ne supprime pas le recours à une nécessaire invariance.

Chez les présocratiques, les éléates, dont HÉRACLITE (env. 540 480 av. J. C.), voyaient la mobilité dans le monde, et se fiaient au sensible pour lire le monde, les ioniens, dont PARMÉNIDE (515 450 av. J. C), ne voyaient la stabilité que dans l’être du monde et se défiaient donc de leurs sens, confiant en l’intelligible.

EMPÉDOCLE ( env. 490 - 430 av. J. C.) sembla résoudre le conflit entre immanence et transcendance, HÉRACLITE et PARMÉNIDE, en expliquant la variance par les quatre éléments fondamentaux que sont la terre, l’air, l’eau et le feu à la source, d’après lui, de toute chose. Ici la métamorphose est l’explication du changement, et la conservation de l’être qui peut donc se fondre avec la matière, l’explication de la permanence.

EMPÉDOCLE ouvrait ainsi la porte de la symbolique poétique, de l’archétype, dans laquelle BACHELARD 690 et JUNG 691 verront l’autre voie, la symbolique, de la quête d’universalité. Mais, nous y revenons, pour JUNG et BACHELARD, tout se joue dans la psyché, car cette dualité entre symbolique et rationnel revêt toujours de l’ordre de la spéculation intellectuelle, de la représentation, voie dont le mystère biblique de l’incarnation, signifie justement la rupture et les limites, mais une rupture autre que simplement épistémologique, nous allons le montrer.

Le mot connaissance, effectivement employé dans le langage courant, s’ouvre sur deux réalités qui ne sont pas du même ordre.

  • Je “connais” (de “épistèmé “) 692 telle propriété mathématique ou scientifique, tel savoir, mais aussi tel poème, d’une part.
  • Je connais ( de “gnôsis (gnosis)” ) cette personne, d’autre part.

L’évangéliste Jean, pour marquer le lien nouveau unissant Dieu à l’homme et les hommes entre eux, selon une communion nouvelle, pousse encore plus loin cette notion de connaissance. Il parle comme déjà évoqué à partir de “koinos” de koinônia ( avoir quelque chose d’essentiel en commun) pour évoquer la communion nouvelle en Christ.

Nous distinguerons l”épistèmé ” comme la préoccupation des scientifiques, quête de ce que les philosophies contemporaines, nomment “l”objet en soi” ; la “koinônia “ 693 comme l’invitation de la Bible, et de l’évangile ; la “gnôsis (gnosis)” située entre les deux signifierait la connaissance, dans le sens d’une capacité à reconnaître, à distinguer une entité, une personne, un objet, parmi d’autres, tel “l’’objet pour soi”, des philosophes.

La première “épistèmé” se situe entre théories et pratiques et ouvre sur la connaissance, le savoir, la compréhension, la seconde “gnôsis (gnosis)” ne suppose pas la réponse de l’objet de la connaissance, qui est donc ici objet, la troisième “ koinônia “ vient s’immiscer aux quotidiens de nos gestes et de nos pensées comme une visitation, elle ouvre sur la rencontre avec le Tout Autre, avec l’autre, le partage, la compassion, l’amour, la communion en Christ.

L’idéaliste dirait “ Tout change parce que rien ne change” 694 le sceptique répondrait “rien ne change parce que tout change”. Mais ces deux mêmes locutions auraient pu être prises, la première par PARMÉNIDE, la seconde par HÉRACLITE, et les deux à la fois, par EMPÉDOCLE, sans qu’il y soit question de foi en Christ, mais de théories sur la compréhension du monde.

Ces deux locutions ne revêtent pas le même sens selon que nous les posions en termes épistémologiques (”épistèmé”),ou en terme du dialogue amoureux de la communion en Christ (koinônia ). Si les deux formules nous renvoient en effet à la confrontation antinomique entre foi et scepticisme, les mots sont désormais comme revêtus de signification différente.

L’idéalisme et le scepticisme n’ont en effet plus le même sens, une fois la visitation chrétienne opérée, qu’on se situe donc dans le relation à l’objet ou à la personne, dans l’”épistèmé” ou la “koinônia “.

Se situant au niveau de l’”épistèmé”, tout se joue entre l’archétype source de l’image pré-consciente en quelque sorte et l’investigation. Toute investigation suppose une méthode, la méthode se traduit dans l’hypothèse. L’hypothèse change, si elle est réfutée, sans remettre en cause la méthode qui l’a fondée, au contraire même, elle valide par sa réfutation la qualité de la méthode.

Le scepticisme est donc en ce domaine pratiquement une nécessité organique, pour éviter l’autisme.

Se situant dans la perspective de la koinônia, la foi appelle au contraire l’engagement non pas d’une image, ou d’une représentation, mais de la personne, par la participation au don d’amour gratuit, à l’action de Dieu dans le monde, en communion d’église.

Tout regard en arrière, tout scepticisme attiédit la ferveur de l’engagement, et surtout s’il devient méthodique, peut finir par le cadenasser, voire l’interdire. 695

La Bible discerne et distingue bien donc dans son message la connaissance qui enfle de l’amour qui édifie. 696 Si le mot “ épistèmé “ qui n’est qu’au niveau de la représentation théorique,semble absent de sa quête, elle parle de “gnosis ” qui a une connotation moins scientifique et s’applique tant aux choses, aux êtres qu’à Dieu.

Dans l’Ancien Testament déjà on retrouve Madda, Daat, Deah, nous l’avons noté en introduction, pour parler de sagesse , science, connaissance.

Mais si la Bible les distingue l’une de l’autre, elle ne sépare pas la foi de la raison, ni la raison de la foi. 697 La foi s’adresse en effet à l’être unifié parfaitement rationnel et raisonnable. Elle éclaire nourrit et se fonde sur la raison, mais une raison autre qui est quête de la koinônia, elle aussi. Et la rencontre sur laquelle elle repose et qu’elle appelle, appelle, comme la koinônia, la mise en commun de quelque chose d’essentiel. Un engagement de l’être que ni la gnosis ni l’ épistèmé ne supposent.

Baruch SPINOZA (1632 - 1677), le premier de l’ère contemporaine, crut bon, non plus seulement de distinguer, mais de séparer, les deux domaines de la foi et de la raison 698 , et sembla dès lors soumettre, sinon la foi, du moins la révélation biblique par laquelle la foi nous est manifestée comme fondatrice, le texte biblique, et la lecture biblique, aux principes de ce qu’il nomma la raison naturelle. 699

C’est que SPINOZA, bien que reconnaissant le Christ, selon ses propres termes, comme la voie du salut, 700 pour les hommes, confond Dieu, nous voulons bien dire le Dieu biblique, avec le monde. 701

Pour lui, Dieu se révèle dans la nature, par le monde, mais surtout par l’idée que l’homme se fait du monde ; si SPINOZA ne l’exprime peut-être pas explicitement, toute son oeuvre respire d’un panthéisme rationaliste, qui exclut, nous semble-t-il, la perspective biblique, d’une recréation, d’une invitation au Royaume dans la dimension transfigurée de la réalité naturelle.

SPINOZA réduit Dieu au monde, et le monde à l’homme, il ne peut concevoir, une surnature, telle qu’elle se manifeste pourtant dans les miracles et les prophéties. 702

C’est pourquoi il semble sans cesse privilégier la voie de la science et de la philosophie à celle de la foi, et des écritures dont la seule vocation pense-t-il est de conduire à la piété et à l’obéissance, à la charité également, certes, mais une charité dont il a pré-défini à l’avance les contours, comme si ce n’était pas de l’écriture qu’en provenait la nouvelle dimension.

Comme Dieu est dès lors comme encerclé dans la représentation que l’homme s’en fait, et l’homme lui-même dans les lois de la nature, le message biblique chrétien est ainsi comme circonscrit, pour SPINOZA, dans l’obéissance, et l’obéissance dans l’état.

En conséquence, précédent HEGEL et bien des penseurs contemporains il confère à l’état, l’autorité suprême, ce qui n’est évidemment pas du tout la même chose que cette apparition des “deux royaumes “ qui émergent avec le message du christianisme. 703

SPINOZA, se réfère à la parole biblique mais curieusement en juge comme de l’extérieur à partir d’une réflexion rationaliste, systématique, philosophique, dont une grande part de l’exégèse contemporaine a souvent hérité ayant bien du mal depuis, à vraiment considérer le chemin dans l’autre sens. Nous voulons dire, comme ce fut le cas, nous l’avons rencontré, en Saint ANSELME, la raison sous la lumière de la foi.

Selon cette posture spinozienne l’écriture ne peut être lue qu’à partir d’un principe de cohérence posé de l’extérieur, d’elle même, occultant la possibilité d’envisager sous d’autres termes une autre cohérence, ou plutôt cohésion intrinsèque, qui émanerait de la révélation même.

C ‘est bien sans doute parce qu’elle ne sait pas, ou ne se donne pas le droit, franchement, en tout cas, de se situer du côté de cette invariance intrinsèque selon la notion de l’accomplissement, dans la dimension “historico-prophétique” qui seule interrogerait et intègre la foi sans trop l’amputer de sa spécificité, qu’une grande part l’exégèse contemporaine oscille, le plus souvent, irrémédiablement entre herméneutique, recherche du sens caché, recherche du sens du sens, et dogmatique, lecture de ce sens au travers du dogme du kérygme, de son histoire, sans trouver de synthèse ailleurs, pense-t-elle, que dans ce qu’elle nomme le syncrétisme.

Ce balancement voué à l’incomplétude, qu’elle ne se reconnaît pas toujours, constitue, une voie doublement négative, en quelque sorte, tant elle semble avoir du mal à se détacher des présupposés de la cohérence conceptuelle, alors que la foi, selon la lecture chrétienne, seule, est fondatrice. Cette voie doublement négative, au lieu de justifier la foi, fondatrice tente d’en minimiser, de façon presque irréductible, les traces en la passant au tamis de son inspection systématique des lieux.

On navigue ainsi d’équilibre conceptuel en déséquilibre, toujours plus loin, jusqu’à se rendre parfois hermétique au lecteur courant. Au fond, cette démarche contemporaine semble reposer sur le mythe de la découverte du “grand logos concepteur” qui donnera un jour la magistrale et ultime synthèse, à moins qu’elle ne spécule sur la mort de Dieu, tournant le dos au sens du message qui, à l’opposé, annonce la vie possible pour l’homme, en Dieu vivant.

Ainsi, elle semble ne vouloir comprendre, comme une scolastique inversée, que la mise en cause du kérygme. Elle ne semble pas tant ignorer que ce logos, la Bible, ne le révèle pas comme concept, mais comme personne, que s‘interdire de lire cette parole en actes, à partir de cette personne, à partir de l’incarnation dont le texte témoigne cependant et que cette personne accomplit selon qu’en témoigne le mystère de la foi, depuis l’origine.

Il ne s’agit pas, selon la Bible elle-même, tel est l’un des centres de notre thèse, nous y revenons, de passer simplement de l’incohérence conceptuelle, à la cohérence conceptuelle.

Le nazisme, l’exemple en est souvent cité, est autant selon les concepts qu'il définit, cohérent, qu’inhumain, et donc, plus profondément, mais il faut creuser plus loin pour le percevoir, finalement, incohérent. Parce qu’il se fonde sur la puissance de l’homme et méprise la compassion, et ne reconnaît pour finir que le droit du plus fort, il est le parfait contre message de celui de l’évangile qui choisit le faible pour confondre le fort, le fou pour confondre le sage, le simple pour confondre l’intelligent. Est erroné, dans le nazisme, le postulat qui le fonde, la construction qui malheureusement en découle d’un point de vue purement rationnel n’en est qu’une conséquence.

Si nous combattons le nazisme en seuls termes de cohérence conceptuelle cela peut donc s’avérer infructueux. Un retour au fondement, seul, peut permettre d’en démasquer la barbarie, d’en comprendre l’origine. C’est dans son fondement que se trouvent l’enjeu et la perspective du nazisme.

Ce qui est vrai pour le nazisme est vrai pour le message biblique, dans le sens radicalement opposé. Il faut revenir au fondement pour le comprendre, en saisir l’intrinsèque qualité de son invariance historique, l’intrinsèque message de sa parole contemporaine, afin d’aider chacun à se situer ensuite devant le message, sans le subordonner a priori à d’autres lectures. Car, comme les disciples sur le chemin d’Emmaüs, la tristesse qui spécule sur la victoire de la mort, passe à l’espérance qui se nourrit de la victoire de la vie.

Assurance d’une espérance que Paul exprime ainsi :

‘“ Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur.” 704

Nous assistons bien à une transfiguration des données par la foi. Cette transfiguration ouvre à une perspective nouvelle, ne reposant plus sur une opposition entre rationnel et raisonnable, telle que la perspective de SPINOZA, parachevée par KANT, y pousse et y conduit.

Il y a une raison de la foi, parfaitement “sur-rationnelle”, parfaitement “sur-raisonnable”, car située désormais, au plus profond de l’homme, c’est à dire, non pas là où il spéculerait, sans investir de sa personne, sur le sens des choses, sans rencontrer le sens de sa vie, dans un lieu où le changement le plus radical n’est jamais davantage qu’une rupture épistémologique, ou un changement d’hypothèse sans grande conséquence pour sa vie, mais là précisément où le sens des choses vient rejoindre, visiter et féconder, à partir d’un témoignage intérieur, de façon nouvelle les enjeux même de sa propre existence, au coeur de son coeur.

Un passage de la mort à la vie, dès l’origine de l’évangile est ouvert et annoncé, non comme concept spéculé mais comme accompli en Christ. Ainsi donc, sont transfigurées les données de la raison même, la privant de se vouer un culte caché à elle même, en quelque sorte, et lui permettant ainsi de dépasser le rationalisme.

Notes
690.

Entre autre : BACHELARD Gaston “ La poétique de la rêverie “ PUF Paris 1960 ; (183 pages).

691.

JUNG Carl Gustav “Psychologie et religion” Buchet Chastel Paris 1958 ; ( 220 pages)

692.

On peut traduire par connaissance mais aussi par science, savoir, compréhension. Il est fréquemment employé dans le Ménon de PLATON. L’épistèmé s’inscrit dans une relation “Je ça” (voir bibliographie Martin BUBER “ Je et Tu “1938)

693.

On peut traduire par co-naissance mais aussi communion. Fréquemment employé par l’évangéliste Jean. La “koinônia “ suppose deux êtres qui agissent en réciprocité dans une relation “Je “ “Tu”

( voir ibidem Martin BUBER “ Je et Tu “1938)

694.

Nous reprenons le titre de l’ouvrage de Jean François KAHN. (voir bibliographie)

695.

Nous pourrions multiplier les exemples. Nous pensons dans l’Ancien Testament bien entendu à la femme de Lot transformée en statue de sel, parce que regardant en arrière. (Genèse XIX 26)

“ La femme de Lot regarda en arrière et elle devint une statue de sel.”

Évoquons également Zacharie le père du Baptiste qui fut pour un temps muet pour avoir douté. (Luc I 18 à 20)

Nous pensons dans le Nouveau Testament aussi à Pierre tentant de marcher sur les eaux à la suite du Christ.

(Matthieu XIV 24 à 31)

“ La barque, déjà au milieu de la mer, était battue par les flots; car le vent était contraire.

À la quatrième veille de la nuit, Jésus alla vers eux, marchant sur les eaux.

Quand les disciples le virent marcher sur la mer, ils furent troublés et dirent : C’est un fantôme! Et dans leur frayeur ils poussèrent des cris.

Jésus leur dit aussitôt : Rassurez-vous, c’est moi; n’ayez pas peur! Pierre lui répondit : Si c’est toi ordonne que j’aille vers toi sur les eaux. Et il dit : “Viens! “

Pierre sortit de la barque, et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais voyant que le vent était fort, il eut peur; et comme il commençait à s’enfoncer, il dit : “Seigneur sauve moi !” Jésus étendit la main le saisit et dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?

696.

I Corinthiens VIII 1

697.

Note connexe numéro 15 adjointe à ce chapitre. ” Introduction à une entrée selon l’histoire” Extraits de : Antoine CABALLÉ 1994 ; op. cit. ; 1994 ; ( pp 90 à 95). Voir ce que RICOEUR appelle le cercle herméneutique.

698.

SPINOZA ” Traité théologico-politique” Traduction et notes Charles APPUHN GF Flammarion Paris 1965 ; (380 pages).

Particulièrement au chapitre XIV pp 241 à 246

Il reste que tout le traité se situe dans cette perspective. Souffrant des persécutions dues aux dogmatismes des religieux de son temps, l’intention de SPINOZA est de montrer que les voies de la science, de la religion et de la philosophie ne se confondent pas car elles ne se donnent pas les mêmes intentions. Il écrit en exergue de son traité : “Quelques dissertations où l’on fait voir que la liberté de philosopher non seulement peut être accordée sans danger pour la piété et la paix de l’État, mais même que l’on ne peut la détruire sans détruire en même temps la paix de l’État et la piété elle-même. “ (page 17)

699.

SPINOZA écrit :

De même, en effet que la Méthode dans l’interprétation de la nature consiste essentiellement à considérer d’abord la Nature en historien et, après avoir réuni pas mal de données certaines, à en conclure les définitions des choses naturelles, de même, pour interpréter l’Écriture, il est nécessaire d’en acquérir une exacte connaissance historique, et une fois en possession de cette connaissance, c’est à dire de données et de principes certains, on peut en conclure par voie de légitime conséquence la pensée des auteurs de l’écriture. “ Ibidem chapitre VII page 138

700.

SPINOZA écrit “En ce sens nous pouvons dire que la Sagesse de Dieu, c’est à dire une sagesse supérieure à l’humaine, a revêtu dans le Christ la nature humaine, et que le Christ a été la voie du salut.” Ibidem Chapitre I page 37. (C’est nous qui soulignons).

Nous remarquons le temps passé du verbe.

SPINOZA n’enfermerait-il pas le Christ lui-même, dans le passé, à partir les spéculations qu’il fait de l’histoire ?

701.

On peut se reporter ici à l’ensemble de l’oeuvre de SPINOZA ainsi qu’à ses commentateurs.

Voir bibliographie.

On peut dire surtout que le problème de SPINOZA consiste à lire Dieu à partir de la loi naturelle, de la loi humaine. (chapitre IV)

702.

Ibidem chapitres I, II, III, pour la prophétie et les prophètes. Chapitre VI pour les miracles.

SPINOZA pense que le prophète (nabi) de l’Ancien Testament l’est à partir de son imagination supérieure à celle des autres hommes. Nous pensons au contraire que le prophète biblique se distingue par le fait que c’est l’élection de Dieu et non sa propre projection sur les choses qui le fait prophète.

Le prophète n’est pas comme un sorcier qui aurait des dons surnaturels. Songeons à Jonas qui fait tout pour fuir l’appel de Dieu. On n’est pas prophète dans la Bible à partir de soi-même. Mais à partir du choix de Dieu. Pour ce qui des miracles, SPINOZA en voit moins les signes du royaume, qu’il n’en cherche une explication réductible à l’ordre de la nature et de la raison, en assujettissant Dieu à son image, l’homme, et l’image (l’homme) à l’image de l’image (sa représentation de Dieu.7

(Voir en annexes “prédication pour Marine “ )

SPINOZA prétextant que Dieu ne se conçoit pas à partir de lui-même, mais qu’à partir des représentations de l’homme, assujettit en quelque sorte le créateur à la création. Il ne semble vraiment lire la ” koinônia “ dont il ignore probablement le mystère que par l’ "épistèmé".

Ainsi il ne voit pas dans la foi le moyen d’un passage du désespoir à l’espérance de la vie à la mort, mais une voie ayant pour but contrairement à la philosophie qui conduit à la vérité “ l’obéissance et la piété”. Selon le texte biblique le but de la foi est le salut c’est à dire la perception de l’entrée dans une création nouvelle dont SPINOZA à partir de a spéculation ne semble pas entrevoir la nécessité. (Marc V 34; X 52 ; Luc VII 50 ; VIII 48 ; XVII 19 ; XVIII 42).

703.

SPINOZA , se justifiant, entre autre, à partir du fait que, lors de la déportation à Babylone, Jérémie demanda au peuple d’écouter l’autorité du roi de Babylone et de s’y soumettre, comme le peuple fut soumis pendant la déportation en Égypte, écrit :” .Nous concluons de là absolument que la Religion qu’elle soit révélée par la Lumière Naturelle ou par la Prophétique n’acquiert force de commandement qu’en vertu du décret de ceux qui ont le droit de commander dans l’état. Et que Dieu n’a de règne singulier parmi les hommes, sinon par ceux qui ont le pouvoir dans l’État. “ Ibidem chapitre XIX ; (à la page 317 )

SPINOZA semblerait rejoindre à première vue, l’attitude de Paul (Romains XIII 1 Tite III 1 entre autres). Mais Paul qui rappelle qu’il n’y a d’autorité qui ne soit permise par Dieu pas plus que Jésus, pas plus que l’ensemble du message biblique ne demande de soumettre sa conscience à la conscience des pouvoirs mais d’obéir et de prier pour eux. (I Timothée II 2). La notion des deux royaumes est en fait le rappel que Dieu n’agit pas selon les voies du monde.

704.

Romains VIII 38 39