8 L’obstacle de l’interposition par un gourou se prétendant un nouveau Christ ou intermédiaire entre Christ et l’homme

Cette dérive, de toutes la plus brutale sans doute, la plus visible peut-être également, découle du montanisme. MONTAN prétendit dans l’église primitive, être le Paraclet qui devait venir, envoyé par le Père, nous l’avons déjà développé. Cette interposition singulière qui se reproduit de manière tangible à divers moments de l’histoire, revient à vouloir réduire et donc annuler la double relation libre, universelle et toujours singulière, telle que le Christ établit avec son corps, l’église, envoyée dans le monde pour le salut du monde.

‘Le gourou de la secte Aoum voulait répandre le bacille du botulisme partout sur la planète à l’aide de ballons, a témoigné l’un des membres de la secte lors du procès du gourou. Et devenir roi du Japon. 895

Cette note de presse est évocatrice. Le fait que, tels le gourou de la secte Aoum, les hommes qui se réclament comme étant une réincarnation du Christ, ou de nouveaux “christs”, sont le plus souvent presque comme inéluctablement et visiblement en quête de pouvoir personnel, ou même des hommes annonçant un message de haine ou annonçant des temps de malédictions pour le monde ou des temps dorés pour les disciples, produisant ou préconisant, toujours comme inéluctablement, l’effet diamétralement inverse de celui de la révélation initiatrice de la Bonne Nouvelle du Royaume selon les évangiles, est certes à première vue troublant mais, nous allons le voir, finalement très explicable et expliqué par la parole biblique elle-même. S’éloigne ainsi une volonté libre pour le disciple et s’y substitue un endoctrinement sectaire et une pression psychologique. Apparaît une parfaite antinomie avec l’amour gratuit du Christ qui n’aspira pas au pouvoir politique, au pouvoir sur l’homme, traversa humblement la vie des hommes de son temps, guérissant les malades, accomplissant des miracles et des signes du royaume à venir, de la création nouvelle qu’avaient annoncée les prophètes, et qui prononça les paroles de consolation pour les rejetés et les exclus 896 , dénonçant sans doute l’hypocrisie mais, simultanément, prenant sur lui le péché du monde 897 , pardonnant souffrant et mourant sans résister sur la croix. Ce qui est toujours remis en cause par les prétendants au titre de nouveaux messies est bien donc encore la médiation exclusive et singulière, définitive entre Dieu et l’homme, l’homme et Dieu, une fois pour toute accomplie dans et par le don gratuit de sa vie par Jésus de Nazareth. Mais poussons encore plus loin notre réflexion pour relever quelques éléments objectifs du texte néo-testamentaire biblique qui précisent des aspects du caractère unique singulier et exclusif et universel du ministère du Christ, et son opposition à la tentation de substitution d’un prétendu nouveau Christ.

Les trois tentations repoussées par le Christ peuvent servir encore de point de repère comme les trois principaux points d’ancrage pour notre analyse. 898

Ici, la citation choisie par Jésus le situe non pas en tentateur éprouvant Dieu pour lui-même, mais en Fils en communion d’esprit et de pensée avec Dieu. Si Satan veut l’inciter à tenter Dieu, cela revient à tenter Jésus lui-même.

Le ministère du Christ s’ouvre sur une tentation et un combat entre les deux royaumes : la cité terrestre et la cité céleste comme l’écrira quelques siècles plus tard SAINT AUGUSTIN.

L’antéchrist 902 est présenté dès l’église primitive et le texte biblique lui-même dans le Nouveau Testament. Il semblerait être la résistance ultime à cette grâce absolue, à cette liberté nouvelle, donnée à tous en Jésus-Christ, premier né d’une création nouvelle. “Plusieurs viendront en mon nom, disant c’est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens. “ 903 dira Jésus. Et Jésus continue en s’adressant à ses disciples peu avant son arrestation en disant.

‘Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres : gardez-vous d’être troublés, car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin. Une nation s’élèvera contre une autre nation, et un royaume contre un autre royaume, et il y aura en divers lieux, des famines et des tremblements de terre. Tout cela ne sera que le commencement des douleurs.’ ‘Alors on vous livrera aux tourments, et l’on vous fera mourir; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom. Alors aussi plusieurs succomberont, et ils se trahiront, se haïront les uns les autres. Plusieurs faux prophètes s’élèveront, et ils séduiront beaucoup de gens. Et parce que l’iniquité sera accrue, la charité du plus grand nombre se refroidira. Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin. 904

Jésus s’inscrit dans la continuité des prophéties de Daniel au chapitre douze qui prédit des souffrances pour Israël, et la venue d’un temps nouveau précédé d’un temps de trouble ne correspondant d’après la TOB à aucune circonstance historique passée, clairement reconnue. La note de la TOB précise.

‘La crise qui se noue dans l’histoire atteint son paroxysme précisément au moment où la délivrance arrive. Dans la perspective prophétique, le dénouement attendu est toujours imminent. Cette imminence historique ne doit pas être interprétée comme une annonce datée de la fin du monde. 905
Notes
895.

Note de presse in le “Nouvel Observateur” numéro 1666 du 10 au 16 Octobre 1996 ; page 98

896.

Nous pouvons lire Matthieu VIII 15 à 22 “Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons ? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et mis au feu. C’est dons à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.”

897.

On peut se reporter au texte du serviteur souffrant en Ésaïe LIII : parfaite illustration du ministère du Christ.

898.

Matthieu IV 1 à 11

899.

Deutéronome VI 16

900.

Deutéronome VIII 3

901.

Deutéronome VI 13

902.

Nous retrouvons quatre fois mentionnés son nom dans la première épître de Jean. (I Jean II 18 ; II 22 . IV 3

Nous le retrouvons une fois dans la deuxième épître de Jean où il est assimilé au séducteur. (II Jean 7 )

903.

Matthieu XXIV 5 ; Luc XXI 8.

904.

Matthieu XXIV 6 à 14

905.

Note de la TOB à Daniel XII 1. Nous pouvons suivre la suggestion de la TOB et la prolonger en mettant en parallèle ce texte de Daniel XII avec les chapitres III et IV du prophète Ésaïe.