13 L’obstacle de l’interposition par le savoir savant

Nous trouvons sans doute une illustration de l’interposition su savoir savant à la médiation exclusive et singulière du Christ, dans les premiers tâtonnements philosophiques du jeune DESCARTES (1596-1650) encore jeune auteur mondain de Règle pour la direction de l’esprit” 947 (1628) juste avant qu’il n’émigre en Hollande, ou qu’il ne revienne dans ses écrits ultérieurs, sur certaines de ses positions extrêmes. Le savoir savant ne se contente pas ici de savoir des choses, il se définit comme idéologie supérieure, chemin par excellence de la connaissance de Dieu et du monde, comme un “savoir plus” susceptible de diriger le savoir commun, et cela jusque dans les quêtes de Dieu.

Le savoir savant appliqué ainsi à la révélation distingue alors, dans le domaine religieux, entre ésotérisme réservé aux initiés, et exotérisme réservé aux masses. La raison concerne les savants, la croyance n’est intéressante que pour le peuple majoritaire.

DESCARTES semble s’inspirer de AVERROÈS (1126-1198) qui, dans son ouvrage “Le discours décisif” 948 , prenait au sein de l’Islam le parti des jabarites contre les qadarites. 949 Nous savons que DESCARTES distinguera radicalement par la suite, ce qui est de l’ordre insondable de Dieu et qui relève de la foi chrétienne que la raison ne peut mettre en cause, de ce qui relève du discours ou de la méthode qui se propose de réfléchir sur les relations entre l’homme et le monde, et non entre l’homme et Dieu. Cette distinction introduite comme par nécessité, par la justification d’une référence explicite au Christ, et le mystère de l’incarnation, devient par contre contingente dans une référence musulmane où Allah intègre en lui toute chose, comme un principe créateur et intégrateur du tout dans l’un, principe indiscutable et indiscuté de l’Islam.

Le débat à l’intérieur de l’Islam porta très tôt entre le fidéisme sunnite et le rationalisme mut’azilite fondé par WACIL IBNATA, mort en 748. Cette doctrine séparait le Coran et Allah. Seul Allah était éternel, le Coran y est considéré comme créé et non éternel. La raison (alq) discernerait mieux que la révélation entre le bien et le mal.

Une voie médiane, rejoignant la voie orthodoxe, fut défendue par AL‘ASHARI (873 - 935 ). L’asharisme, qui finalement bien que semblant inspirer AVERROÈS fut combattu par lui également au nom de la non satisfaction de ses arguments aux règles de la démonstration philosophique ou logique, défendait l’orthodoxie de la parole révélée et combattait le rationalisme des mut’azilites en utilisant leur propre arme, celle de la dialectique.

AVERROÈS pensa que bien que la raison soit la voie par excellence pour trouver la science et la connaissance qui est distillée dans la révélation, l’usage absolu de celle-ci n’était réservé qu’à quelques uns. Nous retrouverions alors la nécessité de la transposition didactique qui fit florès dans la pensée marxiste. Rien de tout cela dans l’évangile caché aux sages et aux intelligents mais révélé aux enfants.

Nous retrouvons en effet dans ces idées un retour en force, par la voie d’une révélation autre, de ce que combattit IRÉNÉE dès les premiers siècles en dénonçant le Plérôme qui faisait autorité sur Dieu lui-même selon les valentiniens, nous l’avons signalé.

AVERROÈS ( IBN RUSHD) tenta en vain de faire valoir ses idées, dans le monde musulman de son temps sur les plans théologiques, philosophiques et politiques. Né à Cordoue en 1126, il dut s’exiler en 1195 et mourut à Marrakech 1198.

Il se pourrait cependant, si nous en croyons Alain DE LIBÉRIA, que par AVERROÈS, via DESCARTES et les lumières, le mode de penser occidental fut bien plus influencé qu’on a bien voulu le dire.

Nous retrouvons également de notre point de vue, une relation forte, une parenté évidente, peut-être même une filiation directe, entre la philosophie du musulman AVERROÈS et les idéologies modernes émergeant des lumières, du XIX ° siècle, ou du XX° siècle, qui, toutes héritières du scientisme, supposant une supériorité de la raison sur la croyance aveugle, ce qui entre parenthèse rejoindrait des aspects du message biblique. Mais une telle supériorité, pour AVERROÈS comme pour les lumières, est encore là répercutée sur le mystère de la foi, bibliquement fondateur, omettant au passage de signaler que le développement d’une pensée rationnelle se fonde forcément elle aussi, mais de façon souvent cachée, à l’initial sur un acte de foi orientant l’hypothèse déterminant le postulat, orientant la recherche dans telle direction plutôt que telle autre.

AVERROÈS philosopha en s’inscrivant dans la continuité théologique de IBN TÜMART ( né entre 1077 et 1087 mort en 1130, à Timnel) fondateur de la dynastie des almohades qui de 1147 à 1269 régnèrent sur la moitié sud de l’Espagne et la totalité du Maghreb. IBN TÜMART pensait également que la voie de la raison était la voie excellente pour comprendre la révélation.

‘(...) Il se fait reconnaître comme le “Mahdi”; celui qui doit selon une croyance musulmane répandue, être missionné par Dieu pour rétablir la justice sur la terre à la veille de la fin du monde, et qui est identifié par les Shi’ites au douzième Imâm “occulté” par certains Sunnites à Jésus. En tant que tel il se proclame infaillible (ma’sum). 950

Cet amalgame donc entre pouvoir personnel, infaillibilité d’un leader, culte de la personne, et, rapport à une scientificité, nous le retrouverons étrangement dans les dictatures du XX° siècle du côté du nazisme et, du côté du socialisme tel qu’il fut appliqué des pays dits communistes, comme également du côté, à un degré moindre cependant, du fascisme où le charisme du leader est supposé davantage comme relatif à une prédestination, voire une élection divine qu’à un rapport à une idéologie scientifiquement établie.

Lorsqu’il s’accorde sur une pratique, et veut briser le carcan initiatique, ésotérique, le savoir savant définit ce qu’il est convenu d’appeler une praxis, qui, de façon dialectique, de l’expérience personnelle au savoir savant, du savoir savant à l’expérience personnelle, va, selon cette perspective, conduire à la progression historique de l’humanité, ou plus modestement de la classe sociale des prolétaires, voire de l’individu, par la tentative de libération de l’un, le savoir, et de l’autre, l’expérience, de l’un par l’autre, l’autre par l’un.

Le marxisme qui érigera bien après AVERROÈS, cette dialectique en système, en absolutisant et historicisant le processus, montre plus clairement aujourd’hui pour nos contemporains ce qui, il y a une décennie à peine, paraissait largement encore comme voilé et contesté. Sous des dehors de scientificité, on aboutit par l’idéologie à une dictature de la pensée par la pensée.

Le livre rouge de MAO TSETOUNG en fut une illustration historique. L’ idéologie, baptisée par le leader chinois, de “révolution culturelle”, marqua largement le monde intellectuel français sous la houlette de Jean Paul SARTRE 951 , dans les années post soixante-huit. MAO TSÉTOUNG, en marxiste léniniste, ne voyait pas d’autre chemin que la révolution, pas d’autre alternative que ce cheminement historique de la praxis. Le passage par la contrainte, “la dictature du prolétariat”, le refus initial sinon final de l’expérience et de la parole libres de l’autre, la contrainte, l’usage de la force, que suppose au moins temporairement toute dictature, lui paraissaient dès lors comme étant incontournables.

L’extrait qui suit tiré d’un discours “de la pratique” écrit officiellement en 1937, par Mao TSÉTOUNG, montre bien cette ambition de modifier l’ordre du monde, par l’action conjuguée des masses prolétaires et de la connaissance, par une révolution concernant finalement, et se répercutant sur les rapports au savoir et à l’expérience.

‘La lutte du prolétariat et du peuple révolutionnaire pour la transformation du monde implique la réalisation des tâches suivantes : la transformation du monde objectif comme celle du monde subjectif de chacun - la transformation des capacités cognitives de chacun comme celles du rapport existant entre le monde subjectif et le monde objectif. Cette transformation a déjà commencé sur une partie du globe en Union Soviétique. On y accélère actuellement le processus. Le peuple chinois et les peuples du monde entier sont engagés dans ce processus de transformation ou le seront. Et le monde objectif à transformer inclut tous les adversaires de cette transformation ; ils doivent passer par l’étape de la contrainte avant de pouvoir aborder l’étape de la transformation consciente. L’époque où l’humanité entière entreprendra de façon consciente sa propre transformation et la transformation du monde sera celle du communisme mondial.’ ‘Par la pratique découvrir les vérités, et encore par la pratique confirmer les vérités et les développer. Partir de la connaissance sensible pour s’élever activement à la connaissance rationnelle, puis partir de la connaissance rationnelle pour diriger rationnellement la pratique révolutionnaire afin de transformer le monde subjectif et objectif.’ ‘La pratique et la connaissance, puis de nouveau la pratique et la connaissance. Cette forme cyclique n’a pas de fin, et de plus, à chaque cycle, le contenu de la pratique et de la connaissance s’élève à un niveau supérieur. Telle est dans son ensemble la théorie du matérialisme-dialectique de la connaissance, telle est la conception que se fait le matérialisme dialectique de l’unité du savoir et de l’action. 952

Suprême ambition, pour beaucoup séduisante en effet, mais qui se traduisit historiquement, nous le savons aujourd’hui, par l’effet inverse de celui escompté.

Nous retrouvons en partie l’ambition de AVERROÈS et l’interprétation qu’il faisait de la révélation coranique. Et l’homothétie, sautant les siècles, entre l’Islam de AVERROÈS et marxisme, se prolonge donc. Un principe, le matérialisme dialectique historique, exprimant ce que le philosophe musulman considérait sans doute être ce principe fondateur de la raison qui soumettait ou précédait Dieu lui-même. Nous passons d’un monisme ou dualisme déiste à un monisme ou dualisme matérialiste et athée, mais les principes sont proches.

Nous retrouvons également la même distinction typologique entre les hommes dans les deux philosophies. Pour AVERROÈS (IBN RUSHD), ceux-ci se distinguaient selon leur nature ; pour le marxisme, ils se distingueront selon leur classe sociale et l’idéologie ou les intérêts qui s’y rattachent.

Comme AVERROÈS distingua entre une première élite qui s’approche de Dieu par la voie moyenne de la dialectique, d’une majorité qui approche Dieu par la voie basse de la rhétorique, d’une autre minorité qui à l’instar du savant approche Dieu par la voie directe de la raison, le marxisme distinguera entre les masses (sensibles à la voie de la rhétorique et de la persuasion sensible), les militants révolutionnaires (sensibles à la voie de la dialectique et de la contradiction) et les intellectuels (sensibles à la voie de l’éristique (la controverse), voie des élites, théologiens ou des philosophes, selon AVERROÈS.

Apparaît là donc une rupture évidente avec tout le message biblique, l’évangile chrétien, mais aussi avec l’Ancien Testament, qui ne présente jamais les choses dans ce sens, comme enfin sans doute avec le judaïsme qui intègre l’Ancien Testament et ce rapport à la révélation dans l’histoire événementielle d’un peuple, et non dans des seuls préceptes théoriques légalistes, ou législatifs, et ou historiquement figés.

Et le MAÏMONIDE (1135-1204), et SAINT THOMAS D’AQUIN (1228-1274) opposent finalement indirectement ou directement parfois les mêmes arguments à AVERROÈS 953 . Certes, ces trois auteurs, AVERROÈS, MAÏMONIDE, THOMAS D’AQUIN semblent poursuivre, à première vue, la même ambition : concilier la philosophie et la révélation qui sous-tend leur foi originelle. Tous trois s’appuient également sur les catégories de la philosophie selon ARISTOTE. Mais leurs conclusions et leurs démarches bien entendu diffèrent les unes des autres, moins sans doute, nous le pensons en tout cas, à cause de leurs méthodes qu’en raison de la révélation à laquelle justement chacun d’eux se réfère et qui nourrit chacune de leur recherche.

Le christianisme, le judaïsme et l’Islam, diffèrent non seulement par le mode de relation qu’ils entretiennent avec la révélation, mais aussi et, ceci est une évidence, qu’il nous faut cependant bien souligner, par le contenu même de cette révélation . Évidence dont nous constatons ici quelques unes des conséquences.

Ceci revient à dire que la nature de la révélation à laquelle chacun se réfère joue un rôle de toute première importance dans les conclusions que chacun tire quant aux rapports entre savoir, savoir savant, foi et révélation.

Cet aspect est parfois ignoré par quelques commentateurs contemporains, lorsqu’ils évoquent la révélation ou la croyance de préférence à la foi 954 de façon générale pour la confronter à la raison, en omettant de préciser de quelle révélation ils parlent. Comme si toutes les révélations s’équivalaient, procédaient du seul et même mode, portaient un seul et même message, et revenaient toutes à s’identifier à un processus global que l’on nommerait justement révélation qu’on opposerait à la spéculation. Tout n’est pas si simple et ne peut se réduire à cette antinomie entre spéculation et révélation, puisque, nous l’avons vu, la spéculation peut nourrir la révélation, comme ce fut le cas dans le texte biblique, pour Jacob ou Ésaü, 955 spéculant sur la valeur du droit d’aînesse, comme nous retrouvons encore cette dimension dans le Nouveau Testament dans la parabole du trésor caché ou dans cette autre parabole à l’enseignement semblable, cellle de la perle de grand prix. 956

Sans doute est-ce là un point convergent encore aujourd’hui entre judaïsme et christianisme, expliquant alors même qu’il s’oppose résolument à AVERROÈS et à ses disciples de la Sorbonne, les références passagères de Saint THOMAS D’AQUIN au MAÏMONIDE.

Dans l’Ancien Testament, Dieu traverse l’histoire d’un peuple, dans les évangiles, Dieu se fait homme et donne sa vie en rançon pour le salut du monde, c’est une donne qui change l’éclairage et les rapports mêmes à la foi qui se distingue alors radicalement d’une croyance qui poserait a priori une doctrine issue des spéculations philosophiques de types catégorielles.

Si le Dieu de l’Islam, qui reste plus lointain des hommes, pourrait se laisser approcher en priorité ou entre autre par la spéculation humaine, purement rationnelle et catégorielle, cette même spéculation du point de vue juif est certes importante mais seconde, c’est à dire qu’elle n’intervient dans le Talmud que pour commenter la Torah, en actualiser les préceptes, qu’une fois posée donc la révélation qui nourrit l’acte de foi.

D’un point de vue chrétien la spéculation purement catégorielle notionnelle, serait même aléatoire, tant la seule spéculation qui vaille devant le mystère de la croix, est de l’ordre de l’existence, comme les disciples au soir de Golgotha. Perdre sa vie c’est la sauver, la sauver c’est la perdre. 957

La seule spéculation qui compte vraiment est celle du fils prodigue escomptant qu’il n’a rien à perdre à retourner à la maison du Père, même à titre de simple serviteur 958 , elle est existentielle, comme le souligna mieux que toute autre, l’oeuvre de KIERKEGAARD, elle est celle du dilemme de la vie ou la mort, quête essentielle, vitale du royaume en communion avec Dieu, par la mort à soi même pour la vie en Dieu, ou la mort à Dieu, en vivant de soi même.

Elle est celle de Thomas de Didyme, (l'apôtre), demandant à voir pour croire.

L’intelligence y est crucifiée certes mais pour ressusciter transfigurée en quelque sorte ne s’exprimant plus à la manière des philosophes mais à celle des prophètes.

C’est en ce sens que le docteur d’Israël Nathanaël s’entend dire “Viens et vois “ par Philippe le conduisant alors au Christ qui lui dit qu’il l’avait vu, alors qu’il était sous le figuier, autrement dit alors qu’il étudiait, ces simples paroles suffisent à Nathanaël pour qu’il reconnaisse Jésus, comme son maître, rabbi, et comme Fils de Dieu 959 .

Le message de la Bonne Nouvelle du Christ, au travers des évangiles, nous révèle l’acte de foi, non dans le religieux ni le savoir représenté, mais dans la vie. Il n’est pas le propre des gens cultivés, mais s’exprime dans les gestes et les pensées de tous les jours, visités par l’Esprit-Saint. L’itinéraire des disciples qui fuient ou se cachent au soir du calvaire, qui sont comme recréés par l’Esprit-Saint après la Pentecôte, en donnent une expression.

La seule médiation qui ait pu transformer leur déroute personnelle voire leur reniement en victoire, est bien celle du Christ, intercédant auprès de son Père pour qu’il envoie le Consolateur, l’Esprit-Saint 960 . L’entrevue avec le pharisien cultivé et savant Nicodème est à ce titre évocatrice : il faut naître de nouveau pour voir le royaume de Dieu. “Pour voir et pour entrer”,ce qui n’est pas tout à fait synonyme de “Pour comprendre”, ajoute bien Jésus, comme en écho aux paroles de Philippe appelant Nathanaël cet autre homme sage et savant à “venir et voir”.

‘Mais il y eut un homme d’entre les pharisiens, nommé Nicodème, un chef des juifs, qui vint auprès de Jésus, de nuit, et lui dit : “ Rabbi, nous savons que tu es docteur venu de Dieu; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais si Dieu n’est avec lui. Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Nicodème lui dit : “ Comment un homme peut-il naître quand il est vieux? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t'étonne pas que je t’aie dit qu’il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut et tu en entends le bruit, mais tu ne sais d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit. 961

La foi en Christ n’est absolument pas assimilable donc à une croyance qui se poserait premièrement dans le rapport religieux de la soumission absolue à Dieu, telle, en tout cas, que l’Islam le pose. Rappelons que le nom Israël, selon l’étymologie, est celui qui lutte ou se tient entre Dieu et les hommes. Cette lutte suppose bien que tout l’homme soit intégré dans cette quête de Dieu. Tout l’homme jusqu’a dans ses reniements, ses faiblesses, ses convoitises.

Il suffit de se rapporter à la texture et la contexture même des évangiles, des actes des apôtres ou encore des lettres apostoliques qui sont des récits ou des écrits destinés à des personnes, ancrés donc dans la vie et les rencontres au quotidien des jours, et non exclusivement ou simplement des méditations atemporelles, ou des prescriptions sur les règles à suivre, sur le plan politique ou personnel, publique ou privé, ou des incantations à l’image du Coran. Selon AVERROÈS, relayant et renforçant, sur ce point, la tradition de l’orthodoxie musulmane, l’écriture coranique révélée, concilie les différentes méthodes propres à déclencher, scientifiquement ou non, l’assentiment des hommes.

‘“Nous disons donc étant donné que la finalité de la Révélation est d’enseigner la science vraie et la pratique vraie ; étant donnée que des opérations sur lesquelles repose l’enseignement sont de deux sortes : (la production) de la représentation et (la production de ) l’assentiment , comme l’ont expliqué les logiciens ; et que les méthodes de production de l’assentiment qui se présentent aux hommes sont au nombre de trois -démonstrative, dialectique et rhétorique-, ses méthodes de production de la représentation, au nombre de deux - représentation de la chose elle-même, ou de son symbole ; étant donné que tous les hommes ne sont pas disposés par leur nature à appréhender des démonstrations - ni même des arguments dialectiques, alors a fortiori des arguments démonstratifs! -, outre la difficulté de l’apprentissage des arguments démonstratifs et le temps fort long que celui-ci requiert (même ) de la part de ceux qui y sont aptes ; et que la finalité de la Révélation n’est autre que d’enseigner tous les hommes, il fallait nécessairement que le Texte révélé comprît tous les types de méthodes de production de l’assentiment et de la représentation.” 962 . ’

Dans cette perspective “averroïste”, la connaissance, au sens de science de Dieu, connaître Dieu est la finalité. Elle se distingue de la finalité de la parole d’un point de vue évangélique qui est la naissance nouvelle en Dieu, réconciliation de l’homme avec lui-même et avec Dieu, non pas donc un savoir sur Dieu, mais une conversion, une vie en Dieu, en communion avec lui, la “koinônia”.

Mais l’héritage de AVERROÈS, alliance entre le pouvoir politique et le savoir savant, ne se limite pas au marxisme et aux lumières, ou au culte de l’Ëtre Suprême, il pourrait être le lieu commun des sciences contemporaines, lorsqu’elles se conçoivent elles mêmes comme un tout totalisant, une idéologie, plérôme, faisant autorité sur les expériences et les savoirs singuliers.

Le Dieu biblique Père, Fils et Saint-Esprit n’est pas dans le plérôme qu’on se représente mais dans la relation nouvelle qui se témoigne de l’un à l’autre, de Dieu à l’homme , de l’homme à Dieu, de l’homme à l’homme. Là se joue en chaque instant l’essentiel.

Et, nous comprenons pourquoi Georges GUSDORF, nourri de références chrétiennes et bibliques, pressentant peut-être les événements de soixante-huit, mais aussi et surtout l’évolution contemporaine de l’université, et du rapport entretenu entre pouvoirs politiques et sciences, écrivit, en 1967, “Les sciences de l’homme sont des sciences humaines” 963

Il y dénonçait, au travers de différentes lettres et études, le nouvel impérialisme du savoir constitué des spécialistes qui s’imposent sur l’esprit de recherche scientifique.

‘Le 9 Décembre 1828, Auguste COMTE écrit à son ami Gustave D’EICHTAL qu’il a songé à se présenter au concours d’agrégation. La chute du ministère ultra et son remplacement par un ministère libéral lui permettaient d’obtenir la dispense des formalités religieuses obligatoires jusque-là. Mais au dernier moment l’autorisation de concourir lui est refusée.’ ‘(...)’ ‘Les temps n’ont guère changé. L’obscurantisme politique et religieux s’est effacé. Un autre a pris sa place, et d’autant plus redoutable qu’il est involontaire et inconscient. L’Université actuelle ne veut pas elle non plus des premiers sujets. Elle les voue au laboratoire, à l’usine et au bureau d’études.’ ‘(...)’ ‘Au train où vont les choses, la “science” nous coûtera bientôt aussi cher que la guerre d’ Algérie. On peut se demander si c’est de l’argent mieux placé. 964

La médiation chrisitque ne joue évidemment pas sur le même registre.

Son objet premier n’est pas l’élaboration coûteuse de savoirs de référence communs, mais l’annonce gratuite d’un amour gratuitement donné.

Son projet premier n’est pas de construire une tour afin d’escalader le ciel, mais d’accueillir la grâce première d‘un amour gratuitement manifesté.

Autrement dit l’accès au savoir n’est pas une fin en soi. Ce qui importe pour elle, c’est la vie, sa préservation, son annonce, son renouvellement, sa réalisation aujourd’hui, et dans l’éternité.

L’évangile n’institue pas un savoir savant mais des personnes comme fils et filles du Dieu vivant.

Dans le passage qui suit de l’évangile de Matthieu, Jésus ne dit pas qui il est, sinon qu’il se présente comme Fils de l’homme. Il s’est donné à découvrir au travers de paroles et d’actes, de manifestations, alors, il demande enfin aux disciples, comme une porte qu’on entrouvre, de le définir en quelle que sorte.

Mais la définition qu’il demande ne porte pas sur les éléments qui le constitueraient, entre théories et pratiques, sur sa doctrine, sa théologie, sur son message, ou encore sur la philosophie qu’il véhiculerait comme explication du monde, mais uniquement sur la personne qu’il est. :

Sa question à l’adresse des disciples le stipule: “Et vous qui dites-vous que je suis ?”

‘“ Jésus étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe demanda à ses disciples : Qui dit-on que je suis, moi le Fils de l’homme ? Ils répondirent ;: Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; les autres Élie ; les autres Jérémie, ou l’un des prophètes. ’ ‘Et vous leur dit-il, qui dîtes-vous que je suis ? Simon Pierre lui répondit : Tu es le Christ le Fils du Dieu vivant.”’ ‘Jésus reprenant la parole lui dit : Tu es heureux Simon fils de Jonas; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela mais c’est mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te le dis :Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église. 965

Ceci ne signifie nullement que Jésus encourage à ne rien connaître, tout au contraire, au sermon sur la montagne qui prône pourtant le dépouillement, Jésus le précise en ces termes.

‘Demandez et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe. Lequel donnera une pierre à son fils s’il lui demande du pain ? Ou s’il demande un poisson lui donnera-t-il un serpent ? Si donc méchants comme vous l’êtes vous savez donner de bonnes choses à vos enfants à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il des bonnes choses à ceux qui les lui demandent.” 966

Cette recherche ne distingue pas entre choses intellectuelles et choses matérielles ou spirituelles. Le projet qu’elle institue est celui d’entrer dans la communion de volonté du Père, cette communion qui se trouve dans l’esprit de pauvreté intérieure : esprit des béatitudes.

L’évangile est donc bien cependant un enseignement. La médiation christique conduit bien à nous enseigner tout autant qu’ elle accompagne un enseignement, mais de quel nseignement s’agit-il ?

Il ne s’agit certes pas, a priori, d’un enseignement théorique.

Et cela même si l’avènement du christianisme va transformer la relation de l’homme à Dieu, de l’homme à lui-même, de l’homme à son prochain, de l’homme aux autres hommes, de l’homme au monde, car le point de départ en est une révélation nouvelle par le moyen d’une médiation nouvelle.

Il ne s’agit pas de transformer intellectuellement les hommes mais de les affranchir afin de les rendre

libres d’agir et de raisonner désormais sur toute chose. Afin de les conduire à regarder désormais toute chose comme étant ouverte librement au libre examen et, qui plus est encore, à leur libre action.

Il est clair que sur ce point encore, Jésus se situe dans le prolongement et dans le “terroir” non seulement de la révélation biblique, mais aussi de la culture hébraïque, celle qui fournira le judaïsme.
Dans le “Dictionnaire du Nouveau Testament “ Xavier Léon DUFOUR le précise ainsi les choses en trois points au mot enseigner du grec didaskô de l’hébreu limmad (d’où Talmud ):

‘Premier point’ ‘Dans le judaïsme enseigner, c’est grâce à une meilleure connaissance de l’Écriture, transmettre la volonté de Dieu non pas de façon abstraite ni pour développer des facultés intellectuelles mais pour inviter à se décider à lui obéir. Comme les juifs à partir de situations concrètes, Jésus enseigne dans les synagogues 967 ou dans le Temple 968 , en outre il enseigne en plein air. 969 Comme dans le judaïsme, il parle de Dieu, de son royaume et de sa volonté; ce qui le distingue, c’est le caractère radical de son enseignement son “autorité” qui, sauf dans les controverses, ne cite pas l’Écriture 970 et qui selon Jean provient de son Père 971 ; en outre il centre son enseignement sur le prochain et sur le rapport à sa propre personne. Dans l’Église l’enseignement est un charisme (don ) consistant dans l’interprétation des Écritures et dans l’exhortation savoureuse. 972 Le principal enseignant est l’Esprit-Saint dont l’onction nous a été donnée 973 . ’ ‘Deuxième point’ ‘Comme dans le judaïsme, il existe un certain type d’enseignement (grec didakhè (didachè)) 974 qui peut devenir une fonction 975 . Cette fonction d’enseignement ( grec didaskalia) exercée chez les juifs 976 , existe chez les chrétiens 977 et tend à caractériser l’enseignement apostolique, sain, bon et salutaire 978 , par opposition aux fausses doctrines. 979 ’ ‘Troisième point’ ‘Dans le monde juif, le maître (grec didaskalos, hébreu rabbi 980 , grec épistatès 981 ) a grande réputation; son autorité est typée dans la figure du “Maître de justice” de Qoumrân 982 , prêtre exégète, herméneute de la Loi, révélateur des mystères de Dieu, père de la communauté, porteur de l’Esprit-Saint, prophète eschatologique chargé de mener au salut.. Jésus s’est laissé interpellé comme Maître, on lui a demandé d’intervenir dans des questions d’ordre juridique et de résoudre des controverses 983 ; il a chargé ses disciples de le devenir à son tour mais sans en prendre le titre à lui réservé 984 , en le faisant en son nom 985 . Ces maîtres deviennent alors par l’Esprit des catéchètes charismatiques 986 .’

Le bouleversement apporté par l’évangile au travers de la médiation unique et à chaque fois singulière entre Dieu et l’homme en Christ, fait donc passer le lieu de la vérité de la représentation abstraite, du plérôme, au coeur même de l’homme.

C’est donc ici que l’universel rejoint et épouse le singulier. Par rapport à une quête qui chercherait le lieu de sa résolution et de sa révélation dans le savoir savant, ce déplacement du centre et du lieu de la vérité, de l’abstraction au coeur, déplacement propre à l’évangile, va donc décentrer à son tour le regard du pédagogue ou de l’éducateur.

Ce centre donc n’est non plus la théorisation sur l’apprentissage mais le fait même de l’apprentissage, de la conversion, de la sanctification, l’acte devient prioritaire sur la cohérence conceptuelle, ou la référence éthique, fût-elle religieuse, biblique ou évangélique. Mais l’acte lui-même devient second en rapport à la grâce d’accueillir en premier le don Dieu, le don d’un médiateur nouveau, pour une réconciliation de l’homme avec lui-même, avec les autres, et son prochain, réconciliation avec Dieu. Ce qui devient, en tout cas, prioritaire n’est pas le discours su Dieu, ou sur la justice, mais la mise en pratique de la parole de Dieu et la soif de la justice, l’incarnation du verbe dans les actes de sa vie, ce qui brise irrémédiablement, irréversiblement pour celui qui accueille cette grâce et en vit, les rapports de coalition qui pourraient exister entre savoir et pouvoir et qui supposaient un ésotérisme et un exotérisme en dialectique l’un avec l’autre, et qui expliquaient le règne pédagogique de la transposition didactique.

‘Alors Jésus parlant à la foule et à ses disciples dit :’ ‘Les scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse. Faites donc et observez tout ce qu’ils vous disent : mais n’agissez pas selon leurs oeuvres. Car ils disent, et ne font pas. Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements, ils aiment la première place dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues ; ils aiment à être salués dans les places publiques, et, à être appelés par les hommes, Rabbi, Rabbi. Mais vous ne vous faîtes pas appeler Rabbi ; car vous n’avez qu’un Maître, qui est le Christ. Et vous êtes des frères. 987

Le Christ n’est pas transposable selon une transposition didactique, puisque, selon ses propres paroles, nul ne vient au Père que par lui 988 , puisque aussi le chemin pour accéder à Dieu a été accompli par lui et n’est donc plus à accomplir.

Toute hiérarchie ne saurait être qu’une hiérarchie des différents ministères, mais non une hiérarchie humaine entre les hommes qui sont appelés à être reliés les uns aux autres dans les mêmes liens de l’amour qui les unissent au Christ, qui donna sa vie pour chacun.

Cette hiérarchisation ne se justifie pas en dehors d’une grâce, à laquelle chacun est invité à répondre.

Le sacerdoce (étymologiquement faire le sacré ) est universel 989 chacun reçoit son propre ministère. Toute responsabilité vis à vis des autres est service, et, un lien de fraternité au delà des législations, des règles et des lois, uni désormais les hommes convertis à cette vie nouvelle, par la vie nouvelle, en communion d’église. 990

Ce qui unit donc les hommes est de l’ordre du prix de l’homme, du prix de Dieu, du prix de la vie, et non premièrement d’un savoir sur la vie, sur l’homme ou sur les choses. Ce fut au contraire d’avoir goûté de l’arbre de la connaissance du bien et du mal qui fit chuter Adam et Ève. Ce qui va ouvrir le chemin, désormais, tient de l’initiative de Dieu, qui, le soir venu, cherche ses créatures et ne les trouve pas, cette quête de l’homme menée au travers du récit biblique, aboutit à l’évangile, qui, à l’autre bout du récit biblique, explique et révèle l’objet de cette recherche sa concrétisation, dans la personne de Jésus, arbre de vie. 991

Ce qui unit les hommes est donc de l’ordre de la vie premièrement posée par Dieu lui même et non des qualités personnelles de chacun.

Le prix qui unit les hommes les uns aux autres est le Christ lui-même, Dieu en personne, et non une connaissance sur Dieu, non pas un dieu concept, ou pur esprit, mais Dieu qui se fait homme et qui rencontre chaque homme au coeur même de son existence en se dépouillant de ses attributs divins, en se faisant serviteur de tous jusqu’à mourir sur la croix. 992 Dans le même évangile de Matthieu que nous venons de citer, Jésus poursuit en ces termes.

‘Mais vous, ne vous faîtes pas appeler Rabbi; car vous n’avez qu’un Maître qui est le Christ. Et vous êtes frères. Et n’appelez personne sur la terre votre père; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faîtes pas appeler directeurs; car un seul est votre Directeur, le Christ. le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé 993
Notes
947.

DESCARTES René “Règle pour la direction de l’esprit.” (1628) F Vrin Paris 1994 ; (152 pages).

948.

AVERROÈS “Discours décisif” Introduction de Alain DE LIBERIA. Traduction inédite de Marc GEOFFROY Flammarion Paris 1996 ; (247 pages).

949.

Dans la tradition arabe musulmane, dès les origines, la question était de savoir quelle était la part de l’homme dans sa destinée. Elle opposa dès l’origine, les qadarites qui croyaient qu’il revenait à l’homme de disposer librement d’une part de ses actes et les jabarites partisans de la prédestination totale.

950.

DE LIBÉRIA In AVERROÈS Ibidem ; page 88

951.

SARTRE Jean Paul “Radioscopie du 7 Février 1973” - interviewé par Jacques CHANCEL in CHANCEL Jacques “Radioscopie “; éditions de poche 1975 ; (pp 187 à 215).

Ce texte d’une interview est particulièrement significative du SARTRE (1905-1980) révolutionnaire des années 1970, qui refusera le prix Nobel de littérature en 1964 et qui fonda le journal “La cause du Peuple” puis “Libération” jusqu’en 1974.

952.

MAO TSETOUNG “ Cinq essais philosophiques “ Édition originale : Éditions du Peuple Pékin 1965. Traduction :Éditions en langues étrangères Pékin 1971 ; (pages 38 et 39). “ De la pratique Juillet 1937

953.

Les trois raisons développées par SAINT THOMAS D’AQUIN qui font obstacle à l’idée que la raison puisse seule épuiser les voies de la connaissance de Dieu sans la révélation, sont rappelées par Alain DE LIBÉRIA in

AVERROÈS “Discours décisif” Introduction de Alain DE LIBERIA. Traduction inédite de Marc GEOFFROY Flammarion Paris 1996 ; à la page 209. La première raison est celle du tout petit nombre qui aurait accès à Dieu. La seconde raison serait celle du temps et de la difficulté qui serait nécessaire à accéder à la connaissance. La troisième raison serait celle d’une humanité demeurant dans les ténèbres à cause de la difficulté de l’approche et l’impossibilité d’une approche naturelle.

DE LIBÉRIA se réfère à THOMAS D’AQUIN “Somme contre les Gentils “ livre chapitre 4

DE LIBÉRIA signale que les cinq arguments développés par ailleurs par THOMAS D’AQUIN pour justifier de la nécessité pour les hommes de recourir à la foi, reprennent explicitement cinq arguments du “Guide des égarés”.

“Il y a des choses que nous pouvons parvenir à connaître aussi dans cette vie, comme comme celles que l’ont peut prouver de Dieu par la démonstration. Mais au commencement il faut croire comme le montre Rabbi Moïse à l’aide de cinq arguments : 1/ Le premier est la profondeur et la subtilité des objets de connaissance qui sont tout à fait éloignés des sens ; c’est pourquoi l’homme, au commencement, n’est pas capable de les connaître parfaitement. Le deuxième est l’extrême faiblesse initiale de l’intellect humain. Le troisième est le grand nombre de choses qui sont exigées comme préalables à démonstration, que l’homme ne peut apprendre que sur un temps très long. Le quatrième est l’absence de prédisposition à la connaissance qu’il y a chez certains hommes, du fait de la grossièreté de leur tempérament. La cinquième est la contrainte par les activités destinées à pourvoir aux nécessités de la vie. Il ressort de tout cela que, s’il fallait recevoir seulement par la démonstration tout ce qu’il est nécessaire de connaître à propos de Dieu, très peu d’hommes pourraient y parvenir, et même pour eux cela demanderait un long temps.”

Finalement il y a dans ce texte des convergences frappantes et surprenantes avec Saint ANSELME qui exprime la nécessité d’une intelligence, mais d’une intelligence moins catégorielle que priante, élucidatrice du mystère de la foi.

954.

FAROUKI Nayla “La foi et la raison - La fin d’un malentendu “ Flammarion Paris 1996 ; (322 pages).

C’est le reproche majeur que nous pouvons faire à l’ouvrage récent de FAROUKI Nayla qui se contente de montrer les relations entre acte de foi et tout développement rationnel. Il n’existe pas de raison sans acte de foi, certes, nous rejoignons son analyse ; mais encore faut-il préciser que l’acte de foi n’est pas forcément de même nature selon la révélation à laquelle il se réfère.

955.

Genèse XXV 27 à 34 Genèse XXVII 1 à 40

956.

Matthieu XIII 44 45, 46

957.

Luc XV 11 à 32

958.

Matthieu X 39 voir Luc XII 16 -21

959.

Jean I 49

960.

Jean III 1 et suivants

961.

Jean III 1

962.

In Discours Décisif (51) op. cit .pages 152 153

963.

GUSDORF Georges “Les sciences de l’homme sont des sciences humaines “ Publications de l’Université de Strasbourg - Strasbourg 1967; (290 pages).

964.

Ibidem ; ( à la page 268 ).

965.

Matthieu XIII 16 à 20

966.

Matthieu VII 7 à 11 voir Luc XI 9 à 15

967.

Matthieu IX 35 , XIII 54 ( = Marc VI 2 = Luc Iv 15) ; Marc I 21 s ( = Luc IV 31 suivants )

968.

Matthieu XXI 23 ( = Marc XII 35 = Luc XX 1) ; Luc XXVI 55 ( = Marc XIV 49) Luc XIX 47

969.

Matthieu V 2 Marc VI 34 Luc V 3 ; XIII 26

970.

Matthieu VII 29; Marc I 27 ; XI 28

971.

Jean VII 16 suivants ; VIII 28 ; cf VI 44 suivants

972.

Romains XII 7 ; I Corinthiens XIV 26 -

973.

I Jean II 20, 27

974.

Actes II 42 ; V 28 ; XIII 12 ; XVII 19 ; Romains VI 17 ; XVI 17

975.

II Timothée IV 2 suivants ; Hébreux VI 2 ; II Jean IX suivants

976.

Matthieu XV 9 ; ( = Marc VII 7)

977.

I Corinthiens XII 28 suivants . Éphésiens IV 11

978.

I Timothée I 10 ; IV 6 ; VI 3 . II Timothée IV 3 ; Tite I 9 ; II 1

979.

Matthieu XVI 12 ; Éphésiens IV 14 ; Colossiens II 22; I Timothée IV 1 . Apocalypse II 14 suivants 24

980.

Jean I 38 ; Jean XX 16

981.

Luc 24, 45 ; IX 33, 49 ; XVII 13

982.

Probablement s’agit-il, d’après les spécialistes, de la secte des esséniens mentionnée par JOSÈPHE et PHILON, constituée de juifs dissidents, était établie en ce lieu à 13 km au sud de Jéricho sur la rive nord-ouest de la mer Morte, là où les fouilles ont mis à jour en 1947, des écrits révélateurs enfouis dans une grotte. (Note personnelle).

983.

Matthieu XXII 24 ; Luc XII 13 suivants

984.

Matthieu XXIII 8 ;XVIII 20 ; Marc XIV 14

985.

Actes IV 18 ; V 28

986.

Jean XIV 26 ; Actes XIII 1 ; I Corinthiens XII 28 ; Éphésiens IV 11

987.

Matthieu XXIII 1 à 9

988.

Jean XIV 5 à7

989.

Se rapporter à la prière dite sacerdotale Jean XVII op. cit.

990.

Lorsqu’il marque une hiérarchie entre les ministères dans l’église, comme lorsqu’il hiérarchise les dons reçus par l’Esprit-Saint, saint Paul ne fait jamais mention de la qualité personnelle de chacun mais signale que ce don et ce ministère doit servir l’édification de tous. I Corinthiens XII articule la qualité des dons et la qualité des ministères à la notion d’église en tant que corps du Christ et ce texte précède le chapitre XIII et le fameux épître à l’amour.

991.

L’arbre de la vie s’oppose bibliquement à l’arbre de la connaissance du bien et du mal du livre de la Genèse. L’arbre de la connaissance du bien et du mal lorsqu’il est goûté en désobéissance à l’ordre de Dieu provoque la chute de l’homme. L’arbre de la croix (les premiers chrétiens l’opposaient à l’arbre de la connaissance du bien et du mal? Intéressant dans la perspective de l’opposition que je souhaitais faire.). Nous pourrions ainsi suivre le cheminement de cette notion d’arbre qui présage de la création nouvelle dans certains textes bibliques.

Les textes du psaume I 3 Jérémie Jérémie XVII 8 ou d’Ésaïe XL IV 4 de l’arbre au bord du courant d’eau.

La branche de l’amandier vision de Jérémie (I 11).

Le sycomore sur lequel grimpa Zachée (Luc XIX et suivants) ou le figuier de Nathanaël symbolisant ici la connaissance, l’étude, Israël ( Jean I 45 et suivants).

Le cep et les sarments dont parle Jésus pour définir sa relation aux disciples. (Jean XV 1 et suivants).

La parabole du figuier et de la vigne (Luc XIII 6 à 9), le figuier sans fruits, et maudit par Jésus. (Matthieu XXI 19 Marc XI 21)

Enfin, la comparaison du figuier pour évoquer la venue du royaume (Matthieu XXIV 32 ; Marc XIII 20)

992.

Philippins II 5 à 11 op. cit “Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel existant en forme de Dieu n’a pas regardé comme une proie à arracher d’être égal à Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant la forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes; et après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort sur la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux sur la terre et sous la terre, et que toute langue professe que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire du Père . “

993.

Matthieu XXIII 8 à 11