20 Dieu médiateur de lui-même en Christ.

Thomas, lorsqu’il demande à voir pour croire, comme les autres disciples avaient eu la chance de voir avant lui, ne cherchait pas, tel ARCHIMÈDE, une explication rationnelle à un phénomène physique, vérifiable, reproductible à condition expérimentale analogue. Il ne cherchait pas un théorème, mais une personne.

Cependant, il cherchait bien, comme ARCHIMÈDE, à vérifier quelque chose : Jésus avait-il bien, réellement, traversé la mort ? Ou cela n’était-il qu’une apparence, une idéologie, idée, dont plus tard le docétisme s’emparera pour en faire sa doctrine.

Thomas cherche une raison d’espérer, de croire, que Christ a vaincu la mort, et se dit sans doute, alors, que cette espérance devenue certitude rejaillira sur lui. Pour vérifier, il demande à voir, à voir Jésus, à la fois vivant et meurtri de cicatrices. C’est à dire lui signifiant en sa seule personne, le passage de la mort à la vie. La réalité de sa mort, la réalité de sa résurrection.

Le médiateur de lui-même, est Dieu lui-même.

Le Christ, encore marqué des stigmates de sa crucifixion et de son martyr, ce Christ, tel qu’il appelle, entend Thomas, écoute son appel, et, viendra vers lui.

Cette rencontre avec la source qui va vérifier sa foi, à l’inverse de ARCHIMÈDE, ou du savant chercheur contemporain mettant son hypothèse à l’épreuve de sa méthode, Thomas, ne pourra pas la programmer, la reproduire, la convoquer. Cette rencontre ne se produit qu’une seule fois, et, en tout cas, pas à partir de son initiative, même si elle est dans le texte évangélique réponse à son interrogation, presque son appel, mais elle est décisive. Car le vérificateur, le médiateur, est la source de sa foi. Et c’est sa raison d’espérer, elle-même qui se présente, devant lui.

Il reste “théoriquement” 1104 plausible, même si bien difficile, ou même impossible, à imaginer, que Thomas ne soit pas convaincu par la rencontre surnaturelle qui est la sienne. Sa liberté d’adhérer ou non à ce qu’il voit, reste bien entière.

Il reste surtout que cette liberté est rendue possible à partir du “je” manifesté par Dieu. La relation “je” à “tu” qui s’instaure.

Notes
1104.

Mais ce mot ici a-t-il encore un sens ? Nous pourrions également employer à sa place le mot “objectivement”.