21 Cheminement autre pour une médiation nouvelle

Le chemin, la vérité, la vie, en la personne de Jésus qui inspire et accomplit l’écriture, proposent donc une rupture. Cette rupture est également répercutée sur le temporel.

Les temps, bibliquement, sont soumis à l’oeuvre divine, donc au Christ dont la résurrection et l’ascension signifient son Règne sur toutes choses. Il y a là rupture avec la représentation classique et grecque des choses qui soumettait les dieux eux-mêmes au destin.

‘Pour Hésiode, les Moires étaient au nombre de trois, toutes filles de Nyx, (la Nuit) : Clôtho, (la fileuse); Lachésis (le Sort) et Atropos (qu’on ne peut tourner). Il illustre par là même l’ambiguïté de leur rôle : obéissent-elles à Zeus, ou Zeus à elles ? Les dieux pouvaient-ils transgresser la loi des Moires ? Nombre d’auteurs les considèrent comme plus puissantes que les dieux eux-mêmes ; Homère et Virgile représentent en effet, tous deux Zeus, tenant une balance parfaitement équilibrée pour connaître les ordres du destin, plaçant sur chaque plateau les sorts respectifs des héros et voyant ainsi de quel côté la balance penche.Sous ce jour, Zeus apparaît comme l’exécuteur du destin plus que comme principe déterminant. (...) Eschyle dans son Prométhée enchaîné, nous dit, de même, que Zeus est soumis aux lois du destin. Dans une tradition grecque plus récente, le nom de Clôtho donna naissance à l’idée que l’on se fait des Moires : trois vieilles femmes filant la destinée des hommes : l’une étirait le fil, la deuxième le mesurait, la troisième le coupait. 1105

La Bible énonce Dieu dans les événements de l’histoire des hommes; ainsi sa pédagogie, l’accompagnement qui est le sien, se déroule dans cette histoire ; et le temps se fait instrument entre ses mains pour une éducation, un enseignement, par une révélation. Au fil du chemin Dieu accentue cette révélation jusqu’à se manifester en Christ, qui est le médiateur exclusif entre Dieu et l’homme.

Le message de l’évangile, la Bonne Nouvelle du salut et du Royaume, signifie que si le temps n’a pas prise sur Dieu, en Christ, selon la création nouvelle, par la médiation exclusive du Christ, la promesse est faite qu’il n’a plus prise désormais non plus sur l’homme également, en tout cas celui qui en accepte et accueille la grâce. Jésus est, en effet, bibliquement l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.

Il augure et accomplit l’écriture, dont il est la source ... et l’embouchure. Il augure et accomplit le don gratuit, selon le cheminement de l’alliance, de lui-même à Noé, de Noé à lui-même. De l’ordre naturel du monde, à l’élection d’Abraham et d’Israël, à l’irruption du Règne de Dieu dans le monde. Il est donc le premier né de la création nouvelle. Il est encore celui par qui l’invitation au Royaume pour tous est rendue possible pour tous. Il est enfin celui qui augure d’un lien nouveau d’amour entre les hommes, par son sacrifice sur la croix. Il est celui qui inspire cette relation nouvelle, par le don l’Esprit-Saint. Il est celui qui transforme toute souffrance, tout sacrifice en grâce et joie du fait de sa victoire sur la mort, le don de la vie éternelle. Il est celui qui introduit l’homme dans la communion du Règne faisant passer de la conscience du règne de Dieu au règne avec Dieu, en communion d’amour de dons gratuits, de pensée et d’actes avec lui Communion rendue possible par l’Esprit-Saint et dont l’eucharistie fait signe mémoire.

Différentes images bibliques, évangéliques, parlent de la personne de Jésus pour l’évoquer : la lumière, l’arbre de vie, le pain vivant descendu du ciel, l’eau vivante, la parole de vie, la vie éternelle, l’étoile du matin, le cep, le prince de la paix, le chemin, la vérité, la vie, la porte, le bon berger, l’agneau de Dieu, grand prêtre selon l’ordre de Melchisédek, le maître, le surgeon, le rameau, le premier né, le fils unique, fils de Dieu, fils de l’homme, fils de David, l’Emmanuel qui signifie Dieu avec nous. Ces images renforcent et soulignent, définissent même cette notion de médiation, singulière, exclusive pour la transfiguration d’une création nouvelle. Elles renvoient chacune, et surtout par leur association, à cette notion de mouvement, de passage de recréation.

Notes
1105.

“DICTIONNAIRE de la mythologie “ Michael GRANT John HAZEL 1975 Seghers Paris ; page 114 (au mot : destinée).