3 De la Trinité à l’Eucharistie : la vie non le concept

Peut-on théoriser sur la Trinité ? Rien, nous l’avons dit, dans le texte évangélique, n’est de l’ordre d’une théorisation sur ce point, mais tout y est par contre évocation d’une parfaite communion. Et pourtant, les chrétiens ne tardèrent pas à discuter, à s’empoigner même, autour de l’interprétation du mystère trinitaire, lui plaquant les catégories philosophiques des grecs. Plus que le contenu des différentes assertions, ce fut le fait même de cette tentative de réductionnisme théorique qui contribua à définir, par opposition, une voie dite orthodoxe, une autre dite catholique. Le dialogue des premiers siècles entre chrétiens porta sur la consusbstantialité (homoousia) du Père et du Fils.

Si ARIUS (280-336) donna naissance à l’arianisme 1209 qui séparait la nature du Fils de celle du Père, NESTORIUS (380-460 ?), un siècle plus tard, rendit plus subtile la nuance en dissociant à l’intérieur du Christ même, la nature divine de la nature humaine. Ainsi, pour NESTORIUS, Marie est mère du Christ ( Christotokos ) mais non mère de Dieu (Théotokos). Si l’arianisme fut condamné au concile de Nicée en 325, puis à celui de Constantinople en 381, le nestorianisme fut également à son tour, condamné au concile d’Éphèse en 431. EUTYCHÈS (378-454) reprenant les thèses de APOLLINAIRE de Laodicée (310-390) aux antipodes de l’arianisme, développa, contre NESTORIUS, la thèse selon laquelle la seule nature du Christ était la divine. Sa doctrine fut certes condamnée en 448, réhabilitée lors du brigandage d’Éphèse en 449, avant d’être à nouveau condamnée au concile de Chalcédoine en 451. Cette thèse, dite du monophysisme, fut reprise par le moine SÉVÈRE d’Antioche (465-538), sous une forme plus nuancée. 1210

SABELLIUS (début du III° siècle), avait précédemment défendu une position plus strictement rationaliste encore, selon laquelle le Père, le Fils et le Saint-Esprit seraient trois modes de Dieu. Il donna naissance au sabellianisme. Lui même fut excommunié par CALIXTE premier vers 217, et sa doctrine fut également condamnée au concile de Constantinople.

Lorsque CYRILLE d’ALEXANDRIE (376-444), instigateur de la condamnation de la doctrine de NESTORIUS en 416, au concile d’Éphèse, se décida à parler du mystère trinitaire, il ne put écrire autrement que sous la forme d’une suite dialoguée. 1211

En fait, le sabellianisme, l’arianisme, le monophysisme, et le nestorianisme, feront naître, le plus souvent par opposition, dans l’église d’orient comme dans celle d’occident, par besoin de clarification, l’affirmation de deux doctrines, l’une orthodoxe, l’autre catholique, tentant l’une et l’autre, moins de théoriser que de rendre, par la profondeur le sens du mystère trinitaire. Notons qu’il reste cependant aujourd’hui les séquelles d’un débat autour du Filioque. Le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, c’est le Filioque, pour l’église romaine. Le Saint-Esprit procède du Père seulement, pour l’église d’orient, toujours fortement influencée par l’arianisme.

Il apparut, avec force acuité, un même type de débat, plus de mille ans après ARIUS, au moment de la réforme, mais, concernant, cette fois-ci, l’eucharistie.

À la transubstantation 1212 du pain et du vin, doctrine officielle du catholicisme, LUTHER (1483-1546) opposa la consubstantation 1213 , mais, ZWINGLI (1484-1531) quant à lui, ne voyait dans le pain et le vin que des symboles et s’opposa donc aux thèses de LUTHER au colloque de Marbourg en 1529 1214 . Quant à CALVIN (1509-1564), s’il rejoignit en partie LUTHER en accentuant l’aspect d’une présence réelle mais spirituelle du Christ, dans les espèces, il fut plus souvent réduit par ses héritiers aux positions eucharistiques purement symboliques de ZWINGLI.

Certes, derrière ces différentes assertions théoriques se jouaient des réflexions sur le sens du culte ou de la messe 1215 , et donc aussi du sens de l’église et du ministère. Mais l’essentiel n’est-il pas, souvent, au fil du débat, oublié, refoulé, ignoré ? L’essentiel n’est-il pas ailleurs que dans les arguments des uns et des autres, mais, sans doute, dans le fait même de l’existence d’un tel débat. La question pourrait devenir : Ce débat existerait-il sans le mystère qui le fonde ?

Et, si l’essentiel, donc, était dans ce mystère biblique, mystère christique, entraînant inéluctablement cette incapacité humaine à dire avec des concepts ce qui par définition ne revêt pas des concepts humains, mais qui les transcende, mais qui est de l’ordre du don de Dieu, de l’amour gratuit, de communion profonde, d’espérance du Royaume, d’invitations réciproques.

Peut-on rendre par des concepts l’amour de l’époux pour l’épouse, de l’épouse pour l’époux ?

Pour nous persuader, si besoin est, de la distance entre les débats pseudo-théologiques et la réalité du mystère, pensons à l’extravagance que pourrait constituer, pour vérifier les différentes assertions concernant l’interprétation de la cène ou de l’eucharistie, l’application de la célèbre méthode expérimentale de recherche en biologie du physiologiste français Claude BERNARD (1813-1878) qui faisait partir toute recherche d’une théorie explicative des phénomènes biologiques, d’une procédure expérimentale immuable, où se succédaient six temps : au temps d’observation, succédait celui de l’émission de l’hypothèse, une fois celle-ci posée il fallait mettre en place l’expérimentation chargée de la vérifier, il fallait ensuite analyser les résultats, ces résultats posés il fallait encore les interpréter, enfin, il fallait émettre une conclusion qui confirmait, infirmait, ou faisait rebondir l’hypothèse initialement posée.

La méthode qui prévaut dans la recherche des lois biologiques selon un principe de compréhension de la réalité des phénomènes organiques, laisse, dans la révélation biblique, la place à l’Esprit-Saint qui soufflant où il veut, indépendamment donc de la maîtrise de l’homme mais, par grâce non de sa volonté, car se laissant saisir, et qui témoigne du royaume de Dieu futur et présent, selon un tout aussi réel rapport à la vérité.

À l’évidence, l’essentiel du mystère de la cène, de l’Eucharistie, comme celui de la trinité, rejoint le mystère de la foi, et non celui de la biologie expérimentale. Ce mystère de la foi est signalé par l’évangile comme fondateur et comme précédant toute croyance. Ceci n’empêche pas de fait, que, comme toute démarche humaine,la recherche scientifique suppose également un rapport à une foi, à une croyance, mais souvent cachée et non explicite, l’axiologie. L’observation qui semble augurer de la démarche scientifique est-elle même orientée, hors schéma sinon par une hypothèse du moins par une foi, ou une référence qui oriente cette observation. Mais la question du scientifique reste celle de l’explication rationnelle phénoménologique, cohérente à partir de la question : “ Comment cela marche-t-il, comment cela se peut-il, ou encore comment cela peut-il se reproduire à condition identique d’expérience ?”.

L’observation en science expérimentale est donc essentielle et première, elle est la voie qui conduit à l’hypothèse et à l’explication.

Dans la “démarche” de la foi du chrétien, la question est d’abord celle de l’adhésion ou non à la bonne nouvelle de l’amour de Dieu. L’observation, comme d’ailleurs l’explication même sont donc ici secondes, il s’agit moins d’expliquer que de choisir la vie plutôt que la mort, l’amour plutôt que l’indifférence, la communion avec Dieu et les hommes, en Dieu, en Christ, en église, plutôt que l’individualisme, le pardon plutôt que la rancoeur et la vengeance, etc ....

On peut dire autrement que, toute initiative humaine, toute quête, toute recherche, philosophique, scientifique, théologique, mystique, pédagogique, ou autre, se prédispose à établir un rapport certain à la vérité dont dépendent ses assertions, et ses méthodes, comme l’importance qui leur est dévolue dans la démarche. On peut dire également, que la perspective biblique subordonne la recherche méthodologique, scientifique, à la foi, à son mystère, aux convictions qu’elle fait naître comme au prix qu’elle fait accorder aux choses, à la valeur, comme surtout à la relation entre Dieu et l’homme qui fait naître et questionne cette valeur.

Une perspective chrétienne ou plus simplement biblique saurait donc infléchir la recherche d’un scientifique dans une direction plutôt que dans une autre. En amont de l’hypothèse, elle infléchit, elle inspire celle-ci. Les méthodes pour rechercher n’étaient-elles pas déjà présentes chez les grecs ? Mais l’évangile leur a ouvert un espace nouveau d’investigation.

Comment s’étonner alors que les progrès scientifiques conduisant à guérir des maladies, à soigner, dans les hospices, à éduquer dans des écoles publiques ouvertes à tous, aient vues le jour au coeur des sociétés, de la civilisation chrétienne.

Parmi de nombreux évidents exemples ne citons que la découverte de vaccins, la recherche médicale, la découverte de langages pour relier aveugles sourds et muets, malvoyants et malentendants au monde des dits normaux, la recherche permettant de guérir soigner les handicaps, les recherches en biologie organique et sciences géologiques qui permettraient d’imaginer voir un jour fleurir et se fertiliser les déserts, l’aménagement du temps et de l’espace, la protection de la nature, l’ouverture de l’univers scolaire sur la vie, celui de l’univers carcéral sur la perspective éducative etc ... Ce n’est donc pas tant la méthode scientifique qui est questionnée par la Bible mais une place autre est attribuée à celle-ci, cette place est seconde ...

L’initiative de l’homme, réponse à l’appel de Dieu, bibliquement, prime sur la méthode. L’homme échappe ainsi à la dictature méthodologique, ou, au monopsychisme qui considéreraient la vérité dans le plérôme scientifique supposé clôt sur lui même et tout puissant règlementataire des esprits.

L’action prime ici sur le savoir, comme la parole sur le discours. Dieu est tout autre, mais il parle, et il parle à chacun. Se trouve ainsi réhabilité le geste “singulier” de chacun et son prix, puisque c’est lui que Dieu, et, tout Dieu, est venu visiter, épouser en Christ, parfaitement Dieu, parfaitement homme. Ainsi, d’une certaine façon, par ce mystère de la rencontre personnelle avec Dieu toute conversion est une autodidactie puisque, depuis Noé à Abraham, de Moïse à Élie, d’Ésaïe à Jean-Baptiste, de Pierre à Paul, la parole a circulé jusqu’à nous par des êtres singuliers, et conduit chacun à rencontrer Dieu et les hommes dans une communion nouvelle en Christ.

Pour la révélation chrétienne, la communion dite d’église selon le lien de l’amour, en Christ, prime sur la communauté scientifique selon le savoir théorique et savant. L’enseignement de la foi prime sur l’enseignement de la science, le savoir n’a de sens que s’il conduit les hommes à mieux vivre, à mieux aimer, et mieux écouter leurs semblables. Chercher à savoir aimer, à comprendre l’amour de Dieu, chercher à aimer comme Dieu aime le premier, le plus petit le plus faible, le prochain, entendre la volonté de Dieu, faire une place à l’esprit saint, autant d’exhortations pour tout chrétien. Il nous semble donc, à partir de cette analyse, que loin de brider, le message biblique, devrait, s’il était bien entendu par le chercheur scientifique chrétien, inspirer sa démarche, la soulageant même en amont, de toute quête de pouvoir de l’homme sur l’homme, d’idéologie rampante, la prévenant des dangers que l’homme lui-même peut construire à lui-même. Mais la foi, qui rejoint l’homme de bonne volonté, ne se décrète pas, pour tout chercheur ou tout applicateur d’une découverte.

C’est à ce risque d’incompréhension et de récupération que s’expose le chercheur chrétien comme tout témoin, à la suite du Christ qui s’exposa lui-même jusqu’à la croix, et dont le message s’expose aujourd’hui à toutes sortes de tentatives de confiscations à des profits singuliers. 1216 À l’inverse, il est tout aussi, sinon stérile, du moins inopportun de penser le sens de la sainte cène, et de l’eucharistie, voire de la trinité, en termes de rapports parfaitement théorisables concernant les substances, les espèces. Certainement, ces débats cachaient, de fait, des problèmes théologiques d’une autre envergure. Ainsi certaines dérives de l’église primitive conduisaient à substituer un principe théorique au mystère de la foi et de l’incarnation, ce fut la gnose, qui obligea les Pères de l’église à préciser les choses. 1217 Les choses se précisent donc historiquement postérieurement à la Bonne Nouvelle annoncée et la référence canonique accordée aux textes évangéliques, comme à l’ensemble des textes bibliques.

Les différents conciles ne discuteront d’ailleurs sur ce sujet, jamais que des questions que nous pouvons considérer de détail. Si le concile de Trente (1545 - 1563 ) fixa le canon biblique catholique, à partir de la Vulgate, et reconnut les livres deutérocanoniques, cette distinction ne nous semble pas d’une importance vraiment capitale. Les deux premiers conciles dits oecuméniques, celui de Nicée en 325, et surtout, plus expressément celui de Constantinople en 381, condamnant l’arianisme déclarèrent l’égale divinité des trois personnes de la sainte Trinité. 1218 Il s’agissait dans ces conciles moins de théoriser que de répondre à des tentatives de théorisation jugées réductrices du mystère. Ainsi, également, mais d’autre part, selon un autre mouvement, la doctrine de la transubstantation des espèces justifiait, au concile de Trente 1219 , la nécessité théologique pour les catholiques romains de réitérer en église le sacrifice du Christ.

Les positions réformées, elles, signifiaient plus conformément aux écritures, le fait que le sacrifice avait eu lieu une fois pour toutes.

La polémique nous semble moins recouvrir de vrais arguments, d’ordres théoriques ou scientifiques, que de tenter de justifier de part et d’autre des arguments théologiques se posant comme les interprètes privilégiés, d’un mystère au sens biblique, c’est à dire une grâce absolue et insondable venant de Dieu dont l’homme rend témoignage.

Fuyant les polémiques théoriques et théologiques, l’église orthodoxe vit aujourd’hui, l’eucharistie, comme un moment solennel de transfiguration, au coeur de la liturgie, un transport de la communauté au Royaume de Dieu, moment de communion au delà du temps et de l’espace avec tous les croyants, tous les saints, tous les serviteurs de Dieu, les anges, les vivants et les morts.

Il reste pour conclure ce paragraphe, que les débats strictement théoriques sur le sens à donner à la cène ou à la trinité, semblent voué, dans la chrétienté, à ne réveiller que des polémiques.

Avec le recul de l’histoire ils peuvent paraître même bien désuets. Et pourtant ils expriment tout le désarroi de l’humanité chrétienne devant quelque chose qui la dépasse et qu’elle tente de rationaliser à partir des catégories d’une pensée extra-biblique.

La première raison de cette impasse pourrait être dans cette référence extra-biblique qui ne saurait se substituer à la raison intrinsèque d’un message qui ne veut, selon sa contexture, s’élucider, que par lui-même, en lui-même.

La seconde raison est plus incontournable, elle pourrait en être qu’au centre du débat, il y a le mystère de l’incarnation et un amour sans mesure déversé par Dieu envers les hommes, de là, la simplicité du kérygme qui fonda la foi chrétienne “Jésus Christ est Seigneur à la gloire du Père “.

On ne “catégorise” pas l’amour “fou” du sacrifice de Dieu, on en vit.

Notes
1209.

L’arianisme donna naissance à la suite de ARIUS à trois courants repérés théologiquement comme suit en trois familles distinctes :

Les homoiousiens pour qui les substances du Père et du Fils étaient semblables mais non identiques.

Les homéens, pour qui une certaine similitude était admise entre Fils et Père, mais non substantielle.

Les anoméens pour qui la différence entre Père et Fils était radicale.

1210.

SÉVÈRE d’Antioche a, par sa théologie, contribuer à orienter une bonne part de la vie monastique d’Orient. Les églises arméniennes, coptes et éthiopiennes, sont encore aujourd’hui monophysites, comme il reste, nous l’avons signalé, des petites communautés nestoriennes en Iran, Iraq et aux États-Unis.

Bien que s’appuyant sur une part de tradition, et non sur un a priori théorique explicite, les thèses catholiques romaines, non mentionnées par le texte biblique, de l’assomption de Marie officiellement reconnue par Pie XII comme dogme en 1950, et surtout celle de l’immaculée conception, dont le dogme fut défini en 1852 par Pie IX, ne sont-elles pas, comme cela fut maintes fois souligné, des résurgences des thèses monophysistes ?

1211.

CYRILLE d’Alexandrie “Dialogues sur la Trinité “ texte critique traduction et notes par Georges Matthieu DURAND O. P.

Tome I - Dialogues 1 et 2 Le Cerf Paris 1976 ; (409 pages).

Tome II - Dialogues III , IV, V, Le Cerf Paris 1977 ; (470 pages).

Tome III - Dialogues VI et VII Le Cerf Paris 1978 ; (332 pages).Georges Matthieu de DURAND dans l’introduction du livre premier insiste largement sur cet aspect non théorique, se refusant à l’être du contenu des dialogues. CYRILLE se bornant à montrer que le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Le mot hypostase exprime mieux que tout autre cette notion de distinction et de parfaite communion entre les trois personnes de la trinité.

1212.

La doctrine de la transubstantation, doctrine de l’église catholique, suppose que le pain et le vin changent intégralement de toute leur substance lors de l’Eucharistie.

1213.

La consubstantation signifie la présence réelle et simultanée du corps et du sang du Christ dans le pain et le vin de l’Eucharistie. On retrouve cette théorie de la consubstantialité entre Père et Fils dans les tentatives d’explication du dogme trinitaire.

1214.

Malgré la publication commune des articles de Marbourg, l’alliance théologico-politique recherchée entre LUTHER et ZWINGLI échoua sur la question de la cène où le consubstantialisme de LUTHER s’opposa au mémorialisme symbolique de ZWINGLI, de façon irréductible. Johannes HEUSSGEN ou HÜSSGEN (plutôt que HAUSSCHEIN) dit OECOLAMPADE (1482-1531), qui installa la réforme à Berne, tenta bien de concilier les positions eucharistiques, de LUTHER et de ZWINGLI , son ami, en se fondant exclusivement sur l’écriture, et la liberté qu’elle laisse, à chacun, de vivre à sa façon le mystère. En vain.

1215.

La messe liturgiquement reproduit le sacrifice du Christ. Dans le Culte réformé, la Parole de Dieu est annoncée mais la cène ne réitère pas le sacrifice de Jésus accompli une fois pour toutes.

1216.

Au travers de l’histoire des églises se retrouve sans cesse la tension entre l’orthodoxie doctrinale et le contrôle de la recherche humaine, jusque même parfois hors christianisme, autrement dit, entre l’expression légitime de l’opinion de chacun, et le crédo communautaire. Équilibre difficile à tenir, l’histoire le prouve, au travers de douloureuses méprises, douloureux excès. Le catholicisme romain a historiquement voulu contrôler de manière institutionnelle cet aspect des choses, le protestantisme, réduisant l’impact de l’institution ecclésiale, et renforçant la référence biblique, a au contraire davantage misé sur l’expression singulière et le dialogue. “Le protestantisme n’a jamais connu de nihil obstat, d’imprimatur, ou d’index. L’aspiration à la liberté de recherche est, à l’heure actuelle, une des réalités la plus marquante du monde théologique catholique romain mais elle reste une aspiration à laquelle le protestantisme a donné corps depuis longtemps“. in GAGNEBIN Louis et GOUNELLE André “Le protestantisme “ ce qu’il est - ce qu’il n’est pas “ La Cause Carrières sous Poissy 1987 ; (107 p).

1217.

Parmi les mouvements réformés, citons les mennonites disciples de Menno SIMONS ( 1496-1531) prêtre catholique frison gagné aux idées de la réforme. Anabaptistes, strictement biblistes, les mennonites sont antimilitaristes et rejettent toute autorité cléricale. Ils reconnaissent la divinité du Christ, mais rejettent le dogme trinitaire, le considérant comme surajouté au texte fondateur. Leur position ne reconnaît donc pas les positions des quatre premiers conciles dits oecuméniques.

1218.

Rappelons la liste des vingt et un conciles reconnus en catholicisme romain.

1- Nicée I ( 325)

2- Constantinople I (381)

3- Éphèse (431)

4- Chalcédoine (451)

5- Constantinople II (553)

6- Constantinople III (680-681)

7- Nicée II (787)

8- Constantinople IV (869-870)

9- Latran I (1123)

10- Latran II (1139)

11- Latran III (1179)

12- Latran IV (1215)

13- Lyon I (1245)

14- Lyon II (1274)

15- Vienne (1311-1312)

16- Constance (1414-1418)

17- Bâle, Ferrare, Florence (1431-1442)

18- Latran V (1512-1517)

19- Trente (1545-1563)

20- Vatican I (1869-1870)

21- Vatican II (1962-1965)

Rappelons encore que les anglicans reconnaissent explicitement les quatre premiers conciles. Les orthodoxes les sept premiers. Les protestants réformés se réfèrent spécialement, mais sans dogmatiser ces rapports, aux quatre premiers conciles.

Le concile de Vatican II est également une référence pour la plupart des églises chrétiennes.

1219.

Lors de la treizième session du concile de Trente est promulguée en 1551 le dogme de la transubstantation. Auquel succède en 1562 celui du “sacrifice de la messe “.