Survivance contemporaine de la question

Il n’est pas sans intérêt de remarquer dans un premier temps, que la lecture strictement fonctionnelle, comme facteur de l’intelligence humaine, de l’action s’enracine, ou en tout cas, trouve des racines, dans la culture biblique, le fait biblique, tant dans la culture juive que dans le fait chrétien. À la suite des psychopédagogues, pédagogues, psychologues d’origines diverses, dont, entre beaucoup d’autres, l’anglais Herbert SPENCER (1820-1903), les suisses, Édouard CLAPARÈDE (1873-1940), Adolphe FERRIÈRE (1879-1960), Jean PIAGET (1896-1980), les américains William JAMES (1842-1910), John DEWEY (1859-1962), le belge Ovide DECROLY (1871-1932), ou les français, Alfred BINET (1857-1911), Théodore SIMON (1873-1961), Roger COUSINET (1881-1973) ou encore Célestin FREINET (1896-1966), les apports de la psychologie dite fonctionnelle ou encore de l’éducation active ont semblé centrer le regard du pédagogue contemporain, avec cependant bien des modulations, suivant les auteurs, sur le triple aspect fonctionnel, de l’apprentissage, du développement de la personne, et, enfin du “processus” de socialisation.

Signalons que ce grand mouvement pédagogique, dont nous ne nommons que quelques figures évocatrices connues, et que nous pourrions résumer en le définissant, malgré sa grande diversité idéologique, comme étant celui de l’école dite active, de l’école dite pour et par l’enfant, prend son essor vers la fin du XIX° siècle, se développe dans l’entre deux guerres, et trouve un écho institutionnel plus favorable dans notre pays, après les événements de Mai 1968.

Les maîtres à penser d’un point de vue historique, de ce mouvement qui oscille, sans être vraiment , foncièrement semble-t-il "anti-chrétien", entre une ignorance du fait chrétien, et un refus de proclamer tout haut les fondements de certaines de ses valeurs implicites qu’il semble bien y puiser pourtant, sont essentiellement, explicitement et chronologiquement, l’anglais John LOCKE (1632-1704), le franco-genevois Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778), l’allemand Johann Frédérich HERBART (1776-1841). 1249

De John DEWEY qui ne manquait pas, pas plus que LOCKE, ROUSSEAU, HERBART, ou encore, que son protecteur et ami William JAMES de certaines références chrétiennes et bibliques, nous citerons cette quadruple formule qui caractérise ce mouvement fonctionnaliste:”Éducation is life” “Learning by doing” “School is society” “Democracy and éducation” 1250

Remarquons donc à l’origine de ce mouvement fonctionnaliste, instrumentaliste, une certaine référence, mais pratiquement ou totalement implicite au christianisme, et, simultanément comme un enfouissement de son kérygme et une référence à la fonction des choses, par delà et avant le rapport à la foi, comme si la foi s’inscrivait implicitement dans ce fonctionnalisme et n’avait, pour se développer besoin que de références minimales ou inexistantes à l’origine qui la constitue, le texte biblique jugé comme réalité contingente, par certains de ces auteurs. D’où le fait que ce mouvement, davantage encore chez les héritiers des générations suivantes, va progressivement perdre ses racines et références pourtant apparemment, au minimum, d'un point de vue culturel en tout cas, bien chrétiennes.

Nous n’incluons donc pas vraiment dans ce mouvement ainsi défini aussi par rapport à son héritage, ni vraiment dans ses origines, et fort volontairement, bien que les frontières n’en soient pas toujours évidentes, car certaines influences des uns sur les autres, comme certaines influences communes des uns et des autres, sont grandes, et malgré donc la proximité apparente et réelle de certaines de leurs conceptions, ni, par exemple et entre autres, Johann Heinrich PESTALOZZI (1746-1827) 1251 , ni Friedrich FRÖBEL (1782-1852), 1252 ni Maria MONTESSORI (1870-1952) 1253 , ni même Pauline KERGOMARD (1838-1925) 1254 qui nous semblent tenir fortement cas, les uns et les autres, dans leurs recherches pédagogiques respectives, d’une dimension spirituelle plus explicitement ou directement chrétienne, ladite dimension étant en partie, et en tout cas davantage ignorée, voire refoulée, comme enfouie, par les pionniers du siècle dernier et de ce siècle, ainsi que par leurs inspirateurs, que nous venons de citer.

Mais notre ligne de démarcation n’en est pas une, et reste, nous l’avouons, en partie subjective, méritant certainement un approfondissement de ces différents auteurs.

La question, telle qu’elle émerge de la Bible, de par le mystère de l’incarnation, mouvement inversé de Dieu vers l’homme, prenant en compte l’intégralité de l’homme, n’est en effet pas à l’évidence, un refus de la fonctionnalité, mais certainement encore un refus d’une réduction de la dimension relationnelle et éducationnelle à cette seule fonctionnalité, comme, d’autre part, non pas un refus de la dimension spirituelle, mais un refus d’une évasion purement spirituelle, désincarnée, purement méditative contemplative.

Notre époque contemporaine a rencontré comme une difficulté singulière la conciliation entre fonctionnel et spirituel. On retrouvait certes cette difficulté à toutes les époques précédentes. Mais au moins deux faits expliquent la singularité contemporaine : une place de choix accordée à la science et à ses méthodes, aux discours scientifiques, d’une part, et, d’autre part, l’apparition dès le milieu du XIX° siècle, d’une exploitation “industrielle” de l’enfance malheureuse, dépossédée d’elle même et de la famille, l’enfance au travail. Les deux raisons trouvent leur conjugaison dans la gestion gaussienne des populations, et des besoins, sur un modèle monopsychique ne cessant d’ailleurs de s’affirmer depuis, au fur et à mesure de nos progrès techniques .

La dominante pratiquement strictement fonctionnelle est bien celle, aujourd’hui, que tendrait à prendre en compte, chaque jour davantage, dans ses programmes, ses instructions, ses axes de recherche, les questions qu’elle se pose, l’institution scolaire, jusqu’à occulter la question des “finalités introuvables” de l’école. 1255

La dominante strictement spirituelle serait celle que tendrait chaque jour davantage également, à prendre, en réaction, en sens opposé, les mouvements dits sectaires, de certaines écoles parallèles. Ces deux mouvements représentent historiquement, cependant, deux poches de résistance, à la confiscation historique des finalités de l’école, à l’émergence de l’époque industrielle.

Double confiscation : par l’état, d’une part, ou, d’autre part, par la culture classique des humanités, double confiscation le plus souvent associées l’une à l’autre et complices l’une de l’autre. Mais que représentent, entre autres, ou que dénoncent, en tout cas, qu’ont évoqué et, en bout de compte, qu’ont nourri, en les stipulant comme seules références légitimes, plus spécifiquement, en France, CONDORCET (1743-1794), Émile DURKHEIM (1858-1917), Pierre BOURDIEU et André PASSERON 1256 , pour ce qui concerne la confiscation par l’état et ses fins politiques ou économiques, ALAIN (1868-1951), Jacques MILNER, Guy COQ, pour ce qui concerne la confiscation par une certaine idée de la culture. Les controverses autour de l’école ont souvent opposé, partisans d’une école prenant en compte l’unité de la personne et ses besoins fonctionnels, d’une part, que représentaient les courants à tendance spiritualistes, ou fonctionnalistes, et, d’autre part, l’école académique et républicaine que représentaient les courants juste cités.

Ces derniers ont manifestement défendu, et continuent de défendre la notion implicite ou explicite de l’homme double, dissociant l’enfant de l’élève, l’homme du citoyen, le privé du public.

Nous assistons cependant, semble-t-il, devant la recrudescence de la violence, entre autres, dans l’école française, à un retour donc ces dernières années, à une prise en compte de l’enfant, de l’adolescent, dans leurs fonctionnalités personnelles et sociales propres, mouvement enclenché après les événements de Mai 1968, mais ayant connu depuis des fortunes diverses, en fonction de l’évolution de la conjoncture politique, économique et sociale environnante.

La dimension chrétienne, biblique, ne se situe pas vraiment dans ce débat, entre nature et culture, sinon pour introduire l’origine de la pédagogie et de son mouvement dans l’action révélée de Dieu vers l’homme, action accomplie en la personne du Christ.

Les pédagogies humaines ne sont dès lors que des réponses plus ou moins adroites, et ajustées à cette pédagogie première de Dieu.

De fait, cette tension entre spirituel, social, et fonctionnel, trouve son unité dans le message même de l’évangile, par la création nouvelle que Jésus accomplit, et qui appelle la communion d’église dans la dimension trinitaire. L’essentiel de l’éducation biblique chrétienne est donc bien à la fois personnelle et communautaire, en même temps qu’évocatrice de l’espérance du Royaume déjà présent et à venir, pour le monde, sans être du monde, s’inscrivant à la manière de l’enseignement de Jésus, dans les évangiles, premièrement dans la vie, et non premièrement dans le cadre institutionnel. Il reste alors ce paradoxe : ce fut à l’intérieur de sociétés christianisées, à partir du message de Jésus, qui n’enseigna lui même que dans des marges institutionnelles, que naît historiquement l’idée et l’initiative de l’école contemporaine.

Le mystère de l’incarnation rejoint dans sa dimension trinitaire, l’appel du fonctionnel, du social et du spirituel, selon le triple appel, à une guérison, à la communion d’église, à une création nouvelle, à partir, à la façon des psaumes et des liturgies chrétiennes, du cri de l’homme vers Dieu et non du savoir de l’homme sur Dieu, ou sur toute autre chose. Dès lors, la naissance de l’école n’a pas, dans sa dimension chrétienne, pour but, le bon fonctionnement de l’école, la juste distribution des mérites ou des récompenses, ni même exclusivement le bon fonctionnement social, mais avant tout de servir l’émancipation de l’homme, dans le monde social organisé certes, mais aussi au delà de celui-ci, non en rupture donc, avec celui-ci, comme non plus également en parfaite conformité avec celui-ci.

Certes, l’école se développera à partir de la conjonction historique des finalités chrétiennes données à l’éducation par des pédagogues chrétiens, et des besoins sociaux d’une société en développement technique et industriel, mais au fur et à mesure que l’état s’empare historiquement des finalités de l’école, semble grandir, et se manifester, une tension entre trois types de finalités de l’école, les dimensions fonctionnelles, finalités sociales, et les finalités spirituelles, qui tirent désormais chacune dans leur sens.

La prise en compte de l’aspect fonctionnel dans l’éducation semble résolument sinon émerger, du moins se développer fortement à partir de la révélation biblique du mystère de l’incarnation. Dieu s’est fait homme, il a partagé les souffrances des hommes, il a sanctifié l’homme , il a été attentif aux cris des aveugles, à l’appel des sourds, et des boiteux des handicapés de la vie.

L’école contemporaine ne sort paradoxalement pas de cette tension.

D’un côté, le réductionnisme fonctionnel, malgré certains apports indéniables 1257 a du mal a sortir, ou refuse même de sortir, des lois du besoin et fige donc toute la perspective humaine dans l’humanité sans réelle transcendance 1258 .

De l’autre côté, “l’évasion” spiritualiste, malgré le rappel d’un tout aussi authentique besoin de l’homme que le besoin fonctionnel 1259 , risque de sombrer dans les spéculations mystiques, voire ésotériques, et risque ainsi de perdre peu à peu, ou radicalement, la dimension incarnée. 1260

L’un et l’autre, fonctionnalisme, et spiritualisme, ont bien cependant tenté de mettre parfois, souvent même, la personne, l’enfant, au centre de leur préoccupation respective et de leur système pédagogique, mais la tension entre les deux points de vue, et à l’intérieur de chacun d’eux, entre les choses inhérentes aux situations de vie, et le besoin d’une espérance autre, ne trouve pas sa résolution, ni dans leur affrontement mutuel, ni vraiment à l’intérieur de ses mouvements mêmes, que, dans tous les cas, ailleurs, dans une sorte d’évacuation réciproque d’une dimension par l’autre.

Enfin, en troisième et dernier lieu, les finalités politiques et sociales font réduire l’école à sa seule dimension fonctionnelle, réduisant l’individu, fut-il taxé de citoyen, au rang de simple rouage de ces finalités plus ou moins cachées, voire absentes, plus ou moins posées, ailleurs que sur le terrain des “acteurs”, par consensus, ou habitus, et sans discussions réelles. Ces finalités sont de plus, de moins en moins maîtrisées, car dérivant de plus en plus des pressions monopsychiques, liées à la pression imaginaire, virtuelle, mais néanmoins concrète, vérifiable et mesurable, d’une économie mondiale, déclarée chaque jour davantage toute puissante.

La dimension évangélique biblique, rappelle à l’école, à la fois ses limites et ses légitimes ambitions, elle rappelle surtout que l’essentiel ne se joue pas dans l’école, ne se joue pas non plus dans la fonctionnalité de l’éducation, ne se joue pas seulement enfin dans l’aspiration à une haute spiritualité.

Le message éducatif qu’elle propose est une visitation de chacune des trois dimensions et encore autre chose, comme une transcendance, comme un accueil, un approfondissement, une grâce, don gratuit, un mouvement initiateur, inversé, renversé, non plus seulement de l’homme vers Dieu, mais de Dieu vers l’homme. Il s’agit de manifester au monde, une folie : “Dieu a tant aimé le monde ...”.

Les mouvements, les pensées, les astuces, les inventions, de toutes les pédagogies, de tous les projets éducatifs, ne seront jamais, selon cette perspective, que redevables et comme des questions ou des réponses, en position de dialogue, de prière, d’écoute et de parole, tournées vers ce grand mystère fondateur, et par définition insondable, mystère de l’incarnation, mystère du don de Dieu.

Ce mystère pose en effet à la fois un prix nouveau accordé à chaque existence, en même temps, qu’une perspective autre, celle du royaume, qui ne s’accomplit que dans la communion à l’amour dont l’homme est tout d’abord, et avant tout aimé. Tout amour, dès lors, n’est que répercussion de cet amour premier.

Il ne s’agit plus tant dès lors, toujours selon cette perspective, et c’est tout le projet biblique, de mettre en avant les prouesses de l’homme, que de réveiller sa reconnaissance, envers cet amour premier absolu, que la Bible annonce comme vainqueur, d’ores et déjà, éternel, d’ores et déjà, et fondateur, d’ores et déjà, de toute vie, de toute quête de justice et d’amour, et de toute espérance.

Le dictionnaire Robert, définit l’état liminal, terme généralement utilisé en physiologie, par : “qui est au niveau du seuil”. Certains pédagogues ou anthropologues contemporains 1261 évoquent cette notion pour situer la position intermédiaire entre l’ignorance et le savoir. On retrouve cette notion dans le rite initiatique propre de l’éducation des société traditionnelles.

La “liminalité”, 1262 nous dit Charles GARDOU, est cet état intermédiaire, de déséquilibre, où la personne apprenante a perdu son statut ancien, celui de celle qui ignorait tout du savoir en question et qui ne connaissait pas encore donc la soif d’apprendre, mais qui, simultanément, n’a pas encore conquis le nouveau savoir, le nouvel apprentissage, le nouveau statut de la personne qui sait.

Il se pourrait, dès lors, que, par rapport au Christ, nos écoles, nos institutions éducatives, ne soient, comme également toute personne, tout homme, finalement, qu’en perpétuelle liminalité, entre le stade de l’homme ignorant tout de Dieu, correspondant à celui de l’institution toute puissante tirant d’elle-même sa propre raison d’être, sa propre quintessence, et celui du Christ, et celui de la communion des saints, installés pour toujours au royaume de vie : institutions et personnes ne sont jamais qu’en chemin ... en soif de connaître, sans connaître encore complètement 1263.

Ce qui dès lors est très singulier du message évangélique, dans le livre de l’Apocalypse, est la position liminale, par rapport à nous, du Christ lui-même.

‘Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix, et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. ’ ‘Celui qui vaincra je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j’ai vaincu et je me suis assis avec mon Père sur son trône. 1264

Cet état de liminalité ressemble fort à celui que loue Jésus lui-même lors des béatitudes.

Comme le peuple d’Israël, comme l’église, comme le disciple, sont au seuil du Christ, lui-même se tient à la porte. Il dira par ailleurs être lui-même cette porte ... 1265

De l’autre côté de la porte, de ce côté de la porte, par la porte elle-même, l’invitation adressée est celle du Royaume.

Dès lors, le rite initiatique de type ésotérique, secret, des sociétés traditionnelles qui supposait en bout de compte, une rupture avec cette liminalité, lorsque le rituel d’intronisation était terminé, et que l’on retrouve dans l’école contemporaine avec la distribution des prix, des diplômes, des insignes de la distinction, 1266 est remplacé, comme transfiguré et rendu de bout en bout totalement exotérique, donc ouvert et exposé à tous, sur le mode d’une invitation directe et renouvelée, pour la nouvelle naissance d’une conversion chrétienne, dont le baptême fait signe et qui pose la liminalité, la soif, la conscience de son indigence, tant a priori, qu’ a posteriori, comme cause et conséquence, tant que tout n’est pas encore accompli, jusqu’au retour du Christ, de la conversion, du baptême, de l’intronisation de l’homme comme fils de Dieu.

Jésus se fait tout à tous, il le manifeste singulièrement tout au long de sa vie, depuis sa naissance dans la mangeoire des animaux, tout au long de son ministère, mais plus spécialement, plus radicalement encore, lors de sa mort sur la croix.

Aujourd’hui c’est le Saint-Esprit qui pour celui qui s’en réclame témoigne de cela. Les évangiles se lisent dès lors comme des récits ouverts à l’Esprit-Saint, accessibles à chacun. Tout cela nous est révélé par la Bible, qui selon ce point de vue est elle-même offrande de Dieu aux hommes.

L’offrande 1267 de la Bible 1268 au monde 1269 est non seulement celle d’un livre 1270 , mais aussi d’une parole de Dieu, 1271 adressée premièrement à la personne de chacun 1272 , comme celle d’un livre de vie 1273 ouvert 1274 et accessible à chacun, 1275 traversant et jugeant, renouvelant chaque conscience 1276 et la reliant désormais aux autres 1277 selon le règne qui n’est pas de ce monde 1278 et, l’envoyant dans le monde, 1279 pour vivre de la Bonne Nouvelle de la gratuité de l’Amour de Dieu, 1280 et l’invitant à l’annoncer au monde, 1281 pour inviter celui-ci à l’accueillir, 1282 pour vivre désormais, comme un seul corps selon la communion en Dieu lui-même 1283 , selon ce que l’Esprit-Saint 1284 témoigne en chacun, communion d’église 1285 , l’autre Royaume 1286 en rupture 1287 avec les puissances de ce monde 1288 , prémices 1289 du Royaume de plénitude 1290 à venir. 1291

La position des personnes, des institutions sociales, dès lors qu’elles se réclameront du Christ, ne pourront être que dans une position conjuguant :

  • la liminalité, évoquée, tant elles ont conscience de par l’Esprit-Saint d’une blessure.
  • la pierre d’attente, posée en prévision d’un agrandissement futur, d’une création nouvelle, toujours autre que celle premièrement spéculée, car oeuvre de l’Esprit de Dieu, et non de la psyché.

Cet extrait de texte, distribué dans un hôtel suisse, l’illustre bien, nous semble-t-il.

‘Si tu veux servir Dieu, tu sais bien que tu ne peux le faire de toi-même, qu’il te faut savoir comment Dieu entend être servi, qu’il faut se taire devant Lui, s’ouvrir à Lui, l’écouter, le laisser entrer en toi.’ ‘Tu vois bien qu’il te faut du silence dans ta vie pour ne pas manquer ta vie, du silence, au début de ta journée pour ne pas manquer ta journée.(...) ’ ‘Nourris ton silence au début ; prends ta Bible et lis. Mais ne lis pas comme d’habitude, en te faisant ton commentaire à toi. À quoi sert de disséquer intellectuellement un texte, sinon à mettre ta pensée à la place de celle de Dieu. ’ ‘Inutile de chercher ce que tu crois et ce que tu ne peux croire; la seule chose qui importe, c’est ce que Dieu a à te dire aujourd’hui. Laisse-le parler par ce texte; ouvre-toi, devant lui, totalement, sans idée préconçue ; ses idées ne sont pas les tiennes; oublie les tiennes reçois les siennes.’ ‘Et puis prie. Mais ne prie pas comme d’habitude, pour demander, pour mendier, pour supplier, pour que Dieu t’exauce. C’est toi qui dois exaucer Dieu, tu le sais bien.’ ‘Que ta prière sois une adoration ; rends grâce à Dieu. Il t’a comblé; as-tu jamais compté ses dons ? Tu sais le sentiment d’en être indigne. Tout ce que Dieu donne, sanctifie-le en rendant grâce, en le lui consacrant. En Lui seulement nous possédons nos biens, Sa révélation, Son pardon, nos affections.(...)’ ‘Si Dieu se tait cherche s’il n’y a pas entre lui et toi, un péché auquel tu tiens non pas ce péché de tous les jours, ce péché de faiblesse que tu dénonces - parce que tu fais le mal que tu ne veux pas et que tu ne fais pas le bien que tu veux - mais le péché que tu aimes, que tu appelles d’un nom rassurant. Il faut choisir entre Dieu et ce péché là. Cherche si ce n’est pas un refus d’obéissance(...)’ ‘Peut-être que Dieu, plus tard, au moment où tu n’y penseras pas, va se servir de toi parce que ton âme est ouverte, et passer au travers, pour prendre une autre âme. Ce jour-là tu tressailles au dedans; c’est une humble et grande chose d’être le carreau lavé au travers duquel passe la lumière de Dieu. 1292

Sans doute est-ce cette dimension d’une relation au Tout Autre, qui fait de la Bible une source d’une autodidactie et non simplement d’une autodidaxie 1293 . C’est à dire qu’elle invite plus encore qu’à une compréhension par soi-même, de façon autonome, ou collective, tel que nous y inviterait l’école moderne, l’école active, des contenus d’un programme d’instruction scolaire ou autre, mais surtout à un apprentissage autre, une position autre, une finalité autre, impliquant une consécration de la personne entière devant le mystère de la présence aujourd’hui, de Dieu.

Mort de l’homme à lui-même, à sa psyché personnelle, pour renaître en Christ, dans et par l’Esprit-Saint. Chemin de la psyché à l’Esprit, de la quête individuelle à la communion d’église.

Non pas cependant destruction de la psyché dans un nirvana d’accès ésotérique et abstrait, mais fécondation de celle-ci (la psyché), par l’esprit nouveau, le coeur nouveau, pour une communion nouvelle en Dieu par Christ, avec l’église avec les hommes. Nous reviendrons sur cette question lors de la septième partie de ce même chapitre de la thèse, qui sera consacrée à la possibilité donnée bibliquement de l’émergence d’un autre enseignement.

Tel était bien l’état de la communauté en prière à Jérusalem avant la Pentecôte, et tel était encore l’état de l’église naissante après la Pentecôte. C’est l’Esprit-Saint qui pousse l’église dans le livre des actes à élargir toujours plus loin l’espace de sa tente. 1294

L’Esprit-Saint est d’ailleurs l’acteur principal de ce livre qui relate les aventures de l’église naissante. Ramassis d’étrangers sur cette terre, 1295 de balayures du monde, 1296 l’église des premiers chrétiens va naître et croître au coeur des persécutions des catacombes, des persécutions et des martyrs qu’on ne découvre étrangement que par hasard au détour des lignes de ce livre ou des lettres des apôtres.

Toute la tension était portée ailleurs : il s’agissait de porter une bonne nouvelle, la bonne nouvelle de l’amour de Dieu au monde.

Tension entre hier et demain s’exprimant dans l’engagement aujourd’hui, l’envoi de l’Esprit-Saint consolateur qui témoigne inlassablement qu’en Christ s’opère l’accomplissement des écritures, qu’en Christ d’une relation de filiation nouvelle entre l’homme et Dieu Abba, naît un homme nouveau, qui désormais devra lutter avec le vieil homme qui ne veut pas mourir.

Tension terrible mais qui n’anéantit pas l’espérance et au contraire fait naître la joie d’appartenir à un peuple nouveau, de constituer un seul corps en Christ, de participer à la naissance d’une humanité dans l’espérance d’un retour supposé imminent du Christ.

L’église naissant de la conversion des personnes, crée pourtant un lien social nouveau. L’accomplissement de la parole en Christ, le verbe qui prend chair, ouvre dès lors, une béance, une possibilité pour que chacun accueille directement la Bible comme parole de Dieu pour lui aujourd’hui.

Notes
1249.

Ces trois auteurs sont ceux que cite Édouard CLAPARÈDE lui-même comme précurseurs de l’éducation fonctionnelle.

CLAPARÈDE Édouard “L’éducation fonctionnelle” Delachaux Niestlé Neuchâtel (2°édition de 1946) ; (pp 10 à 14 pour LOCKE) ; (pp 14 à 22 pour HERBART) ; (pp 78 à108 pour ROUSSEAU).

1250.

Nous tirons ces trois expressions de l’ouvrage de :

HAZAN Émile “Condensés des écrivains pédagogiques - De Socrate à Freinet “ Nathan Paris 1937 ; ( pages 239 à 243)

1251.

Si PESTALOZZI est bien l’ un des pionniers des méthodes actives assises sur un projet éducationnel large et englobant prenant en compte les démarches singulières des personnes, bien que balançant lui-même, entre utopie et réalisme, la pédagogie qui en ressort reste et s’enracine fondamentalement explicitement dans une dimension biblique et chrétienne.

PESTALOZZI “Léonard et Gertrude - Une culture pour le peuple “ Éditions de la Baconnière Boudry Neuchâtel 1947 ; (527 pages). D’après la version originale : 1° partie en 1781- 2° partie en 1783.

SOËTARD Michel “Pestalozzi” PUF Paris 1995 ; (128 pages).

1252.

Le prussien FRÖBEL créateur des jardins d’enfants, reçut deux influences fortes, et déterminantes, celle de COMÉNIUS, et celle de PESTALOZZI. Bien que persécuté en son temps pour irréligion, cette dimension religieuse, biblique et chrétienne trouvait une place réelle dans son travail éducatif. Il lui fut, de fait, semble-t-il, davantage reproché son côté franc-tireur, hors institution, et révolutionnaire quant à la place du jeu dans l’éducation.

La “loi du sphérique” qu’il élabora comme une manifestation de l’unité dans la diversité, de la diversité dans l’unité, bien que teintée d’un curieux mysticisme aux réminiscences pythagoriciennes, ne semble pas très éloignée, sinon dans la forme du moins dans le fond de sa recherche, de cette singularité de l’élection chrétienne qui manifeste l’universel. Lorsque le ministre des cultes interdit les “kindergarten”, suite, semble-t-il, à une confusion homonymique avec un de ses neveux socialistes, le 7 Août 1851, FRÖBEL ne s’en remettra pas, et protestera vigoureusement au nom de sa foi chrétienne, avant de s’éteindre le 21 Juin 1852.

HAZAN Émile “Condensés des écrivains pédagogiques - De Socrate à Freinet “ Nathan Paris 1937 ; (pages 166-172 ).

SOËTARD Michel “Friedrich FRÖBEL pédagogie et vie “ préface Winfried BÖHM Armand Colin Paris 1990 ; (176 pages).

HOUSSAYE Jean (sous la direction de ) “Quinze pédagogues - Leur influence aujourd’hui.” Rousseau, Pestalozzi, Fröbel, Robin, Ferrer, Steiner , Dewey, Decroly, Montessori, Makarenko, Ferrière, Cousinet, Freinet, Neill, Rogers. Colin Paris 1994 ; (251 pages)

1253.

La grande singularité de Maria MONTESSORI, par rapport à ses illustres contemporains de l’école active que nous venons de citer, adepte, tout comme eux, d’une pédagogie dite scientifique, est non seulement de ne pas occulter la dimension spirituelle du développement éducationnel qui est en partie déconsidérée par une part de ces auteurs, mais d’inscrire celle-ci dans une quête naturelle pratiquement physiologique de l’enfant, en tout cas non seulement tout aussi nécessaire et incontournable que son développement intellectuel ou physique, mais encore fondatrice de ceux-ci.

1254.

La fondatrice des écoles maternelles françaises écrivait :

L’enfant pauvre a froid et il a faim ; il n’est pas vêtu et il est malpropre ; il manque du “soleil du bon Dieu” et de cet autre soleil non moins indispensable : le bonheur des joyeux ébats, de la tendresse. L’école maternelle lui doit tout cela.”

In HAZAN Émile “Condensés des écrivains pédagogiques - De Socrate à Freinet “ Nathan Paris 1937 ; (page 195 ).

1255.

Nous reprenons ici l’expression “des finalités introuvables”, chère à Guy AVANZINI. (Voir bibliographie).

Un exemple parmi d’autres de ce que nous avançons se trouve dans l’ouvrage récent de CHALVIN Marie Joseph “ Prévenir conflits et violences” Nathan Paris 1994 ; (191 pages). L’auteur, partant pourtant des pratiques non-violentes de GANDHI, et de Martin Luther KING, y définit la notion d’asserssivité qu’elle oppose à la manipulation, à la passivité, à l’agressivité, et qu’elle établit, comme la notion centrale, et à rechercher afin de prévenir les conflits qui surgissent en milieu scolaire.

Certes, la réflexion pratique, fonctionnelle n’est pas sans finesse ni intérêt.

Mais GANDHI, et Martin Luther KING junior, n’ont-ils pas d’abord été des éveilleurs de conflit, en réveillant les consciences d’ hommes victimes d’injustice, avant de conduire ces mêmes hommes dans les voies de la non-violence ? D’autre part, le bon fonctionnement des relations n’est pas une finalité chrétiennement suffisante, si elle se fait au détriment de la quête de vérité, et d’amour. La question à rechercher est tout autant celle de l’origine des conflits.

Songeons à Jésus renversant les tables des marchands du temple. Matthieu XXI 12 et 13 :

“Jésus entra dans le temple de Dieu. Il chassa tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple; il renversa les tables des changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons. Et il leur dit : “Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière. Mais vous en faites une caverne de voleur. (On peut se reporter à : I Rois VIII 29 ; Ésaïe LVI 7 ; Jérémie VII 11).

Des aveugles et des boiteux s’approchèrent de lui dans le temple et il les guérit. Mais les principaux sacrificateurs et les scribes furent indignés, à la vue des choses merveilleuses qu’il avait faites, et des enfants qui criaient dans le temple: “Hosanna au Fils de David! “

Ils lui dirent : “Entends-tu ce qu’ils disent ? Oui leur répondit Jésus. N’avez-vous jamais lu ces paroles :

“Tu as tiré des louanges de la bouche des enfants et ceux qui sont à la mamelle.”

(On peut se reporter ici au Psaume VIII 3).

Jésus ne cesse d’agir ici, et de justifier ses actes et ses paroles, selon l’accomplissement de la parole ancienne, en rupture avec le “bon ordre social”, lorsque celui-ci masque le trafic, et le vol, au nom même de la piété.

On peut remarquer encore que l’achat dans le temple, afin de manger devant le Seigneur, était recommandé dans l’écriture ancienne ( Deutéronome XIV 26) (prise en compte de la fonctionnalité, de la matérialité). Ce n’est donc pas ce fait qui semble suscité la colère de Jésus, mais bien la fausse piété de l’hypocrisie, liée au trafic de l’argent.

( On peut se reporter pour ce même épisode des marchands du temple chassés par Jésus, aussi à Marc XI 15 à 17 ; Luc XIX 45 à 46 ; Jean II 13 à17).

L’apôtre Jean ajoute encore cette réflexion dans son évangile : Jean II 17 : “Les disciples se souvinrent qu’il est écrit : “ le zèle de ta maison me dévore “ (Psaume XLIX 10 ).

Remarquons enfin que cet épisode est présenté dans chacun des quatre évangiles comme très décisif et représente l’acte profanateur qui va déclencher le complot des autorités religieuses et politiques, et au supplice de la croix.

Les enfants, spontanément, reconnaissent, dans cet épisode, le Fils de David, le messie annoncé, au même titre que les boiteux, les aveugles c’est à dire les handicapés de l’existence qui ont conscience d’un manque et que Jésus guérit. Les ennemis de Jésus se manifestent comme étant ceux qui privilégient le bon ordre religieux et social, à l’irruption du règne de Dieu que Jésus manifeste concrètement en répondant à l’attente fonctionnelle concrète des boiteux et des aveugles qu’il guérit.

1256.

Nous pensons à la première partie de l’oeuvre de BOURDIEU. Lorsque spécialement associé à PASSERON il évoqua la célèbre notion de reproduction sociale comme finalité principale de l’école.

1257.

Citons CLAPARÈDE dans ce passage qui nous semble significatif de l’apport de l’aspect fonctionnel et donc de la prise en compte par tout éducateur adulte de la réalité biologique, physiologique, organique de l’enfant et tant que telle :

“ On peut dire si l’on veut, que l’on donne du lait à un nourrisson “ en vue de la maturité”, c’est à dire en vue de le préparer à l’alimentation qui convient à l’âge adulte, cela implique-t-il vraiment que son estomac “n’existe pas pour lui-même”, que cet estomac est imparfait parce qu’il ne digère pas les choux ni le bifteck ? Mais ce régime lacté est évidemment le seul qui soit conforme aux besoins et aux capacités du bébé. Et c’est justement parce qu’ils comparent celui-ci à ses aînés que des adultes irréfléchis, quoique bien intentionnés - et qui veulent se montrer “sans faiblesse devant l’enfant” - lui donnent trop tôt de la soupe, de la viande et du vin. Résultat : rachitisme. Or ce qui est vrai de l’estomac l’est aussi de cet autre organe assimilateur, le cerveau. Que l’éducateur ne produise pas chez l’enfant, en le comparant inopportunément à ce qu’il sera plus tard, le rachitisme de l’âme et de la pensée.”

In CLAPARÈDE Édouard “L’éducation fonctionnelle” Delachaux Niestlé Neuchâtel (2°édition de 1946) ; page 194.

1258.

Toujours CLAPARÈDE définit dix grandes lois de la conduite humaine :

-1 Loi du besoin : “ ( ...)

“Tout besoin tend à provoquer les réactions propres à le satisfaire. Son corollaire est : l’activité est toujours suscitée par un besoin.” In ibidem ; page 47

- 2 “Loi de l’Extension de la Vie mentale “ (...)

“Le développement de la vie mentale est proportionnel à l’écart existant entre les besoins et les moyens de les satisfaire.” In ibidem ; page 57

-3 Loi de Prise de Conscience (...)

“L’individu prend conscience d’un processus d’une relation, ou d’un objet, d’autant plus tard que sa conduite a impliqué plus tôt et plus longtemps l’usage automatique, inconscient de ce processus, de cette relation ou de cet objet.”( ...) In ibidem ; page 57“ Au fur et à mesure qu’un acte s’automatise il devient inconscient.” In ibidem ; page 59

-4 Loi d’Anticipation (...)

“ Tout besoin qui, de par sa nature, risque de ne pouvoir être immédiatement satisfait, apparaît d’avance.” . In ibidem ; page 60

-5 Loi de l’intérêt (...)

“Toute conduite est dictée par un intérêt. C’est à dire toute action consiste à attendre une fin qui nous importe à un moment donné. In ibidem ; page 63

-6 Loi de l’intérêt momentané (...) “À chaque instant un organisme agit suivant la ligne de son plus grand intérêt.” In ibidem ; page 66

-7 Loi de Reproduction du semblable (...)

“ Tout besoin tend à reproduire les réactions ou situations qui lui ont été antérieurement favorables, à répéter la conduite qui a précédemment réussi dans une circonstance semblable. “ In ibidem ; page 71

-8 Loi du Tâtonnement ( ...)

Lorsque la situation est si nouvelle qu’elle n’évoque aucune association de similitude, ou lorsque la répétition du semblable est inefficace, le besoin déclenche une série de réactions de recherche, réactions d’essai, de tâtonnement.” In ibidem ; page 74

-9 Loi de Compensation (...)

Lorsque l’équilibre troublé ne peut être rétabli par une réaction adéquate, il est compensé par une réaction antagoniste de la déviation qu’il suscite.” (exemple le contenu de certains jeux ) In ibidem ; page 75

-10 Loi d’Autonomie fonctionnelle : (....)

À chaque moment de son développement, un être animal constitue une unité fonctionnelle, c’est à dire que ses capacités de réaction sont ajustées à ces besoins. In ibidem ; page 76

Ces lois, comme l’aspect clairement formulé de la dernière d’entre elles, l’indique clairement, réduisent l’homme aux aspects de son “animalité” fonctionnelle. Il n’est que rarement suggéré mais pour la réduire aussitôt à une notion d’intérêt (cinquième loi) une dimension transcendante. Par ailleurs lorsqu’il évoque la formation de l’intelligence CLAPARÈDE réduit celle-ci au fonctionnement de la démarche scientifique, reconnue officiellement aujourd’hui, dans toutes les sciences contemporaines.

Les trois temps qu’il distingue en effet sont les suivants :

1 La question.

2. La formulation de l’hypothèse.

3. La vérification de l’hypothèse.

In ibidem ; pages 117 à 125 “Les trois opération capitales de l’intelligence.”

CLAPARÈDE ne nie pas une dimension transcendante soit nécessaire, et l’un de ses chapitres est consacré à l’éducation à la démocratie (pp 169 à 175). Mais il considère en bout de compte, selon ses propres termes, l’opinion comme moins intéressante que la recherche du fait. Il considère que la méthode de Claude BERNARD, décrite dans son “Introduction à la médecine expérimentale “ (1865) est susceptible de révolutionner non seulement la recherche mais aussi la pédagogie, en soumettant de manière objective l’opinion au fait, l’esprit à la méthode, en conciliant ainsi comme naturellement les progrès de la démocratie et le développement scientifique de l’humanité.

1259.

La prise en compte de la “ dimension spirituelle” tout autant que la prise en compte de la ” dimension fonctionnelle” sont bien au coeur de l’évangile et de la Bible. Ces deux dimensions s‘épousent dans le mystère de la grâce et de l’incarnation.

Rappelons, dans ce sens, que Jésus répond cette parole qui suit, à Satan, lors de sa première tentation qui consistait à transformer des pierres en pain (Matthieu IV 3 ): “ Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute parole qui sortira de la bouche de Dieu.” Jésus reprend ainsi les paroles du Deutéronome (VIII 3 ) qui tirent les leçons de la sortie d’Égypte et de la longue traversée du désert ;“Il t’a humilié, il t’a fait souffrir de la faim, et il t’a nourri de la manne, que tu ne connaissais pas et que n’avaient pas connu tes pères, afin de t’apprendre que l’homme ne vit pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.” Par contre, devant la foule qui avait faim (dimension fonctionnelle, mais surtout incarnée existentielle et essentielle à la fois) Jésus rendant grâce permettra le miracle de la multiplication des pains et des poissons, à partir des cinq pains d’orge et des deux poissons, d’un garçon. ( Matthieu XIV 17 et suivants). Dans ce même sens, d’aucuns peuvent voir dans le pain et le vin de la cène, comme une symbolique reprenant ces deux dimensions.

1260.

Nous pensons, entre autres, ici à la pensée certes exigeante et courageuse, mais semble-t-il, sans réelle prise avec notre temps, de KRISHNAMURTI (1895-1986).

Cette pensée teintée d’orientalisme, n’eut de cesse de stigmatiser les dérives d’une trop grande dominante rationnelle, technique et institutionnelle de nos modèles éducatifs occidentaux, pour rappeler la nécessaire et fondamentale quête du sens qui s’accroche à chaque projet éducatif, à chaque rencontre éducative.

KRISHNAMURTI écrivait :

“ Etre créatif ce n’est pas simplement produire des poèmes, des statues, ou des enfants; c’est être dans un état où la vérité peut entrer en existence. La vérité naît lorsqu’il y a cessation complète de la pensée ; et la pensée ne disparaît que lorsque le moi est absent, lorsque l’esprit a cessé de créer.”

KRISHNAMURTI “De l’éducation” -“Éducation and the signifiance” - (titre original) Delachaux et Niestlé Neuchâtel 1965/1972 ; (page 125 ).

On peut se reporter également à :

BIANU Zéno “Krishnamurti - ou l’insoumission de l’esprit.” Seuil Paris 1997 ; (107 pages).

Une forme de cette pensée éducationnelle nous semblerait aujourd’hui relayée par Placide GABOURY.

GABOURY Placide “ Éduquer avec son coeur” Éditions de Mortagne Boucherville Québec 1986 ; (143 pages).

Nous pensons aussi à Rudolf STEINER (1861-1925), penseur autrichien, fondateur des écoles portant son nom, fréquentant comme après lui, KRISHNAMURTI, les milieux théosophiques - héritiers en quelque sorte, des gnostiques de l’antiquité -, avant de fonder la société anthroposophique.

STEINER voyait dans l’éducation le moyen de guérir et d’éduquer l’homme. Le Christ était selon lui le véritable coeur de l’histoire terrestre. Il reste que ses pensées, comme ses interprétations des textes bibliques se teintaient d’un ésotérisme gnostique, préjudiciable à la réelle incarnation, et sans doute aussi à l’assimilation par tous, de ses préceptes pédagogiques.

STEINER Rudolf “L’art de l’éducation méthode et pratique” Triades 1993 ; (176 pages).

1261.

Nous pensons à MURPHY Robert F. “Vivre à corps perdu “ Plon Paris 1990 ; (393 pages).

L’anthropologue américain, spécialiste des Touaregs et des indiens Mundurucu de la forêt amazonienne, devenu subitement paraplégique, dresse un plaidoyer pour le “peuple” des paraplégiques qui comme la civilisation indienne, se trouve en état perpétuel de liminalité, par rapport à la norme sociale de la civilisation occidentale contemporaine normative, et normalisante.

MURPHY dresse alors quelques parallèles entre le combat personnel du malade le conduisant à lui faire accepter sa maladie par lui-même et à son entourage et les rites initiatiques internes de la tribu amazonienne, pour la sauvegarde de laquelle le livre est également un plaidoyer.

D’autre part, en référence, et comme en opposition aux travaux de Erwing GOFFMAN qui parle selon la théorie interactionniste d’outsiders, pour définir quelques groupes marginaux, sans vraiment distinguer selon cette théorie ce qui est voulu de ce qui est subi, puisque tout est le fait résultant d’un processus interactif de nature sociale, MURPHY distingue l’état de la liminalité sur le point que celui-ci, contrairement à ce que suppose finalement celui d’outsider selon GOFFMAN n’est jamais choisi en aucune sorte, mais intégralement subi. À l’interactionnisme social, il oppose alors un rapport à la volonté de chacun, où l’amour et l’affection se trouvent avoir une place prépondérante.

Erwing GOFFMAN “Stigmate “ (Stigma Prentice Hall 1963 version originale américaine ) Les éditions de minuit Paris- 1975 ; (175 pages).

MURPHY écrit : “Ils sont devenus des étrangers et même des exilés dans leur propre pays. “ (page 157). (Hébreux XI 13).

Ce qui rejoint tout le thème de l’étranger selon le texte biblique.

1262.

GARDOU Charles “Le Handicap , un état liminal.” Lettre du Clerse numéro 19 ; ISPEF ; Lyon Mars 93 ; (pp 15 à 19).

1263.

Paul écrit:

“Aujourd’hui, nous voyons au moyen d’un miroir d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’hui, je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu.”

I Corinthiens XIII 12 ;

“Car nous marchons par la foi, non par la vue II Corinthiens V 5

(Lire aussi II Corinthiens III 18)

1264.

Apocalypse III 20 21

1265.

“En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis.”

1266.

BOURDIEU Pierre “La distinction . Critique sociale du jugement “ Éd Minuit Paris 1979 ; (670 pages). BOURDIEU Pierre : “Homo Academicus” les éditions de minuit Paris 1984 ; (302 pages).

1267.

Renversement typiquement biblique qui semble conduire ; depuis la logique “religieuse” de l’homme sacrifiant pour Dieu, (Genèse IV 3 et 4 ) : les sacrifices de Caïn et Abel (provoquant la jalousie de Caïn devant le regard favorable que Dieu porta vers le seul sacrifice d’Abel et précédant en bout de compte le meurtre de celui-ci par Caïn) ; à celle de la foi : depuis le sacrifice offert d’Abraham (Genèse XXII 2 à 17 ) sur l’ordre de Dieu de son propre fils “qu’il aime “, mais arrêté par Dieu, à celui accompli en Jésus : Dieu offrant vraiment quant à lui son fils bien aimé ( qui s’est offert tout lui-même de lui-même devant son Père, au monde, pour le salut des hommes). (Hébreux IX 14 à 25 ). Remarquons la permanence du projet divin que soulignera particulièrement Paul : c’est par la foi qu’Abraham obéit jusqu’à stopper le sacrifice demandé. La foi ne naît pas donc avec le fait chrétien mais elle trouve comme son accomplissement et sa vocation ultime et initiale en Christ. (Romains IV 1 à 25 ; Hébreux XI ). Paul explique encore que même le sacrifice de Abel fut plus excellent que celui de Caïn par la foi. (Hébreux XI 4).

1268.

La Bible (le livre ) qui nous révèle ces choses est elle-même, pour celui qui croit, telle une offrande de Dieu envers les hommes, et cela dès l’ancienne alliance. (Éxode XXIV 1 à 8 ; Hébreux IX 19 20 ). ( Apocalypse I 11)

1269.

Jean XX 30 31 .

1270.

Exode XXXII 32.

1271.

Deutéronome XXX I 24 à 30 ; Ésaïe XXX 8 ; Jérémie XXXVI ; Apocalypse XXII 7 à 9 ; Apocalypse XXII 18 à 21.

1272.

Depuis l’élection de Noé puis d’Abraham, tout le cheminement biblique, qui procède par cette voie du cheminement d’une alliance renouvelée, d’étape en étape, par la voie de l’élection singulière qui conduit au Christ et à l’appel de rencontres singulières, inscrit donc, dans le singulier, l’universel. Ainsi cette parole s’adresse-t-elle bien en premier à chacun, même si la lecture et l’étude communautaire du texte est appelée et souhaitée.

1273.

Psaume LXIX 29 ; Daniel XII 1 ; Luc X 20 ; Philippiens IV 3

1274.

Daniel VII 10 ;

1275.

Apocalypse III 5 ; Apocalypse XIII 8 ; Apocalypse XX 12 ;

1276.

Apocalypse XX 12 ; Apocalypse XXI 27

1277.

Par l’Esprit-Saint cette parole s’adresse au disciple qui devient témoin envoyé et le relié aux autres. (Jean XX 22 à 23).

1278.

Jean XVII 14; Jean XVIII 36

1279.

Jean XV et Jean XVI et la prière sacerdotale en Jean XVII (particulièrement Jean XVII 15 16 )

1280.

Toujours la prière sacerdotale en Jean XVII (particulièrement Jean XVII 18 ).

1281.

Marc XVI 15 ; Jean XVII 23

1282.

Matthieu V 47

1283.

Jean XVII 21

1284.

Matthieu X 19 et 20 ; Jean XVI 4 à 15

1285.

Xavier LÉON-DUFOUR signale dans son “dictionnaire du Nouveau Testament” qu’en fait deux mots grecs forment l’origine et sont utilisés pour parler de la communion chrétienne, au corps et au sang du Christ. Au grec “Koinônia” que nous avons déjà évoqué provenant de Koinoô (mettre en commun ),il faut ajouter l’action d’avoir en commun, de partager, “met-ekhô signifiant “avoir avec”, d’où les naissent ou en tout cas qui expriment les notions chrétiennes de communauté et de sympathie. (I Corinthiens X 16 17 ); La communion d’église n’est donc pas le résultat d’un processus interactif mais le résultat de l’action de l’Esprit-Saint.

1286.

Aux rameaux Jésus entre à Jérusalem, monté sur un âne, symbole de paix, en signe d’un autre royaume. ( Matthieu XXI 1 à 9 ; Psaume CXVIII 25 26

1287.

Matthieu IV 8 à 10 (la tentation repoussée et vaincue du Christ des royaumes du monde).

1288.

Juges V 13 ; Psaume XXXV 10 ; “Il a renversé les puissants de leur trône et il a élevé les humbles.” (Luc I 52 )

I Samuel II 8 ; Psaume CXIII 6

1289.

Romains VIII 23 ; Jacques I 18

1290.

I Corinthiens XV 12 à 28

1291.

Romains VIII ; Apocalypse XXI 17 à 21.

1292.

Édité par Philippe MOTTU - “Si tu veux servir Dieu” Hôtel Bristol - Berne

1293.

Une confrontation de ses deux écrits permettra de bien distinguer l'autodidaxie de l'autodidactie:

VIDAL Guy “L’autodidaxie et l’école” Mémoire de maîtrise en Science de l’Éducation sous la direction de Guy AVANZINI ; Lyon II 1979 ; (63 pages). CABALLÉ Antoine “Autodidactie aujourd’hui, ? Une question singulière posée à la modernité. De l’institution à la traverse, de la traverse à l’institution. À partir des notions d’universalité et de singularité.” Mémoire de Maîtrise en Sciences de l’Éducation - Université Louis Lumière Lyon 2. 1993 ; (175 pages).

1294.

Expression d’Ésaïe LIV 2 qui est adressée au peuple d’Israël.

1295.

Hébreux XI 13 ; Pierre II 11

1296.

L’expression est de Paul : “Nous sommes devenus comme les balayures du monde.” (I Corinthiens IV 13).