Douzième opposition : Le geste et la technique

Noé accomplit dans ses gestes et pensées, la volonté de Dieu suivant précisément ses instructions jusque dans la construction de l’arche.

Babel y substitue la technique. 1332 La technique suppose que la fin de l’action soit humainement définie d’une manière stricte. On ne peut user de technique et la travailler que si on sait parfaitement sinon pourquoi du moins pour quoi.

Noé ne connaît que partiellement la fin du projet de Dieu, en tout cas la compréhension qu’il a de celui-ci dépend toujours de sa capacité à entendre à un moment précis et de comprendre ce que Dieu a à lui dire. Ce projet lui est certes partiellement révélé mais il lui est précisé peu à peu. De même, lors du cheminement de l’alliance, il se précisera peu à peu également jusqu’à la venue du Christ, et aujourd’hui encore le projet explicite de toutes les églises chrétiennes, des différentes communautés chrétiennes de toute dénomination, de tout chrétien engagé, est bien de marcher selon la foi c’est à dire sans savoir toujours précisément où Dieu demande d’aller mais en se tenant prêts à répondre à sa parole.

Et le Dieu qui parle à Noé a une parole qui crée l’événement, qui répond aux situations, une parole qui rebondit, qui crée sans cesse une situation nouvelle. Une parole pour dire comment l’arche sera faite, une autre pour dire pourquoi, à un autre moment, une parole pour préciser les modalités de l’embarcation, à un autre moment, une parole pour préciser celle de la sortie de l’arche, à un autre moment, une parole pour bénir et pour donner quelques règles de vie, à un autre moment une parole pour préciser encore l’alliance et son signe : l’arc-en-ciel.

À la limite, on pourrait supposer donc que Noé pourrait user de technique, afin d’être sur “la bonne longueur d’onde” pour entendre la parole de Dieu, comme par exemple la méditation zen peut en être une, mais tel ne semble jamais être le cas. On nous dit seulement que Noé trouva grâce aux yeux de l’Éternel. 1333 Dieu lui parle directement alors, et Noé accomplit ce que Dieu lui dit, voilà tout ce qui nous est dit.

Notes
1332.

Du grec tekhnikos au féminin tekhnikê, provenant de teknê, ce qui signifie “art” d’après le dictionnaire étymologique et historique du français. Larousse (Jean DUBOIS, Henri MITTERAND, Albert DAUZAT) ; Paris 1964 (édition de 1993).

Genèse XI 3 : “Ils se dirent l’un à l’autre : “Allons! faisons des briques et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de ciment. “

1333.

Genèse VI 8