Quatorzième opposition : La fin et “le” technique

Pour Babel, la technique, devenue donc centrale, pourrait être la fin même de l’entreprise. C’est ce que nous nommons “le” technique. L’humanité veut se faire un nom, exister par elle-même, sans Dieu, comme “le” technique n’existe que par lui-même, à lui seul et se passe même du projet qui le soutient, finissant même par constituer à lui seul sa propre fin par définition absurde ... d’où la dispersion finale. Le caractère “du” technique est d’être transposable en toutes circonstances, il suppose donc l’inertie, ou l’invariance de la matière sur laquelle il s’applique, il suppose une maîtrise du technicien sur la matière, une relation de sujet à objet, une possibilité d’une objectivation qui rende compte des lois naturelles sur laquelle il se fonde. Bibliquement, une telle relation objective, pourrait sembler permise, -bien que jamais explicitement développée dans le texte, à notre connaissance- , vis à vis des objets, ou des corps, mais là seulement. Le “technicien” des relations humaines, deviendrait comme le magicien, ou le devin qui postule une supériorité d’un être sujet sur l’autre objet, ou même sur lui même être sujet et objet simultanés, lus et perçus l’un et l’autre comme de simples objets séparés l’un de l’autre. La technique elle-même y est nous semble-t-il toujours évitée, pratiquement interdite, dans les relations de sujet à sujet, les relations humaines, ou de l’homme à Dieu, comme de Dieu à l’homme. Comme si ladite technique se devait inéluctablement en bout de compte de se substituer à Dieu, et finissant par se référer inéluctablement “au” technique, dissocier, fond et forme. Il reste que l’interrogation reste ouverte, et même semble l’être au coeur du texte biblique par le message lui-même qui ne se propose pas d’extraire l’homme du monde et de la matière mais de l’y envoyer au contraire pour agir et régner sur eux, mais régner en Dieu.