Vingt-et-unième opposition : L’alliance et la fusion

L’objectif collectif de l’humanité, d’atteindre le ciel, de se faire un nom, de ne pas être dispersée, 1344 se construit dans un désir, un sentiment, fusionnels, et, comme nourris d’une quête d’abstraction.

D’une part, point de place ici pour le personnel, tout se subordonne à la quête généraliste.

D’autre part, pour exister il faut quitter la terre, monter au ciel, autrement dit : s’abstraire du monde, ou ce qui revient finalement au même, abstraire le monde de soi.

La dispersion finale, la confusion qui résulte de l’intervention de Dieu, peut être lue, paradoxalement donc, comme une double bénédiction, rendant à nouveau la rencontre personnelle de chacun possible avec Dieu, rendant à nouveau également, la vie sur la terre à nouveau possible en tout cas envisageable.

Le chemin, cheminement de l’alliance, 1345 entamé avec Noé permet au contraire l’existence de l’homme à côté de Dieu, aux côtés de Dieu, et la marche de l’homme avec Dieu. Sans obligation cependant pour l’homme, il n’y a pas fusion entre l’homme et Dieu. Le chemin de l’alliance commence également par le souci de la terre, le souci de Dieu de sauver la terre, il faut sauvegarder la création, ce qui est exactement le contraire d’une abstraction.

En conclusion de toutes ces nombreuses oppositions constatées entre Noé et Babel, nous sommes donc renvoyés cependant à une convergence, un point commun, une invariance qui veut justifier du texte biblique comme parole de Dieu.

Cette cohérence n’est pas à chercher ni à trouver du côté de l’homme et de ses spéculations virtuelles et abstraites, bien entendu, mais du côté de Dieu, de son action, de sa parole, qui tout au long du parcours biblique, cherche obstinément toujours dans la même direction à reconduire l’homme vers lui, c’est à dire vers sa vocation d’homme, pour d’abord une réconciliation après la chute, réconciliation que le don de la loi de Moïse autorise d’entrevoir, puis vers une communion qu’en bout de route le Christ rend possible.

Notes
1344.

Genèse XI 4 “Ils dirent : Allons ! bâtissons une tour dont le sommet touche le ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre.”

1345.

Rappelons que le terme hébreu “b’rit” reflète un engagement entre deux parties inégales, un engagement d’abord du plus puissant envers le plus faible. C’est le cas de l’alliance que Dieu fait avec Noé. L’engagement est pour Dieu seul.