Sixième continuum du cheminement de l’alliance. Le passage d’une réalité à une autre

La vie naturelle, la nature, offrent une image de ce passage d’une réalité à l’autre, mais une fausse image, ou en tout cas un pale reflet du projet divin manifesté dans ce cheminement de l’alliance. Car le projet de Dieu est Tout Autre. Car le cheminement de l’alliance propose une toute autre perspective, un tout autre passage, radicalement autres. Lorsqu’Israël arriva en terre promise, il trouva dans le culte aux divinités des peuples de ces contrées, comme une illustration de cette radicale distinction entre ces dieux de la “nature” et YHVH.

Par exemple, Baal, 1396 le dieu cananéen de la fertilité, était le plus important des dieux cananéens. Il était censé renaître chaque année au moment du printemps, après avoir été provisoirement vaincu par son ennemi Môt, la mort. Son culte dura en Israël, malgré la résistance acharnée des rois de Judée, Ézéchias 1397 et Josias 1398 qui ordonnèrent la destruction de tous les autels qui lui étaient destinés, pendant toute la période du premier Temple. Les hébreux assimilaient son nom employé au féminin, à la honte (hébreu bôchèt). L’histoire de l’Ancien Testament revient souvent sur le combat au corps à corps que livrent les prophètes 1399 pour que le peuple ne confonde pas le culte de YHVH avec celui de Baal dont le nom est parfois traduit par propriétaire, d’autres fois par maître, d’autres fois par Seigneur.

Le cheminement de l’alliance va de Dieu vers l’homme et, ce qui est proposé n’est pas un recommencement tel le Phénix renaissant de ses cendres. Ce n’est pas non plus une méditation sur la capacité divine à se renouveler elle-même. L’alliance propose en effet un passage, un envoi, une éducation d’une réalité à l’autre. Mais ce passage est pour l’homme, non pour Dieu. Il y a au contraire une expression de YHVH comme étant immuable.

Depuis Noé, avec son arche, faisant se rejoindre deux mondes, une première réalité où l’homme vit comme livré à lui-même, une seconde, réalité où désormais une promesse un engagement vient accompagné la parole divine. Une alliance. Depuis Abraham passant d’une terre à l’autre sur une parole entendue, une promesse énoncée concernant une multitude de nations. Depuis Jacob, Moïse, la loi et les prophètes, depuis Osée 1400 particulièrement, il nous semble que nous passions de la promesse d’une terre, à celle d’un temps messianique, et puis de celle de ce temps à une promesse d’une victoire donnée au delà de la vie et de la mort. 1401

À l’autre bout du cheminement de l’alliance n’est-ce pas Jésus qui dit être le chemin la vérité la vie qui justement accomplit en sa personne ce passage d’une réalité à l’autre, toute autre, c’est à dire à l’opposé des spéculations humaines ? Il révèle alors être l’alpha et l’oméga. Un passage qui va de l’homme à Dieu, mais d’abord de Dieu vers l’homme, comme accomplissant désormais le rêve de Béthel et l’échelle que vit Jacob reliant la terre et le ciel. 1402

Notes
1396.

Cette divinité était adorée des phéniciens.

1397.

II Rois XVIII 4

1398.

II Rois XXIII 4 et suivants.

1399.

I Rois XVIII, I Rois XIX 18 ; Osée II 10 ; Osée XIII 1 ; Jérémie décrit le culte barbare incluant les sacrifices d’enfants et pratiqué jusqu’aux portes mêmes de Jérusalem. ( Jérémie XIX).

1400.

Osée vivait huit siècles avant Jésus-Christ. Il se maria lui-même à une femme autrefois prostituée qui lui enfanta des fils (Osée I 1 à 9). Il évoque alors en parallèle la relation de l’Éternel avec son peuple infidèle.

Il écrivit :”Venez retournons vers l’Éternel ! Il a frappé mais il bandera nos plaies. Il nous rendra la vie dans deux jours ; Le troisième jour il nous relèvera, et nous vivrons par lui. Connaissons, cherchons à comprendre l’Éternel; Sa venue est aussi certaine que celle de l’aurore. Il viendra pour nous comme la pluie, comme la pluie du printemps qui arrose la terre.”

Osée VI 1 à 4.

L’église primitive, en particulier TERTULLIEN, qui le premier parmi les Pères de l’église, écrivait en langue latine dès la fin du deuxième siècle , voyait dans ce texte une annonce de la résurrection du Christ.

Il faut dire que l’ensemble de la prédication de Osée est un plaidoyer pour que le peuple retourne à l’Éternel qui souffre à cause de son infidélité. Il ouvre alors à une espérance du salut, à une perspective dépassant les épreuves du temps présent.

1401.

Le poisson signe de reconnaissance des premiers chrétiens signifie bien cette condition d’être “entre deux mondes ou d’un ”autre monde” qui singularisait l’église primitive. Rappelons que les premières lettres de chaque mot du kérygme correspondait à chaque lettre du mot poisson en grec I CH TH Y S.

I = Iessous ; CH - CHristos ; Th - THeou = Dieu ; Y - hYios = Fils ; S - Soter = Sauveur.

1402.

Jean XIV 6 et Genèse XXVIII 10 à 13.