Dixième continuum du cheminement de l’alliance. Dieu sauve, ou : de la mort à la vie

Le projet de Dieu, on pourrait dire, la finalité même du plan de Dieu, d’un point de vue biblique, est le salut de l’homme, sa re-création, la création nouvelle. Cette volonté DE YHVH de “sauver “ est intégrante de l’alliance, tout au long de son cheminement dans l’histoire, d’accomplissements en renouvellements, jusqu’à Jésus-Christ. Cet aspect est très net, bien entendu, dès l’initial, avec Noé, dont l’obéissance aux préceptes de YHVH, à sa parole, permet l’accomplissement du plan divin de sauvegarde de la création. En fait, encore plus que de simplement permettre l’accomplissement de ce plan divin, Noé semblerait presque même lui donner sens. 1421

Cela se poursuit avec le cheminement du peuple hébreu, tout au long de son histoire, d’Abraham à Moïse, d’Abraham aux prophètes, ce peuple est mis à part, par Dieu, pour un projet de salut concernant toutes les nations. Et, cela s’accomplit en Jésus, dont le nom signifie, (en hébreu Yéchûa, Y’hôchûa ) Dieu sauve. Il est Lui-même venu, selon ses propres paroles, pour chercher et sauver les brebis perdues de la maison d’Israël, pour chercher et sauver ce qui était perdu. 1422

La mer est, pour la Bible, synonyme de chaos ou de mort, ou encore du règne du monde, d’où sortira la bête de l’Apocalypse, dans le Nouveau Testament, en opposition en tout cas, dans tous les cas, au règne de Dieu, règne de vie, bien que soumise à Lui, à elle 1423 .

C’est la mer qui engloutit les chevaliers d’Égypte à la poursuite du peuple, 1424 et qui, pour d’autres raisons garda Jonas prisonnier du ventre d’un poisson en son sein, pendant trois jours et trois nuits, ou qui encore manqua d’engloutir Pierre manquant de foi, mais, néanmoins désirant marcher vers Jésus, lui-même marchant vers lui, sur les eaux 1425 : l’alliance entre ciel et terre promet un temps nouveau où, la mer, et ses ténèbres, seront détruites 1426 . Comme lors des noces de Cana, premier miracle de Jésus relaté dans l’évangile de Jean, le meilleur est gardé pour la fin, telle est l’acception biblique du projet de Dieu pour l’homme, de la mort à la vie. 1427

Notes
1421.

“ Mais Noé trouva grâce aux yeux de l’Éternel “ Genèse VI 8

Le sens ultime du projet de Dieu est bien la grâce en Christ. Noé en est la préfiguration.

1422.

Matthieu XVIII 11 ; Luc IX 56

1423.

Genèse I 2 ; Genèse I 9 à 10 ; Genèse VII 11 ; Job VII 11 à 12; Job XXVI 10 ; Job XXXVIII 8 ; Psaume XXXIII 6 à 7 ; Psaume LXXXIX 9 et 10 ; Ésaïe LI 10 et 11 ; Daniel VII ; Ecclésiastique (Siracide ) XLIII 25 ; Matthieu VIII 24 à 27 ; Matthieu VIII 32 ; Marc IV 37 à 41 ; Luc VIII 23 à 25 ; Apocalypse VII 2 et suivants; Apocalypse XIII 1 à 8 .

1424.

Exode XIV

1425.

Matthieu XIV 24 à 36 ; Marc VI 45 à 52 ; Jean VI 15 à 21

L’épisode de Pierre est rapporté dans l’évangile de Matthieu. On retrouve également en Marc et Jean l’épisode de Jésus marchant sur les eaux.

1426.

Apocalypse XX 13

1427.

Jean II 1 à 11

Lors de ces noces où Jésus fut convié, le vin vint à manquer. Marie, sa mère, après s’être adressée à lui, ayant recommandé aux serviteurs de faire tout ce que son fils leur dirait, Jésus ordonna aux serviteurs d’aller puiser de l’eau dans les six vases de pierre.

“Quand l’ordonnateur du repas eut goûté l’eau changée en vin, -ne sachant d’où venait ce vin, tandis que les serviteurs qui avaient puisé l’eau, le savaient bien, - il appela l’époux, et lui dit : Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon après qu’on s’est enivré ; toi tu as gardé le bon vin jusqu’à présent. Tel fut à Cana en Galilée, le premier des miracles que fis Jésus.” (versets 8 à 11 ).

Nous trouvons, dans ce miracle de Cana relaté au début de l’évangile de Jean, déjà, comme en avant-goût (c’est le cas de le dire), toute la configuration du message de la Bonne Nouvelle annoncée en Christ “le meilleur pour la fin”.

Remarquons que l’eau du ciel, tombant des nues, sur les vignes, est déjà changée en vin, après les vendanges, et le travail du vigneron. Le spectaculaire miracle de Jésus n’est donc pas un acte qui ne se relie pas à la réalité déjà présente et constatée par chacun. Ce miracle donne seulement à cette réalité dans laquelle il s’ancre et s’exprime, une signification nouvelle, mais néanmoins déjà présente, un avenir nouveau, mais néanmoins déjà sinon espéré du moins pressenti. Le lien avec cette réalité présente, est sans doute un aspect de ce qui relie l’alliance nouvelle, don de l’Esprit-Saint, communion à l’Esprit du Père, à celle première et ancienne, donnée et passée, avec Noé, promesse du maintien de la vie terrestre et de son ordre sur la terre. Elle relie la nouvelle alliance, de Jésus, à toute l’histoire biblique, à toute l’histoire humaine. Elle indique aussi un des aspects du mystère de l’incarnation, c’est bien de l’eau et non seulement une idée que Jésus est venu transformer. C’est ainsi, en tout cas, que les premiers chrétiens reçurent certainement l’évangile. L’alliance nouvelle et éternelle relie ainsi terre et ciel, mort et vie, l’homme et Dieu, selon un chemin inversé qui enraciné dans la vie, traversant la mort, et triomphant d’elle, s’ouvre à la vie nouvelle où la mort n’a plus de prise. (Luc XV 23 à 24 (la conclusion de la parabole du fils prodigue); I Jean II 12 )