Dans le récit de l’Exode, au troisième chapitre, Moïse ne semble prendre conscience de l’existence au singulier du peuple d’Israël, qui ne semblait auparavant n’être pour lui qu’une multitude d’hommes, qu’après la vision du buisson ardent.
De même à la Pentecôte la naissance à l’esprit de l’église, s’effectue lorsque les disciples sont tous réunis dans un même lieu. Chacun reçoit bien cependant par une langue de feu, le don de l’esprit de façon singulière et personnelle, et se met à parler selon ce que l’Esprit lui donne de s’exprimer .
Du combat singulier de Jacob 1486 dont celui-ci ne sort pas indemne, et qui ne devient Israël, meurtri, blessé, mais béni, qu’après cette lutte nocturne à Péniel, combat répercuté dans toute l’histoire d’Israël, à chacune des pages de cette histoire, depuis les psaumes qui expriment souvent la violence de ce corps à corps, comme aussi dans la vie de Jonas, qui prend ses distances avec Dieu, mais qui ne lui échappera pas, comme aussi dans le message des prophètes, qui avertissent, menacent, mais qui annoncent toujours la promesse à venir, le possible départ nouveau à partir de la repentance du coeur, comme aussi enfin dans le témoignage de Job, le juste frappé sans raison semble-t-il mais qui continue à ne rendre grâce, à ne se référer, en personne d’autre qu’en Dieu, de ce combat singulier, donc, il découle une relation tout à la fois singulière entre Dieu et l’homme, qui prend en charge, ou plutôt en compte, tout l’homme, l’homme dans sa violence, son besoin d’affirmation, non à partir de son aspect religieux au sens mystique du terme, mais de son désir de posséder, de gagner, de victoire, de s’affirmer 1487 , et tout à la fois mais par répercussion communautaire et qui fait naître l’identité commune du peuple de Dieu. Le peuple de Dieu naît en effet de ce combat, le message de salut universel offert désormais à tous les hommes, aussi.
Car le peuple de Dieu ne vit finalement pas pour lui-même mais pour transmettre à tous les peuples le témoignage dont il est l’expression vivante : c’est le sens de toute la dimension messianique juive, et de la considération chrétienne de ce messie en Christ. Il ne faudra pas moins de toute l’histoire biblique pour faire cheminer ce désir d’affirmation, à la conscience de peuple, puis d’église, de communion, de don de soi qu’exprime enfin la vie de Christ.
On voit bien alors quelques aspects de ce qui singularise le cheminement biblique dans la relation de Dieu à l’homme, de l’homme à Dieu, de l’homme à l’homme :
Genèse XXXII 24 à 28
Jésus reprend ce thème fondateur du combat lorsqu’il dit :
“Depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent le Royaume de Dieu est forcé. Ce sont les violents qui s’en emparent.
Matthieu XI 12
“La loi et les prophètes ont subsisté jusqu’à Jean; depuis lors le royaume de Dieu est annoncé, et chacun use de violence pour y entrer.”
L’apôtre Paul prend l’image de l’athlète dans le stade et du combat.
Philippiens III 12 à 14
“Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix, ou que j’aie déjà atteint la perfection; mais je cours, pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j’ai été saisi par Jésus-Christ.
Frères, je ne pense pas l’avoir saisi ; mais je fais une chose oubliant ce qui est en arrière, et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus Christ.
On peut lire aussi I Corinthiens IX 24 ; II Timothée IV 7 et 8