4 Entre foi et loi, l’action de la grâce

La foi et la loi

Loi et foi, de part leurs expressions singulières, ouvrent l’espace, dans le dialogue qu’elles supposent et l’intelligence qu’elles appellent et révèlent, comme un nouveau fondement éducationnel.

La loi, qui est résumée par les deux commandements qui supposent l’amour pour Dieu avant toute chose, et celui du prochain comme soi-même, est donc à l’origine, donnée comme une source de liberté et non comme un principe strictement législatif. Revenons, dans une nouvelle traduction, celle de la Bible de Jérusalem, un texte déjà cité selon la traduction SEGOND pour signifier qu’elle était le résumé de la loi, pour un juif légiste , contemporain du Christ.

‘Et voici qu’un légiste se leva, et lui dit pour l’éprouver : “Maître que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? Il lui dit : Dans la Loi qu’y a-t-il d’écrit ? Comment lis-tu ? “ Celui-ci répondit : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout son coeur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même.” Tu as bien répondu, lui dit Jésus; fais cela et tu vivras.” 1548

Déjà, dans l’ancienne alliance, à maintes reprises, la parole rappelle que c’est le coeur, le coeur circoncis de l’homme contrit et humilié, qui importe et non l’apparence des actions, et des sacrifices accomplis. 1549

Le pasteur réformé, Alain DEHEUVELS, président de l’association protestante, “La Cause” , première oeuvre historique française d’adoption, prit, lors d’un sermon prononcé à l'occasion d’un rassemblement organisé par l’association, le 22 Octobre 1995, à Mialet (34), l’image d’un oiseau, qui, pour voler, a bien besoin de ses deux ailes, et comparait alors cette liberté donnée à l’oiseau par ses deux ailes lui permettant de voler au dessus des choses et de se déplacer légèrement où bon lui semble, au don de la loi et de ses deux commandements principaux.

On pourrait, en poursuivant l’image, dire, que, selon la perspective chrétienne, la multitude des autres commandements, ne se rapportent peut-être qu’à la forme, ou à la couleur, du plumage des ailes de l’oiseau, qu’il faudrait sans doute parfois embellir, ou encore fournir davantage. Ces commandements, et ceci davantage, dans une perspective juive, pourraient être aussi comme des cadres aidant à ne pas oublier, à retrouver, la nécessaire consécration de tous les instants à Dieu, consécration toujours à renouveler dans la quête de sa volonté. Mais ces commandements ne changent rien à l’essentiel, et n’ont même de sens qu’en rapport à la fonction des ailes qui est de permettre à l’oiseau de se mouvoir librement. Car le principal est bien dans ces deux commandements qui sont reconnus en christianisme mais aussi dans une majeure partie du judaïsme, comme l’expression parfaitement résumée de la loi lui donnant corps et sens, dans la perspective d’une liberté retrouvée.

‘“Or le Seigneur c’est l’Esprit et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté “ 1550

À la dimension de liberté se joint la vie : la vie donnée est une vie de liberté par l’esprit. Ceci est la base de l’évangile chrétien, comme le projet même du judaïsme. Car, si nous reprenons ici une citation biblique, déjà mentionnée, du questionnement du lévite à Jésus, c’est pour nous arrêter un instant sur la conclusion que donne Jésus. “Fais cela et tu vivras.”

L’injonction à l’action se joint à la promesse de la vie éternelle.

Ce mariage de l’obligation, de l’injonction, non plus avec la lettre de la loi, ou la simple pratique d’un quelconque précepte, mais avec l’esprit qui la supporte, esprit du Seigneur, esprit de liberté, selon l’apôtre Paul, définit tout l’espace éducationnel nouveau de la Nouvelle Alliance, espace que l’on ne peut atteindre, donner et recevoir que par la foi seule.

Notes
1548.

En T 6 à la page 295 ; Luc X 25 à 28 op. cit.(Bible de Jérusalem ) ; Deutéronome VI 5 ; Deutéronome X 12 ; Deutéronome XXX 6 ; Lévitique XIX 18.

1549.

Deutéronome X 16 ; I Rois VIII 39 ; II Chroniques XXII 19 ; Psaume CXXXIX 23 ; Proverbes XXI 2 ; Ésaïe LVII 15 ; Luc VI 25 ; parmi tant d’autres passages possibles ...

1550.

II Corinthiens III 17