Désert, conversion et communion :

Il existe le moment décisif de la consécration à Dieu, de la prise de conscience que son existence n’est par virtuelle, mais réalité. On appelle ce moment celui de la conversion. Un tzigane explique dans la revue dirigée par le pasteur des tziganes Clément LE COSSEC, ainsi, les circonstances brutales de sa conversion.

‘En 1992, j’ai appris qu’il y avait des réunions évangéliques qui allaient commencer dans mon village. Je désirais y assister car le pédicatuer annoncé était un Tzigane, qui était venu chez mes parents. Il venait d’un autre village et il était converti depuis trente ans. Alors que j’étais paralysé des mains, fou de douleur, il a prié pour moi, et j’ai été délivré. J’ai alors accepté Jésus comme sauveur. Il a changé ma vie. J’étais plein de péchés et il m’a délivré. Quand les prédicateurs sintis de France sont venus, je leur ai offert de s’installer sur mon terrain. Ils m’ont communiqué la joie de servir le Seigneur parmi mon peuple. 1551

Le miraclen’est pas seulement en amont, celui qui modifie les représentations humaines, comme le souffle de l’Esprit que nous avons déjà évoqué. Le miracle se concrétise parfois concrètement, comme la parole prend chair, et la guérison devient signe. Mais le vrai miracle reste, sans aucun doute, plus sûrement encore, toujours la conversion du coeur.

Certes, la conversion, prise de conscience de l’amour de Dieu, de sa puissance qui guérit jusqu’aux maladies du corps, est décisive, mais elle n’est elle-même à la fois qu’une réponse à la parole première de Dieu, en même temps qu’elle n’est qu’un point de départ.

On voit poindre dans ce récit de Jonas ATTILA, qui avait vingt-neuf ans, au moment où il déclara son témoignage, en 1997, comme dans un deuxième temps, un besoin second, qui est celui d’annoncer la Bonne Nouvelle reçue à ses frères tziganes. Aujourd’hui Jonas ATTILA est candidat au ministère, parmi les Tziganes de son peuple, au sein de l’église de la Pentecôte, en Hongrie.

Comme pour l’apôtre Pierre, comme pour l’ensemble des disciples, entre le moment où ils décidèrent de tout laisser pour suivre Jésus, et le temps de l’église, naissant à la Pentecôte, comme pour l’apôtre Paul, entre le temps de sa conversion et le temps de son action apostolique, il y a comme un temps du désert ... Temps de la prise de conscience que le ministère qui est demandé va au-delà de la premières prises de conscience ... un temps de désert, certes, mais aussi un désert habité qui certes ne ressemble en rien au temps d’avant la rencontre avec Jésus, il n’a rien plus rien de l’absurde, mais qui demande seulement, comme par rappels successifs, à aller plus loin.

Si la conversion chrétienne peut être souvent circonscrite dans un moment décisif, la consécration, est toujours à renouveler. La consécration est une sorte de retour quotidien à la conversion, ce dont les liturgies et les répétitions liturgiques des cycles quotidiens, hebdomadaires, annuels, rendent compte.

La rencontre de Dieu et de sa parole supposent l’écoute, le silence, la conscience du désert où la volonté seule de Dieu peut enfin se faire entendre.

Et, comme pour corroborer ce que nous disons, faisons remarquer que la réponse de Jésus au lévite, citant les deux commandements, qui vont désormais libérer l’homme, à la question “Qui est mon prochain? “ est dans l’évangile de Luc, la parabole du samaritain, que nous citons, en entrée de notre thèse, et qui nous place devant la question du blessé du bord du chemin.

Jésus demande alors en retournant la question : “ Qui est le prochain du blessé ?”

Nous pouvons poursuivre en disant : “Qui est ce blessé ?” . N’est-ce pas aussi chacun ?

Notes
1551.

In “Vie & Lumière” numéro 157; 4° trimestre 97 ; (page 4 ). Témoignage de ATTILA Jonas.