Le salut, la vie éternelle et la communion au Royaume

Dès lors, donc, la réponse de l’homme est associée à la révélation divine, partie prenante intrinsèque de la révélation elle-même, comme mariée avec elle. Et la révélation elle-même semble supposer pour s’accomplir parfaitement, semble attendre et espérer, semble même n’exister que pour susciter, dans le coeur de l’homme, le réceptacle du don gratuit de son amour, du don gratuit de la vie, provoquant alors la réciprocité de l’abandon, du don de la foi, qui va permettre à la pédagogie divine, à l’enseignement divin, de poursuivre le chemin de cette histoire toujours personnelle et singulière et pourtant universelle, jusqu’à son but, le projet du salut dans la communion de l’esprit et du coeur. Le chemin de l’éducation, par excellence, est celui du témoignage, à partir duquel Dieu se manifeste par des signes forts.

‘Moïse répondit, et dit : Voici, ils ne me croiront point, et ils n’écouteront point ma voix. Mais ils diront : L’Éternel ne t’est point apparu.’ ‘L’Éternel lui dit : Qu’y a-t-il dans ta main ? Il répondit : Une verge.’ ‘L’Éternel dit : Jette la par terre :Il la jeta par terre, et elle devint un serpent. Moïse fuyait devant lui.’ ‘L’Éternel dit à Moïse : Étends ta main, et saisis-le par la queue; il étendit la main et le saisit : et le serpent redevint une verge dans sa main.’ ‘C’est là, dit l’Éternel, ce que tu feras, afin qu’ils croient que l’Éternel, le Dieu de leurs pères, t’est apparu, le Dieu d’Abraham;, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob.’ ‘L’Éternel lui dit encore : Mets ta main dans ton sein. Il mit sa main dans son sein; puis il la retira, et voici, sa main était couverte de lèpre, blanche comme neige.’ ‘L’Éternel dit : Remets ta main dans ton sein. Il remit sa main dans son sein ; puis, il la retira de son sein, et voici, elle était redevenue comme sa chair.’ ‘S’ils ne croient pas dit l’Éternel et n’écoutent pas la voix du premier signe, ils croiront la voix du dernier signe.’ ‘S’ils ne croient pas même à ces deux signes, et n’écoutent pas ta voix, tu prendras l’eau du fleuve, tu la répandras sur la terre, et l’eau que tu auras prise du fleuve deviendra du sang sur la terre.’ ‘Moïse dit à l’Éternel ; Ah! Seigneur, je ne suis pas un homme qui ait la parole facile, et ce n’est ni d’hier, ni d’avant-hier, ni même depuis que tu parles à ton serviteur; car j’ai la bouche et la langue embarrassées.’ ‘L’Éternel lui dit : Qui a fait la bouche de l’homme ? Et qui rend muet ou sourd, voyant ou aveugle ? N’est-ce pas moi l’Éternel ?’ ‘Va donc, je serai avec ta bouche, et je t’enseignerai ce que tu auras à dire.’ ‘Moïse dit : Ah! Seigneur, envoie qui tu voudras envoyer.’ ‘Alors la colère de l’Éternel s’enflamma contre Moïse, et il dit :’ ‘N’y a-t-il pas ton frère, Aaron, le Lévite ? Je sais qu’il parlera facilement. La voici lui-même, qui vient au devant de toi; et, quand il te verra, il se réjouira dans son coeur. Tu lui parleras, et tu lui mettras les paroles dans sa bouche; et moi, je serai avec ta bouche et avec sa bouche, et je vous enseignerai ce que vous aurez à faire. Il parlera pour toi au peuple; il te servira de bouche et tu tiendras pour lui, la place de Dieu.’ ‘Prends dans ta main cette verge, avec laquelle tu feras des signes. 1565

Cet étonnant dialogue préfigure l’histoire qui va suivre, histoire d’un peuple, histoire de l’église en ce qu’il montre combien la parole de Dieu, qui épouse finalement les interrogations de l’homme, le conduit à s’engager à chaque fois davantage dans l’histoire humaine. Alors, sans doute, pouvons-nous comprendre que la désobéissance ultérieure de Mériba, où Moïse croit pouvoir attribuer, à lui et à Aaron, la grâce qu’il a pourtant intégralement reçue, est elle-même finalement une grâce. Puisque Moïse et Aaron, qui n’entreront pas, à cause de cela, dans la Terre Promise, semblent simultanément malgré eux, ouvrir le champ à une ère nouvelle qui se jouera sans eux, et va conduire YHVH à poursuivre plus loin, son enseignement, son engagement. Cette ère nouvelle, d’étape en étape, de palier en palier, va le conduire à se donner lui-même, en offrant son Fils unique bien aimé en rançon.

Notes
1565.

Exode IV 1 à 17