6 La nature singulière de la révélation biblique

La révélation de Dieu vivant non d’un système.

Les premiers mots du texte biblique sont en hébreu “Bereschit bara Elohim “ ce qui se traduit par :“Au commencement Dieu (les dieux) créa”. La première lettre du texte biblique est donc bet, qui est aussi la deuxième lettre de l’alphabet hébraïque. Le nom de cette lettre, est le même que celui qui sert à désigner la maison. 1566 On peut, à la manière de bien des lectures juives et chrétiennes, lire en effet la Bible, comme une “maison” ayant sa propre logique interne : la kabbale, et la massorah, parties intégrantes de la culture juive, insistent particulièrement sur cet aspect, l’une pour saisir le sens supposé caché, l’autre pour conserver scrupuleusement le texte.

La langue même dans laquelle s’est écrite la Bible épouse les dialectes des hommes. Non seulement, il existe la différence fondamentale entre l’hébreu, voire les quelques passages en araméen de l’Ancien Testament, et le grec koiné du Nouveau Testament, mais encore, l’hébreu de l’Ancien Testament lui-même, n’est pas uniforme : on y discernerait plusieurs strates d’évolution de la langue, voire même plusieurs dialectes. 1567 Ceci est un signe supplémentaire de l’incarnation biblique dans l’histoire d’un peuple, dans l’histoire des hommes. Cette écriture dans l’histoire, incarnée, est lisible jusque dans le processus même de “canonisation “ des textes, qui semble suivre pas à pas cette histoire. De ce point de vue, les quelques “nuances “ divergentes dans la reconnaissance canonique pourraient tenir, au moins en partie, au simple concours conjoncturel de circonstances historiques. Ces divergences pouraient exprimer une sorte de prise en compte de la part humaine

En judaïsme classique ou ”orthodoxe”, même si la Bible est considérée, globalement, intrinsèquement, comme le livre inspiré par le Verbe divin, comme parole de Dieu, dont le moindre signe, la moindre lettre, revêt une importance signifiante et donc sacrée, la priorité par ordre d’importance, est donnée à la Torah, considérée intégralement comme la parole même de YHVH, révélée à Moïse, suivent ensuite les prophètes où la parole de Dieu fait irruption dans une parole humaine, puis enfin, les hagiographes qui sont davantage lus comme des paroles d’hommes, inspirées par Dieu, consacrées à Dieu, gardées par lui. André et Renée NEHER parlant de la singularité du Dieu biblique révélé par la Torah, l’expriment en ces termes.

‘Dieu est Unique, juste et bon ; il est le Dieu de chaque homme ; il est le Dieu de l’histoire humaine : telles sont les affirmations théologiques fondamentales de la Torah. Elles définissent le monothéisme biblique, qui n’est pas simplement la croyance en l’unité de la personne Divine, mais la foi en un Dieu moral et qui, malgré sa majesté transcendante, est très proche des hommes et veille sur leurs actes et leurs destinées. Ces définitions tranchent avec tout ce que l’Antiquité a pu élaborer en ce domaine. Les monothéismes qui s’ébauchent pas ailleurs, en Égypte surtout, sous Aménophis IV, surélèvent une divinité parmi d’autres sans lui concéder l’appoint moral que la Bible découvre dans l’Unité de Dieu. Les dieux “justes et bons “ que connaissent certaines doctrines philosophiques antiques sont très loin des hommes. Ils portent en quelque sorte leur équité en eux-mêmes sans la faire rayonner ; les hommes adorent la justice divine sans y participer, alors que la Bible présente la bonté et la justice de Dieu comme des valeurs que les hommes peuvent et doivent s’efforcer d’imiter sur terre. Enfin, aucune doctrine philosophique ou religieuse de l’Antiquité ne connaît un Dieu qui a créé l’humanité et le monde dans un but précis, en vue de l’accomplissement d’un certain plan, qui ne pourra se réaliser que par la coopération, par l’alliance de Dieu avec les hommes, dans une histoire ayant à la fois quelque chose de Divin et d’humain. 1568

*En christianisme, les références explicites, du Nouveau Testament, à l’Ancien Testament, depuis les paroles mêmes du Christ, puisent dans les trois types d’ouvrages, la loi, les prophètes, et les écrits, sans qu’il existe d’ordre de préférence référentielle explicite ou implicite entre les trois types d’écrits, mais davantage une référence, implicite le plus souvent, explicite parfois, à une dimension chronologique conduisant à l’accomplissement en Christ de l’écriture. Nous pouvons presque oser dire que, du fait de l’ordre chronologique historique de la révélation, en marche vers son accomplissement, en Christ, les derniers écrits prophétiques, textes qui annoncent la venue proche d’un temps messianique, revêtaient une importance essentielle, et offraient déjà une lisibilité plus facile, pour bien des chrétiens, des premiers siècles en tout cas, que pour bien des juifs de la même époque, de part un appel pressant à la conversion et un enseignement plus proche de celui de la pleine charité christique qu’ils annoncent de manière parfois très explicite.

Alors, même si, dans chaque évangile, chez chacun des auteurs supposés des épîtres, il est possible de trouver une sensibilité théologique singulière, c’est à dire des accents particuliers, ou encore, à l’extrême limite, un exposé singulier, une vision singulière, une approche singulière de la doctrine du salut, selon les destinataires, selon les circonstances historiques d’écriture, selon le ou les auteurs, il n’en existe pas moins, nous pouvons l’affirmer, presque par définition préalablement même à tout examen critique plus approfondi, du fait même de la réunion canonique des différents livres, du référent qu’ils représentent pour tout chrétien depuis l’annonce initiale, jusqu’à aujourd’hui, pour reprendre l’expression de Oscar CULLMANN, sinon une doctrine univoque du salut, du moins, a minima, une “essence commune à la pensée théologique du Nouveau Testament”. 1569 Certes, il resterait bien entendu possible de s’arrêter, comme la théologie contemporaine l’a largement fait, sur chaque livre, sur chaque auteur, pour en dégager les accents spécifiques. Si nous commençons par l’évangile attribué à Jean, qui fut probablement, nous dit-on, le dernier à être rédigé, et, comme l’indiqua saint IRÉNÉE, écrit dans la proximité de la communauté d’Éphèse, le seul des évangiles qui ne soit pas synoptique, nous remarquons, qu’il est paradoxalement, malgré l’apparence de son style parfois allégorique, très ancré dans le témoignage et la réalité des faits narrés. Oscar CULLMANN écrit d’ailleurs :

‘“Il s’agit d’une méditation profonde sur l’histoire du salut. Son dessein est de mettre en évidence l’identité entre le Jésus historique et le Christ présent dans son église. ( ...) L’objet de cet évangile n’est donc pas, comme certains l’ont prétendu, une vérité abstraite, mais un ensemble d’événements historiques présentés comme le sommet de toute la révélation divine. Loin de nier la biographie de Jésus, dans un mysticisme non historique, l’évangéliste la prend très au sérieux. Les événements ont besoin d’être réels pour être significatifs, et ce ne sont pas des symboles, mais des réalités dont la portée dépasse cependant, le moment où elles se sont produites, et s’étend à l’histoire du salut toute entière.” 1570

Le mystère de l’incarnation est au centre du récit, et il ouvre le premier chapitre de l’évangile. Par les images du verbe et de la lumière, se marque le mouvement inversé de la révélation : le Verbe prenant chair, la lumière venant vivre parmi les hommes. Il s’agit pratiquement d’une guerre déclarée au docétisme, au gnosticisme, qui faisaient florès dans l’Asie mineure, voisine de la communauté johannique. 1571 Jean annonce la primauté du Christ en toute chose, comme aussi l’ accomplissement en Sa personne, du projet de salut pour l’homme, offert, et ouvert désormais, comme une naissance nouvelle, à quiconque en accepte le don . Se situant, à la fois, au delà des temps, dans la perspective eschatologique, et dans le temps, au coeur du temps, il exprime que les Gentils et les Juifs sont réunis désormais dans le même projet qui n’est pas construction des hommes, tel le royaume de ce monde, la paix du monde. Le don du Règne nouveau, déjà présent, mais encore à venir, tout en étant pleinement accompli en Christ, donne, dans l’amour fraternel, la paix nouvelle . 1572 Le Saint Esprit, le Paraclet, le Consolateur est le lien entre Jésus, l’église, et Dieu père, dans la “Koinônia “.

L’évangile de Matthieu, dont l’auteur est un Juif, suppose une grande connaissance de l’Ancien Testament, de par les références incessantes qui y sont faites. Il met plus spécialement l’accent sur le fait que Jésus n’est pas venu pour rejeter l’Ancien Testament, mais pour l’accomplir, non seulement par une doctrine nouvelle, mais par sa personne même. Il s’adresse probablement à une communauté juive, il est peut-être le produit d’une école rabbinique, convertie à la Bonne Nouvelle. 1573

L’évangile de Marc, dont l’auteur est assez rarement contesté, 1574 longtemps lu comme le résumé du premier évangile, 1575 et, qui est aujourd’hui généralement considéré comme le plus ancien des quatre évangiles, met l’accent sur Jésus, fils de Dieu 1576 . Celui-ci est d’ailleurs ainsi nommé, dès les premières lignes du texte. Cet évangile, comme aussi Jean, mais surtout plus précisément, Luc et Matthieu, met cependant également tout autant l’accent, citant les paroles mêmes de Jésus, parlant de lui-même, sur, le “fils de l’homme”. 1577 Certains latinismes, 1578 comme la traduction donnée à certaines expressions araméennes, 1579 ou l’explication des coutumes juives, 1580 font généralement penser qu’il fut écrit à Rome pour des Romains. La personnalité de Pierre, l’apôtre, y est très présente. Simultanément, on retrouve des thèmes chers à l’apôtre Paul, comme ceux de la divinité du Christ en même temps que son renoncement pour accomplir l’oeuvre de son Père. Marc, en effet, fut, d’après les actes, proche des deux apôtres. 1581 Cet évangile qui se caractérise par son esprit de synthèse, se distingue paradoxalement également par le souci des détails pittoresques, marquant le texte d’une forte empreinte d’historicité, de référence à un témoignage direct, et à l’incarnation. 1582

Enfin, le troisième évangile, attribué à Luc, 1583 serait davantage celui d’un chrétien converti du paganisme. C’est pourquoi, sans doute, d’après cette analyse, souligne-t-il les bons rapports de Jésus avec les samaritains, et les difficultés rencontrées dans certains milieux juifs. 1584 Luc insiste sur le “Kyrios”, Seigneur. C’est ce titre que donne à Jésus, la toute première communauté chrétienne, résumant ainsi son credo, dans le kérygme fondateur. Lisant la vie du Christ à la lumière de la résurrection, il est un hymne à la joie dans la vie du ressuscité. 1585 La royauté du Christ, l’est selon une perspective inversée par rapport aux dominations des pouvoirs de ce monde.

Nous pourrions poursuivre l’analyse en décryptant la teinte, l’accent, les aspects théologiques supposés, du livre des Actes, 1586 des épîtres du corpus Paulinien, 1587 ou, des épîtres dites catholiques, 1588 de Pierre, 1589 de Jacques, 1590 de Jude, 1591 de Jean, 1592 ou, en décortiquant la théologie sous-jacente au livre de l’Apocalypse. 1593 Mais, à l’évidence, le dénominateur commun est plus intéressant à chercher, selon un point de vue, qui seul nous importe ici, d’une quête d’une intrinsèquéité éducationnelle chrétienne. N’est-ce pas autour de ce spécifique point de vue, cette annonce commune, cette proclamation, que se sont édifiés, et bâtis, le canon des textes, et l’église ?

Notes
1566.

L’écriture hébraïque ( ketav ivri ) la plus ancienne semble proche de l’écriture d’Ougarit en Syrie des XV° siècle et XVI ° siècle avant Jésus-Christ. “Dans la plupart des signes de cette écriture antique, l’objet est encore reconnaissable et ces signes portent le nom de l’objet qu’ils désignent : aleph = boeuf, bet = maison, mem = eau (représentée par des vagues”.

”DICTIONNAIRE encyclopédique du judaïsme “ Publié sous la direction de Geoffrey WIGODER “The encyclopedia of judaïsm “

(1989) ; adapté en Français sous la direction de Sylvie Anne GOLDBERG avec la collaboration de Véronique GILLET, Arnaud SÉRANDOUR, Gabriel Raphaël VEYRET ; Cerf Robert Laffont Paris 1996 ; ( pages 48 et 49).

1567.

In ibidem ; (page 141).

1568.

NEHER André et Renée “Histoire biblique du peuple d’Israël” Librairie d’Amérique et d’Orient Paris 1988 ; ( à la page 152).

1569.

CULLMANN Oscar “Le Nouveau Testament “ Que sais-je ? PUF Paris 1966 ; ( page 121).

1570.

In ibidem page 37

1571.

L’apparition de Jésus à Thomas l’incrédule marque encore plus fort cet aspect des choses. Jean XX 27 à 28

Puis il dit à Thomas : “Avance ici ton doigt, et regarde mes mains; avance aussi ta main, et mets-là dans mon côté ; et ne sois pas incrédule mais crois.” L’évangile se conclut d’ailleurs par ces termes : “Jésus a fait beaucoup d’autres choses; si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pût contenir tous les livres que l’on écrirait.” ( Jean XXI 25 ).

1572.

Jean XIV à Jean XVII

1573.

In ibidem (pp 21 à 26).

Matthieu I 22 ; Matthieu V 17 ; Matthieu XXI 4 ; Matthieu XXVI 54; Matthieu XXVII 9 ; Matthieu XXVII 35

1574.

In ibidem page page 26

1575.

BOSSUET appelait même Marc : le “divin abréviateur “.

D’après CULLMANN, (op. cit. ); ( à la page 26).

1576.

Marc I 1 ; Marc I 11 ; Marc IX 7.

1577.

Référence aux livres des psaumes ( psaume VIII 5 ; psaume LXXX 18), d’Ézéchiel, de Daniel, utilisant cette expression.

1578.

Marc use de latinismes quand il parle, entre autres, de :

- legiôn, (latin legio = légion ) : Marc V 9.

- spekoulatôr, (latin speculator), nom latin pour désigné le soldat romain gardien de la prison : Marc VI 27.

- dênarion, (latin denarius qui signifie denier ) : Marc VI 37 .

1579.

Un exemple de traduction araméenne traduite dans le texte : “talitha koumi” que Jésus prononce pour la jeune fille morte, est traduit par “je te le dis lève-toi” : (Marc V 41)

1580.

Marc explique, par exemple, que les pharisiens, et les juifs ne mangent pas sans s’être lavés les mains. (Marc VII 3).

1581.

Marc fut le compagnon de voyage de Paul. ( Actes XII 25 ; Actes XIII 5 à 13 ; Actes XV 37 à 39 ; Colossiens IV 10).

On suppose parfois qu’il travailla aussi auprès de Pierre qu’il connaissait (Actes XII 12 ; I Pierre V 13).

1582.

Un exemple : (Marc VI 40 ) Lors de la multiplication des pains, l’auteur de l’évangile, très probablement donc, Marc, mentionne, la position des gens de la foule en rangée.

1583.

Cet évangile est à fois très personnalisé, et destiné à un certain Théophile, auquel est également dédié, sans doute par le même auteur, le livre des actes. Il est attribué depuis le deuxième siècle à Luc qui fut médecin (Colossiens IV 14 ) et proche de Paul (Philémon 24 ; II Timothée IV 11 ). La méthode d’investigation , annoncée dès les premières lignes, le langage exempt de barbarismes, de néologismes, annoncent un auteur intellectuel et méthodique. (voir CULLMANN op cit pp 33 à 36 ).

1584.

On a souvent mentionné son détachement de la culture juive pour signifier une perspective plus “universaliste”, destinée aux hommes de toutes les nations, perspective qui serait davantage exprimée par l’évangile de Luc que par les trois autres témoignages. Nous avons vu que MARCION ( vers 85 ; - vers 160 ), condamnant l’Ancien Testament, s’appuya même dans sa doctrine jugée hérétique, sur cette rupture de Luc avec la tradition juive, pour soutenir, condamnant l’ancienne alliance, que, des quatre évangiles, il était le seul valable . Il n’y a rien cependant chez Luc de cette rupture radicale avec l’Ancienne Alliance, et de nombreuses références sont faites, de façon explicite ou implicite, aux récits anciens.

1585.

Des expressions de cette louange sont lisibles, entre autres, dans les cantiques que l’église a repris dans ses liturgies et qui apparaissent dès la naissance du Christ.

Le cantique de Marie : le Magnificat (Luc I 46 à 55).

Le cantique de Zacharie : le Benedictus (Luc I 68 à 79).

Le cantique des anges à Bethléem : Gloria excelsis (Luc II 14 )

Le cantique de Siméon : Nunc dimittis (Luc II 29 à 32).

1586.

Il ne s’agit pas, malgré l’annonce un peu trompeuse du titre, des actes de tous les apôtres, mais surtout de ceux Pierre et de Paul. L’apôtre Jean lui-même, selon l’expression de CULLMANN, (op. cit. page 46 ), n’y semble être qu’un figurant. Il est souvent admis que son auteur soit Luc, et que ce récit narratif , fasse suite à celui de son évangile. Là, se mêlent, les conversions, les guérisons, les discours théologiques, de Pierre et d’Étienne, les tableaux d’une église primitive vivant dans la joie manifestée du royaume en même temps que dans l’attente et l’espérance du retour prochain du Christ, le récit, sans atermoiements d’aucune sorte, serein, paisible, joyeux, des premières persécutions. Le titre du texte, comme le contenu, renforcent encore ce sentiment, né dans les évangiles, que, décidément, dans la naissance de l’église chrétienne, l’action, les actes, le témoignage, se rapportant à la parole vivante et incarnée de Dieu vivant, priment sur tout discours théorique, ou même encore théologique. L’acteur principal en est l’Esprit-Saint, témoin du Fils, et du salut acquis par lui, pour l’église et pour le monde. Ce livre est destiné à affirmer que les paroles de Jésus ne sont pas restées lettre morte, et que ses promesses trouvent leur accomplissement dans la réponse que donne la foi, dans la dimension, et personnelle, et communautaire, d’église, où chaque baptisé est appelé par son nom

1587.

Les épîtres de Paul peuvent être classées selon les périodes de la vie de Paul, grand voyageur. La première des épîtres de Paul, d’un point de vue strictement chronologique, serait la première aux Thessaloniciens et serait écrite vers l’an cinquante. Elle serait également le premier texte chrétien que nous possédions. Les deux épîtres aux Thessaloniciens marquent une première période, où Paul évoque, la nécessaire charité, le nécessaire travail, la nécessaire prière dans l’attente de l’avènement du Christ. Les grandes épîtres ( Galates, I et II Corinthiens Romains )sont en elles-mêmes des traités de dogmatique chrétienne,

Elles évoquent, pour certaines, la situation de captivité et sont par le fait même et de l’espérance qu’elles véhiculent malgré tout, un témoignage particulièrement fort et poignant : ( Philippiens , Philémon, Colossiens, Éphésiens ).

Nous pouvons retrouver dans les différentes épîtres de Paul, des éléments forts et pratiquement constants de son enseignement, comme la nécessaire et indispensable soumission aux autorité qui sont elles-mêmes soumises à Dieu, ou en tout cas, permises par Lui ; la foi dans l’espérance, l’espérance dans la charité ; l’unité du corps du Christ qu’est l’église ; la souffrance parfois bienheureuse vécue comme sanctification en Christ ; la participation au combat de la foi ; la valeur du combat de la foi ; la distance entre le règne de Dieu et les règnes des hommes, entre la droiture du coeur qui plaît à Dieu et l’apparence trompeuse. La nécessité de ne point scandaliser pour le plaisir, mais de se faire tout à tous ; l’universelle bonne nouvelle est pour tous les hommes et pour la création qui soupire également pour une délivrance ; la liberté donnée en Christ, par Christ, pour Christ, dans la vie dans l’esprit, par l’esprit, vie dans l’amour fraternel ; des enseignements pour la vie ecclésiale dans les trois épîtres pastorales ( I Timothée, II Timothée , Tite). Enfin, l’épître aux hébreux dont l’auteur n’est pas mentionné et qui occupe une place particulière en ce que généralement son attribution à Paul est contestée. Certains voient en elle un écrit johannique, d’autres l’attribuent à Apollos compagnon de route de Paul. Elle propose une relecture de l’Ancienne alliance, des pratiques anciennes, revisitées par le message de la Bonne Nouvelle de la Rédemption accomplie en Christ.

1588.

Le terme d’épîtres catholiques, rassemble l’ensemble des sept épîtres non pauliniennes, fut semble-t-il prononcé en premier par ORIGÈNE ( vers 185 ; vers 254 ) et son disciple DENYS le Grand, évêque d’Alexandrie (mort en 264 ), au III°siècle. EUSÈBE De Césarée (265 - 340), au IV ° siècle, historien de l’église, considéré comme le Père de l’histoire religieuse, en gardera l’expression, sans qu’on sache trop pourquoi, car ces épîtres sont fort différentes les unes des autres, la formule fut reprise par JÉRÔME (347 - 420 ).

1589.

La première épître, adressée depuis Rome aux chrétiens d’Asie, entre 62 à et 69, marque des similitudes avec l’épître de Paul aux Romains, écrite vers 56 -57. Elle évoque la rédemption en Christ, par sa mort, la considération respectueuse due aux autorités terrestres, la relation matrimoniale, la relation nouvelle avec Dieu, source de vie nouvelle, Christ pierre vivante et l’église construction vivante, la persévérance dans l’amour fraternel supportant patiemment calomnies et persécutions. Elle présente un début de catéchèse baptismale (de I Pierre III 18 à I Pierre IV 6 ) : le baptême est signe de la victoire en Christ sur la mort, de la vie nouvelle. La seconde épître, sur un autre registre, évoque surtout, après une mise en garde contre les faux docteurs, la nécessaire patience dans l’espérance certaine qu’impose à tous, les retards mystérieux et insondables de la Parousie.

1590.

Adressée aux douze tribus d’Israël, il ne s’agit pas d’une véritable lettre. Du fait qu’elle ne fait pas directement mention de la rédemption en Christ, on l’a parfois considérée comme un écrit judaïsant, du premier siècle : sorte de parénèse. En mettant l’accent sur les oeuvres, et sur les pauvres, elle semble parfois contesté la vision paulinienne du salut par grâce.

1591.

L’épître de Jude probablement écrite entre 70 et 80, est une exhortation à l’affirmation dans la foi de l’espérance, malgré les difficultés du temps.

1592.

Les épîtres de Jean, particulièrement la première, combattent, sans les nommer, le docétisme, et le gnosticisme. Elles ne considèrent pas la justice comme une simple exigence éthique, mais comme une certitude fondée sur la révélation chrétienne du salut en Jésus-Christ. Elles évoquent l’antéchrist, et proposent l’amour fraternel, amarré en Christ, pour les bien aimés, où l’ amour et la vérité se marient, comme parade, aux dérives doctrinaires des discours séducteurs. Car Dieu est en Christ.

1593.

On peut lire l’ensemble de ce livre, tel J. H. ALEXANDER, (ALEXANDER J. H. “Lire et comprendre la Bible” Éditions de la Maison de la Bible Genève 1973 ( 3° édition) ; ( à la page 138), comme un va et vient alternatif, tout au long du déroulement du récit, entre le ciel et la terre, comme deux réalités destinées à s’épouser l’une l’autre, dans la création nouvelle transfigurée par la Bonne Nouvelle de l’évangile de Jésus-Christ.