L’alliance ou l’engagement de Dieu selon une promesse, une parole.

Léon ROTH dans son ouvrage “Le legs d’Israël “ 1604 publié en 1934 appliqua le mot de panenthéisme à la théologie biblique, qui, dès lors, se différencie plus clairement de l’antinomie duale entre panthéisme et transcendantalisme telle que l’opposition des philosophies l’exprime.

André NEHER, quelques années plus tard, en 1955, en expliquait ainsi le terme, à partir d’une lecture des premiers chapitres du livre de la Genèse.

‘Dans le récit de la Genèse, le panenthéisme oscille entre deux expressions, dont chacune a sa valeur et sa signification. La première concerne l’Esprit de Dieu ; la deuxième sa Parole. L’Esprit de Dieu plane sur les eaux qui recouvrent elles-mêmes le chaos et les ténèbres de l’abîme : c’est la vision du deuxième verset de la Genèse. Elle admet une confrontation de Dieu et de la matière; les eaux sont en face de l’Esprit. La matière créée est inorganisée, opaque, massive, immobile. En face d’elle, l’Esprit est en mouvement, et ce mouvement est doux frôlant comme une caresse, protégeant le sommeil et suscitant l’éveil. L’image suggère que l’Esprit de Dieu embrasse le monde, sans toutefois y pénétrer. C’est la Parole qui opère cette pénétration. Dès le verset 3, Dieu parle, et la Parole s’incruste dans le monde, s’incarne dans la chose créée. Chaque nouvelle Parole de Dieu fait surgir une nouvelle phase de la création. La parole de Dieu accompagne sa création elle en est le rythme. 1605

La philosophie de la transcendance cherche à échapper à la contingence des événements et du concret, en recherchant le sens spirituel hors de la réalité. Elle se retrouve dans la pensée et les philosophies issues, directement ou indirectement, du stoïcisme. Elle fait le chemin de l’essence à l’existence.

La philosophie de l’immanence, ou du panthéisme, rejoint la famille des philosophies épicuriennes pour qui l’essence émane directement de la réalité naturelle et incarnée. Elle fait le chemin de l’existence à l’essence.

Les premières, de l’essence à l’existence, comme les secondes, de l’existence à l’essence, sont les philosophies qui cherchent, à partir de la spéculation humaine, le sens de la vie, et, n’échappent pas à un dualisme entre les deux termes.

Le panenthéisme, alors, tel en tout cas que l’évoqua Léon ROTH et que le reprit pour l’expliciter André NEHER, prend le chemin en sens, non seulement inverse de chacune des deux tendances, mais comme renversé. Le panenthéisme, en effet, qui exprime le mouvement de la révélation biblique entre esprit et parole, vient rompre cette dualité, entre le panthéisme de l’immanence divine et la philosophie ou théologie de la transcendance, entre existence et essence, entre essence et existence, par le mouvement renversé de Dieu vers l’homme.

C’est l’esprit de Dieu qui, comme lors de la vision du prophète Ézéchiel, des ossements desséchés 1606 , insuffle la vie par un mouvement issu de l’extérieur au monde et qui rejoint le monde pour le créer nouvellement lui donner vie, créant le monde de façon nouvelle.”Je mettrai mon esprit en vous et vous vivrez “ 1607

Nous avons vu que ce mouvement est au centre de l’alliance dont il constitue la définition même, entre la promesse d’une part, selon une parole qui crée et accompagne, et l’envoi, d’autre part, selon un dialogue, le dialogue au coeur du combat de la foi, le dialogue de la foi .

Notes
1604.

À la page 443 ; ouvrage cité par André NEHER in NEHER André “L’essence du prophétisme “ PUF Paris 1955 ; (à la page 132).

1605.

in ibidem ; page 132

1606.

Ézéchiel XXXVII 1 à 14

1607.

Ézéchiel XXXVII 14