2 La pédagogie descendante de Dieu, premier terme d’un dialogue.

La pédagogie descendante de Dieu.

Nous pouvons distinguer trois directions pour déterminer les singularités bibliques de la relation entre Dieu et l’homme, comme autant d’éléments de sa pédagogie “descendante” :

  • Premièrement, l’altérité de principe qui ouvre le chemin à l’éducation ...
  • Deuxièmement, l’enseignement de la grâce qui est une invitation à la communion en esprit et en vérité avec Dieu ...
  • Troisièmement, la relation nouvelle qui est mise en place, manifestée depuis Israël jusqu’à l’église, et qui concerne tout autant la relation des hommes entre eux que celle qu’ils entretiennent avec Dieu.
  • Le premier point signifie que Dieu est hors de la création, il n’est pas en fusion avec elle : entre lui et elle, il existe une altérité fondamentale et décisive, une distance. Cette distance explique et permet la “liberté” première donnée à l’homme qui le conduira à la désobéissance à la chute, au péché. Mais, si Dieu est hors de la création il n’en est pas pour autant absent. Simultanément, Dieu parle à sa création, il la conçoit, et, la fait nommer par l’homme 1951 , avec qui, il fait alliance, il la recrée, et, la fait baptiser par l’homme, qu’il veut tirer de la mort, et, la fait recréer, en esprit et en vérité, par l’homme, qu’il invite à régner avec lui . La parole de Dieu, le verbe de Dieu est créateur, "récréateur", réparateur, rédempteur, sauveur. À travers sa création, par sa parole, donc, Dieu parle et agit, il a un projet pour elle, avec elle, avec l’homme pour centre : Dieu n’est pas inerte, et cela est déjà une première grande singularité biblique. La source de la vie n’est pas un fruit du hasard, mais la vie est manifestée dans une personne vivante, créatrice et aimante, qui règne d’éternité en éternité sur toute chose et qui invite l’homme à entrer dans son projet. La distance entre Dieu et sa création permet à l’oeuvre éducative, nous entendons éducation au double sens étymologique, de “faire sortir”, et de , “donner du prix”, de devenir, depuis la Torah, dont le mot en hébreu, veut dire “enseignement”, jusqu’à Jésus, que ses disciples appelaient “rabbi” qui signifie maître, la manifestation, par excellence, de l’action de Dieu sur l’homme, avec l’homme, pour l’homme. Cette action est donc bien une pédagogie, au sens grec d’accompagnement du chemin de l’homme. 1952
  • Une seconde grande singularité biblique est l’invitation à entrer dans le point de vue de Dieu, nous l’avons signalée. Cette invitation ne suppose pas seulement le simple et strict changement de perspective que nous avons évoqué. Elle ne se résume pas à un changement de place. L’entrée dans le point de vue autre, de Dieu, est aussi, et avant tout, l’entrée dans, et la communion avec, l’esprit même de Dieu. Elle appelle et suppose simultanément un changement du coeur, un changement intérieur, qui s’opère gratuitement, par grâce, c’est à dire, non du fait des seuls efforts de l’homme, mais avant toute chose, du fait, du don gratuit de Dieu. L’homme est invité alors à entrer dans une communion d’esprit, communion en esprit et vérité, avec Dieu. Communion en esprit et en vérité, veut dire, en bout de course, à la dernière étape de l’histoire de l’alliance, une communion d’intentions, entre Dieu et l’homme, rendue parfaitement possible, depuis la Pentecôte et le don de l’Esprit-Saint. L’homme n’est plus le serviteur, seulement, mais un fils de Dieu, l’ami, l’ héritier du royaume. Cette communion en esprit et vérité est un passage de la mort à la vie qui s’exprime par l’amour pour Dieu et le prochain, inséparables l’un de l’autre, une compassion pour le plus faible, qui va jusqu’à la communion en ses souffrances, l’intercession active, peu à peu révélées, par la Bible, comme essentielles. Cette communion est grâce, communion à la grâce, au don gratuit de Dieu, dont le Christ, le fils unique, par le sacrifice sur la croix, accomplit parfaitement le message et le don, comme, il en ouvre le chemin, par le passage de la mort à la vie, retour au règne premier et dernier, règne éternel, de Dieu, manifesté par sa victoire sur la mort, que la résurrection dessine.
  • Une troisième caractéristique, que nous avons également tout juste mentionnée, est l’association, dès lors, de la justice, au sens de réparation, ou, de la justesse, au sens de la bonne “longueur d’onde “ de relation, avec la sainteté, d’une part, avec la vie éternelle, la vraie vie, d’autre part. La joie et la louange sont, dès lors, les signes les plus tangibles de la manifestation de l’Esprit de Dieu, de la communion qu’il donne.
Notes
1951.

Genèse II 18 19

1952.

Note connexe numéro 22 adjointe à ce chapitre “Médiation ou accompagnement ? ” ...

Extraits de : CABALLÉ Antoine op. cit. ; 1993 ; pages ...108 à 129