Du créateur au Seigneur.

La tradition juive relève plusieurs noms pour signifier Dieu :

  • YHVH, le tétragramme, est souvent traduit pas l’Éternel. Il est le nom de Dieu donné par Dieu lui-même à Moïse, “Je suis celui qui suis “ ou “ “Je serai qui je serai “ : “éhevé (eheieh ehyeh) asher (acher ) éhyéh (ehyeh )“ . C’est le nom que Moïse reçoit devant le buisson ardent. 1953
  • Yah, est une variante contractée de cette même appellation, car, en judaïsme orthodoxe, la coutume s’est faite jour de ne pas même écrire, dans son intégralité, le nom de Dieu ...
  • Adonaï dérive de Seigneur (adon ) et signifie “mon Seigneur “ ...
  • El, Eloah, Elohim, signifient Dieu ...
  • El est le terme générique qui sert à désigner Dieu dans le monde sémitique. El n’est pas utilisé comme un nom personnel de Dieu, il vient probablement de la racine Yl ou Wl qui signifie “être puissant “.

Parmi les noms de Dieu, bon nombre sont écrits à partir du préfixe El :

  • “El elyon” est “El le Très Haut “ dont l’une des premières occurrences apparaît dans le livre de la Genèse avec Melchisédek prêtre de el elyon ... 1954
  • El olam “ est “El l’éternel” et semble principalement associé au sanctuaire érigé à Bersheva (Beer-schéba), suite à la rencontre avec Abimélec (Abimélek) ... 1955
  • “El chaddaï “ signifierait “Dieu celui des montagnes,” ou “Dieu , le tout puissant” , il se rapporte au Dieu qui est apparu à Abraham, Isaac, et Jacob ... 1956
  • “El berit “ signifie Dieu de l’alliance ... 1957
  • “El gamna” signifierait Dieu jaloux 1958
  • “ El haï “ est le Dieu vivant 1959
  • “El Ro’i” est le Dieu de la vision 1960

On retrouve ce préfixe au devant de certains noms humains ( Élie, Élisée, Élihou ou Élihu, Élisabeth, Éliméléc ...), comme aussi parfois en suffixe ( Emmanuel, Israël, Ismaël, Samuel, Daniel, Micaël (Mickaël) ou Michel ... ), comme pour exprimer et signifier concrètement l’alliance de Dieu et de l’homme.

  • Eloah est la forme au singulier qui apparaît dans le livre de Job, du pluriel Elohim qui est le nom le plus souvent utilisé dans la Bible pour évoquer Dieu ... Remarquons que ce pluriel s’utilise grammaticalement comme un singulier. Ce qui est souvent souligné, en théologie chrétienne, comme les prémices implicites de l’expression de la trinité ... 1961
  • Chaddaï signifie Tout-Puissant ...
  • Ha-qadoch baroukh hou signifie le Saint, béni soit-Il ...
  • Ribbono chel Olam veut dire Maître de l’univers ...
  • Ha-Maqom veut dire le Lieu ...
  • Ha-Ra h aman veut dire le Dieu de miséricorde ...
  • Chekhinah est la présence de l’Esprit divin ...
  • Én Sof évoque la notion d’infini
  • Gevourah évoque le Très-Puissant ...
  • Tsour Israël est le rocher d’Israël
  • Chomer Israël est le Gardien d’Israël
  • Melekh malkhè melakhim désigne le Roi de tous les rois .... 1962

Ces interpellations diverses et multiples, bien que, dans la tradition juive, n’ayant pas toutes la même valeur évocatrice, 1963 expriment, essentiellement et simultanément, Dieu, comme personne créatrice, et, comme Seigneur. Dieu le créateur donne, par là même, un nom à chaque chose et à chaque créature, tandis que, Dieu le Seigneur, se laisse nommer, louer, à partir de sa Seigneurie reconnue dans la rencontre personnelle et communautaire, et par une libre adhésion de l’homme. Il s’instaure, déjà, par là même, comme un début de dialogue, entre la parole première et dernière, institutrice et créatrice, de Dieu, et la réponse de l’homme.

Notes
1953.

Exode III 14

1954.

Genèse XIV 18 à 20

1955.

Genèse XXI 33

1956.

Exode VI 3

1957.

Juges IX 46

1958.

Exode XX 5

1959.

Josué III 10

1960.

Genèse XVI 13 ; nom que donne Agar à l’Eternel qui lui a parlé.

1961.

“Certains critiques ont soutenu que, Elohim étant un pluriel, nous avions là, la preuve du polythéisme des anciens hébreux (J. Soury, Baudissin). La preuve, au contraire, que cette assertion est fausse, nous l’avons dans les épithètes et dans les verbes qui accompagnent le mot Elohim dans la Bible et qui sont toujours au singulier. Ainsi Genèse I 1 dit, non pas Elohim (les dieux) créèrent, mais : Elohim créa (bara). En réalité la forme pluriel du Dieu de la Bible évoque le respect voué à Dieu. Il est un pluriel d’excellence, le nom synthétique qui réunit toutes les perfections divines. En même temps, il indique la présence de plusieurs personnes dans la divinité (cf, également le pluriel dans Genèse I 26 ; Genèse III 22 : “l’homme est devenu comme l’un de nous“). NOUVEAU DICTIONNAIRE BIBLIQUE éditions Emmaüs 1806 ; Saint-Légier sur Vevey Suisse ; 3° édition revue de 1975 ; ( à la page 195).

1962.

Notre source principale :

“DICTIONNAIRE encyclopédique du judaïsme “ Publié sous la direction de Geoffrey WIGODER “The encyclopedia of judaïsm “

(1989) ; adapté en Français sous la direction de Sylvie Anne GOLDBERG avec la collaboration de Véronique GILLET, Arnaud SÉRANDOUR, Gabriel, Raphaël VEYRET ; Cerf Robert Laffont Paris 1996 ; (pages 284 à 286).

1963.

El, Elohim, Ehyeh, acher, ehyeh, Adonaï, YHVH Tsevaot, (”armées”), et Chaddaï , peuvent être écrits mais non effacés, selon le Talmud (Chevouot 35a - b ). Au contraire de tous les autres noms divins qui peuvent être écrits sans restriction aucune.