3 La révélation de personnes non de théories.

Des personnes émergent donc de la Bible, et non des théories. Certaines de ces personnes jouent un rôle déterminant, mais aucune d’entre elles n’est au dessus de Dieu. Ce ne sont pas elles, donc, qui sont à glorifier, selon l’inspiration biblique, mais l’Éternel Dieu. Dans l’esprit du texte biblique, il s’agit même là d’un caractère invariant, en dépit des évolutions historiques, des apparentes contradictions formelles qui signifient, de fait, une permanence. Nous pouvons, à ce point de notre réflexion, reprendre à notre compte le titre du livre de Jean François KAHN “Tout change parce que rien ne change” 2115 et cela même si notre perspective est toute différente que celle du philosophe journaliste qui cherche l’invariance, dans les structures humaines, génétiques, sociales, éthiques. L’invariance biblique est dans une révélation, à partir d’une parole qui arrache l’homme à son propre déterminisme et à sa propre finitude, voire à ses propres invariants structurels, comme à ceux des sociétés qui sont les siennes. Il n’en reste pas moins que, bibliquement, tout change parce que, seul, YHVH ne change pas, dont la parole adressée n’a de cesse de rappeler à l’homme, la justice de son amour, l’amour de sa justice, sa volonté rédemptrice.

L’invariant est au niveau du créateur, de l’intention créatrice et rédemptrice, non au niveau d’un système. La Bible, toute entière, rappelle que Dieu est vivant et se distingue dès lors des images, des idées et des idoles inertes. L’invariant est au niveau de sa parole, qui est un souffle qui rend libre, tout à la fois, et Dieu, et l’homme. Dans le livre de Daniel, 2116 le roi Darius, très puissant roi de Babylone, est prisonnier d’un décret qu’il a lui-même pourtant promulgué et qui l’oblige à condamner le prophète à être dévoré par les lions. Le roi voudrait bien revenir sur son décret qui obligeait chacun, pendant une durée de trente jours, à ne pas adresser d’autre prière qu’à lui seul, et qui entraîne la condamnation du prophète Daniel qui prie, trois fois par jour, son Dieu. Mais la loi Perse à laquelle, et cela semble tout à son honneur, il se soumet, le lui interdit. Le voilà donc, prisonnier de sa parole, contraint d’envoyer Daniel dans la fosse aux lions tout en espérant que Dieu le délivre. 2117

‘Alors le roi donna l’ordre qu’on amenât Daniel, et qu’on le jetât dans la fosse aux lions. Le roi prit la parole et dit à Daniel : Puisse ton Dieu, que tu sers avec persévérance, te délivrer. 2118

Ainsi ne semble pas “fonctionner”, si le terme n’est pas trop impropre, la parole de YHVH. YHVH, pourtant fidèle à sa parole, revient sur ce qu’il dit, à plusieurs reprises, lorsque l’homme se repent, intercède, ou par simple décision. La parole de Dieu est véritablement souffle imprévisible, parce que vivante, et ne peut se mettre en système, en catégorie, en équation. Dieu, si l’on peut dire, ne semble jamais prisonnier de ce qu’il dit. Sa parole se conjugue toujours au présent et ouvre à l’avenir.

La lecture chrétienne permet, à partir de l’accomplissement en Christ de la parole biblique, de glorifier désormais le Fils et le Père dans la communion à l’Esprit. Nous essaierons de lire ici au travers de quelques personnages, en laissant de côté pour l’instant les personnages négatifs, de façon fort synthétique, quelques aspects qui les rendent “exemplaires” dans le cadre d’une lecture chrétienne fondée sur cette notion d’accomplissement en la personne de Jésus-Christ. Lecture christocentrique, donc. Ce caractère “exemplaire” ne nous semble cependant pas très loin, pour ce qui concerne évidemment l’Ancien Testament, de la lecture juive orthodoxe, qui rejoint, bien qu’autrement, mais de façon tout aussi centrale, la notion messianique, et, qui pourrait, nous semble-t-il, pour la plupart d’entre les exemples choisis dans l’Ancien Testament, les prendre en compte.

Nous reprenons ici, bien que retouchée, la liste des personnages que nous avions nous-même proposée, librement, à l’étude d’enfants âgés de quinze ans de l’école biblique protestante de la communauté de l’Église Réformée de France, association cultuelle Saint-Étienne-Forez, en préparation du baptême, ou de la confirmation de celui-ci, lors d’une retraite effectuée à Chambles près de Saint-Étienne, du 29 Février au 1 Mars 1998. La liste retouchée, telle qu’elle se présente ici, est faite en vue d’une présentation aux jeunes de l’année suivante. Les quelques notes succinctes invitent à situer cette lecture dans la perspective du “projet christique” de Dieu.

Notes
2115.

KAHN Jean François “Tout change parce que rien ne change : introduction à une théorie de l’évolution sociale.” Fayard Paris 1994 ; (766 pages).

2116.

Daniel VI

2117.

Et Daniel sera sauvé effectivement à la grande joie de Darius qui le réintégrera dans ses fonctions de ministre.

2118.

Daniel VI 16