“Aveugles, voyez ...”

Cette énumération fort incomplète ressemble à un peuple nombreux, un peuple “dans la Bible” par opposition aux peuples “de” la Bible, ou “du” livre, qui sont les manifestations incarnées vivantes de cette histoire biblique dans notre histoire. Ne tenons-nous pas par là une singularité éducative fort objective ? Au peuple “dans la Bible”, aux centaines, voire aux milliers de visages, l’histoire jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à nos rencontres dans nos vies personnelles, répond par des peuples nombreux, aux millions de visages, selon la promesse faite à Abraham.

Mais au fond, le grand absent de cette énumération que nous venons de faire, de ce peuple “dans la Bible”, est évidemment son personnage principal, selon la lecture chrétienne, du moins, le Christ Jésus. Il est celui qui permet de comprendre et d’entendre les péripéties, et les aventures des uns et des autres, à partir d’un absolu et gratuit, don de Dieu lui-même, se “vidant” de lui même, 2121 donnant sa propre vie, pour l’homme. Par amour.

Alors, les épisodes sanglants de l’histoire biblique peuvent être compris rétroactivement, comme ils le furent déjà par les prophètes, comme des épisodes qui conduisaient l’homme vers cette compréhension du don d’amour gratuit. De la repentance à la conversion.

Alors, les sacrifices offerts, et les règles de la loi peuvent être entendus comme un cheminement pour se préparer à accueillir et à comprendre la grâce absolue manifestée en Christ. Sur un chemin d’éducation où Dieu était et reste le pédagogue. Le chemin était long, il reste encore sans doute un chemin à vivre, pour chacun qui se confie en lui. En cours de route, ce n’est pas Dieu qui a changé, malgré ses repentirs, qui n’étaient que des changements d’attitude propres à toute personne vivante, s’inscrivant dans une relation vivante, mais bien l’homme qui a été conduit, jusque dans ses repentirs, et sa conversion, et qui a été éduqué.

Ainsi, c’est à partir de Jésus, dans sa personne même, 2122 qu’il faudrait regarder sans aucun doute à présent, les effets de l’éducation biblique. Nous allons parfois aborder cette question trop vaste, évidemment, et qui ferait à elle seule l’objet d’une ou plusieurs autres thèses, mais nous n’allons pas la pousser à son terme, fort loin de là, car tel n’était pas le sujet du présent écrit. Si nous n’allons donc pas pousser trop en avant, dans la suite de notre thèse, notre investigation à partir de Jésus et de sa personne, c’est bien cependant à partir du nouveau point de vue que Jésus donne que nous avons tenté de souligner la singularité biblique à l’éducation dans la Bible chrétienne.

Notes
2121.

Philippiens II 6 à 7

2122.

On peut se reporter à ce sujet au très bon ouvrage de CHAYNES Christiane “Une pédagogie de la personne- La pédagogie de Jésus” Éditions Foyer Notre-Dame Bruxelles 1978 ; (112 pages).