La kénose, le don d’amour gratuit : ni panthéisme, ni idéalisme

Le panthéisme réduit “le dieu” à la nature.” Le dieu” et la nature ne font donc qu’un pour le panthéisme. Saint FRANçOIS D’ASSISE, a chanté, dans ses fioretti, plus que tout autre, la visitation de Dieu dans la nature, l’amour de Dieu pour elle, en elle. Le Dieu biblique est certes présent dans la nature qu’il a créée, mais dans une nature qui soupire les douleurs d’un enfantement, qui soupire, comme l’homme, vers une délivrance 2125 . Dieu n’est pas réductible à elle. Il est surtout, nous l’avons dit, en dehors de celle-ci, libre par rapport à elle, et aux lois qui la soumettent., comme l’indiquent ses nombreuses interventions miraculeuses, surnaturelles, dans la Bible, et dans l’histoire chrétienne. En fait, sans être réductible à la nature, Dieu n’en est pas non plus le grand absent, il la visite, l’habite, la recrée pour une rédemption qui la concerne, elle aussi. 2126

L’idéalisme désigne “le dieu “ par l’idée que l’on s’en fait. Il peut rejoindre un spiritualisme qui le cherche lui, par l’abstraction au réel. Le Dieu biblique n’est pas totalement absent des idées humaines, mais comme Paul prêchant à l’Aréopage d’Athènes, sur le dieu inconnu, il est surtout présent dans les absences, dans les vides, laissés par les idées, comme par les quêtes religieuses. 2127

La nature n’est plus vouée à la mort, elle est visitée pour une rédemption, pour une création nouvelle, les nouveaux cieux la nouvelle terre, idem pour les idées, idem pour la quête spirituelle, idem finalement pour tout l’homme, pour toute vie.

L’hymne aux Philippiens, appelé aussi celui de la kénose (rappelons que ”kenoo” signifie se vider, Dieu par son fils se vide de lui-même), le chante : le mouvement, inversé, renversé, retourné, depuis Dieu, vers l’homme, suscité par l’amour gratuit, est à l’origine d’un changement radical de toutes les perspectives, et de l’ouverture de toutes les dimensions de la réalité au Christ, devant qui tout genou fléchit, sur terre, sous terre, et dans les cieux .

‘Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal à Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort sur la croix. C’est pourquoi aussi, Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre, et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur à la Gloire du Père. 2128

L’invitation à la communion en Esprit avec Dieu lui-même, est donc rendue possible en Christ. Le maître s’est fait serviteur, Dieu s’est laissé mettre en croix, pour épouser jusqu’à son tréfonds, notre condition humaine et la tirer de la mort vers la vie.

Notes
2125.

Romains VIII 22

2126.

Ésaïe XI 1 à 10 ; Ésaïe LXV 17 à 25

2127.

Actes XVII 15 à 34

2128.

Philippiens II 5 à 11