L’événement de la Pentecôte, une rupture de l’histoire et un accomplissement.

Le don de la joie, signifiée par le vin de la cène, est bien au centre du témoignage du chrétien. Cette joie est un plus, inexplicable, inexpliqué, mais comme le sang du corps, elle est essentielle. Sans le sang qui lui donne vie, le corps n’est qu’inertie. C’est pourquoi les évangiles, déjà, par la proclamation qu’ils clament et qui les identifie comme tels, les épîtres, mais aussi l’enseignement des Pères de l’église, le témoignage des saints, sont toujours marqués par une dimension joyeuse qui en fait la particularité essentielle. Joie d’un coeur d’enfant, d’un coeur circoncis, conscient de sa faiblesse mais que tout émerveille. ²¹³⁸

Cette joie gratuite déversée, comme le torrent issu du temple, dont parle le livre d’Ézéchiel, ²¹³⁹ marque une rupture dans l’histoire par le don gratuit de l’Esprit qui fait entendre chacun parler des merveilles de Dieu dans sa langue. Dieu est venu visiter son peuple. Son peuple s’élargit aux hommes de toutes races, cultures, nations. S’établit entre les hommes, dès lors, une relation nouvelle sur un autre registre que celui de la raison spéculative, du calcul des probabilités et des statistiques, des déterminismes supposés, du caractère de chacun, de la caractérologie à l’astrologie, des typologies qui en émanent, des connivences, des affinités, des sympathies ou des antipathies particulières.

L’irruption de l’Esprit-Saint signifie vraiment comme une nouvelle naissance. Celle-là même que Jésus prophétisa à Nicodème, la caractérisant comme essentielle pour entrer au Royaume. Mais cette nouvelle naissance est curieusement reliée à un passé, une histoire, la révélation en marche depuis l’origine. Et s’accomplissent à la Pentecôte les rêves et les paroles des prophètes.