Nous retrouvons ces deux dimensions dans les récits de la nativité. Rupture, irruption d’un temps nouveau, mais enracinement dans une mémoire, une parole ancienne. Le cantique de Marie commence par l’évocation des générations futures et se conclut par l’allusion faite à la parole donnée à Abraham, les générations passées. Entre les deux, les allusions aux textes bibliques sont constantes.
Marie, visitée par l’ange Gabriel, puis par l’Esprit-Saint, se trouve enceinte de Dieu, de l’Esprit de Dieu, devenu, par là même, père et époux, de la condition humaine. Elle court l’annoncer à Élisabeth sa cousine, mouvements encore dans le quotidien des gestes.
Dès ce moment de l’écriture, par le cantique qu’elle prononce, Marie se relie dès lors, aux sans voix de la terre, aux humbles, dont Dieu lui même vient partager la condition. 2140
‘Mon âme exalte le Seigneur , et mon esprit se réjouit en Dieu,L’incarnation du fils, le chemin qui va de la conception du Christ à sa naissance, de son enfance à son ministère, de son ministère à sa mort, de sa mort à sa résurrection, de sa résurrection à ses apparitions, de ses apparitions à son élévation, jusqu’au don de l’Esprit-Saint à la Pentecôte, est donc l’accomplissement de ce qui, depuis le développement de la révélation biblique, est présent.
Mais le cantique de Marie ne fait pas que répéter l’Ancien Testament, il annonce déjà le Nouveau. Et même déjà, il semble le regarder comme dépassé, ou en tout cas comme accompli. D’où le temps employé, au passé. Ce cantique chante le chemin de l’alliance jusqu’à la vision finale, d’un monde de justice, de paix, où, pour reprendre les paroles de Jean-Baptiste, les collines seront abaissées, les vallées comblées, où ce qui est tortueux sera redressé, et les chemins raboteux, aplanis et où toute chair verra le salut de Dieu. 2151 Ce cantique, le mangificat, ouvre un chemin de louange à l’église qui va naître à la suite du Chrit, comme un peuple de témoins de l‘incarnation et de la relation nouvelle tant envers Dieu, Père et époux, juste, et bon, qu’envers les hommes de toutes nations et cultures.
Nous allons ponctuer le cantique par les références à l’écriture ancienne en notes de bas de page (voir les notes qui suivent). Ce texte, de façon globale, peut être rapproché de I Samuel II 1 à 10 ; le cantique de Anne la mère de Samuel.
Ésaïe XXIX 19
Psaume CXI 9
Exode XX 6 ; Psaume CIII 17
Psaume LXXXIX 11 ; Ésaïe LI 9 ; Ésaïe LII 10 ; Habacuc III 18
Psaume XXXIII 10 ; I Pierre I 5
Job V 11 ; Job XII 19
I Samuel II 8 ; Psaume CVII 41 ; Psaume CXIII 6 à 7
Psaume XXXIV 11 ; Psaume CVII 9
Ésaïe XXX 18 ; Ésaïe XLI 9 ; Ésaïe LIV 5 ; Jérémie XXXI 3 ; Jérémie XXXI 20
Genèse XII 3 ; Genèse XIII 15 ; Genèse XV 18 à 22 ; Genèse XVII 19 ; Genèse XXII 18; Psaume CXXXII 11
Luc III 5 à 7 (voir aussi Matthieu III 3 ) ; Marc I 3 ; Jean I 23. Jean-Baptiste reprend en partie :
Psaume LXLVIII 2 : Ésaïe XL II ; Ésaïe LII 10