Du geste confié au geste confiant

Le geste confié de Noé 2240 laissera, contre toute vraisemblance, du type de celles issues d’une référence de type statistique, ou opinion générale de ses contemporains, ou même spéculation fondée sur les probabilités, toute chose, pour bâtir une arche telle que YHVH la lui demandait. De confié, son geste fondateur d’obéissance, se fit confiant. De même, nous retrouvons à la deuxième étape du cheminement de l’alliance, le geste confié d’Abram qui laissera son pays, sur la parole de Dieu, pour aller vers le pays que le Seigneur lui montrerait. 2241 Le geste confié d’Abram devenu Abraham, se muera lui aussi en une confiance grandissante en YHVH, au point d’être prêt à lui sacrifier son propre fils Isaac. 2242 Le geste confié se mue toujours en bénédiction. Nous en retrouvons un exemple lorsque Abram laisse à Lot la bonne part. 2243 Le geste, ce mot entendu dans son acception la plus large, est confié à (et en ) YHVH, telle est la vocation d’Israël.

La Torah, ses multiples préceptes, tels que Moïse les entendit, les transmit, et qui s’immiscent dans le moindre détail de la vie quotidienne, en sont une illustration. La loi a pour objet la rédemption du pécheur, et dans un second temps, sa sanctification. Par exemple, la loi et les pratiques rituelles, sacrificielles et de consécrations, décrites dans le livre du Lévitique ont ces deux fonctions principales. La première partie du livre, des chapitres un à seize, montre la distance qui sépare l’homme pécheur, de YHVH, très saint. Son objectif en est la rédemption. Elle se conclut au chapitre seize par la description du jour des expiations, le Yom Kippour, le Grand Pardon. La seconde partie du livre, à partir du chapitre dix-sept, présente une série de préceptes propres aux cérémonies (chapitre dix-sept), au culte d’adoration, fêtes, années sabbatiques et jubilés, (chapitres vingt-trois à vingt-cinq), des règles propres à la vie quotidienne concernant la sanctification de tout un chacun et puis, plus spécifiquement, concernant les prêtres (chapitres dix-huit à vingt-deux). Les chapitres vingt-six et vingt sept reviennent sur la nécessité de cette consécration permanente, toujours renouvelée, dont, le refus du culte des idoles, les offrandes, les voeux, la dîme, sont une expression, comme une source de bénédictions. Jacob sortant du combat de Péniel, 2244 Joseph 2245 , ou encore Jérémie 2246 au fond de leur citerne, le peuple sortant d’Égypte, ne se confiant pas dans l’armure de ses cavaliers 2247 , se nourrissant de la manne quotidiennement renouvelée 2248 , voyant tomber les murailles de Jéricho 2249 , David devant Goliath 2250 , Job livré à sa détresse, lui le juste, se condamnant sur la poussière et sur la cendre, 2251 Jonas dans le ventre du poisson 2252 , les trois amis de Daniel dans la fournaise 2253 , Daniel, lui-même, dans la fosse aux lions, 2254 Jésus dans tout son ministère, mais songeons spécialement ici à, Jésus priant, se retirant pour prier, 2255 à l’épisode de la tempête apaisée 2256 , ou à celui de la croix 2257 , Pierre se rendant chez Corneille 2258 , Paul aveugle guéri par Ananias 2259 , Paul 2260 encore livré à l’Eurapuilon (Euroclydon), ce vent impétueux qui conduisit son navire au naufrage, à Malte, sont parmi bien d’autres, des exemples qui rappellent que la constante principale de l’enseignement biblique est la foi, la confiance, en tout cas, c’est cet aspect, que de manière exclusive le Nouveau Testament choisira de relever et de souligner, comme la quintessence de l’enseignement biblique accompli en Jésus.

Nous retrouvons cet appel à la confiance renouvelée, à la consécration, pour une rédemption, en vue d’une sanctification, comme une permanence du texte biblique, depuis les principes du cheminement de l’alliance, jusqu’à la Torah, les écrits qui accompagnent l’enseignement biblique, dans le témoignage des prophètes, comme en l’enseignement de Jésus.

Si le christianisme en fait une question d’esprit, l’invitation à la communion d’esprit avec Dieu Père, sous l’onction de l’Esprit-Saint, qui souffle où il veut et révèle ces choses aux enfants, la tradition juive peut être comprise comme une quête sans cesse renouvelée, pour une même rédemption, une même sanctification. Les textes de la tradition juive, écrits sous l’autorité des rabbins, commentent interprètent, et actualisent l’enseignement de la Torah selon un même principe, mais selon un autre mode. Ici, l’exégèse et l’étude sont chargées de tirer la quintessence de l’enseignement de la foi.

Cette exégèse n’en est pas réduite cependant à la pure spéculation intellectuelle, elle s’inscrit dans la pratique religieuse, dans l’écoute de la Parole première et dernière de YHVH, comme la récitation, la prière juive, Shema’ (Chema) Israël, Israël écoute , matin et soir, le signifie.

‘Écoute, Israël! L’Éternel, notre Dieu est le seul Éternel. Tu aimeras l’Éternel ton Dieu, de tout ton coeur; de toute ton âme de toute ta force.’ ‘Et ces commandements, que je te donne aujourd’hui, seront dans ton coeur. Tu les inculqueras à tes enfants et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras, quand tu te lèveras. Tu les lieras comme un signe sur tes mains, et ils seront comme des fronteaux entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. 2261

L’enseignement, ce qui se traduit par Torah, se substitue à l’idéologie, ce qui rejoint étymologiquement au moins, l’idole. La cohérence n’est pas dans les concepts, mais dans l’enseignement aux enfants, que commande la Torah. Ces enseignement, on pourrait dire aussi cette éducation, ne se promulgue pas à coup de préceptes théoriques, mais consiste à passer du geste confié au geste confiant, du geste au confiant au geste confié.

Notes
2240.

Genèse VII 1 à 9

2241.

Genèse XII 1 à 4

2242.

Genèse XXII

2243.

Genèse XIII 1 à 13

2244.

Genèse XXXII 24 à 32

2245.

Genèse XXXVII

2246.

Jérémie XXXVIII

2247.

Exode XIV

2248.

Exode XVI

2249.

Josué VI 1 à 27

2250.

I Samuel XVII 12 à 58

2251.

Le livre de Job, Job XLII 1 à 6

2252.

Jonas II

2253.

Daniel III 3 à III 33

2254.

Daniel VI 1 à VI 29

2255.

La prière de Jésus, retour à la consécration, jalonne, accompagne, ponctue son ministère. Elle précède son ministère lors de la tentation, accompagne ses miracles, la désignation des douze apôtres, la transfiguration, la dernière Cène, la croix.

2256.

Matthieu VIII 23 à 27 ; Marc IV 35 à 41 ; Luc VIII 22 à 25

2257.

La mort de Jésus est précédée, accompagnée par sa prière, exprimant, seule encore , en ce moment, la tension de sa volonté.

2258.

Actes X

2259.

Actes IX 1 à 22

2260.

Actes XXVII 1 à XXVIII 10

2261.

Deutéronome VI 4 à 9 op. cit.