2 Du dialogue à la communion : Le retournement pédagogique

La spécificité biblique oblige à une prise en compte nouvelle de ce qu’éducation veut dire

Il existerait deux modes d’approche pour la prise en compte de l’éducation et de l’enseignement, mais aussi des savoirs et des apprentissages :

  • Le mode spéculatif suppose une intellection, une mise en place et une remise en cause permanente du modèle de référence, construit. Ce premier mode opère à partir d’un calcul, ayant pour objet la maîtrise du monde, et des choses.
  • Le mode de l’adhésion, en référence à une vérité révélée ou encore à caractère spirituel, éthique et raisonnable, suppose une connivence de principe, ayant pour objet, implicitement ou explicitement, directement ou indirectement, le sens et le prix accordés à la vie. Nous trouverions là, la distinction entre le monde physique des lois naturelles, limitées par la vérification expérimentale, et l’univers de la métaphysique qui fonderait justement les rapports à la physique. La métaphysique se fonderait elle-même sur une spéculation transcendante, portant sur les domaines immatériels, à partir d’une volonté humaine de dépassement de sa condition présente.

Les deux modes s’enchevêtrent d’ailleurs, et interagissent entre eux. Toute adhésion suppose une spéculation, ne serait-ce qu’en amont de sa source, toute spéculation suppose une adhésion, ne serait-ce au moins, qu’au fondement du principe spéculatif, une fois celui-ci posé comme tel.

Bien entendu, le fondement de la Bible ne rejoint pas le mode spéculatif strictement intellectuel, c’est pourquoi, délibérément, son texte semble ignorer les lois physiques, voire chimiques et bio-chimiques qui régissent l’univers, contrairement aux textes qui lui sont contemporains dans l’antiquité qui mêlent allégrement, faute de repères clairs, croyances mythiques et repères rationnels vérifiables. Son combat est ailleurs, et la Bible semble le poser a priori, et le désigner clairement.

Toute analyse à caractère strictement métaphysique nous semble, de plus, sinon totalement absente dans la Bible, du moins vraiment marginale, en tout cas, au sens que prend ce mot de métaphysique, au moins depuis René DESCARTES ( 1596 - 1650 ). 2290 Nous entendons par là, une approche strictement spéculative et intellectuelle portant sur l’"immatérialité" de l’être. Celle-ci s’oppose quant à son objet à la physique portant sur des objets concrets, et à la mathématique qui porte sur des objets abstraits. Elle évolue cependant comme ses deux “soeurs”, sur un même mode, un même registre de spéculation strictement rationnelle. Nous l’avons déjà souligné, rien dans le mode spéculatif, strictement intellectuel ne permet clairement de distinguer, les uns des autres, a priori, mythes et réalités vérifiables : le monde de la virtualité et celui de l’incarnation y sont difficiles à disjoindre radicalement. Le mode de l’adhésion ne saurait sans doute y parvenir davantage.

Mais, bien que, radicalement, comme cela est le principe même du fonctionnement de toute révélation, le ” mode” 2291 de la révélation biblique soit celui de l’adhésion, celle-ci présenterait la particularité de faire se rejoindre ces deux “modes”, la spéculation et l’adhésion, dans la foi qui les réunit tous les deux. En effet, on ne peut pas confondre la foi, au sens biblique, (ce mot construit à partir du latin fides, rejoint “se fier “ en rapport à la confiance) avec une adhésion( du latin “adherere “ qui signifie “être fixé sur “ de la racine “herere” qui signifie“être fixé” ).

Une adhésion peut être intellectuelle ou spirituelle. Toute adhésion intellectuelle, suppose un parti-pris éthique clair. L’adhésion à une révélation strictement spirituelle supposerait un recours à des principes qu’il faudrait ensuite mettre en pratique. La foi, au sens biblique, même au coeur de la révélation de la Torah, suppose une marche, un enracinement au quotidien d’une histoire dont le texte biblique rend la mémoire et l’actualité signifiante. Ceci nous fournit une spécificité très grande, aux conséquences culturelles et éducationnelles évidemment considérables.

Deux mots, en langue hébraïque, rejoignent ce que nous traduisons habituellement par “foi” :

-“Emounah” ou“Emuna” que nous traduisons par assurance, solidité, justice, vérité, (croyance ?), sa racine est celle de“amen”. Ce mot est parfois attribué à Dieu “El Emuna” qui est Dieu de vérité. 2292 -Bitta h on ou “bitahon “ qui exprime la confiance.

Or, selon ce qu’exprime clairement le “Dictionnaire encyclopédique du judaïsme”, 2293 c’est l’usage que fait la Bible de ce dernier terme qui correspond tout a fait à la véritable attitude de foi (confiance ) en Dieu. Dans ce sens, lorsque nous disons, en parlant du Dieu biblique, “crois-tu en Dieu ?” nous devrions plutôt dire, selon les termes de la langue biblique même, “as-tu confiance en Dieu ?”. La foi en ce Dieu vivant intègre tout à la fois l’adhésion à sa parole et la spéculation humaine, cette spéculation étant entendue dans son registre existentiel d’une mise en mouvement. Elle invite alors à une consécration. En tout cas, aucun des deux mots, spécialement lorsque ceux-ci évoquent les rapports entre l’homme et Dieu, nous le voyons bien, ne peut être traduit, sans un certain dommage, par ce que nous appelons généralement aujourd’hui la croyance, c’est à dire :“croire une chose vraie, vraisemblable, possible”, ou, “ce que l’on croit spécialement en matière religieuse”. 2294 Nous allons d’ailleurs revenir, lorsque nous évoquerons le retournement théologique, sur la distinction essentielle, entre la foi, selon l’acception biblique, et une croyance.

Cette consécration que suppose la foi biblique, n’est donc pas une adhésion à un principe spirituel divin qui pourrait supposer par principe ou conclusion, une extraction du monde matériel, et concret, à la manière des religions de l’Orient. Au contraire, cette consécration à un Dieu Tout Autre mais vivant et source de la vie, envoie l’homme dans le monde, tout en le libérant de l’emprise de celui-ci sur lui-même. L’homme est envoyé dans le monde, sans être du monde, pour un témoignage porté en celui-ci, pour celui-ci. Ce témoignage tient par la consécration initiale de sa vie entière à YHVH, Dieu Père, sa confiance en son amour, et à sa justice, sa justification est inscrite dans la foi et l’envoie pour aimer, et servir son prochain comme lui-même, dans le même Esprit que Dieu lui-même, selon le même don d’amour qui est celui de Dieu pour lui et pour son prochain, sans acception de personnes. Ce don s’est manifesté, dans une perspective chrétienne, en Jésus. Pour les chrétiens c’est à travers Jésus qui l’accomplit, que se lira la Bible, avec, pour accueillir le Royaume, le coeur de l’enfant.

Le judaïsme post-biblique, à partir de l’école pharisienne, marque une autre lecture de la Bible, sous l’égide de l’autorité absolue du maître. L’un de ces principaux maîtres inspirateurs, HILLEL l’ancien (70 avant Jésus-Christ ; 10 après Jésus-Christ), en anticipe la figure et en établit les principes : étude de la Torah, autrement dit, obligation de méditation et réflexion sur la loi de Dieu dans sa mise en pratique au quotidien, souci de soi et du prochain, attachement à la communauté juive, selon la règle d’or 2295 rapportée par la Michnah de ne pas faire subir à autrui ce que l’on ne voudrait pas subir soi-même (Chabbat 31 a ) élargie à l’amour pour toutes les créatures (Avot I 12).

‘Sois un disciple d’Aaron, aimant la paix et recherchant la paix, aimant tes semblables et les incitant à étudier la Torah. Celui qui cherche la renommée perdra son nom, un savoir qui n’augmente pas est un savoir qui décroît ; celui qui n’étudie pas mérite de mourir, et celui qui exploite la couronne (de la Torah) périra. Si je ne e soucie pas de moi qui se souciera de moi ? Mais si je me soucie de moi que suis-je ? Et si ce n’est maintenant, quand ? (Avot I 14). Ne te sépare jamais de ta communauté ; n’aie pas confiance en toi jusqu’au jour de ta mort ; ne juge pas ton compagnon avant de te trouver dans sa situation, et ne dis pas “étudierai quand j’aurai le temps de peur que tu n’aies jamais de temps libre. 2296

La lecture juive de la Bible s’élabore donc, à partir d’un principe de dialogue, entre YHVH et l’homme, entre rabbins entre eux, entre le rabbin et l’élève, comme par un effet de poupées gigognes. Mais sans vraiment rester enfermé sur lui-même à la manière de ces poupées, encastrées les unes dans les autres, ce dialogue s’écrit dans le mouvement d’une histoire dont il marque les traces, évoque les rebondissements. Ainsi, cette lecture juive de la Bible, bien qu’inscrite dans sa propre mémoire, revient à être un perpétuel dialogue avec celle-ci, un perpétuel envoi vers l’avenir selon la formule bien connue “l’an prochain à Jérusalem”, et l’accomplissement des promesses. Cet envoi est enraciné dans un présent où aucune question ne veut être éludée de celles que le peuple n’a cessé de poser au sens de sa mission et de sa place dans le monde, au milieu des nations . Ainsi, s’opère le développement historique de la littérature hébraïque, depuis les amoraïm (ceux qui enseignent ) des deux premiers siècles en Erets Israël, compilateurs de la Michnah, reprenant la tradition vieille de cinq siècles, et clôturée vers l’an 200, retranscription de la loi orale, la Torah chè-be-al-peh, 2297 elle-même considérée comme un commentaire de la loi écrite, la Torah chè-bi-khtav, autrement dit, le Pentateuque. La Baraïta (extérieure) qui représente, nous l’avons dit, en général un enseignement tanaïtique omis par le compilateur de la Mishna, se retrouve compilée dans le Midrash Halakha 2298 (les midreschei halakha), et la Tossefta 2299 qui reprend les six ordres de la Michnah, 2300 dans un texte environ six fois plus développé que celle-ci.

Ce développement se poursuitpar les deux Talmuds (en hébreu enseigner ), qui voient apparaître la Gemara, elle-même un commentaire dialogué de la Mishna, de l’époque des amoraïm (ceux qui expliquent) jusqu’à la clôture de l’écriture du Talmud, en l’an 375 en terre Palestine, en l’an 499 en Babylonie. Viendront ensuite les responsum, le nom hébreu, à l’origine du mot est la“sheelot u-teshuvot “, et il signifie littéralement “questions et réponses”. Les responsum sont le fruit des consultations rabbiniques, postérieures à la clôture de l’écriture de la gemara, mais traitant des problèmes de droit délicat, concernant en principe donc, la “halakha”. L’origine de la question peut provenir d’un particulier, d’une communauté, d’un savant. Le recueil des responsum, portant, à partir surtout de la période gaonique (entre 750 et 1050), sur plus de dix siècles d’histoire, à partir de la responsa donnée par un rabbin à la question posée, permet de suivre l’histoire de la “halakha”, au travers des épisodes mouvementés de la diaspora, en mettant en lumière les réactions des juristes de chaque génération aux situations nouvelles qu’ils eurent à affronter. 2301 Bien des responsum portent sur les situations nouvelles dues aux différents soubresauts de l’histoire, à l’évolution des législations dans les différents pays de la diaspora, aux besoins d’adaptation de toutes sortes, aux questions de conscience pour établir un ordre de priorité des devoirs.

Ainsi, pouvant accompagner cet apprentissage d’un peuple au fil de son histoire dialoguant avec lui-même et la Torah dans la crainte 2302 de Dieu, quelques maîtres mots : étude (drash), droit juridique, rabbinique ( halakha), éthique (mousar ). 2303

L’enseignement biblique se lit, du côté du christianisme, tout autant que du côté du judaïsme, dans une histoire concrète, dont le texte lui-même rend un premier et singulier témoignage. L’éducation au sens biblique rejoint cet interstice initial où se joue le prix des êtres et des choses, le prix de l’existence, le prix de l’homme.

C’est pourquoi la loi s’immisce au quotidien des gestes pour signifier à chaque instant l‘importance primordiale et comme répétée incessamment, de la consécration initiale que nous avons évoquée. Au bout du cheminement de la loi, nous trouvons le Temple qui matérialise l’espace essentiel du sacrifice et du rituel, la nécessité pour l’homme d’une rédemption 2304 pour se retrouver placé du côté devant Dieu.

Les prophètes, chacun à leur manière, rappellent que ce ne sont pas tant les “artifices religieux” qui marquent l’accès à la rédemption, qui renouvellent la consécration de l’homme devant son Dieu, le renouvellement de la grâce divine, mais bien la disposition intérieure du coeur, seule agréable à Dieu.

Les prophètes trouvent en Jean-Baptiste, et nous entrons là de nouveau de plain-pied dans la spécificité d’une lecture chrétienne, le sommet le plus élevé, le plus accompli, le dernier, et le plus grand des prophètes. L’appel à la repentance que suppose le baptême signifie bien que la pratique religieuse, à elle seule, l’obéissance scrupuleuse aux préceptes de la loi, ne suffisent pas.

Il est intéressant à ce sujet de noter que la prédication du baptiste se soit située dans les déserts où la foule se déplaçait pour le rejoindre. Ce fut dans le désert justement que la Torah fut révélée au peuple par l’intermédiaire de Moïse, entre deux mondes, l’Égypte de la servitude et de l’esclavage, et la terre de toutes les bénédictions de toutes les promesses, la terre promise ... En effet, il s’agira bien à partir du ministère du Christ, à la fois d’un retour aux sources et d’un passage de premier ordre.

La foi que Jésus fonde, interpelle et signifie comme nécessaire et suffisante pour accéder à la vie éternelle au salut, au royaume de Dieu, pour accéder à la création nouvelle, marque alors le retour à la source même qui fit se lever, à chaque étape nouvelle du cheminement de l’alliance, Noé, Abraham, Moïse et les prophètes.

La destruction du Temple d’Hérode, temple de pierres, coïncidant avec la naissance de la communauté nouvelle, d’église, fondée en la foi en résurrection, renforce encore cet aspect des choses.

Le vrai temple du Seigneur a été relevé en trois jours, par le passage de la mort à la vie, du Christ, Jésus. La personne de Jésus est la première née de la création nouvelle. C’est un temple nouveau, comme son corps qu’édifie l’église, invisible comme le sel de la terre, et visible comme la lumière du monde.

Évidemment, on ne peut plus parler de l’éducation dans les mêmes termes que ceux qui sont employés couramment et qui postulent une éducation partant d’un point de vue d’homme cherchant à avoir accès à une transcendance. En amont, la Bible propose une éducation renversée, provenant de l’oeuvre de Dieu dans le monde, manifestée objectivement si l’on peut dire, et par Israël, et par l’église chrétienne, comme des semences, et une lumière dans le monde. Et, c’est sans doute pourquoi la question éducative est à la fois centrale incontournable et insondable. Tout dans la Bible revêt de l’éducation (Torah) ; tout dans la Bible renvoie à prendre compte le quotidien comme le lieu principale de l’émergence d’une éducation divine ; tout dans la Bible invite à se considérer à chaque instant comme éduqué et éducateur, des autres et de soi-même, par la grâce d’un Dieu qui parle qui aime qui se donne par amour. La dimension éducative rejoint la vie naturelle, mais n’en procède pas, elle procède de Dieu qui, selon la perspective chrétienne, se fait homme, en Jésus le Christ.

Notes
2290.

“ Vocabulaire technique et critique de la philosophie” LALANDE André PUF ; Paris 1902/1923 ; 1991 ; 17° édition ;tome 1 au mot métaphysique ; on peut se reporter sur les deux notes de bas de page de la page 612 ; suite la séance du 7 Juillet 1910.

DESCARTES a cette formule cité par le dictionnaire philosophique : “La métaphysique est la racine de l’arbre des sciences” .” Préface des Principes de Philosophie ( 12) (1644) .

2291.

Nous mettons le mot “mode “entre guillemets, car bien que nous pensions devoir provisoirement l’utiliser, faute de mieux, il nous paraît bien impropre dans le cadre que nous déployons ici. Parler de “mode” rejoint la notion de modèle et la réminiscence à une référence, à un plérôme abstrait dont nous avons déjà largement montré pourquoi et en quoi, il ne pouvait être adapté à une approche de la spécificité biblique en quelque matière que ce soit ..

2292.

“DICTIONNAIRE de civilisation juive” ATTIAS Christophe ; BENBASSA Esther ; Larousse Paris 1998 ; ( page 100) ; au mot foi.

2293.

DICTIONNAIRE encyclopédique du judaïsme “ Publié sous la direction de Geoffrey WIGODER “The encyclopedia of judaïsm “(1989) ; adapté en Français sous la direction de Sylvie Anne GOLDBERG avec la collaboration de Véronique GILLET, Arnaud SÉRANDOUR, Gabriel, Raphaël VEYRET ; Cerf Robert Laffont Paris 1996 ; (page 374 ). au mot foi ; (op. cit).

2294.

Nous reprenons les termes mêmes du Petit Robert selon les deux acceptions qu’il accorde au mot croyance.

2295.

DICTIONNAIRE encyclopédique du judaïsme “ Publié sous la direction de Geoffrey WIGODER “The encyclopedia of judaïsm “(1989) ; adapté en Français sous la direction de Sylvie Anne GOLDBERG avec la collaboration de Véronique GILLET, Arnaud SÉRANDOUR, Gabriel, Raphaël VEYRET ; Cerf Robert Laffont Paris 1996 ; (pages 471 et 861 ) ; aux mots HILLEL et règle d’or ; (op. cit). ( voir Avot 1, 12 ).

2296.

Préceptes de HILLEL . In ibidem ; Cerf Robert Laffont Paris 1996 ; (page 471 ) ; au mot HILLEL ; (op. cit).

2297.

Remarquons que les caraïtes, secte très minoritaire du judaïsme, à partir du VIII °siècle, refuse la loi orale, citons aussi les samaritains, qui ne suivent que la Torah, et les sadducéens qui ne suivaient que le Pentateuque, les Esséniens qui ne se référaient pas à la loi orale. Le judaïsme réformé, de même, bien que contestant le caractère immuable de la loi écrite, se réfère en elle davantage, qu’à la loi orale.

2298.

Le midrash est un exposé qu’il est bon de garder en mémoire, qui est “écrit dans les mémoires”. On retrouverait deux fois ce mot dans le texte biblique. (II Chroniques XIII 22 ; II Chroniques XXIV 27 ). Le midrash se fonde sur Esdras VII 10 qui évoque la nécessité d’une étude de la loi de Moïse. la racine “drash” signifie interroger, étudier, et par extension prêcher.

Car Esdras avait appliqué son coeur à étudier et à mettre en pratique la loi de l’Éternel, et à enseigner au milieu d’Israël, les lois et les ordonnances.” La littérature midrachique se développant sur une longue période depuis les amoraïm jusqu’au XIII° siècle, répartis en trois périodes midrachim anciens, de 200 à 640 (conquête musulmane) ; les midrachim médians de 640 aux environs du X° siècle, les Midrachim tardifs, XI° siècle au XIII° siècle, est considérable en volume et variété.

2299.

Les origines de la Tossefta ou Tossephta(addition) sont discutées, mais celle-ci est généralement attribuée aux disciples, en terre de Palestine, de YEHOUDAH HA-NASSI (Rabbi Juda HA-NASSI) (135 -220 env.), sous l’autorité principale duquel fut rédigée, et, au moins clôturée, la Michnah.

2300.

Les six ordres de la Michnah sont : Zeraïm (semences), Moed (fêtes ou temps fixé), Nachim (femmes), Neziquin (dommages), Qodachim, (choses saintes) , Tahorot (pureté).

2301.

Nous tirons quelques unes de ces informations de : “DICTIONNAIRE de civilisation juive” ATTIAS Christophe ; BENBASSA Esther ; Larousse Paris 1998 ; ( page 100) ; au mot responsa.

2302.

Rappelons que la crainte en langage biblique est une attitude de révérence et de respect aux antipodes de la peur. (Yirat Elohim, dans la littérature rabbinique “crainte du ciel” Yirat ha Chamayim).

2303.

Proverbes I 8 à 9 ; ce mot employé en Proverbes I 8 est celui qui sert aujourd’hui en langue hébraïque pour évoquer l’éthique, à partir du Moyen-Âge.

2304.

Ce sont les mots “padah” et “gaal” utilisés pour désigner le rachat d’une propriété à celui à qui elle était vendue, (Lévitique XXV 25 à 26 ) ainsi que le rachat par paiement d’un membre de la famille réduit à l’esclavage pour dette (Lévitique XXV 48 à 49 ) qui servent pour évoquer la rédemption biblique dans l’Ancien Testament, ( le grec apo-lytrôsis de lytron : moyen de délivrance rançon, qui a donné le latin ”red-emption” ). Le mot Yéchûa (Jésus) signifie “salut” ou “Dieu sauve“. Alors même si le mot rédemption est fort peu employé dans le Nouveau Testament, et seulement pratiquement par Paul (Romains III 24 ; Romains VIII 23 ; I Corinthiens I 30 ; Éphésiens I 7 ; Éphésiens I 14 ; Éphésiens IV 30 ; Colossiens I 14 ; Hébreux IX 12 ) plus une fois par Pierre ( I Pierre I 18 ) le thème de la rédemption, autrement dit du rachat au sens pratiquement monétaire du terme est central. (Matthieu XX 28 ; Marc X 45 ; I Timothée II 6 ; Tite II 14).