La visibilité de l’invisible par la révélation, l’inversion des perspectives.

Revenons sur le parallèle qui marque pratiquement, synchroniquement, la genèse des deux grands héritages bibliques qui trouvent depuis et jusqu’à aujourd’hui, au fil des siècles, leur répercussion constante dans l’histoire des peuples. L’héritage juif post-biblique, et l’héritage chrétien naissent pratiquement simultanément. Ils se dissocient l’un de l’autre, à l’orée de l’ère chrétienne, à partir, ou en tout cas, tout autour; de l’événement déterminant de la destruction du Temple de Jérusalem en l’an 70, et, de la toute aussi décisive diaspora qui l’accompagne, laissant le peuple de l’alliance comme orphelin. Se pose nouvellement la question de la rédemption, du rétablissement de la relation juste avec Dieu, pour le peuple, éloigné de la terre promise, exproprié de Jérusalem, la ville de la paix, symbole de la splendeur passée, et de l’espérance du règne à venir.

Ce que nous percevons alors depuis l’Évangile et le Nouveau Testament, au travers de l’histoire de l’église ou des églises, comme ce que nous percevons, depuis les deux Talmuds, des coutumes et la littérature juive, au travers des coutumes et des pratiques d’Israël et de la diaspora, ce que nous observons dans l’histoire de l’humanité, au moins depuis ces derniers deux mille ans d’histoire, est la face révélée d’une face sinon cachée, du moins fondatrice : deux références à un même texte, mais basées sur des lectures différentes.

Il en résulte un retournement, un renversement d’une dimension constitutive de l’acte d’éducation en lui même. Cette dimension constitutive inscrite entre gestes et pensées, dans le dialogue de l’existence, prime sur toutes les attitudes, ou les considérations strictement spéculatives sur le plan rationnel. L’histoire visible émerge et atteste alors de ce combat invisible intérieur, vital mais le plus souvent caché au fond de l’homme qui en accepte l’augure comme un don.

Cette histoire visible, cette lisibilité est elle-même comme le fruit d’un dialogue, d’une prière, faits de renoncements, d’abandons, autant que de victoires et de conquêtes. Ce retournement concerne tout autant les dimensions philosophiques, que théologiques, que politiques que nous avions soulignées, comme constitutives de l’acte pédagogique perçu dans une acception courante.