Situation actuelle de la question posée selon la raison à retenir :
Nous l’avons déjà évoqué 3078 : une des caractéristiques de la modernité est dans ce glissement opéré du substrat commun ancien de la pensée et du discours “ce que Dieu veut ou ce que Dieu pense” qui caractérisait la quête d’une culture tout autant juive que chrétienne, au substrat commun nouveau,“ ce que je pense”.
Ce glissement a modifié la définition même du concept de raison tel qu’il est généralement usité.
Il n’est pas le lieu ni vraiment notre sujet ici(...) d’analyser dans plus de détails les raisons et les conditions de ce glissement. Signifions seulement qu’il a gagné l’approche même de la lecture du texte biblique, ouvrant la porte à une théologie nouvelle, de notre point de vue contestable, car reposant sur un syllogisme.
Signalons encore très rapidement, simplement, que de DESCARTES à SPINOZA jusqu’aux lumières et l’hypostase du doute philosophique, HEGEL, et l’hypostase de l’objectivité étatique historique, KANT et l’émergence des deux raisons, jusqu’à FEUERBACH et NIETZSCHE, jusqu’à Rudolf BULTMANN et la démythologisation de la lecture biblique, jusqu’aux théologiens de la mort de Dieu, un glissement s’opère qui du doute systématisé pour reconnaître la propre existence personnelle, à partir du cogito cartésien en passant par la réduction du divin à la substance essentielle (SPINOZA), aboutit au doute hypostasié, à la seule reconnaissance de Dieu au travers du seul concept que l’on s’en fait, à la proclamation extrême de la mort de Dieu, dans la philosophie, puis dans la théologie même 3079 . .
Arrêtons-nous sur SPINOZA dont la philosophie marque un virage décisif. SPINOZA niait la possibilité qu’il y ait des miracles, pour lui, dieu était de l’ordre de la substance essence de la nécessité naturelle. Le syllogisme tient dans cette formule qui apparaît dans son commentaire de la philosophie de DESCARTES.
‘Dire que quelque chose est contenu dans la nature ou dans le concept d’une chose ; c’est la même chose que de dire que ce quelque chose est vrai de cette chose ( par la Définition 9). Or l’existence nécessaire est contenue dans le concept de Dieu.(par l’Axiome 6) . Donc il est vrai de dire de Dieu que l’existence nécessaire est en lui ou qu’il existe. 3080 ’Nous sommes loin de la démonstration priante de saint ANSELME.
Une confusion, sans doute consciente et réfléchie, s’opère entre nature et concept d’une chose qui pour SPINOZA participent d’une seule et même substance. D’où, par une dérive ou une conséquence de l’histoire, l’idée que Dieu doive absolument être, non seulement contenu, mais enfermé, dans les mots d’aujourd’hui, les concepts ou les symboles les archétypes de la pensée dominante d’une époque, ou voire même atemporelle mais strictement humaine, qui sont le fait d’une certaine part de la théologie contemporaine.
Notre approche, et la problématique même qui l’accompagne, lecture d’un texte biblique conçu en deux parties distinctes, l’une dite ancienne l’autre dite nouvelle, selon l’accomplissement qui nous en est révélé par le Nouveau Testament, échappent de principe à un tel enfermement même si elles n’excluent pas l’exigence nécessaire d’intelligibilité, exigence qu’elles réclament même. Elles n’y inféoderont pas cependant la quête ultime de cet écrit de la compréhension de l’action biblique en matière éducative, comme plus loin de la foi, comme plus loin encore l’idée de Dieu .
Voir la première partie de ce document au paragraphe :
“Les raisons d’un principe méthodologique”
Voir la bibliographie.
SPINOZA “Les principes de la philosophie de DESCARTES Proposition V
in SPINOZA” Oeuvres 1” Flammarion Paris 1964 ; (439 pages).
traduction de C APPUHN