Notes connexes à : Une autre pédagogie ? Troisième chapitre de la thèse En rapport à de précédents écrits.

Note connexe numéro treize. Quelques formes éducatives émanant du texte biblique Extraits de : Antoine CABALLÉ op. cit. 1994 Pages 162 à 191

Quelques formes éducatives émanant du texte biblique.

La parole et l’écriture

La parole toute puissante, ou le verbe créateur de Dieu sont le centre du message biblique. Dieu dit et cela est. Nous en avons la manifestation dès le livre de la Genèse lors de la création du monde “Dieu dit que la lumière soit et la lumière fut”. La révélation de la Torah écrite, la loi, à Moïse, au Mont Sinaï, ne viendra que plus tard. L’écriture sainte n’a peut-être d’autre vocation que d’illustrer la toute puissance de la parole divine aussitôt dite aussitôt accomplie. Jésus lui-même accomplit un ministère de la parole, il dit et cela est ... lorsque la foi de ses auditeurs permet cet accomplissement, il sera comme empêché de faire des miracles, nous dit-on, dans sa propre ville de Nazareth, parce qu’il n’y trouva pas la foi. Jésus n’écrira pas lui-même.

Les évangiles ne le mentionnent qu’une seule fois écrivant, mais on ne dit pas quoi, de son doigt sur la terre, lorsqu’on lui apporta la femme surprise en flagrant délit d’adultère que la loi ancienne disait de lapider.(Jean chapitre 8 versets 1 à 10). Certains ont pu voir en ce geste rapporté la manifestation que le temps efface le souvenir même des transgressions dont la loi écrite sur la pierre révélait l’existence. Un jour, avec le temps, la pierre devient sable, mais la parole vivante demeure.”Que celui qui de vous qui est sans péché jette la première pierre” dira Jésus, “et tous se retirèrent” “Où sont ceux qui t’accusaient, personne ne t’a-t-il condamné” demanda-t-il alors à la femme restée seule avec lui. “Moi non plus je ne te condamne pas , va et ne pèche plus.”

Étienne, lors de son discours devant le Souverain Sacrificateur précédant son martyr, parlant de Moïse et de la loi qu’il transmit,s’exclame :

‘”C’est lui qui (...) reçut des oracles vivants (paroles vivantes -dans la TOB) pour nous les donner. (Actes 7 verset 38).’

La parole vivante et le pardon supposent la priorité de la parole nouvelle dite et aussitôt accomplie. La parole de Jésus à la femme adultère “ne pèche plus” montre bien que l’exigence de la loi n’est pas abolie, le péché reste péché, mais le verbe créateur délivre de la propre prison du péché et du jugement de condamnation qui s’y rattache. Ainsi, le même Étienne, après son discours interprétant toute l’écriture à la lumière de Jésus qui l’accomplissait (Actes tout le chapitre 7) discours jugé blasphématoire , mourant sous les pierres, put-il pardonner. “Seigneur ne leur impute pas ce péché ! Et après ces paroles il s’endormit” (Actes 7 verset 60)

La parole de Dieu domine sur les temps et les lieux, les temps passeront, la terre aura une fin, mais la parole de Dieu ne passe pas. Le prophète est un messager de cette parole vivante du pardon.

La prophétie

Ce qui caractérise le prophète dans l’Ancien Testament comme le peuple d’Israël est en premier lieu le fait qu’il ne se choisit pas lui-même, il est l’élu de Dieu.

Jérémie apprend qu’avant même qu’il ne soit dans le ventre de sa mère, Dieu le connaissait et l’avait choisi ( Jérémie 1 verset 5). Le prophète n’est pas, la plupart du temps, un savant ou un sage mais un homme des plus communs, que Dieu met simplement à part.

Chaque prophète reçoit une parole qui lui est propre : citons Élie et Élisée qui mettent l’accent sur l’exclusivité du culte rendu l’Éternel au détriment du Baal divinité babylonienne, Amos le berger qui parlera de la justice, et Osée de l’amour, Ézéchiel, de la responsabilité de chacun dans la construction commune du peuple dont le temple est symbole, Jérémie insiste sur la vraie confiance en Dieu qui ne s’exprime pas dans le rite ou le sacrifice mais procède du coeur. Selon la tradition d’Israël la parole prophétique présente la particularité de s’accomplir selon trois dimensions, aujourd’hui pour celui qui l’écoute comme pour celui qui l’annonce, hier pour celui qui l’a entendue ou qui l’a annoncée au moment même où elle était prononcée, demain pour ce qui reste encore à accomplir, comme pour le témoignage de la vérité qui demeure vivante et reste éternelle. Le prophète parle donc d’une parole vivante qui le dépasse lui-même et dont il est le réceptacle et le témoin.

La parole prophétique n’est pas divinatoire au sens païen (goyîm) du terme. Déjà, toute l’ancienne alliance met en garde contre les mages, et les devins vers lesquels le peuple ne doit pas se tourner. Si la divination s’obtient à partir d’un rituel divinatoire, la prophétie s’obtient par la seule manifestation d’une parole extérieure à l’homme qui la reçoit, elle est une parole de vérité qui dépasse donc les contingences du temps et de l’espace, mais qui s’inclut simultanément remarquablement en elles. Jérémie illustre bien cette triple dimension de la parole prophétique, il annonce la captivité à Babylone face à l’excès de confiance où de faux prophètes plus populaires qui en appellent soit à la révolte annonçant la victoire d’Israël, mais au moment où chacun désespère la défaite et la déportation étant advenues, il annonce des jours meilleurs, et parle d’une alliance nouvelle à venir “ Je mettrai la loi au dedans d’eux” (Jérémie chapitre 31 verset 33).

Les prophètes appelés aussi par les juifs, hommes de Dieu, ne sont pas toujours des hommes, il existe des femmes prophétesses, Anne qui salua en Jésus nouveau né dans le temple le Messie dans le Nouveau Testament ou encore Myriam, soeur d’Aron et de Moïse, Déborah qui fut juge d’Israël, ou Hulda qui prophétisa la destruction de Jérusalem, dans l’Ancien Testament.

Les rêves ou les songes et les visions.

Nous relierons à cette triple appellation, rêves songes et visions, tout ce que Dieu montre de façon surnaturelle à l’esprit ou aux yeux du corps. Il y a comme une insistance dans le texte biblique d’une manifestation de songes comme parole de Dieu particulièrement aux moments de grande détresse.

On pourrait presque dire que Dieu parle au travers des songes lorsqu’il semble ne plus pouvoir faire autrement, c’est à dire que l’ordre de la vie naturelle est comme obturé et fait obstacle à une élocution permettant une compréhension naturelle de son message. Ici encore le texte distingue les fausses ou vaines visions de la vision divine qui se donne et se reçoit dans la paix, jamais quand l’homme convoque Dieu mais toujours lorsqu’il plaît à Dieu de se manifester.

Nous pouvons évoquer (Genèse chapitres 40 et 41), Joseph fils de Jacob, qui, du fond de sa prison, va recevoir le don d’interprétation des songes du grand panetier et du grand échanson de pharaon, prisonniers eux aussi, puis plus tard de pharaon lui-même, il allait ainsi gagner ses faveurs et permettre plus tard encore, l’accueil de ses frères en Égypte.

Un autre Joseph, le père de Jésus devra lui-même à un songe (Matthieu chapitre 2 versets 16 à 18) d’échapper au massacre des innocents qu’avait prédit Jérémie (Jérémie chapitre 31 verset 15) et qui fut ordonnancé par Hérode. Il partira en Égypte où Jésus passera les premières années de sa vie.

Non seulement le songe ou la vision, voire la visitation d’un ange, envoyé de Dieu pour annoncer une nouvelle, ne sont jamais le fait d’un effort de la personne mais ils sont reçus comme une grâce. Un dialogue semble même parfois s’installer entre Dieu et la personne ainsi “visitée” quelque peu dubitative voire incrédule.

Songeons à Gédéon, pourtant issu d’une famille parmi les plus pauvres des familles d’Israël, et qui reçut la parole de l’Éternel d’un ange (Juges 6 ) pour délivrer son peuple. Il demanda par deux fois confirmation à Dieu de la véracité de sa mission. Il déposa une toison dans un champ, demandant qu’au matin tout le champ fût sec et la toison seule humide et ainsi fut fait. Il renouvela sa demande le jour suivant, demandant que, cette fois-ci, la toison fût sèche et tout le champ humide et ainsi fut fait.(Juges 6 versets 36 à 40).

En conclusion, soulignons l’aspect libre et naturel de la vision qui vient de Dieu : elle n’est pas source de complications ésotériques mais toujours de simplification de l’ordre de la foi. Ce qui pour finir étonne le lecteur n’est plus tant la vision mais la foi et la paix qui accompagnent celui qui la reçoit.

Ici le surnaturel n’est toujours utilisé, comme dans les miracles qu’a minima, l’essentiel est l’enseignement qui s’y rapporte.

Le psaume.

En hébreu, les psaumes sont les tehillim ou hymnes de louange. Au nombre de cent cinquante, la plupart sont attribués à David (soixante dix),le psaume 90 est attribué à Moïse , les psaumes 72 et 127 à Salomon.

Les psaumes composent le fondement de la célébration liturgique d’Israël. Ils rappellent depuis la sortie d’Égypte l’histoire d’Israël, et les faits de Dieu. Leur fonction semble tout autant thérapeutique que cultuelle. Ils mêlent les cris de révolte de l’homme à la louange à l’évocation d’un monde à venir, d’une promesse. Ils sont véritablement l’âme d’Israël, et peut-être aussi du chrétien qui retrouve dans ces cris parfois de révolte toute la source mystérieuse de sa foi. L’église réformée surtout les a repris au centre de ses liturgies et de ses chants : LUTHER, par exemple, en mit en musique.

Les psaumes que les hébreux regroupent encore aujourd’hui en cinq livres différents 3144 sont chantés et ponctuent les grandes fêtes de l’histoire d’Israël.

Leurs fonctions prophétiques sont signalées particulièrement dans le Nouveau Testament et les premiers chrétiens. Ils annoncent les temps messianiques et le calvaire du Christ. ( par exemple le psaume 22 verset 9). “Ils se partagent mes vêtements Ils tirent au sort ma tunique.” évoque l’évangile de Jean chapitre 19 versets 23 à 25 : “ Les soldats après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements, et ils en firent quatre parts, une part pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique, qui était sans couture d’un seul tissu depuis le haut jusqu’en bas. Et ils dirent entre eux ; Ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui elle sera. Cela arriva afin que s’accomplit l’Écriture: Ils se sont partagé mes vêtements et ils ont tiré au sort ma tunique.”

Les malédictions y fusent ainsi parfois et ont de quoi étonner et choquer le chrétien d’aujourd’hui, remarquons que le psalmiste s’en remet toujours toute chose, pour finir, à Dieu. En cela, ne rejoint-il pas l’épître de Paul aux Romains dans la nouvelle alliance :“Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien aimés, mais laissez agir la colère ; car il est écrit: A moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur. Mais si ton ennemi a faim donne-lui à boire; car en agissant ainsi, ce sont des charbons ardents que tu amasses sur sa tête. Ne te laisse pas vaincre par le mal mais surmonte le mal par le bien”. (chapitre 12 versets 19 à 21).

Le cantique, le psaume, la paix, l’instruction et la louange.

Si tous les psaumes sont des cantiques, tous les cantiques ne sont pas des psaumes.

Saint AUGUSTIN soulignait que la différence entre le chant des hommes et celui des oiseaux, était que le chant de l’homme mettait en jeu son intelligence. Le cantique, en effet, au sens premier hébreu du mot maskil signifie attentif ou encore qui rend intelligent. Le cantique même lorsqu’il est louange revêt un caractère poème didactique qu’on retrouve dans les psaumes dont on peut dire qu’il constitue un recueil de cantiques de trois sortes : les louanges, les appels au secours, confiance et reconnaissance, et donc les maskilim, les psaumes d’instruction (32, 42, 44, 45, 52, 53, 54, 55, 74, 88, 89, 142).

Le cantique se distingue par le fait qu’il est l’expression spontanée d’une personne, ou d’un groupe à un moment donné. Ainsi, nous trouvons dès l’Ancien Testament le cantique d’Israël et de Moïse( Exode 15 verset 1 à 19), les cantiques de Moïse, ( Deutéronome 31 versets 30 à 32), de Déborah ( Juges 5), de Anne (1 Samuel 2 verset 1 à 10), et dans le Nouveau Testament le fameux cantique de Marie, le magnificat, (Luc 1 versets 46 à 55), et ceux qui lui font écho, de Zacharie, (Luc 1 68 à 79), ou encore de Siméon (Luc 2 versets 29 à 32), respectivement, lors de la visite à Élisabeth, de la naissance de Jean la Baptiste cousin de Jésus, et la présentation de Jésus au Temple, huit jours après sa naissance.

Dans l’ancienne alliance le cantique des cantiques attribué traditionnellement à Salomon, et lu en Israël le huitième jour de la Pâque pour commémorer l’exode, est le splendide poème d’amour, qui le plus souvent est interprété comme une allégorie de la relation entre Dieu et l’homme, les chrétiens y voient la relation entre Jésus et l’église.

L’église primitive, dans le Nouveau Testament, semble reconnaître trois sortes de cantiques (Éphésiens 5 verset 19, ou Colossiens 3 verset 16), les psaumes, les hymnes et des chants inspirés par l’Esprit (TOB). La note de la TOB sur Colossiens chapitre 3 verset 16 stipule : Il ne s’agit pas forcément de psaumes bibliques. Les trois termes peuvent désigner les improvisations suscitées par l’Esprit au cours des assemblées liturgiques.

La quête profonde des cantiques comme des psaumes sont la paix, et celle-ci s’obtient dans un cri de louange, de reconnaissance David dansa devant l’arche de l’alliance. (2 Samuel 6 versets 14 à 23).

Le mot Shalom en langue hébraïque, accompagne le texte biblique et reçoit plusieurs traductions en français tant il déborde, et de loin, l’expression traduite commune et française du mot paix.

La TOB 3145 signale les sens suivants :

  • absence de guerre (Zacharie chapitre 9 verset 10),
  • harmonie parfaite (2° livre des Rois chapitre 5 verset 26),
  • santé (Genèse chapitre 43 verset 28),
  • bonheur,(1 Rois 2 verset 33)
  • prospérité,(psaume 72 verset 7)
  • sécurité, (Zacharie 8 verset 10)
  • salut, ( Esaïe 55 verset 12)
  • relations sociales bien équilibrées,( Jérémie 38 verset 22)
  • harmonie entre Dieu et les hommes,(Ézéchiel 34 verset 25)
  • vie vécue dans sa plénitude,(Ésaïe 26 verset 3, Proverbes 3 verset 2).
  • le Seigneur lui-même,(Juges 6 verset 3)
  • le roi à venir, (Michée 5 verset 4)

tous sont Shalom.

La TOB signale encore que “ le mot est également employé lorsqu’on aborde quelqu’un pour lui souhaiter le bien être (1 Samuel 25 verset 6 cf Jean 20 verset 21), ou s’enquérir de son bien être ( 2° Rois 5 verset 21), ou de ses bonnes intentions ( 2° Rois 9 verset 11)”.

Jésus radicalise dans son enseignement le décalage entre la paix du monde et celle qu’il donne.

Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne; Que votre coeur ne se trouble point, ne s’alarme point. (Jean 14 verset 27)

Le proverbe ou la maxime, la sagesse et la crainte de Dieu.

Le Qohéleth (ou Ecclésiaste) et le livre des Proverbes, que la tradition attribuent au roi Salomon, représentent des recueils de méditations d’un sage. Le premier se présente comme un corps à corps une sorte lutte, qui rappelle parfois, si ce n’était le détachement qui l’habite, celle du psalmiste et l’étymologie d’Israël (qui lutte avec Dieu et les hommes). Alphonse MAILLOT parlera à son sujet de contestation, le second se répand en maximes destinées à aider l’homme dans le quotidien de sa vie à se maintenir selon la justesse (la place du juste), de sa relation avec Dieu et les hommes.

Ces maximes, ou ces textes repris et médités rappellent les psaumes et les livres prophétiques comme le Nouveau Testament où la reprise de passages d’un texte à l’autre sont témoignage de leur intériorisation. L’Ecclésiaste est d’un extraordinaire réalisme qui frise le conformisme que la nouvelle espérance messianique des prophètes viendra faire éclater et que l’espérance chrétienne déborde de toute part, mais qui constitue néanmoins une dimension incontournable de la réalité.

‘Il y avait une petite ville avec peu d’habitants; un grand roi s’approcha d’elle, il encercla et bâtit contre elle des chausses trappes gigantesques.’ ‘On trouva chez elle un homme prolétaire, mais sage. Et lui sauva la ville par sa sagesse. Mais personne ne s’est souvenu de cet homme, (...) c’était un prolétaire. J’en dis que la sagesse vaut mieux que la force, mais la sagesse du prolétaire est bafouée et ses paroles ne sont jamais écoutées. (Chapitre 9 versets 14 à 16) 3146

Il est donc un livre qui vise à ôter les illusions, en cela certains y ont vu une parenté avec la philosophie stoïcienne, l’Ecclésiaste apporte cependant par rapport à la philosophie des grecs, une dimension totalement nouvelle propre à la culture Juive qui est celle d’une référence au Dieu tout puissant et créateur, et il se conclut par ces mots.

‘Point final ! Tout bien entendu, révère Dieu, garde ses commandements ! Tout homme en est là ! Car Dieu fera venir en jugement toute action, avec tout ce qu’elle cache, en bien ou en mal.(Chapitre 12 versets 12 à 14) 3147 ’ ‘Le livre des Proverbes, quant à lui, fonde sur la crainte de l’Éternel, le commencement de la sagesse (Proverbe 9 verset 10), dont il tire des maximes pour la vie quotidienne.La crainte (yaré) n’est pas la peur elle en serait même l’opposé, elle signifie distance respect, reconnaissance première que Dieu est Tout Autre, avant de devenir de part sa propre volonté et miséricorde tout proche.’

La crainte de l’Éternel sur le plan biblique est 3148 :

- un soutien ( Job 4 verset 6)

-pureté (Psaume 19 verset 10)

- le commencement de la sagesse (Proverbes 9 verset 10, Psaume 11 verset 10)

- la sagesse elle-même ( Job 28 verset 28).

- le commencement de la science (Proverbes 1 verset 7)

- la haine du mal (Proverbes 8 verset 13)

- augmente les jours ( Proverbes 10 verset 27)

- source de vie (Proverbes 19 verset 23)

- mène à la vie (Proverbes 19 verset 23)

- trésor de Sion (Esaïe 33 verset 6)

Il reste que de la crainte bénie, à la peur maudite il n’y a qu’un pas. Jésus répète très souvent cette phrase tout au long du Nouveau Testament le plus souvent devant une manifestation surnaturelle, lorsqu’il marche sur l’eau, lors de ses réapparitions après sa résurrection, par exemple : “ Ne craignez point , n’ayez pas peur ...” La communion en Dieu, le refuge en lui bannit la crainte et cela dès l’ancienne alliance, citons en une première expression qui sera reprise par les prophètes et les psaumes, dés le livre de la Genèse quand Dieu s’adresse à Abram qui vient de refuser les richesses du roi de Sodome “ Après ces événements, la parole de l’Éternel fut adressée à Abram dans une vision et il dit : “ Abram ne craint point ; je suis ton bouclier, et ta récompense sera très grande. (Genèse 15 verset 1) ...

Le Nouveau Testament fait comme exploser la notion de sagesse, la transfigurant en quelque sorte, en l’accomplissant en Christ. Dans la liturgie quotidienne de la communauté de Pomeyrol, au temps des rameaux, nous lisons cette contemplation qui résume semble-t-il ce renversement opéré depuis la naissance du Sauveur dans la mangeoire des animaux, jusqu’à la mort sur la croix, en passant par les apostrophes de Jésus envers ceux qui se faisaient appeler maîtres, et l’exemple qu’il choisit chez les pauvres, les humbles et les enfants, le choix des disciples parmi les gens du peuple et non parmi les savants, et bien d’autres choses encore ...

‘“Dieu a choisi les choses folles du monde
pour confondre les sages
Dieu a choisi les choses faibles du monde
pour confondre les fortes,
Dieu a choisi ce qui est méprisé dans le monde
pour confondre ce qui est estimé,
Dieu a choisi les petites gens
pour confondre ceux qu’on appelle grands
Dieu a choisi les illettrés
pour confondre les diplômés
Dieu a choisi les pauvres du monde
pour confondre les riches
Afin que personne ne se glorifie devant lui. 3149

Ce texte emprunte au sermon sur la montagne le renversement des valeurs qui ouvre à la fois le ministère de Jésus dans l’évangile de Matthieu et un trouble dans la conscience de nos gestes et pensées,la porte d’ une conscience nouvelle 3150 .

La repentance et la justice ou la justesse.

Le grec metanoia signifie changement d’intention de mentalité.

Toute repentance suppose un rapport à la justice, ou plutôt peut-être à la justesse. Le juste, bibliquement parlant, n’est pas tant celui qui est bon par lui-même, mais celui qui se trouve dans la “justesse” de relation avec Dieu. Appeler le pardon de Dieu indique donc la conscience de la nécessité de celui-ci.

Cette conscience est simultanée avec celle du pardon, et ouvre un changement de direction : la repentance.

La repentance ne donne donc jamais comme fruit l’amertume, mais au contraire, la joie. Elle se reconnaît aux fruits qu’elle produit, paisibles et joyeux. Elle introduit donc d’une façon privilégiée dans le dialogue avec Dieu, en le plaçant désormais au centre .

Dieu n’accuse pas, ni n’accable, l’homme déjà contrit et humilié dont les psaumes expriment particulièrement la douleur la quête et l’espérance. Au contraire cette contrition rend l’homme plus disposé à l’accueil joyeux de la grâce première.

Jean Baptiste préparant le ministère du Messie annonçait la repentance, dont le baptême était le signe comme un préalable à la compréhension et à l’accueil du message.

La conversion du coeur déterminante est bien l’oeuvre première de Dieu dans le coeur de l’homme. L’homme est exhorté à y souscrire mais ne pourrait même la concevoir seul.`

Si la conscience du péché, c’est à dire du manquement au projet très saint, tout autre, de Dieu pour l’homme, est déjà une grâce, a repentance n’est pas donc une mortification.

Elle entre dans le mouvement du coeur.

Zachée, chef des publicains de Jéricho, homme riche et méprisé, parce qu’il collectait les impôts des romains, après avoir accueilli Jésus dans sa maison s’écria : “ Voici Seigneur je donne aux pauvres la moitié de mes biens et, si j’ai fait tort de quelque chose à quelqu’un, je lui rends le quadruple. “ (Luc 19 verset 9 ).

Jésus lui répondra : “ Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison, parce que celui-ci est aussi fils d’Abraham. Car le Fils de l’Homme est venu cherché et sauvé ce qui était perdu. (Luc 19 versets 9 et 10).

Le jeune homme riche ayant déjà donné la moitié de ses biens aux pauvres demandant à Jésus ce qu’il doit faire encore pour avoir part au Royaume, s’entend répondre une impossible exigence : .

“Vends tout ce que tu possèdes distribue le aux pauvres et suis moi.” (Luc 18 verset 22). Aucun effort exclusivement humain ne peut produire la repentance fruit déjà d’une grâce et porte du Royaume. La différence entre Zachée et le jeune homme riche ? Seul le premier a reçu Jésus dans sa maison.

La bénédiction ou la malédiction.

Le mot bérékia, signifie, en hébreu, l’Éternel a béni. Bénir, bene dicere, en latin, signifie dire du bien. Dans la Bible, lorsque Dieu dit du bien cela arrive, idem lorsqu’il maudit, c’est à dire qu’il dit du mal. La bénédiction est l’acte par lequel l’homme transmet la bienveillance de l’oeuvre divine et entre en communion avec elle. Songeons à Isaac, bénissant Jacob, lui-même supplantant par une ruse manigancée avec Rébecca sa mère, son frère Ésaü.

Jacob deviendra Père d’Israël.

La malédiction prononcée par Noé vis à vis de son fils Cham père de Canaan, dite aussi la malédiction de Canaan (Genèse 9 verset 24 à 27), fut à l’origine, du fait d’un triple gauchissement dans l’interprétation du texte, dans une certaine tradition juive, du mythe chamanique qui prétendait que cette malédiction concernait le peuple noir qui serait, d’après cette tradition, destiné à être un peuple d’esclaves.

Or, d’une part, les descendants de Cham, les tribus de Canaan, comme le précisent les notes de la TOB, ne sont nullement les noirs. Il n’est d’ailleurs jamais fait mention dans le texte biblique d’un quelque critère racial que ce soit pour distinguer entre les hommes.

D’autre part, cette malédiction semble revenir plutôt à une bénédiction, en ce qu’elle invite Canaan à servir le Seigneur le Dieu de Sem, premier des fils de Noé, or ce Dieu est celui qui se révéla à Abraham !

Enfin, si malédiction il y a de la part de Noé, elle n’est pas celle de Dieu, rien n’indique de plus qu’elle soit attribuée à la descendance de Canaan. 3151

Cette triste tradition chamanique montre néanmoins que le poids des mots bénédiction et malédiction ont largement débordé le texte lui-même, pour nourrir toutes sortes de spéculations plus ou moins heureuses.

La bénédiction est véritablement le coeur liturgique du culte et de la prière dès l’Ancien Testament et donc du judaïsme.

Remarquons l’inversion magistrale propre à la culture biblique qu’on appelle l’action de grâce.

La place “juste “ de l’homme n’est pas tant d’implorer les bénédictions de Dieu que de bénir Dieu, et de travailler à son Règne, ou de se mettre ainsi en disposition pour le faire.

Citons ce passage de la liturgie juive (Yôtzer).

‘“Béni sois-tu Seigneur notre Dieu, Roi de l’Univers, toi qui formes la lumière et crées les ténèbres, qui fais la paix et crées toutes choses, qui dans ta miséricorde, donne la lumière à la terre et à tous ceux qui y habitent, et, dans ta bonté, renouvelles la création tous les jours et sans cesse. Que tes oeuvres sont nombreuses, Seigneur ! Dans ta sagesse tu les as toutes faites ... Sois béni, Seigneur notre Dieu, dans les cieux en haut, et sur la terre ici bas. Sois béni notre rocher, notre Roi et notre rédempteur, créateur des êtres saints qui le servent. (...) Dans la joie tranquille de l’esprit, dans un pur langage, sur une sainte mélodie, tous se répondent à l’unisson dans la crainte et disent avec révérence : Saint, saint, saint le Seigneur Sabaoth, la terre entière est remplie de sa Gloire. (...) 3152

Ce texte reprend des passages des thèmes de psaumes.

La bénédiction ainsi vécue est la participation au courant de l’Amour créateur de Dieu, elle signifie l’attitude juste de l’homme devant son Créateur, devant la création et devant son prochain.

Elle exprime aussi l’oeuvre de Dieu dans le coeur de l’homme la parole de Dieu, en l’homme.

La bénédiction du coeur est donc toujours prophétique.

“Béni soit le Seigneur le Dieu d’Israël qui a visité et racheté son peuple” s’écrie Zacharie, le père de Jean Baptiste fêtant la naissance de son fils, au moment où, après avoir inscrit son nom sur des tablettes il retrouve l’usage de la parole qu’il avait perdue depuis le jour où l’ange Gabriel, dans le Temple, lui avait le premier annoncé cette naissance dont il avait demandé un signe.

Luc 1 verset 68 et tout le 1° chapitre.

Jésus ne semble maudire qu’une seule fois : un figuier qui ne portait pas de fruits, et le figuier se dessécha aussitôt.(Marc 11 verset 17).

Cet acte semble rejoindre ses paroles lorsqu’il dit après la parabole des mines : “ Je vous le dis : à tout homme qui a l’on donnera, mais à celui qui n’a pas même ce qu’il a lui sera retiré.”

(Luc 19 verset 26 - TOB).

Ainsi, pouvons-nous rapprocher la malédiction, au fait de ne pas porter fruit, et le fait de ne pas porter fruit à l’absence d’action de grâce (rendre la grâce reçue), et l’absence d’action de grâce à l’absence de repentance (absence de changement de direction avec, désormais, Dieu pour centre).

Au contraire la bénédiction n’enterre pas le Trésor confié et elle produit une multiplication des grâces, comme lors de la multiplication des pains, où il suffit à Jésus de rendre grâce, rendre la grâce reçue, pour que les cinq pains d’orge et trois poissons récoltés dans la foules se multiplient et nourrissent cinq mille hommes.

‘Or, il y avait environ cinq mille hommes. (...)
Jésus prit les cinq pains d’orge et les deux poissons et, levant les yeux au ciel, il les bénit. Puis il les rompit, et les distribua aux disciples afin qu’ils les distribuassent à la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l’on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restaient.
(Luc 9 versets 12 à 17).’

Jésus demande donc, nous l’avons déjà souligné, de bénir jusqu’aux ennemis pour entrer ainsi dans le regard de Dieu lui-même qui fait lever le jour sur les méchants et les bons, de la même façon.

L’homme est invité à bénir comme Dieu bénit, à rendre ainsi la grâce qu’il a reçu.

Le psaume 118 dit “ Béni soit celui qui vient( entre - TOB) au nom du Seigneur. Cette invocation situe toute l’attente d’Israël, le “peuple de l’attente”. Elle sera reprise par la foule lors de l’entrée de Jésus à Jérusalem aux rameaux. (Matthieu 21 verset 9). Jésus, lui-même, les reprendra lorsqu’il annoncera sa mort prochaine aux disciples ainsi que son retour.

‘“ Car je vous le dis , désormais vous ne me verrez plus , jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit au nom du Seigneur, Celui qui vient ! (Matthieu 23 verset 27).’

Notons enfin que Dieu manifeste le pouvoir de changer le mal en bien, et qu’il se repent lui-même, plusieurs fois du mal qu’il avait projeté. Nous avons déjà évoqué l’épisode de la ville de Sodome où Dieu dialogue avec Abraham,(Genèse 18 versets 17 à 33), ce thème de la repentance divine, revenant sur le mal qu’il avait projeté, revient plusieurs fois, particulièrement chez Jérémie. (ch. 18 v. 8 à 10 ; ch 26 v 13 ; ch 42 v. 10).

Cette perspective ajoute encore à la priorité exclusive dans le judaïsme et, a fortiori dans le christianisme biblique de la bénédiction, la malédiction ne semble exister qu’en fonction de la bénédiction dont elle serait l’absence ou le retrait. Dieu se retire, s’éloigne ... mais l’homme est appelé à bénir toujours.

‘“Ne rendez pas le mal pour le mal, ou injure pour injure; bénissez au contraire, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédiction”. (1° épître de Pierre 3 verset 9)’

La prière, la conversion la tentation et l’amour.

La prière n’est pas, dans l’expression chrétienne, contrairement à la kabbale, concentration, mais plutôt l’opposé, c’est à dire abandon total à l’oeuvre de Dieu, offrande en quelque sorte. La prière, au sens chrétien, est la quête essentielle par laquelle l’homme soupire après la volonté de délivrance du Père.

La prière est donc combat : “Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse. Rendez grâce en toute chose car c’est à votre égard la volonté de Dieu. “ (1°épître Thessaloniciens 5 versets 16,17,18 ) dit l’épître de Paul reprenant les paroles de Jésus qui vient d’annoncer les temps à venir difficiles précédant la Parousie (son Retour). “ Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous ayez la force d’échapper à toutes ces choses qui arriveront et de paraître debout devant le Fils de l’homme.”(Luc 21 verset 36). Là où l’homme prie apparaît la tentation.

L’accusateur du peuple de Dieu, Satan, (de l’hébreu shatan) l’adversaire), ou le diable (du grec diabolos, calomniateur), qui , appelé encore le prince des ténèbres ou le prince des nations représente le mal et l’adversaire principal de Dieu s’approchera de Job pour l’accabler pour le convaincre que Dieu l’a oublié et délaissé. Certains voient sa première apparition, depuis le livre du prophète Ézéchiel (au chapitre 28 ) qui parle du désir d’usurpation de la gloire divine. À part l’épisode du serpent du livre de la Genèse et le livre de Job, l’Ancien Testament est peu prolixe sur le rôle du tentateur, nous trouvons sa présence dans un texte de Zacharie (chapitre 3 verset 1) qui, dans une vision, le voit à droite de Josué pour l’accuser. L’essentiel de la révélation biblique est bien de manifester la présence de Dieu.

Le tentateur, l’accusateur, apparaît ou en tout cas ne semble se dévoiler que dans le livre poétique de Job, et n’entre en scène qu’à partir du moment où un homme juste accomplit en toute chose ce qui est agréable à Dieu. Le Nouveau Testament fait davantage mention de l’adversaire, et Jésus lui-même subira la tentation.

Si nous avons défendu l’idée que la perspective chrétienne est celle de la communion entre l’homme et son créateur, devenu abba, papa, il en découle normalement qu’apparaisse, à partir de cette perspective, la révélation, en quelque sorte, de la force contraire s’opposant aux desseins de Dieu, et manifestant paradoxalement par sa seule présence que le choix de l’homme est un choix de liberté.

“ Voici je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bien, la mort le mal (Deutéronome 30 verset 15) ; disaient déjà les textes ancienset ils ajoutaient “choisis la vie afin que tu vives toi et ta postérité, pour aimer l’Éternel ton Dieu, pour obéir à sa voix et t’attacher à lui ” (Ibidem verset 19.)

La recherche de la communion,( du grec koinonia de koinos, relation dans laquelle deux parties ont quelque chose d’essentiel en commun), de la volonté de Dieu n’est donc pas un endoctrinement.

La prière suppose donc un choix, le choix du Règne de Dieu, plutôt que la promotion d’une quelconque autre valeur.

La prière que Jésus contient en fait toutes les étapes de la prière chrétienne qu’elle résume.

‘Lorsque vous priez ne soyez pas comme les hypocrites qui aiment prier debout dans les synagogues pour y être vu des hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent déjà leur récompense. Mais quand tu pries entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père qui voit dans le secret te le rendra. ’ ‘En priant ne multipliez pas de vaines paroles comme les païens qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas car votre Père sait ce dont vous avez besoin avant que vous le lui demandiez.’ ‘Voici donc comment vous devez prier : ” Notre Père qui es aux cieux! Que ton nom soit sanctifié; que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne nous aujourd’hui notre pain quotidien; pardonne nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés; ne nous induis pas en tentation mais délivre-nous du mal. Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles le Règne la Puissance et le Gloire. Amen. (Matthieu 6 versets 7 à 13).’

Une telle prière n’est pas un rituel bien plutôt un acte de communion où l’homme en appelle au Règne qui règne pourtant déjà mais qui attend encore, par pure compassion l’adhésion de l’homme pour se manifester de manière éclatante. Alphonse MAILLOT souligne que ce Règne de Dieu passe par le don de l’enfant à Noël et par la croix au calvaire.

‘“ C’est dans ce berceau, c’est sur ce Calvaire que Dieu a mis toute sa Gloire à être Celui que les hommes n’attendaient pas. Cette Gloire que les cieux des cieux ne pouvaient contenir, a consisté à venir parmi nous sans gloire, sans honneur, et à mourir dans le déshonneur.” 3153

Entrer dans ce règne de Dieu n’est donc pas une intention à valeur seulement spirituelle mais un acte concret qui doit hâter le règne de l’Amour, par l’accueil du don de Dieu, rédemption et salut, et la communion en Christ aux souffrances des hommes.

Le mot amour reçoit en grec comme en hébreu plusieurs dimensions évoquant la relation entre dieu et l’homme. :

En hébreu :

Hésed signifie l’amour tendresse fidélité qui unit deux êtres.

Amour rahamin pluriel signifie l’amour de Dieu pour l’homme. Les mots de la même racine émeth, émounah, amen, signifient la fidélité à une alliance faite entre deux êtres.

Hanan signifie faire grâce, et évoque le geste de la maman se posant sur son bébé.

Le verbe connaître, tant en grec qu’en hébreu, s’emploie pour parler de la relation qui conduit à la rencontre personnelle et communion d’amour entre deux êtres, le prophète Osée annonce la nouvelle alliance où Dieu se fiance (ce mot n’est autrement employé que pour les jeunes filles vierges) avec l’homme, et où l’homme connaîtra Dieu. “Je te fiancerai à moi par la fidélité et tu connaîtras le Seigneur. Et il adviendra en ce jour là que je répondrai - Oracle du Seigneur- Je répondrai à l’attente des cieux et eux répondront à l’attente de la terre.” (Osée 2 versets 22 et 23).

La TOB signifie encore en notes relatives au livre d’Osée chapitre 3 verset 2, les différents sens du mot connaître.

‘Le mot connaître exprime (...) la relation conjugale ; l’amour du père pour son fils, ou l’attachement entre le berger et son troupeau. Il caractérise (...) la relation créée par la libération d’Égypte, où le Seigneur a définitivement choisi Israël pour son peuple. ’

Agapè, (amour partage charité) est le mot grec utilisé pratiquement seulement dans la Bible. Les grecs utilisaient érôs (ou éros) et philia (amour amical), c’est en se démarquant de ces conceptions limitatives de l’amour que l'agapè deviendra le terme pour parler d’amour dans l’église des premiers siècles.

La parabole et la comparaison ou la métaphore.

Nous distinguerons pour la commodité nous inspirant sur ce point le Nouveau Dictionnaire Biblique 3154 , la parabole, la comparaison et la métaphore, bien que la distinction ne soit pas toujours commode ni la frontière bien claire.

La métaphore : “ Vous êtes la lumière du monde”

(Matthieu 5 verset 4)

La similitude : “Semblable à une brebis muette devant ceux qui la tondent” ( Ésaïe 53 verset 7, voir aussi actes 8 versets 29 à 31)

La parabole : “Le Royaume des Cieux est semblable à du levain qu’une femme a pris dans trois mesures de farine jusqu’à ce que la pâte soit toute levée.” (Matthieu 13 verset 33)

La métaphore agit par substitution d’un paradigme, la lumière du monde est substituée métaphoriquement dans ce cas aux disciples. La similitude compare un élément à un autre (le Messie est comparé à la brebis). La parabole, plus complexe, évoque un mouvement et une histoire, et peut procéder à la fois par la substitution métaphorique, ou la similitude, mais celles-ci s’expriment dans un récit et non seulement une situation ou une chose. Il s’agirait bibliquement plus d’une modification de forme que de fond, tant semble-t-il, le recouvrement pédagogique, et la procédure des trois formes est proche au point que peuvent parfois être confondus les trois termes sous le terme unique de paraboles.

Le Psaume 78 (verset 2) l’annonçait déjà “ j’ouvrirai ma bouche en paraboles” ; la TOB signale le rapprochement à l’origine hébraïque de ce mot au sens du mot énigme.

Déjà l’Ancien Testament use de paraboles pour évoquer indirectement certains faits. Prenons l’exemple de Nathan qui raconte l’histoire à David d’un homme riche et d’un homme pauvre vivant dans la même ville. Le riche a pris l’agnelle du pauvre qui était son seul bien pour accueillir un hôte. David en colère explosa exprimant que l’homme qui avait fait cela méritait la mort. Nathan lui apprit alors que cet homme était David lui-même, qui avait fait mourir Urie le hittite pour prendre sa femme. (2° Samuel 12 versets 1 à 8).

Les autres principales paraboles de l’Ancien Testament sont : “les arbres demandant un Roi” (Juges 9 versets 8 à 20) ; la veuve dont l’un des deux fils a tué l’autre (2 Samuel 14 versets 4 à 20) ; le soldat qui laisse échapper son prisonnier (1 Roi 14 versets 9 à 11); la vigne (Ésaïe 5 versets 1 à 7) ; deux aigles et une vigne (Ézéchiel 17 versets 1 à 10) ; les lionceaux (Ézéchiel 19 versets 1 à 9); Ohola et Oholiba (Ézéchiel 23 versets 1 à 49) ; la chaudière ( Ézéchiel 24 1 à 14).

Allégorie et métaphore sont des procédures que les grecs utilisaient souvent : (l’allégorie du mythe de la caverne ).

Les paraboles du Christ, les métaphores, ou les comparaisons qu’il utilise, comme celles de l’ensemble des textes bibliques, ne sont pas des allégories ou métaphores au sens qu’en donnaient les grecs. L’allégorie ou la métaphore grecque seraient au service d’une idée ou d’un concept et en sont une illustration idéelle. Au contraire pourrait-on dire, les paraboles du Christ, les métaphores bibliques, si elles produisent bien un enseignement, celui-ci est en relation directe avec la réalité de nos comportements, actes et pensées, ne se relie pas directement à une philosophie de l’existence ou à un discours sur celle-ci. Elles conduisent plutôt à des attitudes dans l’existence. Elles ne sont cependant pas non plus des fables qui tireraient leur morale d’une leçon de la réalité. Elles sont toujours, et nous reprenons ici l’expression de RICOEUR, des métaphores vives, en ce qu’elles contribuent à modifier comportements et regards en face de la réalité à édifier l’homme dans une situation concrète précise, ou encore dans sa relation entre Dieu et lui, lui et son prochain, toujours dans le sens du projet de Dieu envers l’homme, jusqu’à l’épouser en Christ, contrairement à la philosophie grecque qui projette l’homme vers dieu comme idée.

S’ouvre ainsi, selon l’enseignement répercuté, une vie nouvelle libératrice, d’une vision nouvelle des choses, renouvellement d’une situation d’existence.

Avec le Christ, les paraboles prennent encore une autre dimension. Et il utilise souvent cette forme d’enseignement.

Il est bien entendu impossible de résumer (...) les paraboles du Christ. Si tout résumé est toujours un acte d’une certaine trahison, et si cela est vrai pour toute la Bible, cela l’est peut-être davantage encore des paraboles dont, par définition, chaque mot est pesé. Essayons néanmoins de tirer quelques caractéristiques générales des paraboles de Jésus avant de tenter de les ordonner selon le point de vue du thème éducatif qu’elles développent.

Suivant les évangiles synoptiques les exégètes remarquent que le discours par parabole du Christ va s’accélérer au fur et à mesure du déroulement de son ministère.

Parlant de ses paraboles, à la suite de la parabole du semeur, Jésus dira même, reprenant les paroles d’Ésaïe (Ésaïe 6 versets 9 à 10) qu’il ne les utilise pas pour conduire à une vérité mais bien plutôt pour voiler celle-ci.

‘Voici pourquoi je leur parle en paraboles : parce qu’ils regardent sans regarder et qu’ils entendent sans entendre ni comprendre et pour eux s’accomplit la prophétie d’Ésaïe qui dit :’ ‘Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas ;’ ‘Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.’ ‘Car le coeur de ce peuple s’est épaissi, ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouchés les yeux, pour ne pas voir de leurs yeux, ne pas entendre de leurs oreilles, ne pas comprendre avec leur coeur, et pour ne pas se convertir. (Matthieu 13 versets 10 à 16 TOB).’

L’évangile de Marc est encore plus radical dans l’expression, pour

montrer le caractère énigmatique, d’une sorte de pédagogie inversée. (ce texte se trouve également à la suite de la parabole du semeur).

‘Quand Jésus fut à l’écart ceux qui l’entouraient avec les douze se mirent à l’interroger sur les paraboles. Et il leur disait : “A vous le mystère du Règne de Dieu est donné, mais pour ceux du dehors tout devient énigme pour que tout en regardant ils ne voient pas et que, tout en entendant , ils ne comprennent pas de peur qu’ils ne se convertissent et qu’il leur soit pardonné. Et il leur dit vous ne comprenez pas cette parabole ! alors comment comprendrez vous toutes les paraboles.( Marc 4 versets 10 à 13 TOB).’

Cette vérité révélée aux enfants suppose un coeur d’enfant pour la comprendre, et les paraboles viendraient tout à la fois masquer et révéler, en quelque sorte.

Jugement Responsabilité Rétribution, Repentance et Pardon

L’ivraie et le bon grain (Matthieu 13 versets 24 à 30).

Le filet (Matthieu (13 versets 47 à 50)

Le serviteur impitoyable (Matthieu 18 versets 23 à 35)

Les ouvriers loués à différentes heures (Matthieu 20 versets 1 à 6)

Les deux fils (Matthieu 21 versets 28 à 32)

Les talents (Matthieu 25 versets 14 à 30)

Les mines (Luc 19 versets 11 à 27)

Les serviteurs qui attendent le retour de leur maître (Luc 12 versets 42 à 48)

L’intendant fidèle ( Matthieu 12 versets 42 à 46; Luc 12 versets 42 à 48)

Le riche et Lazare (Luc 16 versets 19 à 31)

L’évangile ou bonne nouvelle.

Le trésor caché (Matthieu 13 verset 44)

La perle de grand prix (Matthieu 13 verset 45)

Une pièce neuve à un vieux habit (Matthieu 9 verset 16) ; Marc 2 verset 21; Luc 5 verset 36).

Du vin nouveaux dans de vieilles outres (Matthieu 9 verset 17;

Marc 2 verset 22; Luc 5 verset 37)

La lumière sous le boisseau (Matthieu 5 versets 14 à 16 ; Marc 4 verset 21; Luc 8 verset 16 ; 11 versets 33 à 36).

La Dimension organique de l’oeuvre de la foi.

La semence qui croît en secret (Marc 4 versets 26 à 29)

Le semeur (Matthieu 13 versets 3 à 23; Marc 4 verset 30 à 32); Luc 13 verset 18)

Le grain de sénevé (Matthieu 13 verset 31; Marc 4 versets 30 à 32; Luc 13 verset 18 )

Le figuier (et tous les arbres) (Matthieu 24 versets 32 à 44; marc 13 versets 28 à 32 ; Luc 21 versets 29 à 33).

La veille, la persévérance et la prière.

Les dix vierges Matthieu 25 versets 1 à 13)

Le maître absent (Marc 13 versets 33 à 37)

L’ami importun (Luc 11 versets 5 à 13)

Le juge inique (Luc 18 verset 1 à 8)

Le pharisien et le péager (Luc 18 versets 9 à 14)

Le pardon de Dieu la reconnaissance de l’homme.

Les deux débiteurs (Luc 7 versets 41 à 43)

Ê tre le prochain.

Le bon samaritain (Luc 10 versets 29 à 37)

La vraie richesse.

Le riche insensé (Luc 12 versets 16 à 21)

Le dialogue avec Dieu.

Le figuier stérile (Luc 13 versets 6 à 9)

L’invitation.

Le festin (Luc 14 versets 16 à 29)

La radicalité de l’appel l’absolu du royaume.

Construction d’une tour au départ d’un roi en guerre (Luc 14 versets 28 à 35)

Les noces du Fils du roi (Matthieu 22 versets 2 à 14)

Chercher et sauver ce qui était perdu

La drachme perdue (Luc 15 versets 8 à 10)

Le fils prodigue (Luc 15 versets 11 à 32)

Priorité de l‘un sur le troupeau.

La brebis perdue (Matthieu 18 versets 12 à 14, Luc 15 versets 3 à 7)

Ë tre large

L’économe infidèle (Luc 16 versets 1 à 13)

Serviteur inutile

Les serviteurs inutiles (Luc 17 versets 7 à 10)

Nécessité et priorité d’un bon fondement

La maison bâtie sur le roc (Matthieu 7 versets 24 à 27 ; Luc 6 versets 47 à 49)

Le levain du Royaume

Le levain (Matthieu 13 verset 33 ; Luc 13 versets 20 ...)

L’envoi du Fils

Les méchants vignerons (Luc 21 33 à 45 ; Marc 12 versets 1 à 12; Luc 20 versets 9 à 19)

Dans chaque parabole il y a un espace pour l’homme, un espace pour Dieu, et un espace pour la relation de l’un vers l’autre, de l’autre vers l’un. L’enseignement de ces paraboles se révèle à partir d’une inversion du point de vue, elles sont une invitation à regarder le monde en quête de communion au point de vue du Tout Autre : Dieu. Elles ne sont donc vraiment comprises qu’à partir d’un retournement d’un changement de centre propre à une conversion : Dieu est centre d’un point de vue, que la parabole ne peut révéler que si l’homme souhaite ardemment entrer dans ce point de vue.

La métaphore du cep et des sarments, nous instruit sur ce point. (Jean XV versets 1 à 8). La parabole est donc un signe du royaume à venir, et déjà présent, l’autre Royaume, elle ne peut s’entendre que du point de vue du cep, dont les sarments sont le prolongement. Si nous demeurons en Jésus, le cep, il demeure en nous, les paraboles peuvent se concrétiser et les signes du Royaume devenir visibles et concrets : ce sont les miracles dont nous allons, à présent, parler.

Le miracle

Prodiges et miracles ne sont pas, selon la Bible, le fait exclusif des hommes de Dieu.

L’Ancien Testament en donne déjà l’avertissement :

‘“S’il surgit du milieu de toi un prophète ou un visionnaire - même s’il t’annonce un signe ou un prodige et que le signe ou le prodige qu’il t’avait promis se réalise- s’il dit, :”Suivons et servons d’autres dieux” des dieux que tu ne connais pas, “tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète ou les visions de ce visionnaire ; car c’est le Seigneur votre Dieu qui vous éprouvera de cette manière pour savoir si vous êtes des gens qui aimez le Seigneur votre Dieu de tout votre coeur et de tout votre être.”C’est le Seigneur votre Dieu que vous suivrez ; c’est lui que vous craindrez ; ce sont ses commandements que vous garderez ; c’est sa voix que vous écouterez, c’est lui que vous servirez ; c’est à lui que vous vous attacherez.” (Deutéronome 13 versets 2 à 5) (TOB)’

Les miracles bibliquement sont des signes, “ ‘ôth “ dans l’Ancien Testament, “ semeïon “ dans le Nouveau Testament. Alphonse MAILLOT 3155 souligne que le même mot désigne l’arc-en-ciel, la circoncision (signes de l’alliance), le sabbat et la Pâque, les luminaires, soleil et lune qui vont rythmer les jours les nuits, les saisons et les années,(Genèse 1).

Alphonse MAILLOT écrit encore.

‘Ils sont des “signes “ rien que des signes. Des signaux amicaux adressés par Dieu aux hommes. Et c’est en cela qu’ils sont de vrais ... miracles. Ailleurs ils étaient des divinités, ou des supports de divinités. Ailleurs ils étaient religieux, prodigieux, stupéfiants, menaçants ou bienveillants, maléfiques ou bénéfiques; ils étaient chargés d’une puissance religieuse ; ils étaient “miraculeux”. ’ ‘En Israël ils ne sont plus que des choses, des luminaires, des créations neutres faites par Dieu au profit de l’homme.” 3156

Nous retrouvons encore, comme lors des paraboles, une semblable caractéristique pour les miracles qui n’ont le sens d’un enseignement que pour celui qui déjà se confie, et se place du côté du regard Tout Autre. Ici encore, il s’agit d’un retournement de l’ordre des choses qui se produit à un moment donné, permettant l’intervention de Dieu, surnaturelle dans une situation humainement bloquée.

Dès lors, moins sans doute que le miracle lui-même, c’est l’enseignement qu’il cache qui devient signe, miracle lui-même, parole du Tout Autre par le moyen de la foi.

La foi, elle-même, est miracle, au sens d’un signe, il est donc naturel qu’elle produise des miracles signes extérieurs.

Jésus sembla empêché de faire des miracles là où la foi des hommes ne le permettait pas (Nazareth sa ville) (Marc 6 verset 5 Matthieu 13 verset 58), il refusa de faire des miracles sur commande prophétisant qu’il ne serait fait d’autre miracle pour ceux qui en réclament que celui de Jonas qui après avoir refusé alla prêcher dans la contrée païenne de Ninive,(Matthieu 16 versets 1 à 4, Luc 16 versets 29 à 32), et il demanda souvent de garder le secret sur ceux-ci.

Cinq pains d’orge et deux poissons ont suffi pour qu’ils soient multipliés et ont pu nourrir une foule par la simple action de grâce de Jésus, mais encore fallait-il que quelqu’un se lève pour les chercher et que quelqu’un d’autre les ait et les donne, lorsque la mer rouge s’ouvrit dans l’Ancien Testament, encore avait-il fallu que le peuple se lève dans la nuit pour fuir le pays obéissant ainsi à travers Moïse, à l’Éternel.

Ainsi le miracle apparaît comme un signe du Royaume futur, de la création nouvelle, oeuvre de Dieu qui agit avec l’homme là où l’homme lui remet toute chose et se confie en lui.

Ainsi, les miracles de Jésus ne sont pas le centre de sa prédication ils en sont des signes précurseurs qui n’ont de valeur que si le coeur opère ce retournement de la foi.

“Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu” (Jean 20 verset 29) dira Jésus à saint Thomas, le disciple de Jésus, qui ne voulait croire en sa résurrection qu’après avoir mis les doigts dans ses plaies.

Une création nouvelle est en route qui se construit par le moyen de l’alliance d’amitié de Dieu avec l’homme, à laquelle l’homme répond par la foi, confiante, alors, l’oeuvre dite miraculeuse de Dieu n’est que l’accomplissement naturel de la foi de l’homme en Lui, en son amitié.

L’apocalypse ou les révélations

Les apocalypses dont nous trouvons un avant goût dans le livre de Daniel dans l’Ancien Testament, et une concrétisation dans le livre de l’Apocalypse de Jean dans le Nouveau Testament, sont des formes littéraires que nous pouvons cependant trouver dans certains autres textes, spécialement de l’Ancien Testament, (Esaïe 24 et 25 ; 34 et 35 , Zacharie 1 à 8). Le grec apocalypsis signifie révélation, le mot latin est revelatio dévoilement. Nous ne limiterons pas l’usage de ce terme aux seuls livres dits apocalyptiques mais à tout ce qui, concerne les révélations.

Les nombres y deviennent souvent symbole, plus sans doute encore que dans tous les autres textes de la Bible. La gematria (gématrie), la science de cette symbolique des nombres, n’est pas propre à Israël, nombres de peuples antiques avaient recours aux symboles numériques, dont les babyloniens pour qui les nombres trois et sept revêtaient particulièrement une grande importance.

Le symbole des nombres dans la Bible est habituellement retenu par les exégètes comme étant assez grossièrement le suivant :

Le un est le nombre de la décision du choix et de l’élection. Par un seul le péché est entré dans le monde, par un seul le monde est sauvé. Dieu est seul face aux fausses divinités de pierre, les dieux païens. Noé, Abraham, Israël, les prophètes et Jésus sont un face à la multitude. Dieu choisit de parler par un seul face au nombre. C’est dans la solitude de l’un que se rencontre le Tout Autre. Il est aussi le nombre de la communion d’église selon la prière de Jésus “qu’ils soient un comme nous “. ( Jean 17 verset 11)

Le deux serait le nombre de la tentation et de la rivalité : “Je mets devant toi la vie et la mort, le bien et le mal , choisis le bien”. Les deux frère Jacob et Ésaü se disputent le droit d’aînesse.

Il peut être, comme à l’inverse, celui de la relation du lien d’amour absolu radical, de l’ami à l’aimé, de l’époux à l’épouse dont parla Raymond LULLE (Ramon LULL) 3157 , unissant Dieu à son peuple, Jésus à l’église, Dieu à l’homme, cet amour émerge dans le cantique des cantiques et dans les psaumes, particulièrement.

Le trois est le chiffre de sainteté de Dieu. “Saint saint saint est l’Éternel”. (Ésaïe 6 verset 3), nous le retrouvons dans la trinité, chrétienne : Père Fils Saint Esprit.

Le trois et demi (la moitié de sept) est synonyme d’imperfection de de souffrances. Il peut apparaître sous la forme de mille deux cent soixante jours (trois ans et demi) (Apocalypse 11 verset 3).

Le quatre qui correspond aux quatre points cardinaux et des quatre vents est également le chiffre qui correspond au monde.(Ésaïe 11 verset 12). (Daniel 7 verset 2)

Le cinq apparaît entre autre dans la parabole des pains multipliés (cinq pains d’orge), et aussi dans le livre de l’Apocalypse, signifierait-il la part de l’homme devant l’oeuvre de Dieu ?

Le six (sept moins un) est le signe de l’imperfection, nombre d’homme, il correspond aux six jours de la création avant le repos du septième jour. ( Apocalypse 13 verset 18, le nombre 666 est présenté comme le nombre de la bête.)

Le sept indique au contraire la perfection et la plénitude de l’oeuvre de Dieu. Chez les hébreux, selon le calendrier, le nombre des sept jours de la création se retrouve non seulement dans les sept jours de la semaine, sept semaines forment un cycle, le septième mois est celui des fêtes, la septième année est parfois considérée comme sabbatique, le livre du Lévitique (chapitre 23 verset 25) mentionne le jubilé après sept fois sept ans.

Le dix apparaît dans le décalogue, et dans la parabole des dix vierges entre autre, dans la guérison miraculeuse des dix lépreux. Il peut être parfois assimilé aux commandements parfaits de Dieu destinés à l’homme. La TOB ( Zacharie chapitre 8 verset 19 ) donne au nombre dix la signification symbolique d’un corps constitué (Juges chapitre 6 verset 27 ; Ruth chapitre 4 verset 2, 2 ° Rois chapitre 25 verset 25), voire d’un groupe nombreux (Lévitique chapitre 16 verset 26).

Le douze et ces multiples sont le signe du peuple de Dieu : 12 tribus en Israël, 12 disciples du Christ, 12 apôtres, douze pains de proposition, 12 fondements de la cité céleste (Apocalypse 21), les 24 vieillards, (12x2), (Apocalypse 14 versets 11 à 16) ; les 144 000 élus (12x12x1000) (Apocalypse 7 verset 4, 14 versets 1 et 3).

Le quarante exprime la durée d’une période correspondant grossièrement à une génération humaine, il est également le temps de l’épreuve, le temps de l’accomplissement de l’oeuvre de Dieu. Le déluge durera quarante jours et quarante nuits, la vie de Moïse est découpée en trois périodes de quarante ans, le peuple d’Israël resta quarante années dans le désert, la tentation du Christ et le jeûne qui l’accompagne dure quarante jours, il apparaît pendant quarante jours après sa résurrection.

Le soixante dix, multiple de sept apparaît également comme étant associé à l’une des représentations du peuple de Dieu (Genèse 46 verset 27 ) les soixante dix membres de la tribu de Jacob, les soixante dix anciens d’Israël ( Exode 24 verset 1), le pardon accordé soixante dix fois sept fois ( Matthieu 18 verset 21) .

Le cent est le chiffre, lié à soixante et trente, utilisé pour rendre compte d’une multiplication maximale dans la parabole du semeur (Matthieu 13 verset 9). Dans la parabole de la brebis perdue il est le nombre des brebis du troupeau.( Matthieu 18 verset 12).

Le mille serait synonyme de grande quantité de l’ordre de l’indéterminé. “il fait miséricorde jusqu’à la millième génération” (Exode 34 verset 7). Le millénium, ou règne de mille ans ( Apocalypse 20 verset 2), du Christ a donné lieu tout au long de l’histoire à maintes supputations.

Cette symbolique des nombres qui est exploitée à fond dans la kabbale reste cependant à manier avec beaucoup de précautions et de prudence. En effet, rien dans le texte biblique, n’explicite réellement, ou directement en tout cas, ces symboles.

D’autre part, au contraire, une parole, un enseignement, sont explicitement donnés, dans la perspective d’une édification par la foi. La quête première du symbole, la recherche ésotérique de significations, qui masqueraient cet enseignement premier révélé aux enfants irait à l’encontre du sens du texte lui-même.

Alors, la révélation, qui apparaît progressivement au fur et à mesure de l’histoire d’Israël comme le moyen de l’enseignement privilégié des prophètes puis dans le Nouveau Testament comme faisant partie de l’enseignement même de Jésus, qui annonça lui-même explicitement ou implicitement sa mort sa résurrection (Jean 16), la dispersion d’Israël et des chrétiens, la destruction du temple, et son retour en Gloire (Matthieu 24 ; Marc 13 ; Luc 19 versets 41 à 48 ; Luc 21) jusqu’au livre de l’Apocalypse selon Saint Jean qui en constitue une sorte de sommet, semble se caractériser par une intention éducative centrale : faire entendre aux hommes, de plus en plus précisément, le projet de Dieu .

Ainsi donc, l’homme entre-t-il dans la dimension de l’Espérance qui n’est pas une simple attente qui pourrait être passive mais qui soupire en communion avec l’Esprit de Dieu lui-même pour l’accomplissement de son oeuvre dans le monde.

Car la perspective finale est bien celle d’une re-création, création nouvelle, de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre, dont le coeur nouveau aujourd’hui maintenant que le croyant expérimente par la foi est le signe avant-coureur.

Deux points forts peuvent être extraits de ces révélations.

-La révélation progressive et de plus en plus précise de la proximité du Règne de Dieu entraîne un démasquage tout aussi progressif de l’ennemi de Dieu et des hommes : la bête, ou l’antéchrist, qui, rebelle à Dieu, ne cherche que sa propre gloire. Déjà, le livre de Daniel évoque un tel personnage (Daniel 11 versets 31 à 36).

En fait s’opposent la Jérusalem “ville de la paix” oeuvre de Dieu pour les hommes descendue du ciel, à la Babylone, qui exalte la puissance de la technique humaine se passant de Dieu.

Sans entrer dans le détail de cette double révélation signalons en l’originalité : le message biblique, plus spécifiquement dans sa perspective chrétienne, insiste sur le fait que le nom même de Dieu, et du Christ sera utilisé à des fins contraires à celle des desseins de Dieu, pour confondre les hommes. Une telle annonce à l’avance de la trahison du message tient lieu de mise en garde et indique une fois encore que le message n’est pas réductible loin de là à une théorie mise en pratique, mais qu’il s’expose comme une vie nouvelle offerte, face à toutes les tentations de prise de pouvoir de l’homme sur l’homme, toujours contraires aux desseins de Dieu.

Un tel avertissement conduit le chrétien moins à jeter l’anathème sur telle forme ou telle autre expression de la foi, qu’à veiller sur lui-même se sachant lui-même exposer sinon à la tentation du moins au risque de l’erreur

-Le règne de Dieu est à la fois présent et à venir, de nouveaux cieux et une nouvelle terre sont les promesses à venir.(Apocalypse 21). La Jérusalem descendant du ciel est le lieu de la Gloire Éternelle de Dieu.

Cette création nouvelle est déjà évoquée dans l’ancienne alliance “Car je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre. On ne se souviendra plus des choses passées elles ne reviendront plus à l’esprit. Réjouissez-vous donc et soyez dans l’allégresse à cause de ce que je vais créer , car je vais créer Jérusalem pour l’allégresse et son peuple pour la joie.” (Ésaïe 65 verset 17 et 18).

Dieu essuiera toutes larmes des yeux des hommes et la mort n’existera plus. (Apocalypse 21 verset 4 Ésaïe 25 verset 8 ; 35 verset 10; 65 verset 19).

Une espérance émerge donc dès aujourd’hui au-delà de toutes les espérances. Sans savoir en fixer le jour et l’heure sans en connaître les modalités pratiques le chrétien comme le juif est habité d’une espérance dépassant les perspectives humaines. Le lion lui-même mangera de la paille. (Ésaïe 11 verset 7)

Notes
3144.

Les psaumes 1,42,73,90,107 constituent les numéros des psaumes qui débutent chacun des livres.

3145.

Dans la note se rapportant à 2 Rois chapitre 5 verset 26.

3146.

Traduction de Alphonse MAILLOT in MAILLOT Alphonse “Frères il faut mourir” ou ” La contestation” Commentaire de l’Ecclésiaste.

Édition “Les cahiers de réveil”. Lyon 1971 ; page 162.

3147.

Ibidem ; page 208.

3148.

BIBLE (concordance second) ( de la) édition de la maison de Bible Genève.

3149.

Petite liturgie quotidienne communauté de Pomeyrol Liebfrauenberg, Maison de l’Église Centre de rencontres 67 360 Goersof “Rameau soir”

3150.

Matthieu chapitres 5 6 7 Le sermon sur la montagne.

3151.

TONGUINO Emmanuel “ La malédiction de Canaan et le mythe chamanique dans la tradition juive.” Paris 1 (1991)

Thèse de doctorat philosophie (thèmes : pré philosophie, philosophie de la religion, philosophie de la culture, anthropologie). Directeur de thèse SALA MOLINS.

Cette thèse qui est une étude de l’origine de la dérive dans l'interprétation, se termine par un plaidoyer, pour une fraternité vraiment universelle. On peut être noir et juif.

3152.

Cité par “Pour lire l’Ancien Testament” . CHARPENTIER Étienne Cerf Paris 1980 ; à la page 109.

3153.

MAILLOT Alphonse “ Notre Père “ Labor et fides Paris 1991 ; (page 149).

3154.

NOUVEAU DICTIONNAIRE BIBLIQUE éditions EMMAÜS Saint LÉGER SUR VEVEY suisse 3° édition revue de 1975 ; page 559

3155.

MAILLOT Alphonse “Les Miracles de Jésus” “Les cahiers de Réveil Tournon 1977 ; ( page 14).

3156.

Ibidem

3157.

LULLE Raymond “ Livre de l’Ami et de l’Aimé” (extrait du roman de Blanquerna)“ Orphée la différence” Montpellier 1989 ; (191 pages) .Traduit et présenté par Patrick GIFREU. En catalan Éd. Barcinò Barcelona ; 1954.