Note connexe numéro quatorze. Des choix de textes selon les thèmes éducatifs traités ? Extraits de :Antoine CABALLÉ op. cit. ; 1994 Pages 192 à 203

Choix des textes selon les thèmes éducatifs traités.

Sans développer (...), les différents thèmes éducatifs émergeant du texte biblique, nous allons en évoquer quelques uns en les reliant à des références textuelles précises auxquelles nous invitons le lecteur à se reporter, et, en signifiant par quelques phrases, ce que le retournement du regard porté (quête de ce que Dieu pense de moi précédant celle de ce que je dois penser de lui) permet, de prime abord et d’ores et déjà, d’en dire .

L’alliance, l’arc-en-ciel, la circoncision et le baptême.

Genèse chapitres 8 et 9

Matthieu chapitre 28 Luc 22 versets 1 à 18

Épître aux Hébreux chapitre 9 et chapitre 13 versets 20 à 21

Épître aux Romains

Dieu fait alliance avec l’homme : c’est une des spécificités du message biblique. En Noé, cette alliance première permet à l’homme de vivre selon la foi naturelle fondatrice de son équilibre psychique, sachant que le jour va bien se lever après la nuit, et les jours et les saisons vont bien se suivre selon des cycles établis. Le monde naturel n’est donc pas pur désordre.

L’alliance ancienne qui fut passée avec Abraham et qui conduisit Israël se marque par le signe de la circoncision, elle signifie la mise à part d’un peuple qui va marcher selon la foi.

La nouvelle alliance signifie le passage de la mort à la vie dont le baptême peut être une figure. La nouvelle circoncision est celle de la conversion de la repentance du changement de centre, elle s’écrit dans le coeur, elle introduit directement dans la perpective du regard Tout Autre de Dieu.

La foi.

Genèse 12 versets 1 à 5

Matthieu 8 versets 5 à 13 ; 17 versets 19 à 27

Marc 5 versets 25 à 34 Épître aux Hébreux chapitre 11

“Je vous le dis en vérité si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d’ici là;, et elle se transporterait rien ne vous serait impossible.” (Matthieu 17 versets 20 à 21).

Ce n’est pas tant d’après ces paroles de Jésus la quantité de la foi qui importe que sa qualité. La foi précède l’orthodoxie d’une confession de foi : Abraham, sans confession de foi, se lève. La Bible se contente de la préciser, de lui donner un sens et un nom. La foi est, selon le texte biblique, toujours un don de Dieu qui permet son action comme la recherche d’une longueur d’onde permet de capter le message radiophonique. La foi met l’homme debout, dans la place d’une condition à la fois responsable et reconnaissante, soumise et libérée par la réponse divine à son acte d’abandon.

Elle est originalement révélée par l’ensemble de la Bible comme étant le moyen par lequel Dieu éduque l’homme, jusqu’à le conduire à Jésus Christ et à l’intelligence du salut.

Nous avons déjà distingué la foi de l’opinion de la croyance ou d’une simple hypothèse. L’hypothèse de la foi conduit soit à la négation de l’hypothèse soit à la transformation de celle-ci en acte de foi. Le doute lui-même prend une autre teinte au travers de la foi qui lui révèle, en tout cas, un nouveau terrain d’existence.

La loi

Marc 2 versets 23 à 28 Luc 24 versets 44 à 53

Épître aux Hébreux chapitre 10

La loi est fruit d’une grâce : elle est don de Dieu, elle n’est pas donc morale ou éthique résultant de l’effort unilatéral de l’homme, pour accéder à Dieu mais le pédagogue qui conduit à l’accueil de la grâce en Christ. La lettre seule, sans l’esprit, condamnerait l’homme en lui révélant son péché (ou sa séparation de la sainteté divine), et le jugement qui y est attaché, mais la conscience même du péché est un premier pas pour permettre l’oeuvre gracieuse de Dieu envers l’homme et le conduire à Christ.

La sagesse

Livres des Proverbes, de Job et du Qohéleth

Nous avons déjà évoqué le changement de perpective de la sagesse biblique comparée à celle des philosophes. Ici, la crainte, respect de la distance entre Dieu et l’homme, est fondatrice. La sagesse se nourrit du dialogue avec Dieu et les hommes, et s’accomplit dans la joie et la reconnaissance, malgré les épreuves, parfois.

Ici encore, pour comprendre, il faut sans doute opérer ce retournement du regard qui fait s’interroger l’homme sur ce que Dieu attend de lui avant de savoir ce qu’il doit lui-même penser de Dieu.

La repentance

Genèse 6 verset 6 1 Samuel 15 verset 11 Jérémie 18 versets 8 à 10

Matthieu 3 versets 7 à 13 ;21 versets 28 à 32

2° épître aux Corinthiens 7 versets 8 à 12.

Jean le Baptiste appelait déjà à produire les fruits dignes de la repentance. La repentance produit donc du fruit. Saint Paul ajoute : “En effet la tristesse selon Dieu produit une repentance dont on ne se repent jamais.” 2 Corinthiens 7 verset 10

La repentance n’est pas la culpabilité que provoque un sentiment purement accusateur ou la conscience même de l’homme. La repentance est joyeuse, ou plutôt conduit à la joie en ce qu’elle ouvre une perspective renouvelée nouvelle dépassant la conscience humaine. Elle est changement de centre.

Dieu lui-même se repent, cela signifie que lui non plus n’agit pas selon une théorie préétablie qu’il suffirait d’appliquer. Comme le souligne Martin BUBER le Dieu de la Bible est celui de la relation “je tu” . La repentance est signe que cette relation est un vrai dialogue et non pure soumission à un arbitraire absolu.

Le désert

Ésaïe 35 ; Matthieu 4 versets 1 à 11

Il est le temps de l’épreuve nécessaire pour fortifier la foi. Il aide à la conscience de l’existence de soi-même en tant que personne devant Dieu. Ésaïe prophétise que les déserts fleuriront.

L’exil

Matthieu 2 versets 13 à 22. Romains 8 versets 14 à 17

Dans la foi, ils moururent tous sans avoir obtenu la réalisation des promesses, mais après les avoir vues et saluées de loin et après s’être reconnus pour étrangers et voyageurs sur la terre.

(Hébreux 11 verset 13 TOB).

Lorsque Paul écrit cette lettre aux hébreux il évoque les anciens prophètes, dont Moïse, et les patriarches, dont Abraham.

Cette expérience du déracinement est fondamentale dans la vie par la foi. Elle fut celle d’Israël en Égypte, puis dans Babylone, et de toute la Diaspora, celle aussi de Jésus enfant vivant en Égypte, ou plus tard, non reconnu dans son pays, Israël, ou sa ville, Nazareth.

Pour accueillir l’étranger, sans doute faut-il nous souvenir que nous sommes nous-mêmes des étrangers sur la terre.

Le christianisme renforce encore cette impression. Les premiers chrétiens se considèrent fils d’adoption, reliés par le Christ à l’alliance que Dieu fit avec Israël, dont les enfants sont les fils naturels.

La dimension chrétienne ajoute donc encore la fraternité nouvelle qui sous l’inspiration de l’Esprit Saint, quête de communion avec Dieu le nomme abba, ce qui en langue araméenne signifie papa.

L’exode

Genèse 4 versets 9 à 11

Jean 14 versets 4 à 7 ; Apocalypse 3 verset 8

L’expérience de l’exode est fondatrice de la foi existentielle, à laquelle elle semble conduire, et de laquelle elle procède intégralement.

La condition humaine est un peu comme un exode entre deux terres. Comme la manne descendait du ciel chaque matin, ainsi l’homme est-il conduit, jour après jour, à tout attendre dans sa vie de l’oeuvre première de Dieu, comme également la colonne de nuée pendant le jour et la colonne de feu pendant la nuit conduisirent Israël lors de la traversée du désert.

Les projets de l’homme sont liés à ceux de Dieu qui vient les épouser et les féconder. La confiance initiale est comme une porte ouverte, que nul ne peut fermer, vers la vie, une terre promise.

Jésus lui-même, lorsqu’il dit être le chemin, la vérité et la vie, en réponse à Thomas qui se demandait comment le suivre, rappelle cette dimension de l’exode de la condition humaine.

Il indique également l’importance d’un chemin, d’un parcours en quête de lumière de compréhension d’intelligence et d’existence.

La mémoire

Luc 22 versets 14 à 20

“Tu te souviendras que tu fus esclave en Égypte” (Deutéronome 5 verset 15).

Nous avons déjà évoqué comment pour Israël, les fêtes du calendrier sont l’occasion de faire mémoire. Nous retrouvons ce caractère dans les fêtes chrétiennes que la tradition post-scripturaire a établi.

La mémoire est un instrument par lequel Dieu travaille et éduque le coeur de l’homme. Elle est renouvelée ou éteinte par Dieu lui-même.

Élie WIESEL se fait l’apôtre, aujourd’hui, de la nécessaire conservation de la mémoire du génocide des juifs par les nazis, lors de la dernière guerre mondiale. Cette mémoire nous dit-il fait partie de la conscience universelle et de son éducation afin de prévenir et rendre pratiquement impossibles le renouvellement de tels actes.

Le Christ lui-même demande de faire mémoire de sa mort et de sa résurrection lors du repas de la cène.

Toute la Bible peut être lue comme rendant mémoire d’une histoire, qui devient vivante dans l’aujourd’hui pour celui qui décide de la croire et d’en retenir les enseignements.

L’offrande et le sacrifice.

René GIRARD a montré combien le rituel du sacrifice est fondateur de l’unité du groupe. Le paganisme cherchait par celui-ci à se concilier les faveurs des divinités allant jusqu’aux sacrifices humains. Pour Israël, le sacrifice signifie une mise à part pour Dieu. Il s’accomplit par simple obéissance comme Abraham obéissant jusqu’au bout. Cette obéissance inconditionnelle permet l’irruption de la pédagogie divine.

Le temple, lieu central de l’ancienne alliance, était le lieu des sacrifices. Dans l’ancienne alliance la notion sacrificielle est donc centrale bien que maintes fois dénoncée comme insuffisante : Dieu ne prend pas tant plaisir aux sacrifices qu’aux soupirs d’un coeur contrit. (Psaume 51 versets 18 et 19).

Nous pourrions mettre en parallèle le sacrifice d’Isaac par Abraham son père commandité puis arrêté par Dieu (Genèse 22) avec l’offrande de Jésus le Fils entrant de lui-même, librement, dans le sacrifice pour le salut des hommes.(Jean 18 et 19).

Jésus leur répondit :“ En vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fut , je suis “ Évangile de Jean chapitre 8 verset 58.

Le chemin d’Abraham à Jésus, selon la perpective chrétienne, va en fait de Jésus à Jésus et ne peut se lire que comme l’enseignement de la pédagogie divine par l’instrument de la foi. L’originalité biblique prend bien son sens dans le sacrifice consenti par Dieu lui-même rendant désormais vains tous les sacrifices.

Le temple de Dieu désormais sera l’homme.

“Ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de Dieu et que l’esprit de Dieu habite en vous “1° épître aux Corinthiens 3 “ verset 16

La foi est désormais l’offrande du coeur de l’homme qui lui permet de recevoir et d’entendre et d’accueillir l’offrande première totale et dernière de Dieu lui-même.

Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos corps en sacrifice vivant et saint et agréable à Dieu, ce qui est votre vrai culte.

Romains 12 verset 1

Antoinette BUTTE 3158 indique comment l’offrande pourtant inutile désormais et donc forcément gratuite de l’homme vers Dieu, est une réponse au don premier de Dieu et constitue sans doute la vocation même du chrétien et de l’église, communiant ainsi par la vie et la mort de Jésus ressuscité à l’amour de Dieu dans une vie offerte pour le salut du monde.

La valeur de ce que Antoinette BUTTE nomme l’oblation d’amour 3159 , le plus souvent vécue dans le secret d’un coeur, unit christianisme et judaïsme. Luc 7 versets 36 à 50 (Le vase de parfum).

Le prix de l’oblation d’amour est le secret de Dieu seul.

La grâce et l’action de grâce

1° épître de Pierre 2 versets 9 à 10

“Le peuple que je me suis formé publiera mes louanges”.

(Ésaïe 43 versets 21).

Nous avons vu que le sacrifice est réponse à la grâce première dans la tradition d’Israël et non pas cause de la grâce. Déjà Noé ne bâtit l’autel qu’après le déluge (Genèse 8 verset 20) et non pas avant le déluge, pour attirer l’attention de Dieu et mériter une problématique grâce. La grâce de Dieu, son élection ne sont jamais problématiques elles sont gratuites et procèdent de Dieu seul. Dieu a choisi Noé ... parce qu’il a choisi Noé.

L’action de grâce rejoint donc la consécration et l’offrande est la vocation de la vie du peuple de Dieu. Celui-ci témoigne dans le monde de la grâce première à laquelle répond l’action de grâce qui permet à l’oeuvre de Dieu de s’accomplir et de se déployer.

Rendant la grâce reçue les fruits de la louange se multiplient comme lors de la multiplication des pains (Matthieu 14 verset 19).

Après la rencontre du chemin d’Emmaüs après la mort de Jésus, c’est au moment de l’action de grâce que les disciples le reconnurent.

(Luc 24 verset 30).

La joie

2 Samuel 6 versets 14 à 23.

Psaume 149

2 Corinthiens 6 verset 4 à 10

Nous avons déjà évoqué David dansant devant l’arche. La joie est un sommet, elle est ce vers quoi tend toute la vie chrétienne à chaque instant. Mais précisément parce qu’elle est un sommet il est difficile de s’y maintenir, elle est abandon à la louange.

L’exhortation à la joie prend une dimension particulière dans les lettres de saint Paul pourtant lui-même souvent dans les chaînes et poursuivi, voire traqué au moment même où il écrivait ces lettres.

Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse. Rendez grâces en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus Christ. N’éteignez pas l’esprit. (2 °Thessaloniciens 5 versets 16,17,18)

Si nous citons ce texte pour la seconde fois, nous l’avons déjà cité en parlant de la prière, c’est bien intentionnellement, en effet, la joie se relie à la prière, elle est prière, elle est accomplissement de la volonté de Dieu pour l’homme.

La joie n’est donc pas emprisonnée ni même conditionnée par les choses humaines visibles, les circonstances favorables ou défavorables, elle est tension du coeur de la volonté, elle est comme la prière une disposition du coeur, en quête de la parole divine et de sa volonté jusqu’au milieu des persécutions et des calomnies.

L’amour

1 Corinthiens 13.(L’épître à l’amour).

Nous ne commenterons pas ici l’épître de Paul qui évoque si bien la prééminence de l’amour sur toute chose, de la connaissance des mystères divins aux prophéties. Citons en ces quelques phrases.

L’amour ne périt jamais. les prophéties prendront fin, les langues cesseront, la connaissance disparaîtra. (verset 8)(...)

Trois choses demeurent la foi l’espérance et l’amour mais la plus grande c’est l’amour.

(verset 13) (déjà cité, par ailleurs)

Cet hymne évoque le sens essentiel dans la perspective chrétienne du sacrifice gratuit de Jésus par lequel Dieu exprime son amour sans mesure pour le monde. Ce dépassement de la raison par l’absolu de l’amour, est la nature et la fin même du message de l’évangile.

La justice

Ésaïe 58 Jérémie 31 versets 32 à 33

Matthieu 5, 6, 7 (Le sermon sur la montagne).

“Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens ... Mais moi je vous dis ...” .

Le plan de Dieu se déploie dans l’histoire.

Une lecture historico-prophétique, c’est à dire reconnaissant une vérité d’une parole en fonction d’un temps et d’une histoire, et ouvrant la porte à l’avenir, au dépassement, et du temps, et de l’histoire, s’inscrit ici dans le message biblique lui-même.

Une pédagogie se révèle, la pédagogie de Dieu : la loi n’était pas la fin de son projet pour l’homme. Simple moyen nécessaire, la loi est pour l’homme et non l’homme pour elle.

La prophétie de Jérémie s’accomplit. Désormais la loi s’écrit au dedans de l’homme, c’est l’alliance nouvelle. La fin du projet de Dieu était de rendre l’homme semblable à lui et de le pénétrer de son esprit, lui faisant éprouver l’amour que lui-même éprouve, lui donnant accès à la vie du royaume. Devant tant exigence, l’homme serait écrasé, mais la rédemption, le renouvellement des grâces et des forces sont rendues possibles par le don de la croix qui transforme l’exigence en bénédiction. Jésus, premier né d’entre les morts (Colossiens 1 versets 15 à 18) ouvre le chemin de la nouvelle création sous les pas de celui qui décide de marcher par la foi. Le sermon sur la montagne qui anticipe ces événements est annoncé comme une bonne nouvelle : Heureux sont ceux qui pleurent, qui souffrent, à qui il manque quelque chose d’essentiel, heureux sont ceux qui sont doux et pacifiques le Royaume de Dieu s’ouvre pour eux, aujourd’hui, déjà.

Heureux ceux qui ont le coeur pur car ils verront Dieu.

(Matthieu 5 verset 8),

Le coeur, dans la tradition hébraïque, est davantage le siège de la volonté de l’homme, de sa disposition première, que des sentiments

ou émotions qu’il éprouve, dans cette tradition, par ses entrailles.

Heureux les miséricordieux ils obtiendront miséricorde.

(Matthieu 5 verset 7)

Des sentiments comme la paix et la miséricorde peuvent désormais se partager avec Dieu. Ainsi, la disposition simple de la volonté de l’homme à l’accueil de la grâce de Dieu, ouvre désormais la possibilité d’entrer dans le regard renouvelé de Dieu de le voir face à face, en communion de sentiments et de volonté avec lui.

“Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice car ils seront rassasiés. (Matthieu 5 verset 6).

“Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice le royaume des cieux est à eux. (Matthieu 5 verset 10) “

La paix

Matthieu 10 verset 34 à 42

Jean 14 versets 25 à 29

Jean 17 (La prière de Jésus )

La paix de Dieu n’est donc ni tranquillité, ni assurance d’une sécurité matérielle garantie, ni acceptation passive fataliste de l’existence.

La paix de Dieu révèle en quelque sorte l’antagonisme entre les deux royaumes : le royaume construit de main d’homme, et le royaume de Dieu accueilli révélé en Christ.

La voie de Babel, s’oppose à celle de l’alliance accueillie : dialogue ininterrompu entre Dieu et l’homme, qui commence avec Noé, se poursuit avec Abraham et Moïse et s’accomplit en Christ.

La paix, non comme le monde la donne, que laisse le Christ à ses disciples est donc parfois et même souvent en rupture sinon en contradiction avec ce que nous entendons le plus souvent en parlant de la paix.

Elle signifie au coeur des tribulations ou des bénédictions la reconnaissance première et dernière du don de Dieu qui vient changer la position du regard de la place de l’homme à celle de Dieu lui-même, et, comme en retour, de la vision de Dieu lui-même à celle l’homme, et ouvrir ainsi une perspective nouvelle : l’espérance.

L’étranger, la veuve et l’orphelin, le prochain

Luc 10 versets 29 à 37 (Le bon samaritain) .

“Vous aimerez l’étranger car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte.”

(Deutéronome 10 verset 19)

La circoncision, signe de l’appartenance au peuple de l’alliance et était pratiquée au huitième jour après la naissance, même pour les fils d’étrangers nés dans la maison d’Israël.

( Genèse 17 verset 12)

Le droit, pour Israël, était une notion que Dieu destinait à l’étranger la veuve et l’orphelin, pour les autres il restait seulement les devoirs selon la loi.

(...) la troisième année l’année de la dîme, Tu la donneras au Lévite, à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve.

(Deutéronome 26 verset 12)

La parabole du bon samaritain est la réponse à la question posée “ qui est mon prochain ? ” Jésus nous invite moins à nous questionner pour savoir quel est donc ce prochain que nous nous devons d’aimer comme nous-mêmes qu’à devenir, chacun de nous, le prochain de celui qui en a besoin. “Aimer Dieu avant toute chose “ c’est aussi “aimer son prochain comme soi-même’, ces deux commandements contiennent et résument la loi.(Luc 10 versets 25 à 29).

La communion, l’église

Le livre du cantique des cantiques

Le livre de Jonas

Matthieu 10 ; Jean 3 versets 27 à 36 ; Jean 17

Actes 15 (la rencontre entre Pierre et Paul)

Actes 27 (La traversée sous la tempête de l’apôtre Paul)

1 Corinthiens 12 (Le corps, la tête et les membres)

1 Pierre 2 ; Apocalypse 21 et 22

Nous avons déjà souligné combien la relation entre Dieu et l’église pouvait se rapporter aux cantiques des cantiques à la relation entre l’époux et l’épouse, combien, dans le judaïsme, contrairement à la tradition grecque, l’institution politique n’était pas idéalisée.

Nous avons évoqué l’absence de sacrifice du singulier à l’universel

propre au judéo-christianisme fondé et articulé sur la relation “ je tu” qui intègre l’unité de la personne en relation avec Dieu par l’expérience toujours singulière de la foi, chemin vers l’universel.

Nous pourrions mettre en parallèle le voyage de Jonas et celui de Paul qui rencontrèrent tous deux une tempête. Désormais dans la nouvelle alliance Dieu appelle à la bonne nouvelle du salut les hommes de toutes les nations, tous les hommes. Si Jonas, dans un premier temps, avait refusé d’aller rencontrer les contrées païennes, Paul y va de lui-même, poussé par l’Esprit Saint.

Entre les deux naufrages, entre les deux voyages, le Christ est entré dans l’histoire des hommes.

Nous pourrions indiquer encore cette étrange constance de l’action de Dieu par les marges institutionnelles pour ne pas dire la traverse.

Les institutions de l’homme et les lois sont sans doute nécessaires, mais seule la tête du corps qui constitue l’église, Jésus lui-même, en connaît vraiment les contours et le travail de chacun.

Lui seul le temps venu séparera le bon grain de l’ivraie.(Matthieu 13 versets 24 à 30). Ainsi donc, chacun doit-il se trouver davantage enclin à faire la part de l’ivraie mêlée au bon grain de ses propres actes ou intentions, plutôt que de les juger en l’autre.

Comme le Christ ne vécut pas pour lui-même l’église qui est son corps ne vit pas pour elle-même mais pour le salut du monde.

Cette dimension offerte, ouverte, exposée, des brebis au milieu des loups, se devrait d’être la vocation des disciples. (Matthieu 10)

La tension vers l’unité répondant à la prière de Jésus lui-même, la souffrance des divisions devrait, toujours bibliquement, habiter et nourrir le coeur de l’église.

L’unité a été accomplie une fois pour toute sur la croix, seule en manque sa révélation consciente celle-ci peut être expérimentée ressentie dans l’amour avant d’être vue. (1 Corinthiens verset 12).

Les oeuvres

L’épître de Jacques

Souvent les théologiens ont confronté l’appel de l’épître de Jacques pour les oeuvres à celui de Paul qui centrait l’ensemble de son message sur la seule foi nécessaire.

Les deux auteurs ne s’opposent cependant pas.

Pour Paul la foi est une oeuvre. Pour Jacques les oeuvres sont le fruit naturel de la foi.

L’un et l’autre insistent sur la dimension incarnée de l’espérance chrétienne.

Cette distinction fondamentale départage le christianisme d’un spiritualisme.

Comme Dieu le Père, s’incarnant en Jésus Christ né de la vierge Marie, ainsi l’amour de l’homme pour Dieu est-il appelé à s’incarner dans l’amour pour le prochain en actes concrets.

Jésus lui-même guérissait les malades. Il ressuscita Lazare son ami, la veuve de Naïn et la fille de Jaïrus, multiplia les pains pour nourrir la foule qui avait faim.

L’histoire chrétienne de la vie des saints, de saint Vincent de Paul à l’abbé Pierre ou mère Térésa, indique cette priorité essentielle de l’oeuvre vécue dans la joie du service gratuit lui-même fruit d’une grâce : la grâce que fait découvrir la foi.

Le repos

Genèse 2 verset 2 ; Ésaïe 30 verset 15 ; psaume 23

Marc 6 verset 31 ; Hébreux 4

Le repos de Dieu, au septième jour lors de la création, le sabbat ou inscrits dans le rythme de la semaine, les années sabbatiques, le jubilé ... les références au repos sont le plus souvent, dans la Bible, une bénédiction de Dieu.

L’homme qui marche par la foi ne compte pas sur ses propres forces, il a un compagnon de route sur qui il peut se décharger, en qui il peut puiser des ressources insoupçonnées, renouveler ses forces. Le repos permet ce retournement du regard que nous avons évoqué, ce changement de perspective que donne le regard de Dieu.

Les paroles de Jésus accentuent encore cette conception du repos comme grâce de Dieu, ce retournement, qui permet de déposer son propre joug pour prendre celui de Jésus lui-même.

Venez à moi, vous tous qui êtes chargés et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevrez mes instructions, car je suis doux et humble de coeur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau léger. (Matthieu 11 verset 28).

Et, quel étrange paradoxe : prenant le joug de Jésus, léger, voici l’homme délivré de ses tourments inextricables pesants et lourds.

L’absence de repos est au contraire le fait de l’homme oppressé qui ne ressent plus la grâce ou la proximité de Dieu.

Ce dont certains psaumes se font l’écho. (psaume 22).

Jésus lui-même demanda à ses disciples de se reposer, il se retirait parfois à l’écart des foules qui le pressaient pour se reposer (Matthieu 14 verset 13, entre autres) mais ne trouva pas selon sa propre parole de lieu pour reposer sa tête. (Luc 8 verset 20)

Le salut et la transfiguration

Ésaïe 55 versets 1 à 3

Matthieu 17 versets 1 à 13 ; 25 versets 31 à 46 Apocalypse 20 21

Le retournement du regard inhérent au texte biblique aboutit à entrer dans le projet Tout Autre de Dieu. Le salut est déjà présent aujourd’hui pour celui qui le reçoit, tel Zachée. (Luc 19 versets 9 et 10, déjà cité). Cela suppose sans doute cependant la conscience de la nécessité d’un accueil. Le salut reste cependant encore également à venir, et si la nouvelle création qui le sous-tend est offerte à tout homme, le jugement final est l’affaire de Dieu.

Pouvons-nous lire l’évocation des châtiments éternels comme un avertissement devant conduire les hommes à la repentance ?

L’espérance que certains ressentent que tous les hommes soient sauvés doit sans doute encore venir de Dieu, car l’homme ne peut aimer d’un plus grand amour que Dieu lui-même, et l’espérance ne peut être construite par lui-même.

Cette espérance demeure la prière de l’église aujourd’hui.

Les justes lui répondront : Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, et t’avons-nous donner à manger; ou avoir soif et t’avons-nous donner à boire ? Quand t’avons-nous vu étranger, et t’avons-nous recueilli; ou nu, et t’avons-nous vêtu ? Quand t’avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous allés vers toi ?

Et le roi leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous les avez faîtes. (Matthieu 25 versets 37 à 40)

Entrer dans le salut de Dieu c’est donc reconnaître aujourd’hui dans le plus petit des hommes, le visage de Dieu et lui venir en aide selon ses besoins.

La transfiguration du Christ dialoguant avec Élie et Moïse est comme une image avant-coureuse de l’espérance d’une autre dimension, de la nouvelle création. Le chrétien en est habité, sans pouvoir cependant la fixer. Lorsque Pierre veut dresser la tente la vision ne tarde pas à disparaître.

Notes
3158.

BUTTE Antoinette. “ L’offrande “ éd. Oberlin Strasbourg Paris 1965 ; (207 pages).

3159.

Ibidem page 194 et 195