Annexes numéro 2. Extraits d’émissions radiophoniques et commentaires : la prière du matin R.C.F.

Luc X 21 à 24 Ces choses révélées aux enfants Le mardi 5 Décembre 1995, Le mardi 3 Décembre 1996, Deux commentaires radiophoniques Antoine CABALLÉ R.C.F. Saint-Étienne 94,7

‘En ce moment même, Jésus tressaillit de joie par le Saint Esprit, et il dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui Père je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi.’ ‘Toutes choses m’ont été données par mon Père, et personne ne connaît qui est le Fils, si ce n’est le Père, ni qui est le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler.’ ‘Et, se tournant vers les disciples il leur dit en particulier : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez!’ ‘Car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. ’ ‘En ce moment même , Jésus tressaillit de joie par le Saint Esprit.’

Ainsi commence la lecture du jour. Jésus venait d’accueillir le retour joyeux des soixante dix disciples qu’il avait envoyés deux par deux, nous dit l’évangile de Luc.

‘“Les démons mêmes nous sont soumis “ s’étaient écriés de joie les soixante dix. Jésus avait alors répondu : “Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. Voici je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions et sur toute la puissance de l’ennemi et rien ne saura vous nuire.” Cependant ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux.”’

En ce moment même poursuit le texte, et nous en revenons donc au texte du jour, Jésus tressaillit de joie par le Saint Esprit et il dit :

“Je te loue Père Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi” Comment comprendre ces paroles ? L’enfant ne peut vivre sans se confier et c’est sans doute pourquoi il comprend davantage les voies de Dieu.

Mais le savant ne se confie-t-il pas lui aussi ? Le savant, en effet, se confie mais en ses calculs, ses hypothèses, son savoir, ses références, pour échafauder les spéculations les plus hardies ...

Pour reconnaître Dieu en Jésus, il n’est pas besoin de spéculer, mais de s’ouvrir à la réalité, et la réalité nous est révélée par l’enfant, on ne peut vivre sans amour, sans se confier ... mais en l’amour.

Mais le sage ? Le sage ne se confie-t-il pas en l’amour, lui ? Comme l’enfant ...

Certes, le sage se confie également mais en la sagesse ... en son expérience ... en l’amour qui est le sommet de la sagesse ... en la vertu qui sait distinguer intérêt particulier de intérêt général et sait sacrifier celui-ci à celui-là ....

Pour reconnaître Dieu en Jésus, il n’est pas besoin de sacrifices, ni de références en des valeurs idéales aussi belles ou généreuses qu'elles soient, il est seulement nécessaire de savoir qu’il est un cadeau, qu’on ne peut posséder sans lui. Ce cadeau parfaitement gratuit, c’est la vie éternelle dès aujourd’hui.

C’est la communion au Règne ... Et ces soixante dix disciples ont commencé l’expérience de la communion au Règne de Dieu. Tout est soumis au Christ. “Voilà ce que beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir et ne l’ont pas vu, ont désiré entendre et ne l’ont pas entendu.” leur dira Jésus.

Paraphrasons le texte :“En Jésus toutes choses ont été données par son Père, et personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et personne ne le connaît le Fils si ce n’est le Père et celui à qui le Fils veut le révéler.” Le Fils, c’est à dire une personne, la personne de Jésus qui ne peut se réduire à un calcul de savants ou à une doctrine de sage.

Oui, Jésus nous est révélé à nous tous qui savons ne pouvoir vivre sans lui.

Saint AUGUSTIN, vieillard, écrivait dans ses confessions :

“Puissions-nous Seigneur voir les cieux ouvrages de tes doigts! Éclaircis à nos regards le tissu de brume dont tu les couvris. Là se trouve le témoignage que tu t’es rendu , qui aux petits donne la sagesse. Achève, mon Dieu, tire ta louange de la bouche sans paroles d’enfants à la mamelle.” 3321

Oui, Dieu tire sa louange de la bouche sans paroles d’enfants à la mamelle. Amen ...

Le mardi 5 Décembre 1995

Lorsque Jésus voit revenir à lui les soixante dix disciples qu’il a envoyés en mission, déclarant avec joie que les démons mêmes leur sont soumis, il soupire de joie par le Saint Esprit.

Jésus a envoyé ses disciples pour une oeuvre de délivrance pour annoncer les signes du Royaume. Et les signes du Royaume ont été manifestés.

Ces choses concrètes, incarnées, que sont les guérisons des malades, la consolation rendue aux affligés, les démons, c’est à dire tout ce qui divise les hommes par l’intérieur d‘eux mêmes avec eux-mêmes, soumis, sont autant de signes de l’amour gratuit, signes du royaume en amont des raisonnements et des spéculations, dons gratuits, grâces premières qui donnent gratuitement la vie à quiconque.

Elles font entrer dans la communion avec le jour qui se lève, don de Dieu aux hommes, communion avec Dieu. Elles sont révélées aux enfants et aux simples et cachées aux savants, aux intelligents et aux sages dira alors Jésus et il en rendra grâce à son Père. 3322

Mais que connaissent donc les enfants que nous aurions oublié ? Les enfants, tous les enfants savent au moins une chose, une seule peut-être, mais ils la savent bien, car elle est comme écrite dans leurs gènes, dans nos gènes, dans la condition même de l’enfance. Tous les enfants savent, et nous savons tous aussi avec eux, qu’ils ne peuvent se suffire à eux mêmes, ils ne peuvent grandir sans amour, sans l’amour de leurs parents, sans la protection de leurs aînés.

L’enfance est accrochée à sa propre indigence comme par un principe de réalité. Sans doute, à notre tour, nous faudrait-il une conscience de notre indigence propre. Seule cette conscience de ne pouvoir vivre sans amour nous ouvrirait sans doute à cette grâce première discrète mais cependant bien réelle du Christ en nous, du Christ en tous, du Christ pour tous. Car il reste que ce retour à l’esprit d’enfance, esprit naturel de l’enfance, n’est cependant paradoxalement pas bien naturel pour nous. S’il suppose d’une part, un retour à ce principe de réalité, il suppose également, d’autre part, comme une défascination de l’homme adulte pour lui-même ou ses semblables, comme en effet une rupture radicale avec certaines leçons de l’expérience et de la vie qui peuvent nous conduire à une certaine morale épicurienne, sceptique ou stoïque, à une certaine éthique raisonnante et raisonnable, à une certaine sagesse humaine réaliste ou spirituelle, ou encore à un savoir savant érudit et abstrait toutes choses qui nous séparent parfois, souvent, nous supposant avertis et initiés, de la spontanéité profonde directe et première de l’enfance.

C’est par ce témoignage mystérieux qui rappelle aux sages et intelligents l’ indigence première de tout leur être, et donc des savoirs humains, qu’oeuvre l’Esprit Saint.”Et quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice le jugement.” 3323 dit Jean. L’Évangile de Jean évoque ainsi le Consolateur, l’Esprit Saint. Jésus devant nos calculs, nos raisonnements, soupire ... par le Saint Esprit. Il rend grâce ... Cette grâce est déjà l’oeuvre de l’Esprit Saint.

C’est cettegrâce discrète, apparemment fragile qui devient par lui par le Christ Jésus, toute puissante et qui soumet bienheureusement tendrement toute chose désormais. L’Esprit est un souffle. Lorsqu’il souffle sur nos vies, il renverse quelques unes de nos belles certitudes, belles sécurités, il nous rend un peu pareils alors, aux enfants, conscients de ne plus pouvoir vivre sans sa présence, sans la communion qu’il nous ouvre et à laquelle nous avons gracieusement déjà pu goûter. Rendus fragiles nous voici devenus forts. Pour cette soif soudaine qui étrangement nous abreuve, pour cette blessure au coeur qui mystérieusement nous guérit, pour cette déchirure de l’angoisse qui paradoxalement nous réunifie à l’intérieur de nous-même et qui tout à coup nous signale qu’au moins en une chose, mais la plus essentielle de toutes, les enfants sont nos maîtres ; pour toutes ces choses, nous soupirons en nous même par l’Esprit Saint et nous rendons grâce au Père.

Le mardi 3 Décembre 1996

Notes
3321.

AUGUSTIN (Saint) “ Les confessions” traduction de Louis De MONDADON, Éd. Pierre Horay Paris 1947 ; (434 pages) ;( à la page 403)

3322.

Matthieu XI 25

3323.

Jean XVI 8